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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 09:11
Cuba : lettre ouverte à M. Daniel Schneidermann, Responsable de l’émission Arrêt sur Image,
CARTAGENA & BRIATTE

M. Daniel Schneidermann, Directeur de l’émission Arrêt sur Image,

Votre émission et publication annonce comme objectif de décrypter l’actualité traitée par les médias sous un angle différent.

Le 19 novembre 2012 vous avez publié un article signé par Céline Maguet et consacré aux conséquences de l’ouragan Sandy sur Cuba ainsi qu’aux réactions de certains blogueurs cubains. Selon la journaliste, des blogueurs "indépendants du régime" auraient rapidement offert à la population cubaine des nouvelles plus fiables que celles des journalistes professionnels et des autorités du pays.

Si l’on choisit de s’abstenir de commenter les raisons de Mme Maguet pour qualifier le gouvernement cubain de "régime", on peut en revanche lui demander de s’expliquer sur plusieurs autres affirmations concernant Cuba qui, de toute évidence, n’ont rien à voir avec la réalité.

Nous allons les passer en revue une à une, comme aurait dû le faire le programme appelé "Arrêt sur image".

La première affirmation est donc -en prenant uniquement comme source deux journaux nord-américains-, que les Cubains seraient informés plus rapidement et de manière plus fiable par des blogueurs indépendants, comme Yoani Sanchez. Mme Maguet donne comme exemple les informations publiées par le blog "Havana Times". Effectivement, ce site a publié le 25 octobre 2012 le détail -y compris avec le nom des victimes-, des dégâts provoqués par Sandy (1), le jour même où l’ouragan quittait l’île (2) et où l’information était publiée officiellement par le gouvernement cubain (3).

Cette information recueillie par les services de l’Etat Major de la Défense Civile Cubaine n’a pu évidemement être connue des blogueurs indépendants ou des journaux basés aux USA qu’après la publication dans des journaux nationaux cubains. L’affirmation de la journaliste Mme Maguet est donc sujette, dès le départ, à des controverses.

Ensuite Mme Maguet affirme que pendant que "certains se contentaient de restituer les faits ou d’appeler à la solidarité", (et elle présente comme exemple le site Havana Times, cité plus haut), seuls certains blogueurs, tels que Yoani Sanchez, ont été capables de dénoncer "l’incapacité du gouvernement cubain à faire face à cette situation de crise".

Quand on sait que le gouvernement cubain est reconnu comme un exemple à suivre par les instances internationales spécialisées de l’ONU en matière de protection des populations (4), on s’aperçoit que les propos rapportés par Mme Maguet ne sont pas tellement compatibles avec l’opinion des experts internationaux (y compris français), ni, encore une fois, conformes à la réalité.

L’article de Mme Maguet continue en faisant la promotion des recommandations publiées par un groupe de blogueurs cubains dissidents, dans une lettre ouverte (5), pour l’établissement d’"une autre Cuba" (Por otra Cuba). Dans cette lettre, entre autres, l’existence d’un monopole d’une "solidarité bureaucratique" y est dénoncée. Par ailleurs, le lien proposé par Mme Maguet pour étayer cette accusation n’est toujours pas accessible (6).

A ce sujet rappelons que la "solidarité bureaucratique" cubaine a fait preuve de bien plus d’efficacité que tous les pays riches et occidentaux réunis. Ceci a été mis en évidence notamment lors du tremblement de terre en Haïti en 2010 (7). D’autres exploits solidaires, tels que la formation des médecins (8) ou les missions médicales et d’alphabétisation un peu partout dans le monde (9), n’ont jamais été "décryptés" par les médias français.

L’article de Mme Maguet se termine par un reportage et la dénonciation de la répression subie par deux membres (Yoani Sanchez et Antonio Rodiles) de l’organisation "Por otra Cuba", dont l’un d’eux serait emprisonné sous l’accusation de "résistance". Il n’est pas inutile de rappeler que la carrière de la blogueuse Y. Sanchez a été fulgurante grâce aux stimulations financières de pays hostiles au gouvernement cubain tels que les USA et certains pays européens. Sanchez elle-même a reconnu ces soutiens dans des entretiens (10). Son travail consiste, donc, à promouvoir la politique de déstabilisation de Washington contre l’Etat cubain par n’importe quel moyen (11). D’ailleurs ses campagnes mensongères ont à maintes reprises été dénoncées sur la toile (12) . C’est dans ce contexte qu’il faut placer les "faits" rapportés par Mme Maguet (répression, arrestation), faits dont on ne trouve aucune trace dans les rapports de centaines de journalistes étrangers permanents crédités à la Havane (13).

M. Le Directeur, si vous souhaitez vraiment que votre émission continue d’être une référence d’éthique journalistique en vous arrêtant à des faits et informations sur lesquels le regard mérite de se poser pour dévoiler l’essentiel de l’actualité, nous vous incitons à exiger plus d’honnêteté et de rigueur de vos collaborateurs, même de ceux ou celles qui ne font qu’un passage de stagiaires dans vos locaux.

Nous nous permettons de vous proposer, finalement, comme sujet de décryptage ce qui se passe actuellement en Amérique Latine en matière de coopération solidaire, à commencer, vous avez pu le découvrir en lisant notre écrit, par Cuba. Si vous ne faites pas un tel reportage, d’autres le feront.

Cette lettre sera diffusée sur le web.

Nous vous prions, M. le Directeur, d’agréer nos sentiments distingués.

J.C. Cartagena et Nadine Briatte.

Massy, le 27 janvier 2012.

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