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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 07:02

Alors que la droite, par des provocations quotidiennes, instrumentalise l’immigration, des rassemblements sont organisés partout en France samedi, à l’initiative du collectif D’ailleurs nous sommes d’ici.

Lui, il ne connaît pas de limites. Pas une semaine sans que Claude Guéant ne monte « au front » pour dénoncer une « immigration incontrôlée » qui donne aux Français « le sentiment de ne plus être chez eux ». Échecs scolaires, chômage, immigration légale, le ministre de l’Intérieur, avec ses déclarations mensongères, a vite fait oublier son prédécesseur.

Si la France de Claude Guéant n’a pas besoin « de maçons et de serveurs de restaurant », l’UMP, elle, ferait mieux d’embaucher directement Le Pen. Non content d’avoir rompu les digues qui le séparaient du FN, le parti de Sarkozy est décidé à surfer sur la boue xénophobe jusqu’en 2012. « Ça n’a rien à voir avec la xénophobie, c’est un problème comptable. Il y a un certain nombre de mesures à caractère social, dont peuvent bénéficier les immigrés », que « nous ne pouvons pas financer », a déclaré mardi Jean-François Copé. Et le secrétaire général de l’UMP de conclure par l’annonce d’une convention UMP sur l’immigration, le 7 juin. Comment s’étonner, dès lors, que les préjugés s’expriment très facilement : « 32 % des personnes pensent que les Noirs sont plus forts physiquement que les autres, contre 24 % en 2009 et 28 % en 2010 », révèle un sondage publié lundi par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS Racisme.

Mais des citoyens s’unissent contre cette stratégie de la confusion et de la peur. Syndicalistes défendant les travailleurs sans papiers, collectifs de sans-papiers, parents d’élèves mobilisés au sein du Réseau Éducation sans frontières et partis progressistes ne travaillent plus séparément. Depuis novembre 2010, ils sont réunis au sein du collectif D’ailleurs nous sommes d’ici et appellent à un grand défilé parisien de Barbès à Nation (14 heures). Et pour ne plus répondre au coup par coup, des collectifs locaux ont été lancés pour se battre partout contre cette lepénisation des esprits visant à détourner l’attention des classes populaires des dégâts du libéralisme.

1. La France n’a pas besoin de maçons étrangers

En ciblant l’immigration par le travail, Claude Guéant recycle le vieux refrain frontiste : « Y nous piquent nos boulots », soigneusement nappé d’un coulis d’immigration « choisie ». Objection ! Malgré un taux de chômage attisé par la crise, les postes non pourvus continuent à fleurir. Les « offres valables d’emploi », pourtant si difficiles à refuser, n’y ont rien changé : entre 300 000 et 600 000 postes sont invariablement boudés par les Français. Ce sont les fameux métiers dits « sous tension », au premier rang desquels trônent la restauration… et le BTP. Des jobs physiques, à horaires décalés et payés au lance-pierre. On comprend aisément que ceux qui ont le choix ne se bousculent pas au portillon, au nom de la sacro-sainte valeur travail. Le constat a beau être cynique, il prouve qu’il n’existe pas de concurrence entre nationaux et étrangers sur ce plan. D’autant que, sur les 20 000 immigrés ayant obtenu un titre de séjour par le biais de leur activité professionnelle en 2009, seuls 16 % sont des ouvriers ou des employés non qualifiés, ces emplois étant davantage prisés par les ressortissants européens qui, eux, n’ont pas besoin de permis de travail.

2. L’immigration coûte cher aux finances publiques

« Il y a un certain nombre de mesures sociales, dont peuvent bénéficier les immigrés, que nous ne pouvons pas financer », estime Jean-François Copé. Mais, en réalité, l’immigration, c’est tout bénef ! Jeunes, avec peu de dépenses de santé et des taux de chômage moins importants que les autochtones, les étrangers travaillant en France rapportent 12 milliards d’euros à la Sécurité sociale, d’après une étude de l’université de Lille-II de juillet 2010. Privés de la nationalité, ils ne peuvent pas bénéficier des allocations familiales. Au lieu de s’interroger sur les coûts des immigrés, la droite ferait mieux de se pencher sur celui de sa politique migratoire. L’État consacre 394 millions d’euros chaque année à entretenir les centres de rétention. Une somme dérisoire à côté du demi-milliard d’euros dépensé pour assurer les 
28 000 reconduites à la frontière organisées en 2010, et qui coûtent près de 27 000 euros chacune.

3. La France est submergée par les flux migratoires

Faire trembler les citoyens avec les flux migratoires incontrôlés qui menaçaient d’arriver en France après les révolutions arabes n’était pas suffisant pour Nicolas Sarkozy. Il est « de bon sens », pour le chef de l’État, de poser aussi « la question de l’immigration légale », « avec (nos) difficultés à fournir un travail à tous (nos) nationaux, et un chômage à 23 % pour les étrangers non communautaires ». Mensonges. Selon l’Institut national d’études démographiques, le nombre d’étrangers en France n’a cessé de baisser, pour s’établir à 5,8 % de la population. Des chiffres inférieurs à ceux de l’Allemagne ou de l’Espagne, où l’immigration est pourtant bien plus récente qu’en France. Quant aux 20 000 Tunisiens passant la frontière à Vintimille, ils ont suscité maintes affabulations, alors qu’ils ne sont qu’une faible minorité comparés aux 
600 000 réfugiés provisoires de l’ex-Yougoslavie accueillis par les États européens dans les années 1990, ou aux 130 000 boat-peoples arrivés dans l’Hexagone à la fin des années soixante-dix. 

4. Les deux tiers des échecs scolaires concernent  les enfants d’immigrés

Des statistiques trafiquées pour mieux stigmatiser. « Les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés », a asséné le ministre de l’Intérieur, dimanche, sur 
 Europe 1. Les deux tiers ? C’est l’OCDE et le
 rapport 2010 du Haut Conseil à l’intégration (HCI) qui le disent, affirme le ministère. Sauf que c’est faux. Selon l’OCDE, un quart des échecs scolaires, au maximum, sont susceptibles de concerner ces enfants, puisqu’ils ne représentent que 13 % des élèves soumis aux épreuves. Dans le rapport 2010 du HCI non plus, rien ne confirme cette statistique « pifométrique ». Certes, il y est dit que les élèves issus de l’immigration connaissent plus de difficultés (27 % d’entre eux préparent un bac général, contre 40 % pour les autres). Mais c’est la profession et le niveau d’études de leurs parents, plus que leur origine et les facteurs culturels, qui pèsent sur leur destin scolaire. D’ailleurs, à niveau social équivalent, les enfants d’immigrés, portés par une plus grande ambition, réussissent mieux, souligne le rapport.

  • Des militants antiracistes, rédacteurs en chef d'un jour prennent la parole dans l'Humanité

Olivier Le Cour Grandmaison, enseignant-chercheur. Pendant que son maître s’active au G8 en essayant de « prendre de la hauteur », selon l’expression forgée par les communicants de l’Élysée, le vibrionnant ministre de l’Intérieur, cette éminence très grise, et très à droite, prétend veiller sur le pays 
et ses frontières. --> Lire la suite

Clotilde Maillard membre du Réseau Éducation sans frontières (RESF). Le bilan de la grève des 6 804 travailleurs 
et travailleuses sans papiers, soutenue par onze organisations syndicales et associatives, pour arracher une circulaire de régularisation de tous les travailleurs sans papiers est plutôt amer. --> Lire la suite

Catherine Lebrun, secrétaire nationale de l’union syndicale Solidaires et Clotilde Maillard, membre de RESF. L’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, qui a procédé à l’expulsion groupée, en 38 vols, de 1 622 étrangers en 2010 et qui a déjà fait décoller 7 charters depuis le début de l’année, améliore encore son palmarès. À la suite de la mort, ces derniers mois, de plus d’un millier de migrants au large des côtes européennes, sa responsabilité directe est posée. --> Lire la suite

Consultez la carte des mobilisations en France contre le racisme de samedi 28 mai

Pierre Duquesne, Flora Beillouin et Medhi Fikri

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