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18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 14:42

La dette grecque remise par le… FMI

Alors que la Commission européenne propose un prêt relais pour permettre à la Grèce de rembourser ses créanciers, le FMI clame que cette dette grecque est « non-viable » et doit être revue.

La dette grecque est « totalement non viable ». C’est ce qu’affirme le FMI dans une note diffusée publiquement mardi. Avant même l’accord imposé par l’Europe aux Grecs, cette note avait été donnée aux dirigeants européens. Sans effet. Mais l’Allemagne poussant pour que le FMI participe au nouveau plan d’aide, l’institution dirigée par Christine Lagarde a diffusé son document et lâché via un membre affirmant à l’agence Reuters sous couvert d’anonymat : « nous l’avons fait savoir clairement (…) Il nous faut une solution concrète et ambitieuse au problème de la dette ». Non que le sujet ne gène d’un point de vue éthique, le rapport de l’audit sur la dette grecque ayant montré que la non-viabilité mais aussi l’illégalité et l’illégitimité de la dette grecque étaient connues des créanciers dès de la départ parmi lesquels figurent le FMI. Mais là, non seulement la Grèce n’a pas remboursé ses dernières échéances en juin et juillet –ce que l’institution ne supporte pas– mais la débâcle semble trop proche. Le FMI annonce ainsi que la dette grecque va passer de 175% à 200% « dans les deux prochaines années ». Il propose donc trois options : étendre le délai durant lequel la Grèce n’aurait pas à rembourser ses créanciers, transférer annuellement des fonds à la Grèce ou un effacement.

Or, l’accord imposé par les créanciers stipule qu’on ne peut pas faire de coupe dans la dette et que les remboursements sont une priorité.

Quelles que soient les motivations de cette institution, sa sortie a remis le sujet de la dette sur la table.

Un sujet que le gouvernement grec tente désespérément d’imposer à une Union européenne très majoritairement hostile, une Allemagne qui en a fait un casus belli et une France qui reste dans le flou. Encore hier, le Ministre Sapin a dit être sur la même position que le FMI. Laquelle ? Le délai ou l’effacement ?

« Cette dette, que ni le peuple ni le gouvernement actuel n’ont ni créée et gonflée, est utilisée depuis cinq ans comme instrument d’asservissement du peuple par des forces qui agissent à l’intérieur de l’Europe dans le cadre d’un totalitarisme économique » a rappelé Zoé Konstantopoulou, Présidente du parlement grec, avant d’annoncer son vote contre le projet d’accord. Un accord « en total contradiction avec le résultat du référendum » a souligné Eric Toussaint, Président du CADTM(*) ayant piloté l’audit sur la dette commandée parle parlement grec, qui assure qu’une « répudiation » légale de la dette grecque est possible.

Pas de quoi cependant ébranler une Europe arqueboutée sur son refus de négocier la dette. Au contraire. Hier, la Commission européenne a proposé un prêt d’urgence de 7 milliards d’euros… Histoire d’honorer les prêts en cours.

La Marseillaise, le 16 juillet 2015

(*) Comité pour l'annulation de la dette du Tiers Monde.

L’accord en débat au parlement grec hier soir

Initialement prévu à 14h, le débat puis le vote au Parlement grec sur l’accord désormais surnommé de Bruxelles a finalement commencé à 19h à Athènes. Devant la Vouli, le Parlement Grec, une centaine de manifestants se sont rassemblés en matinée puis en fin de journée au moment des débats, tandis que le syndicat des fonctionnaires (Adedy) a lancé hier un appel à la grève de vingt-quatre heures, le premier depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza.

A midi, le parti d’Alexis Tsipras s’était réuni en comité central, rejetant à 109 voix sur 201 l’accord imposé et dénonçant : « un coup d'État à Bruxelles contre la démocratie et la souveraineté populaire » dont « l’objectif (…) était d’infliger un châtiment exemplaire à un peuple qui avait envisagé un autre chemin, différent du modèle néolibéral de l’extrême austérité ». Et de demander à ses Députés de voter contre.

Dans la journée, seuls une quarantaine des 149 Députés que compte Syriza avaient annoncé vouloir respecter cette consigne.

Parmi eux, la Vice-Ministre aux Finances, Nadia Valavani, ayant démissionné dans la matinée, ou le Ministre de l’énergie, Panagiotis Lafazanis et la Présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, qui pourtant a accueilli Alexis Tsipras par des applaudissements à son arrivée à la Vouli. Même annonce de vote contre dans les rangs des Députés KKE qui n’ont cessé d’annoncer la « trahison » de Syriza.

En revanche, les 76 députés conservateurs de Nouvelle Démocratie, les 13 socialistes du Pasok et les 17 centristes de To Potami avaient annoncé un vote en faveur de l’accord.

Selon des journaux italiens, Alexis Tsipras aurait mis sa démission dans la balance devant les Députés grecs.

La Marseillaise, le 16 juillet 2015

Accepter la défaite

En politique, il vaut mieux reconnaître ses défaites.

A condition de savoir les encaisser, les analyser et s’en servir pour rebondir. Cela permet d’empêcher de se bercer d’illusions et de vouloir les faire avaler à autrui.

Incontestablement, l’accord signée à Bruxelles entre la Grèce et ses créanciers est à placer au rang des défaites des partisans d’une Europe démocratique. Alexis Tsipras semble en être le premier conscient. Cette défaite risque de coûter cher au peuple grec si son gouvernement ne réussit pas à renverser la tendance. Par quels moyens ?

Bien malin celui ou celle qui réussira à trouver la solution miracle à une constat de contradiction majeure. On a compris qu’il y avait deux tendances au sein de l’équipe gouvernementale grecque à l’issue du référendum. La ligne « Varoufakis » visant à attaquer de front la troïka en se reposant sur les 61% de Non, quitte à subir le Grexit. Et la ligne « Tsipras » faisant du maintien dans la zone euro un préalable inamovible. Alexis Tsipras se trouve aujourd’hui dans une situation politique délicate, au parlement, dans son gouvernement et au sein de Syriza. Dans l’adversité mais pas discrédité. En effet, les critiques portent plus sur le contenu de l’accord que sur son attitude. L’opinion -y compris allemande- s’étant rendu compte que le Premier Ministre grec était tombé dans un guet-apens institutionnel visant à le pousser à la démission. Des chantres de l'austérité qui à trop vouloir museler une gauche de transformation sociale -et du fait d'une social-démocratie et d'une droite traditionnelle disqualifiées- ferait le lit de l'extrême droite. Il faut en effet être aveugle pour ne pas voir qu'Aube dorée n'attend que le pourrissement total de la situation pour sortir du bois et rafler la mise par tous les moyens. L'heure est donc grave en Grèce. Courageux est celui qui admet sa défaite et repart de plus belle au combat.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 16 juillet 2015)

Repères

François Hollande se « réjouit ». De passage à Marseille hier, François Hollande s’est « réjoui » des résultats du vote des parlementaires français, « une très forte majorité » permettant « d’envoyer un signe avant que le parlement grec n’ait à se prononcer ». Et d’insister sur les réformes : « C’était la condition, je sais qu’elle est dure pour Alexis Tsipras, qui sait que son peuple a déjà beaucoup souffert » avant de plaider pour l’euro, « cette monnaie unique, une aventure exceptionnelle qui va donner, qui donne, une force à l’Europe et qui doit être préservée dans l’intérêt du monde ».

La Marseillaise, le 16 juillet 2015

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