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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 04:28

POLITIQUE -  le 7 Février 2013

Evénement. PCF

Depuis les Docks, le PCF planche sur son Humanifeste

 

 

Après des mois d’échanges dans les sections et les fédérations, les délégués des communistes se retrouvent pour débattre, trancher et lancer des chantiers sur un certain nombre de défis auxquels le PCF est confronté ou qu’il entend relever, de l’avenir du Front de gauche à celui du PCF, en passant par la mise en œuvre du changement.

Sans presque reprendre leur souffle après les campagnes électorales de la présidentielle et des législatives, les communistes se sont engagés dès l’automne, en parallèle de leur mobilisation contre l’austérité, dans la préparation de leur 36e Congrès. Rendez-vous nationaux, ateliers et assemblées locales, puis conférences départementales leur auront permis des semaines durant d’échanger, à tous les niveaux, sur l’Humanifeste, adopté en décembre, dont 806 d’entre eux vont débattre à partir d’aujourd’hui, aux Docks de Paris, en Seine-Saint-Denis. Crise, alternatives, avenir du Front de gauche et du PCF, élections… Tour d’horizon des questions en débat.

1- Crise, austérité 
et alternatives, comment « gagner le changement » ?

Avec ses partenaires du Front de gauche, le PCF a lancé, le 23 janvier, à Metz, une campagne, « l’alternative à l’austérité c’est possible », avec l’objectif de mobiliser les citoyens autour de solutions « pour sortir de la crise ». Depuis son 34e Congrès, celle-ci s’est approfondie, ses conséquences aussi. Après les discours de tous bords sur la « moralisation » du capitalisme et les banques renflouées sur fonds publics, la vague de l’austérité a déferlé. Ce 36e Congrès se présente ainsi aux communistes comme un temps de réflexion et d’analyse. Systémique, financière, sociale, démocratique, écologique, l’un ou l’autre de ces aspects ou tous à la fois, c’est la caractérisation de cette crise déjà vécue comme « un tournant historique » en 2008 qui est en question. C’est « une véritable crise de civilisation » que propose de décortiquer le texte soumis à la discussion pour mieux y opposer de « nouveaux horizons ». Outre la mobilisation des citoyens, c’est « un nouvel âge de la lutte des classes dans une humanité fragmentée », victime notamment des divisions instillées par l’ère sarkozyste, que la base commune propose aux communistes de construire. Au cœur de ce débat, l’ambition affichée de construire une « nouvelle conscience de classe » au moment où 64 % des Français reconnaissent l’existence d’un tel affrontement sans, dans la même proportion, s’en imaginer l’acteur. Mais aussi les dangers de la résignation, alors que la gauche, fait nouveau, est au pouvoir à tous les échelons sans que les ruptures souhaitées n’adviennent. « Sans attendre, gagner le changement », propose le texte. Un objectif que les délégués auront à discuter ce week-end avec, en perspective, leur rapport au gouvernement PS-Verts, et la proposition d’« assises nationales du changement » à l’automne. Au-delà des frontières, la « dimension internationaliste » du combat communiste est posée avec, notamment, l’idée de constituer « un réseau international progressiste très ouvert ».

2- Quelle « saison 2 » pour le Front de gauche ?

« Dans la dynamique du Front de gauche, notre parti a opéré un retour remarqué sur la scène politique et une transformation de sa propre représentation dans l’opinion publique. Toute une partie du peuple de gauche s’est peu à peu reconnue dans notre démarche commune et l’a investie de son espoir », note, à propos du Front de gauche, la base de discussion. En 2008, lors de leur 34e Congrès, les communistes prennent une initiative politique majeure, celle de lancer « des fronts adaptés aux échéances affrontées » qui, petit à petit, deviendront le « Front de gauche ». Rassemblant le PCF et le Parti de gauche et la Gauche unitaire dans un premier temps, puis six autres organisations et de nombreux citoyens et acteurs du mouvement social, le Front de gauche progresse entre toutes les élections intermédiaires (régionales, européennes, cantonales) ainsi qu’à la présidentielle de 2012, avec 11,1 % des suffrages. Les militants du PCF souhaitent que le Front de gauche dépasse le simple cartel de forces politiques et ne soit pas une simple machine électorale mais bien un « mouvement capable de bousculer le rapport des forces jusqu’à rendre majoritaire ses options de transformation sociale en son sein ». Pour les communistes, le Front de gauche est « un phénomène politique majeur ». Le conseil national du Front de gauche, regroupant citoyens et organisations, vient de rendre publics deux documents, l’un sur sa stratégie, l’autre sur son organisation. Les communistes, dont une part ont fait savoir dans leurs congrès locaux qu’ils auraient préféré être consultés sur ces documents, ont bien l’intention de les intégrer dans leurs débats pour faire franchir au Front de gauche « une nouvelle étape » de son développement.

3- Quelle ambition 
pour les échéances électorales de 2014 ?

Avec, en 2014, les municipales et les européennes et, en 2015, les cantonales et les régionales, les deux années qui viennent sont chargées en rendez-vous électoraux pour lesquels les communistes entendent, avec le Front de gauche, « rassembler sur des projets ambitieux qui placent chaque institution en position de répondre aux besoins ». Au plan communal, face aux « ambitions de la droite et de l’extrême droite », le PCF, qui porte l’exigence de préserver « la démocratie locale », se prononce, dès maintenant, pour de « larges rassemblements » construits avec les habitants. Partant à ce scrutin avec un « esprit de conquête », il se fixe l’objectif d’élargir son nombre d’élus. Avec le Front de gauche, le PCF envisage d’organiser « un forum national de la démocratie locale ». Au plan européen, après le vote, à l’exception du Front de gauche, de l’ensemble des forces politiques représentées au Parlement français en faveur du traité austéritaire Merkel-Sarkozy en 2012, le PCF veut faire « sauter le verrou de l’Europe libérale ». Dans cet objectif, les communistes veulent construire des « listes du Front de gauche européen élargi » pour les élections dont l’ambition est de « refonder l’Union européenne ». Dans cette optique, ils devraient tenir, avec le Parti de la gauche européenne (PGE), un « forum progressiste pour la refondation de l’Europe ».

4- Vers un « nouvel élan » 
du Parti communiste ?

Le PCF a voulu se saisir de son congrès pour faire la démonstration de son renouveau. Jeunes adhérents à l’appui, « l’enterrement de son enterrement », organisé en novembre à Paris, en a marqué le lancement. Reste à préciser les contours de ce « nouvel élan ». « Le Parti communiste change, sans se renier », explique le texte en discussion, appelant à l’avènement d’un parti « d’émancipation, d’action et de rassemblement » qui se veut « déchaîné ». Le débat s’inscrit dans le chantier des « transformations » du PCF ouvert lors de son 34e Congrès, en 2008. Si la crainte d’une « dissolution » du Parti communiste semble s’éloigner, les questions de démocratie, de son ouverture sur la société, de son renforcement font partie de celles que les militants auront à traiter. La modification des statuts, élaborés en 2006, a été proposée avec l’objectif de permettre « une meilleure articulation des souverainetés individuelle et collective, une plus grande cohérence nationale et une meilleure efficacité militante », a rappelé, en novembre, Isabelle De Almeida, responsable de la commission en charge de ces révisions.

La proximité de l’activité militante, la place des femmes, la répartition et la mutualisation des moyens, la composition de la direction nationale, l’expression de la pluralité des opinions figurent parmi les questions en débat. Au-delà, la « nouvelle génération de communistes », formée des nouveaux comme des plus anciens adhérents, selon Pierre Laurent, est appelée à ouvrir le chantier d’un « communisme de nouvelle génération », soit la « refondation d’un projet de transformation sociale du XXIe siècle ». S’agit-il de redéfinir la visée communiste, de spécifier les moyens du dépassement du capitalisme, de tracer le chemin vers un « socialisme du XXIe siècle » comme le prônent certains, ou encore d’enrichir le « projet de société fondé sur l’humain » et « en construction permanente », décrit dans le texte en discussion ? Le débat ne fait que commencer.

Nombre d’invités d’ici et d’ailleurs à Saint-Denis

De nombreuses personnalités 
ont répondu à l’invitation du PCF et assisteront à son congrès. Côté français, des représentants de tous les partis de gauche devraient être présents, à commencer par les composantes du Front de gauche, à l’image de Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard (Parti de gauche) ou Christian Picquet (Gauche unitaire). Mais aussi des membres de son Conseil national, comme Pierre Khalfa (Fondation Copernic). Le PS sera notamment représenté par Guillaume Bachelay, Europe Écologie-les Verts par Pascal Durand, le NPA par Olivier Besancenot, Lutte ouvrière par Nathalie Arthaud. Bernard Thibault et Thierry Lepaon devraient également se rendre aux Docks de Paris pour la CGT et y croiser Bernadette Groison (FSU) 
et Annick Coupé (Solidaires). Compteront aussi au rang 
des invités le poète Olivier Barbarant, le soldat du refus Alban Liechti, la résistante Odette Nilès, 
ou encore la représentante de l’initiative féministe européenne Lilian Halls-French. Mais c’est du côté des invités internationaux que le PCF a déployé le plus d’efforts. Il a réuni plus de 100 délégations venues de tous les continents, en particulier d’Europe. Une délégation du Parti de la gauche européenne (PGE) sera conduite par sa vice-présidente, Maité Mola. L’ambassadeur de la Palestine 
en France, Hael El Fahoum, 
prendra la parole dès aujourd’hui. Walter Pomar (Forum de Sao Paolo) et Pedro Paes (ex-ministre de l’Économie de l’Équateur) seront parmi les invités d’Amérique du Sud. Des représentants 
des forces progressistes du Mali, d’Égypte et de Syrie, au cœur 
de l’actualité, devraient également assister aux travaux.

Max Staat et Julia Hamlaoui

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