Il n'y a pas qu'à Paris que le Front de gauche est mis à rude épreuve. A Dieppe (Seine-Maritime) aussi, les relations entre le Parti communiste et le Parti de gauche ne sont pas au beau fixe. A la tête d'une liste PCF-PS-Verts, le communiste Sébastien Jumel avait repris à la droite, en 2008, cette terre ouvrière perdue en 2001 par le PCF après trente ans de règne.
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Depuis, la situation à gauche a bien changé et 2014 s'annonce compliquée pour l'édile communiste. Non seulement il pourrait devoir affronter les socialistes au premier tour des municipales mais aussi une liste codirigée par… le PG et EELV. Les deux partis ont officialisé, début octobre, leur volonté de travailler ensemble pour les municipales. Une alliance qui ne serait pas une première – ce sera aussi le cas dans d'autres villes, comme Rennes – mais qui serait pour le moins surprenante car dirigée contre un maire PCF.
LA QUESTION DU NUCLÉAIRE
"A Dieppe, le Front de gauche existe mais on a du mal à se faire reconnaître au sein de ce collectif", déplore Florent Bussy du PG. Ce dernier précise cependant ne pas être "en conflit" avec le maire. "Nous n'avons pas pour objectif de nousassocier à un quelconque front contre Sébastien Jumel, assure-t-il. Nous ne sommes pas pour diviser la gauche mais pour faire gagner une gauche sur des sujets fondamentaux comme l'écologie ou la démocratie participative."
Le rapprochement entre les écologistes et le parti de Jean-Luc Mélenchon s'est notamment fait sur la question du nucléaire. Au sein du Front de gauche, ce sujet est une divergence assumée entre PCF et PG. Au moment de la présidentielle, il a été tranché par la proposition d'un référendum.
A Dieppe, le sujet divise d'autant plus que la centrale nucléaire de Penly est à quelques kilomètres et qu'un projet de réacteur nucléaire EPR y a été envisagé avant d'être abandonné. "Au-delà de cette question qui ne relève pas de la mairie, il y a celle, plus large, de la transition énergétique : le bio à la cantine, la rénovation thermique ou encore la place de la voiture en ville", explique l'écologiste Frédéric Weisz, qui conduirait la liste.
FAIRE MONTER LES ENCHÈRES
Si EELV et le PG cherchent pour l'instant à faire monter les enchères, ils pourraient bien mettre leurs menaces à exécution s'ils n'obtenaient pas satisfaction. "Ce que l'on veut, c'est améliorer un programme, reconnaît M. Bussy.Encore faut-il que le maire soit prêt à nous écouter et à nous donner les moyens de mettre nos propositions en oeuvre." M. Weisz semble moins allant : "Si Sébastien Jumel se découvre une âme écolo et qu'il dit banco à toutes nos propositions, on en discutera."
L'intéressé balaie le sujet d'un revers de la main. "Ça ne m'empêche pas dedormir, affirme M. Jumel. Ils essaient d'exister mais on mène des combats communs et on se rassemblera." S'il veut conserver son siège à l'heure où sa mairie aiguise les appétits, ce sera en effet un préalable.