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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 01:09

Les Cahiers

d’Économie et Politique

Revue marxiste d’économie

 

Catherine Mills

I. La marchandise, ses contradictions et la théorie de sa valeur chez Marx

II. La production marchande capitaliste, la force de travail, la plus value

I I I . L a b a i s s e t e n d a n c i e l l e d u t a u x d e p r o f i t , l e s

c o n t r e - t e n d a n c e s , l a s u r a c c u m u l a t i o n d u

c a p i t a l

produits eux-mêmes, (exemple de l’artisanat ou des agriculteurs à l’époque de l’émergence de la société capitaliste).

En même temps, il existe, d’autre part, une spécialisation des producteurs dans le cadre d’une division sociale du travail. Cela va aboutir à une contradiction : les producteurs – un peu comme les artisans – sont à la fois indépendants les uns des autres car ils sont séparés dans leurs unités de production; et dépendants les uns des autres car ils ont besoin des produits et donc des travaux de chacun. Ils vont vendre leur marchandise sur le marché pour acheter les marchandises des autres producteurs dont ils ont

besoin. Chacun produit une petite partie des marchandises

dont la société à besoin.

3. Une autre contradiction va apparaître entre travail privé et travail social. Le travail en lui-même est traversé par cette contradiction. En raison de la séparation des producteurs et de l’organisation juridique de la production, le travail est accompli sous des formes privées (par exemple, le travail de l’artisan comme celui du forgeron dans son unité de production séparée). Mais, en même temps, comme on a besoin des produits des autres, des travaux accomplis par les autres, chaque travail accompli en privé est un maillon du travail social, une pièce de la division sociale du travail.

Contradiction : le but de la production marchande étant l’échange, et non directement la satisfaction des besoins, il y a un risque de discordance entre le besoin réel, et la production elle- même. Le problème est que, s’il n’y a pas d’échange, le travail privé sera effectué en vain, social. Dans l’échange, s’il a lieu, se manifeste le caractère social du travail, l’utilité sociale du travail.

L’échange permet momentanément, et s’il a lieu, de résoudre la contradiction entre travail privé et travail social. Cela va être une source de progrès mais aussi une source de contradictions.

 

II) La contradiction de la marchandise

1. La marchandise recèle en elle-même une contradiction. C’est à la fois une valeur d’usage (VU) et une valeur tout court (V). La valeur d’échange (VE), souvent évoquée, est une autre notion qui les relie : c’est le rapport entre deux valeurs d’usage réglé sur l’équivalence des valeurs. Marx n’est pas comme on le pense souvent un théoricien de la valeur-travail, d’autres auteurs importants l’ont étudiée, les auteurs classiques (Smith, Ricardo). Marx travaille la contradiction de la marchandise.

· Une marchandise a une Valeur d’usage (VU), car pour pouvoir être échangée elle doit correspondre à un besoin social, elle a une utilité pour celui qui l’achète. En tant que VU, les marchandises sont toutes de qualité différente. L’utilité est déterminée par la spécificité du corps de la marchandise. Les valeurs d’usage ne se réalisent que dans l’usage ou dans la consommation. Ces VU concrètes forment la matière de la richesse.

 

· La valeur (V). C’est ce qui permet à des marchandises qui sont toutes différentes de s’échanger les unes contre les autres. Marx recherche ce quelque chose de commun à toutes les marchandises et qui permet l’échange. Pour ce faire, il fait abstraction de la VU et s’intéresse à la valeur en commun de ces marchandises.

Qu’est-ce qui est commun à toutes ces marchandiseds? C’est le travail.

Les marchandises (en tant que valeur) sont toutes le produit d’un travail humain, il s’agit d’une

dépense de force humaine en général: le travail en général.

 

2. Le double caractère du travail à la fois concret et abstrait.

- Le travail concret (ou utile) est un travail particulier qui confère à la marchandise ses qualités concrètes, son utilité particulière. Le travail concret renvoie à la valeur d’usage de la marchandise, et au travail privé.

- Le travail abstrait c’est le travail social moyen. Il fait abstraction du caractère particulier de la marchandise, de la valeur d’usage. Il renvoie à la valeur. Il permet de dégager la substance de la valeur ; c’est-à-dire d’être une dépense de force humaine.

 

3. Substance et mesure de la valeur.

 

a)Substance de la valeur : travail abstrait, le travail en général, une dépense de force humaine en général.

 

b)Mesure de la valeur (ou grandeur de la valeur) : les marchandises s’échangent en fonction de la quantité de travail qu’elles contiennent. On va trouver ici une notion, qu’on retrouvera plus tard, la mesure de la valeur d’une marchandise équivaut au temps de travail socialement nécessaire à sa production. Ce «socialement» renvoie aux conditions historiques et sociales.

Les progrès de la productivité : on va mettre moins de temps pour fabriquer les marchandises, on va donc avoir une diminution du temps de travail nécessaire.

Pour une même marchandise, dont la valeur va baisser.

En même temps, le progrès technique va appeler une élévation de l’application de la science à l’industrie, ainsi que de la formation, de la qualification des travailleurs.

On va donc avoir un travail plus complexe (ce qui exigences de développement des travailleurs.

 

III) La valeur d’échange

C’est une forme d’expression de la contradiction

entre la valeur et la valeur d’usage.

1. On va tout d’abord revenir à la contradiction de la marchandise et au rôle de l’échange.

Le but du producteur, dans une production marchande simple (fin du Moyen-Âge), c’est de réaliser sur le marché la valeur de la marchandise. Il a donc besoin de l’échange, il produit pour ce dernier, il ne produit pas avec l’idée qu’il va satisfaire les besoins des autres. D’un autre

côté, il doit trouver un acquéreur pour sa marchandise,

celle-ci doit donc correspondre à un besoin social, elle doit posséder une valeur d’usage. Du coup si l’échange n’a pas lieu le caractère utile socialement de la marchandise et du travail ne va pas être vérifié. Le travail aura donc été effectué en vain. L’échange permet d’affirmer le caractère utile socialement du travail.

 

2. La valeur d’une marchandise, sa substance, n’apparaît pas à la surface des choses ; ce qui apparaît sur le marché c’est la valeur d’échange d’une marchandise en une autre ou contre de la monnaie. Cette valeur d’échange est une manifestation des valeurs, elle va tourner autour des valeurs, soit inférieure soit supérieure, selon la loi de l’offre et de la demande. Si la marchandise correspond à un besoin social et qu’elle est trop demandée, la valeur d’échange va monter au-dessus

de la valeur, au contraire quand il y a surproduction, la VE va s’effondrer.

 

· Comment mesurer cette valeur d’échange ?

 On est bien obligé d’avoir un rapport d’équivalence entre deux marchandises. La valeur d’échange va être régulée par les valeurs , c’est à dire le temps de travail moyen pour fabriquer les produits échangés. C’est le rapport, par exemple, entre le temps de travail nécessaire à la fabrication du pain et du vin. Dans les faits cette valeur d’échange fluctue, elle est relative. Lorsque la monnaie sert d’équivalent général à tous les échanges, la valeur d’échange devient le prix. Le prix étant l’expression en monnaie de la valeur d’échange et il y a bien sûr, des possibilités d’écart entre la valeur et le prix, comme entre la valeur et la valeur d’échange.

 

3. La valeur d’échange est donc à la fois l’expression mais aussi la tentative de solution de la contradiction de la marchandise entre valeur et valeur d’usage.

· Lorsqu’il y a échange, cette contradiction (VU/V) est momentanément résolue. On peut dès lors vérifier que chaque travail privé est essentiel à l’ensemble du travail social, dès lors cela pousse à élargir les échanges, développer la monnaie, le crédit. Dans un premier temps cela va résoudre la contradiction mais ensuite cela va l’aggraver.

· La nécessité d’élargir les échanges va inciter les producteurs à développer les progrès technologiques. Mais cela va les inciter également à mettre trop de marchandises sur le marché, sans se préoccuper de savoir si elles correspondent à un besoin social. À cause des progrès de la productivité, la valeur va diminuer, en même temps que plus de valeurs d’usage sont produites et mises sur le marché. · Alors, la valeur d’échange peut s’effondrer. Le travail privé ne sera plus légitimé comme utile socialement, et donc on va assister à des destructions de marchandises, à des crises.

 

Les mouvements des valeurs d’échange reflètent la contradiction de la marchandise.

Karl Marx Le Capital livre 1 (1867) Éditions sociales,

format poche (1971) avec une présentation de Paul Boccara,

chap. premier p. 41 et s.

Voir aussi Catherine Mills ,3e éd. (2004) Économie Politique coll. AES,

Montchrestien, p. 67 et s.

 

 

II. La production marchande capitaliste

La formule générale du capital, la découverte du concept de force de travail source de plus- value

Comment est-on passé de la production marchande simple à la production marchande capitaliste.

Comment l’argent (A) d’une production marchande simple devient-il capital avec

A’>A ? Comment expliquer le surplus A’-A.

Dans un premier temps, nous présentons ce que Marx appelle la formule générale

du capital. Et dans un second temps, nous analysons le concept de force de travail

source de la plus-value.

Pour cela nous nous appuierons directement sur les textes de Marx.

I) La formule générale du Capital et ses contradictions.

A - La formule générale du capital. La transformation de

l’argent en capital

La circulation des marchandises, point de départ du capital. Mais le capital ne peut apparaître que lorsque la production marchande est suffisamment développée, on dit aussi à un certain niveau de développement des forces productives – ce qui se produit en gros au début du XVIe siècle.

 

1. La formule de la circulation des marchandises.

Au départ, il y a une marchandise, on la vend sur le marché, on obtient de l’argent et on achète d’autres marchandises. C’est ce qu’on appelle le cycle M-AM’ , (Marchandise- Argent- Marchandise autre).

Pour que l’on soit incité, à l’échange, à la circulation des marchandises, il faut que les marchandises soient de différentes qualités, donc de valeurs d’usage différentes. En revanche, en tant que valeurs, il doit y avoir échange d’équivalents. La formule du capital commercial est AMA’, argent, marchandise

achetée, revendue avec profit

 

Cette formule n’est pas la formule générale du capital, telle qu’elle exprime la production capitaliste.

 2. La formule générale du capital A-M-[MP moyens de production, FT force de travail]-M’-A’

L’argent est le point de départ. Mais c’est aussi le point d’arrivée, cet argent n’est avancé que pour être récupéré avec un plus. Ce n’est pas intéressant de récupérer la même somme, on doit récupérer une somme plus grande. L’argent avancé se transforme en marchandises, et l’on doit

récupérer une somme plus importante que la somme de départ. La formule signifie : Argent,

achat de marchandises moyens de production MP et force de travail (FT), marchandise produite(

contenant de la plus-value), leur vente récupérant le capital avec un profit

– Le but du producteur c’est la valeur d’échange, mais aussi de réaliser une plus-value, c’est-à-dire

de réaliser une somme supérieure à celle investie au départ. Le but final du capitaliste est «l’appropriation toujours croissante de la richesse», selon Marx. Il parle également de «mouvement incessant du gain, toujours renouvelé», de «tendance absolue à l’enrichissement», ou encore de «chasse passionnée à la valeur d’échange».

 

– Marx oppose le capitaliste au thésauriseur. Le thésauriseur est un capitaliste maniaque, il garde son

argent de coté, il l’enlève de la circulation. Tandis que le capitaliste est un thésauriseur rationnel, car il lance sans cesse l’argent dans la circulation. « (Le capital) pousse, sort de la circulation, y revient, s’y maintient, en ressort accru, y revient et recommence sans cesse la même rotation».

 

A-A’=capital : «argent qui pond de l’argent, qui fait des petits». Mais pour le capital industriel c’est dans la production, à la différence du capital commercial, que le capital se met en valeur par la production de marchandises. Ces marchandises une fois vendues,se transforment en plus d’argent. Argent qui devient plus d’argent : valeur plus importante qu’elle-même grâce à la production.

«A-M-A’ est donc réellement la formule générale du capital tel qu’il se montre dans la circulation». Mais cela provient de la production Cela s’oppose aux propos actuels de ceux qui ne nous parlent que de la répartition des richesses, alors qu’en vérité, il s’agit d’articuler cette répartition à la production de ces richesses. Le supplément A’-A, on le constate dans la circulation, mais en réalité il s’établit au moment dela production.

 

B - Les contradictions de la formule générale du capital

Si nous avons deux producteurs-échangistes, ces deux producteurs peuvent y gagner au moment de

l’échange, au niveau de la valeur d’usage, l’un vend, par exemple, des tissus, l’autre du vin, chacun pense y gagner. Mais en réalité, il s’agit d’un échange d’équivalents : on achète et on vend en fonction du temps de travail mis à la production de la marchandise. Il peut y avoir des infractions, des fraudes

ou spéculations diverses sur les matières premières, mais globalement quand on échange des

marchandises, on échange des équivalents. Ce n’est donc pas dans l’échange que se réalise la plus-value.

À ce propos, Marx critique les économistes antérieurs à lui, notamment Condillac, qui est ce qu’on appelle un utilitariste, et s’intéresse surtout au marché. Condillac pense qu’on s’enrichit dans la circulation, alors qu’en fait ce ne sont ni la circulation ni l’échange qui créent la valeur. Marx va donc étudier le capital industriel, dans la sphère de la production des richesses.

Marx explique cela de la manière suivante : «Notre possesseur d’argent qui n’est capitaliste qu’à l’état de chrysalide doit d’abord acheter des marchandises à leur juste valeur, puis les vendre ce qu’elles valent, et cependant à la fin, retirer plus de valeur qu’il n’en n’avait avancé». Il nous dit également, pour éclairer cette première «énigme» : «La métamorphose de l’homme aux écus en capitaliste doit se passer dans la sphère de la circulation et en même temps ne point s ’y passer».

Que va faire le capitaliste dans la sphère de la circulation (le marché) ? Il va acheter des marchandises à leurs valeurs, par exemple des tissus pour faire des habits, ensuite il va confectionner ces habits et les revendre enfin sur le marché. Il y a échange d’équivalents dans l’acte d’achat, un échange d’équivalents dans l’acte de vente et cependant le capitaliste retire plus d’argent à la fin qu’il n’en a avancé. Où se produit ce mystère ?

 C’est donc dans la production que la plus-value se produit.

C’est pourquoi Marx va étudier particulièrement la production plutôt que l’échange.

 

 

II) La force de travail source de plus-value

A- La force de travail : une marchandise

1. La découverte du concept de force de travail base de la plus- value

L’accroissement de valeur par lequel l’argent se transforme en capital (A-M-A’) ne peut provenir de

l’argent lui-même, en tant que moyen de paiement, il ne fait que réaliser le prix de la marchandise. En outre, s’il reste comme tel, il n’est qu’une «valeur pétrifiée». Il faut donc que le changement provienne de la marchandise.

Cela ne peut s’effectuer dans l’acte de revente MA’, ni dans l’acte A-M, puisqu’il y a échange entre équivalents, au niveau des valeurs.

Le changement devrait donc provenir non de la valeur, mais de la valeur d’usage d’une marchandise (de son usage). Cela supposerait donc qu’on puisse tirer une valeur supérieure de la valeur d’usage (de l’usage) d’une marchandise.

Marx nous dit à ce sujet :

«Il faudrait que l’homme aux écus eût l’heureuse chance de découvrir au milieu de la circulation, sur le marché même, une marchandise dont la valeur usuelle possédât la vertu

particulière d’être source de valeur échangeable, de telle sorte que la consommer, serait réaliser du travail et par conséquent créer de la valeur.

Et notre homme trouve effectivement sur le marché une marchandise douée de cette vertu spécifique ; elle s’appelle puissance de travail ou force de travail.»

 

a) Le fait que la force de travail soit vendue sur le marché comme marchandise implique des

conditions historiques particulières.

La première condition est qu’elle doit être offerte, ou vendue par son propre possesseur. Celui-ci doit pouvoir en disposer, c’est-à-dire être libre propriétaire de sa puissance de travail, de sa propre personne. Le possesseur d’argent et lui se rencontrent sur un marché, entrent en rapport l’un avec l’autre comme échangistes. L’un achète, l’autre vend, cela implique deux personnes juridiquement égales. Il faut que le propriétaire de la force de travail ne la vende pas en bloc, une fois pour toutes, sinon il se vend luimême, il se fait esclave ; de marchand il devient marchandise. Il la vend seulement pour un temps déterminé.

 

La deuxième condition pour que l’homme aux écus trouve à acheter la force de travail : il faut que le

possesseur de cette dernière soit forcée de l’offrir et de la mettre en vente comme une marchandise, il ne doit pas avoir d’autres marchandises à vendre, il doit être dépourvu de tout.

Pourquoi le travailleur libre se trouve-t-il dans la sphère de la circulation ?

Il n’existe à cela aucun fondement naturel. Ce n’est pas commun à toutes les périodes de l’histoire. C’est le résultat d’un développement historique. Cela nécessite un plein développement de la production marchande, une division du travail poussée, l’apparition de la monnaie. Le capital, époque de la production sociale, permet un plein développement de la forme marchande des produits.

Tout devient marchandise y compris la force de travail ce qui renvoie au processus historique impliquant la séparation travailleurs/moyens de productions.

« le détenteur des moyens de production et de ses subsistances rencontre sur le marché le travailleur libre qui vient y vendre sa force de travail.»

 

b) La marchandise force de travail : sa valeur, sa

valeur d’usage

· La valeur de la marchandise force de travail se mesure au temps de travail socialement nécessaire

(TTSN), c’est-à-dire nécessaire pour produire les subsistances permettant son entretien, sa conservation. Les besoins nécessaires à la reproduction de la force de travail contiennent des éléments historiques (degré de civilisation), des éléments moraux, ils expriment les nécessités de remplacement de la main d’œuvre, impliquant aussi une certaine éducation variant selon le caractère plus ou moins complexe du travail.

 

La valeur de la force de travail varie avec la valeur des moyens de subsistance (TTSN à leur production).

Le propriétaire de la force de travail vend sa marchandise, force de travail, à sa juste valeur. Le

possesseur d’argent, en train de métamorphoser ses écus en capital, la paie à sa juste valeur, si la force de travail n’est pas vendue elle n’est rien.

· La valeur d’usage de la force de travail ne se montre que dans son emploi, c’est-à-dire sa consommation par l’acheteur (l’entrepreneur), pour créer la valeur ajoutée. L’acheteur capitaliste acquiert l’usage de la force de travail. La consommation de la force de travail , c’est la fourniture de travail, donc la production de valeur par la production de marchandises et d’une valeur plus grande que la propre valeur de la force de travail, donc de plus-value.

Cette consommation se fait en dehors du marché et de la sphère de la circulation. Le possesseur d’argent et le possesseur de la force de travail doivent quitter cette sphère bruyante où tout se passe à la surface et au regard de tous. Il faut les suivre tous deux dans le laboratoire secret de la production. «Là nous allons voir non seulement comment le capital produit mais encore

comment il est produit lui même. La fabrication de la plus-value, ce grand secret de la société moderne va enfin se dévoiler.»

 

Marx cherche à résoudre «l’énigme» de la plus-value.

 

B - Une marchandise très particulière source de la plus-value

– Le capitaliste achète l’usage de la force de travail, ce qui implique un temps de travail total résultant de cet usage et une création de valeur correspondant à ce temps de travail total (TTT). La valeur des

marchandises produites par la force de travail est mesurée par le temps de travail total de production. Mais le temps pour produire la consommation nécessaire à la force de travail est

inférieur.

– L’ouvrier consacre, par exemple, dans une journée de 8 heures, 4h à produire la même valeur que celle des marchandises de subsistances nécessaires pour la reproduction de la force de travail, la force de travail étant payée à sa valeur. La mesure de la valeur

 

 

I. La marchandise, ses contradictions et la théorie de sa valeur chez Marx

Nous voulons dans Économie et Politique, contribuer à la formation de base

théorique des militants à partir d’un travail sur les textes marxistes. Nous

découperons l’étude du Capital de Marx en 3 leçons : la première sera consacrée

à l’analyse de la marchandise, ses contradictions et la théorie de sa valeur chez

Marx. La 2e portera sur la formule générale du capital et la découverte des concept s

de force de travail et de plus value. La 3e leçon sera consacrée, à l’analyse de la Baisse

tendancielle du taux de profit, à la suraccumulation du capital et à la théorie

des crises .

Une formation au marxisme : pas seulement pour interpréter le monde, mais pour le transformer comme disait Marx, à partir des développements récents sur des bases élaborées par Marx.

L’objectif de cette formation n’est pas seulement de répéter Marx, mais de se doter d’outils d’analyse pour mieux comprendre le monde et le capitalisme d’aujourd’hui, sa crise et son analyse récente, afin de travailler aux luttes, aux constructions alternatives pour une autre civilisation, en rupture avec le capitalisme pour son dépassement. Il s’agit ici de remonter aux textes fondateurs avec le souci de revenir à certains concepts et surtout à une méthode d’analyse. Nous partirons du Capital lui-même, l’œuvre majeure de Marx en nous appuyant sur quelques grands textes. Nous ne traitons ici que de l’économie, mais l’œuvre de Marx, en tant que telle couvre d’autres champs, philosophiques ou politiques entre autres, et tous ces champs forment un tout cohérent.

 

Nous suivrons le plan du Capital et aborderons le chapitre

1 (la marchandise) de la section 1 (la marchandise et la monnaie) du Livre 1 du Capital. Nous partirons de la traduction du Capital des Éditions Sociales en format poche parue en 1977, et, bien qu’on ne la trouve plus en vente aujourd’hui elle est généralement accessible dans

la plupart des bibliothèques.

 

La Marchandise, le Marché

C’est le premier chapitre du Capital. Ceux qui disent que Marx ne parle pas du marché ont tort. Le marché et la marchandise sont au coeur du premier chapitre du Capital: «La richesse des sociétés dans lesquelles règnent le mode de production capitaliste, s’annonce comme une immense accumulation de marchandises.» C’est donc la marchandise qui est la forme élémentaire de la richesse et le point de départ de l’analyse de la production. Alors que les économistes néo-classiques étudient la marchandise et le marché en restant sur le marché et en laissant de côté les rapports sociaux de la production, Marx considère que c’est dans la production qu’il faut aller pour étudier les rapports sociaux et tout le système économique.

 

I) Les rapports sociaux de la production marchande

1. Marx essaye de caractériser la spécificité de la production marchande. Il revient d’abord sur les modes de production antérieurs au capitalisme, c’est l’Histoire des modes de production. Il situe la production marchande par rapport aux modes de production antérieurs et notamment par

rapport à l’économie primitive. Dans l’économie primitive le but des producteurs est de directement

satisfaire leurs besoins : la réciprocité se situe directement au niveau des travaux et des besoins,les

travaux des uns bénéficient aux travaux des autres.

 

Dans la production marchande, le but du producteur c’est l’échange – dans la société capitaliste, le profit devient le but. Marx met en avant le fait que dans la production marchande, les produits vont s’échanger entre eux et contre de l’argent. Ce qu’il appelle «le fétichisme des marchandises», c’est de ne pas voir que derrière la vertu échangeable de la marchandise et de l’argent, il y a une création sociale de valeur et des rapports sociaux.

Alors que l’économie politique bourgeoise « vulgaire » obscurcit le fait que derrière l’échange de produits, il y a échange de travaux.

 

2. Marx étudie les conditions historiques favorisant l’émergence de la production marchande. Il montre que cette production n’est pas éternelle ; elle n’a pas toujours existé et elle n’existera pas toujours notamment dans un autre mode de production que l’on peut qualifier de socialiste.

· Pour que la production marchande existe, il faut des

 

conditions historiques particulières. Il faut un certain niveau de développement des forces productives, une division du travail assez poussée. Ensuite cette production marchande ne reste pas figée, elle se développe dans le mode de production capitaliste. Dans ce qu’on a appelé le mode de production socialiste, en réalité la marchandise subsiste tout d’abord mais dans des formes subordonnées, le marché ne disparaît pas pendant un certain temps. À une certaine époque, il y avait des débats passionnés, notamment sur la disparition de la monnaie même si ça n’est pas aussi simple.

 

· La production marchande implique une organisation de la production, dont Marx perçoit la nature contradictoire. Avec, d’une part, une séparation des producteurs, qui sont dans des unités de production séparées, ainsi qu’une organisation juridique de cette séparation avecla propriété privée des moyens de production et des de la force de travail est TTSN= 4 heures dans

l’exemple, c’est-à-dire le temps de travail nécessaire pour fabriquer les subsistances permettant l’entretien des ouvriers et de leurs familles.

Il existe une différence entre la valeur ajoutée de 8 heures et ces 4 heures d’où : TTT-TTSN = surtravail.= 4 heures= plus- value

Dans le graphique pour la journée de 8h : AB, on a AC= valeur de la force de travail, CB=Plus- value

On peut augmenter la plus- value en allongeant la journée de travail, c’est l’augmentation absolue de la plus- value ou plus-value absolue= CB’.Mais on va l’augmenter de plus en plus en réduisant la valeur de la force de travail par l’élévation de la productivité du travail, c’est l’augmentation relative de la plus- value : plus- value relative= C’B

Plus-value absolue=CB’ et plus-value relative=C’B AB = journée de travail ou temps de travail total TTT et Valeur des marchandises créées à partir de l’usage de la force de travail.

AC = temps de travail socialement nécessaire à la production des subsistances permettant l’entretien des travailleurs et de leur familles (TTSN) = valeur de la force de travail.

CB = AB-AC.

Soit encore surtravail = TTT-TTSN.

CB est la partie de la journée de travail qui ne sert pas à la reproduction de la force de travail et qui peut être accaparée par l’entrepreneur capitaliste. C’est aussi la différence entre la valeur des marchandises créées dans la production et la valeur de la force de travail. Ce plus en valeur est appelé plus-value.

 

Le taux d’exploitation (ou degré d’exploitation de la force de travail par le capital) ou taux de plusvalue : PL/V

Celui-ci exprime le rapport entre ce qui revient au capitaliste (la plus-value) et ce qui revient au salarié

(le salaire). V cela signifie la partie du capital qui sert à acheter la force de travail, donc à payer les salariés. Il est appelé capital variable car à l’origine de la variation de la plus-value

On peut aussi exprimer le taux d’exploitation en temps de travail c’est le rapport : surtravail/temps de

travail nécessaire.

C’est la période d’activité qui dépasse les bornes du travail nécessaire ; elle coûte du travail à l’ouvrier mais ne forme aucune valeur pour lui, elle forme une plus-value pour le capitaliste.

L’augmentation de la plus-value absolue CB’ correspond à l’accroissement de la journée de travail.

Alors que l’augmentation de la plus-value relative (C’B) correspond à la diminution du temps de travail socialement nécessaire à la reproduction de la force de travail, à la baisse de la valeur relative de la forcede travail dans la valeur ajoutée par le travail du fait de l’élévation de la productivité.

Il faut aussi considérer, avec tout particulièrement la vitesse accrue des machines- outils, l’intensification du travail dans un même temps.

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BRUNO FORNACIARI

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