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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 06:32

Malaise à “L'Express” après la une sur “Le vrai coût de l’immigration”

Polémique | Face à sa rédaction, Christophe Barbier s'est expliqué sur la couverture provocante de son magazine. Une mise au point qui laisse les journalistes de “L'Express” perplexes.

Le 15/11/2012 à 15h00 - Mis à jour le 15/11/2012 à 17h36
Emmanuelle Anizon

Capture d'écran de l'édito vidéo de Christophe Barbier : “Immigration : que cache la une de L'Express ?”

Ce matin, jeudi 15 novembre 2012, à 10 heures, Christophe Barbier avait rendez-vous avec sa rédaction. Pour une mise au point qui s'annonçait houleuse sur la politique de une de L'Express. La dernière, titrant « Le vrai coût de l’immigration », montrant une femme voilée devant une Caisse d'allocations familiales, ayant provoqué – comment dire ? – un gros malaise.

Du coup, il y avait du monde à l'assemblée générale organisée à l'initiative de la SDJ. Presque toute la rédaction, Web compris. Face aux critiques extérieures qui fusent depuis deux jours – titre racoleur qui ne reflète pas le dossier, l'immigration ne peut être résumée à une femme voilée, etc – Christophe Barbier s'était jusqu'ici justifié sur le thème « Dans l’esprit des Français, c’est une immigration venue de la Méditerranée qui pose problème. »

Face à sa rédaction, le discours s'est révélé plus musclé : « La société se droitise », a expliqué en substance un Christophe Barbier décomplexé. « L'Express ne peut pas se déconnecter de ce lectorat. La une cible les tripes. C'est à l'intérieur qu'on s'adresse aux cerveaux. » Traduction : L'Express doit attirer le lectorat par des unes provoc, éventuellement putassières… quitte à l'éduquer ensuite dans ses pages, avec un dossier plus nuancé et argumenté. Christophe Barbier appelle ça « l'élasticité ».

 

Autre point évoqué par le directeur de la rédaction : la concurrence – Le Point surtout, mais aussi Marianne ou le Nouvel Obs – qui multiplient les unes agressives. « Une course à l'échalote » à laquelle personne n'échappe plus : « On ne peut plus se permettre des couv' tièdes », a asséné le directeur de la rédaction. Les unes positives ne marcheraient plus. Par exemple, une couverture sur le même sujet, mais titrée : “Immigration : une chance pour la France ?”, comme le suggérait un journaliste de la rédaction, « n'aurait pas fait de “buzz négatif”. » Or, faire du « buzz négatif », c'est faire du buzz. C'est bon pour les ventes, l'exemple récent était le numéro sur « Ces femmes qui gâchent la vie [de François Hollande] », qui a bien marché. Et ça donne une visibilité.

 

Intéressant débat, qui dépasse largement la rédaction de L'Express. Comment attirer le lecteur quand on est un hebdo ? Les rédactions parisiennes sont-elles déconnectées de la société ? Jusqu'où caricaturer les couv' pour être visibles, et vendre ? Jusqu'où prendre le risque de trahir son identité, griller son image ? Ce matin, à L'Express, la rédaction a eu les réponses de son patron. Mais est repartie pleine de questions.

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