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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 06:07

Avenir des départements, devenir des services publics, mécontentement et colère sociale, perspective des élections présidentielle et législatives en 2012 sont autant de questions qui pourraient être au cœur de la campagne électorale.

 

L ’enjeu des élections cantonales, qui auront lieu les 20 et 27 mars prochains, pourrait bien dépasser les questions locales. Et avoir une forte valeur ajoutée politique dans un contexte de remise en question des départements par le gouvernement via sa réforme des collectivités territoriales et à un an, tout juste, des élections présidentielles de 2012.

 

Ayant lieu tous les trois ans pour remplacer, par moitié, les conseillers généraux, ces élections verront le renouvellement des élus de 1 941 cantons – 2 023 en comptant ceux de l’outre-mer – et, avec lui, de possibles bouleversements des majorités existantes. Pour l’heure, 58 départements sur 100 sont dirigés par la gauche dont deux, l’Allier et le Val-de-Marne, par le PCF-Front de gauche. Nombre de ces départements ont des majorités fragiles, les états-majors politiques, à gauche comme à droite, estimant que certains de ces départements pourraient changer de majorité. Il en est ainsi de la Corrèze, des Pyrénées-Orientales, des Deux-Sèvres, de la Somme, du Vaucluse, du Val-d’Oise, de la Seine-et-Marne, dirigés aujourd’hui par la gauche et sur lesquels la droite a des velléités de conquête. De même pour l’Aveyron, la Côte-d’Or, les Hautes-Alpes, le Jura, les Pyrénées-Atlantiques, le Rhône et la Vienne tenus par la droite, la gauche nourrit quelques ambitions.

 

Les départements financièrement fragilisés

Si les gestions de proximité vont être passées au crible, les départements intervenant sur les questions sociales, sur les collèges, comme dans nombre de domaines hors de leurs compétences mais importants pour les populations – le logement, le développement économique, le soutien aux projets des villes, les transports, la vie culturelle, sportive et associative –, le jugement sur la politique du gouvernement envers les collectivités locales pèsera lourd.

 

Avec sa politique et ses réformes, le gouvernement menace l’avenir même des départements. La réforme des collectivités prévoit ainsi la création, en 2014, d’un élu commun aux régions et aux départements, le conseiller territorial. Outre le fait que les conseillers généraux que les Français vont élire en mars ne le seront élus que pour trois ans, ce dispositif va bouleverser la réalité. Le nombre d’élus passant de 5 657 à 3 471 réduira d’autant leur proximité avec les populations et éloignera ces dernières des lieux de décisions. Surtout, cette réforme vise à supprimer la close de compétence générale, cantonnant les départements dans leurs seules obligations légales, hors de toute possibilité de répondre aux besoins des populations avec tous les risques sur les services publics de proximité. L’avenir des départements est ainsi compromis. D’autant qu’avec la fin de la taxe professionnelle et les transferts de compétences non intégralement compensés, notamment dans le domaine social (comme par exemple le versement de l’allocation personnalisée d’autonomie), les départements sont fragilisés financièrement. La place, le rôle, l’avenir même des départements comme collectivités indispensables à l’action publique et à la démocratie locale seront des questions en débat lors de ces élections.

 

L'occasion de sanctionner Nicolas Sarkozy

Après les mouvements sur les retraites et devant la forte colère que provoque la politique du gouvernement, ces élections peuvent être, pour nombre d’électeurs, l’occasion de sanctionner Nicolas Sarkozy. Surtout, à un an de la présidentielle, ce scrutin peut apparaître comme une première marche vers un changement de politique auquel beaucoup aspirent. L’UMP, qui craint ce cas de figure, veut dépolitiser l’enjeu de ces élections. Le PS, qui entend surfer sur l’antisarkozysme et faire basculer quelques départements à gauche, compte les utiliser comme un tremplin pour 2012. De son côté, Europe Écologie-les Verts rêve de parfaire, avec l’aide du PS et parfois sur le dos du PCF, son implantation locale. Le Front de gauche voulant, quant à lui, défendre l’avenir des départements et des services publics et développer le débat sur le contenu d’une vraie alternative de gauche, engage sa troisième campagne après les élections européennes en 2009 et régionales en 2010. Un succès de la gauche aux cantonales pourrait contribuer à ce que la droite perde la majorité au Sénat.

Reste l’inconnue du taux d’abstention. La colère sociale et l’aspiration au changement ne conduisant pas automatiquement les salariés, les familles populaires à se mobiliser pour un scrutin dont les enjeux locaux et nationaux sont encore à faire percevoir.

 

Max Staat

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