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22 janvier 2019 2 22 /01 /janvier /2019 06:36
INÉGALITÉS. RACKET HISTORIQUE DES MILLIARDAIRES SUR LA RICHESSE MONDIALE
Mardi, 22 Janvier, 2019

C’est à l’occasion du forum économique mondial de Davos qu’Oxfam publie chaque année son rapport sur les disparités. Il montre une concentration inédite d’argent dans les mains de quelques-uns, mais aussi l’échec des moyens de redistribution.

Les 26 plus gros milliardaires possédaient en 2018 autant que 3,8 milliards personnes, la plus pauvre moitié de l’humanité. Il en fallait 42 en 2017, 61 en 2016… Le tableau des inégalités que révèle l’ONG Oxfam en se basant sur les données du Credit Suisse est chaque année plus dramatique que la précédente. La richesse se concentre d’autant plus que le nombre d’ultra-riches ne cesse d’augmenter. En 2009, au cœur de la crise, ils étaient 793 milliardaires dans le monde, leur fortune cumulée atteignait 2 833 milliards de dollars, soit un peu plus que le PIB de la France. En 2018, il y a 2 208 ultra-riches pour un pactole dépassant les 9 000 milliards de dollars.

C’est le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, qui en 2018 a vu sa fortune exploser le plus. Avec une hausse de 39 milliards de dollars sur un an, il atteint les 112 milliards, ce qui fait de lui l’homme le plus riche du monde. « 1 % seulement de sa fortune équivaut au budget total de la santé de l’Éthiopie, un pays de 105 millions d’habitants », pointe le rapport d’Oxfam. Sans surprise, les patrons des géants du Web et des télécommunications, américains mais aussi chinois, figurent en bonne place dans ce palmarès actualisé par Forbes. Deux Français sont dans le lot des 26 plus riches, Bernard Arnault, en quatrième position, talonné par le PDG de Facebook, et Françoise Bettencourt Meyers, héritière de l’empire L’Oréal. Dans l’Hexagone, 8 milliardaires possèdent à eux seuls autant que les 30 % des moins riches. Le rapport entre la rémunération totale des patrons de Carrefour, Sodexo et Renault et la moyenne de la rémunération des salariés était en 2017 respectivement de 251, 225 et 206 a de son côté calculé Attac.

Alors que la fortune des milliardaires s’accroît chaque jour de 2,5 milliards de dollars, près de la moitié de l’humanité – 3,4 milliards de personnes – vit toujours dans la misère, avec moins de 5 euros par jour, ce qui correspond au nouveau seuil d’extrême pauvreté défini par la Banque mondiale. « Tandis que les milliardaires ont vu leur fortune augmenter de 12 % l’an dernier, la richesse de la moitié la plus pauvre de la population du monde a chuté de 11 % », assure Oxfam. Depuis 2013, les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté extrême ont drastiquement freiné. Elle a même augmenté dans certaines régions, comme l’Afrique subsaharienne. Sur ces 40 dernières années, les 50 % de l’humanité les plus pauvres n’ont capté que 12 % de la richesse créée, alors que les 1 % les plus riches en ont pris plus du quart. « Les pays inégalitaires sur le plan économique sont également ceux où les inégalités entre les femmes et les hommes sont les plus fortes », dénonce aussi Oxfam, qui veut montrer que « ces inégalités ont un coût humain dramatique ». À l’échelle mondiale, les femmes gagnent 23 % de moins que les hommes et les hommes possèdent 50 % de plus de la richesse totale que les femmes. En Inde, l’espérance de vie d’une femme de basse caste est amputée de 15 années comparée à celle d’une femme de plus haute caste. Même constat en Europe, l’espérance de vie dans les quartiers les plus pauvres de Londres est inférieure de 6 ans à celle des quartiers les plus huppés de la capitale britannique.

262 millions d’enfants sont toujours privés d’accès à l’école

Les données issues de 137 pays en développement révèlent qu’un enfant d’une famille pauvre a en moyenne deux fois plus de risques de mourir avant son cinquième anniversaire qu’un enfant d’une famille riche. Dans les pays à bas revenus et à revenus intermédiaires, Oxfam estime que 3,6 millions de décès peuvent être attribués chaque année au manque d’accès aux soins médicaux. De même, 262 millions d’enfants sont toujours privés d’accès à l’école. Pourtant, une simple taxe de 0,5 % sur la fortune des plus riches permettrait de scolariser ces enfants et de garantir l’accès aux soins pour tous selon l’ONG. Les services publics sont donc au cœur de la lutte contre la réduction des inégalités, assure Oxfam, et leur sauvegarde comme leur amélio­ration relèvent de choix politiques. « Une étude récente réalisée dans 13 pays en développement a montré que les dépenses consacrées à l’éducation et à la santé représentaient 69 % de la réduction totale des inégalités », assure l’ONG.

Les super-riches dissimulent des milliards aux autorités fiscales

L’impôt, au cœur du financement de ces services publics et plus largement des mécanismes de redistribution, ne remplit plus son rôle. Oxfam a calculé que dans plusieurs pays, comme la Grande-Bretagne ou le Brésil, il pèse proportionnellement bien plus sur les 10 % les plus pauvres que sur les 10 % les plus riches. D’autant que la tendance générale observée est de baisser les impôts sur les sociétés et sur la fortune. Ce dernier ne représente plus que 4 % des revenus fiscaux mondiaux et 11 % pour la taxation des bénéfices des entreprises. À l’inverse, les impôts sur les salaires atteignent 22 % des recettes et 39 % pour les taxes de type TVA, les plus injustes car non progressives. Dans certains pays, les taux d’imposition des personnes les plus riches sont à leur niveau le plus bas depuis un siècle. En Amérique latine, par exemple, le taux d’imposition effectif des 10 % des revenus les plus élevés n’est que de 4,8 %. Sans compter que les super-riches à travers le monde ont dissimulé 7 600 milliards de dollars aux autorités fiscales, selon l’économiste Gabriel Zucman, qui a participé au rapport d’Oxfam et auteur de la Richesse cachée des nations.

Pierric Marissal
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19 janvier 2019 6 19 /01 /janvier /2019 23:31
Étude sur l'impact économique des migrants en Europe : "Les flux migratoires sont une opportunité et non une charge"

Pour Ekrame Boubtane, la co-auteure de l'étude sur l’impact positif de la migration sur l’économie européenne, "les flux migratoires ont contribué à améliorer le niveau de vie moyen".

Des migrants à Grande-Synthe, dans le Nord de la France.
Des migrants à Grande-Synthe, dans le Nord de la France. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

500 000 Hongrois sont partis travailler à l'Ouest ces dernières années, là où les salaires sont deux à trois fois plus élevés. La nouvelle loi travail portée par le gouvernement hongrois est-elle une solution au manque de main d'oeuvre dans le pays selon vous ?

Ekrame Boubtane : C'est un peu curieux de répondre à un besoin de main d'oeuvre en remettant en cause les droits des travailleurs qui restent en Hongrie. Je pense que c'est un mauvais signal qu'on envoie sur le marché du travail hongrois en disant que les conditions de travail dans le pays vont se détériorer encore plus, incitant peut-être même davantage de travailleurs hongrois à partir dans d'autres pays.

Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que le gouvernement hongrois a surfé politiquement sur une idéologie anti-immigration [avec cette barrière à la frontière serbe notamment où sont placés des barbelés, des miradors...] et aujourd'hui il n'a pas une position rationnelle par rapport au marché du travail en Hongrie. Proposer ce genre de mesure ne semble pas très pertinent du point de vue de l'ajustement sur le marché du travail.

En Hongrie, six entreprises sur dix sont aujourd'hui en situation de fragilité. La pénurie de main d'oeuvre dans certains secteurs en tension pourrait-elle être compensée par l'immigration aujourd'hui ? 

Je suppose que la législation hongroise en matière de travail est très restrictive pour l'emploi de personnes étrangères, mais ce qu'il faut aussi préciser c'est que les Hongrois qui sont partis travailler dans les autres pays européens n'ont pas forcément les qualifications ou les compétences nécessaires dans ces secteurs en tension. Ce sont des secteurs (bâtiment, agroalimentaire) qui ont besoin de main d'oeuvre. Ce sont des emplois relativement pénibles, payés généralement au niveau minimum et qui ne sont pas très attractifs pour les nationaux.

Les flux migratoires sont une source de main d'oeuvre flexible et mobile. L'Allemagne comme la France ont toujours eu un discours plutôt rationnel et un peu dépassionné de la question migratoire. Je pense à une initiative intéressante en Bretagne où le secteur agroalimentaire avait des difficultés pour pourvoir une centaine de postes. Le pôle emploi local n'a pas trouvé les travailleurs compétents pour ces tâches-là. Le Conseil régional Bretagne et Pôle Emploi ont donc investi dans la formation de migrants, principalement des Afghans qui venaient d'avoir la protection de l'Ofpra [Office français de protection des réfugiés et apatrides]. Ils les ont formés, et notamment à la maîtrise de la langue, pour pourvoir ces postes.

Les flux migratoires peuvent donc être une chance pour les économies européennes ?

C'est ce que démontrent tous les travaux de recherches scientifiques. Lorsque l'on va parler de connaissances ou de savoir plutôt que d'opinions ou de croyances, les flux migratoires dans les pays européens sont une opportunité économique et non pas une charge. Lorsqu'on travaille sur ces questions-là, on voit clairement que les flux migratoires ont contribué à améliorer le niveau de vie moyen ou encore le solde des finances publiques.

On oublie souvent que les migrants - en proportion de la population - permettent de réduire les dépenses de retraite donc ils permettent de les financer. Généralement on se focalise sur les dépenses et on ne regarde pas ce qui se passe du côté des recettes, alors que du côté des recettes on établit clairement que les migrants contribuent aussi aux recettes des administrations publiques et donc, finalement, on a une implication des flux migratoires sur le solde budgétaire des administrations publiques qui est positif et clairement identifié dans les données.

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17 janvier 2019 4 17 /01 /janvier /2019 07:25

COMMUNIQUE DE PRESSE du PCF

Lettre d'Emmanuel Macron : Faire grandir des propositions permettant d’augmenter le pouvoir d’achat (Fabien Roussel - PCF)

Le Président de la République annonce dans la presse les contours de son grand débat national. Comme nous l’avons dit ces dernières semaines, nous ne voulons pas que ce débat soit l’occasion d’éviter de répondre aux questions de justice fiscale et de justice sociale que posent les français depuis des mois.
Il doit encore moins servir à cautionner des politiques d’austérité encore plus sévères. Il n'est à aucun moment question de « pouvoir d’achat » dans ce courrier aux français. Le mot « salaire » n’apparaît qu’une fois et encore, il n’est pas au coeur des questions posées aux français. Rien non plus sur l’évasion fiscale et les moyens de lutter contre la financiarisation de l’économie. En revanche, à nouveau, le Président ne peux pas s’empêcher de fermer la porte au retour de l’ISF ou encore de proposer de " réduire la dépense publique », voire de « supprimer des services publics ».

Les communistes proposent à l’inverse d’ouvrir la discussion sur tous les sujets et de faire grandir des propositions permettant d’augmenter le pouvoir d’achat des français, de restaurer nos services publics, de mieux répartir les richesses et d’ouvrir la voie à une VIème République qui ne peut pas se réduire au simple fait de réduire le nombre d'élu-es. Il est urgent de répondre à la soif de justice sociale et de justice fiscale qu’exprime les français.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,

Paris, le 13 janvier 2019.

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Les communistes thouarsais ont commencé ce débat lors des distributions de tracts pour des mesures sociales et fiscales q'ils proposent d'approuver lors d'un référendum qui s'est déjà tenu sur le marché d 'Airvault le 12 janvier, sur le marché de Thouars le 18 janvier et le dimanche 20 janvier de 10 h à 18 h au bureau de vote salle des réunions à la Mairie de Thouars.

A Airvault, (comme le relaie la NR) ce sont 50 personnes qui ont déposé un bulletin comprenant plusieurs exigences.

- L'augmentation du SMIC de 260 € (avec prestations sociales et retraites)

- revalorisation de salaires et des pensions

- restauration et élargissement de l'ISF

- mesures coercitives contre la fraude et l'évasion fiscales

- modernisation et adaptation des services publics aux besoins de proximité

- baisse de la TVA sur les produits de première nécessité et d'énergie (EDF, GDF)

- démocratisation des institutions

Ces votes dont le nombre s'accroîtra encore vendredi et dimanche prochain sont à verser aux résultats de la "consultation" organisée par le gouvernement et à prendre en compte. D'ailleurs nous les feront connaître au député à qui l'on demandera d'en tenir compte dans ses votes au parlement.  Nous invitons les habitants à y participer pour écrire leurs exigences et leurs revendications à plus de justice et de dignité, à une meilleure répartition des richesses créées par le travail de tous, à des progrès civilisationnels de notre époque. Et sans tabou.. Exprimez-vous !

Continuons les mobilisations, citoyennes, syndicales, politiques, électorales pour de véritables procès humains, démocratiques, sociaux, écologiques.

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17 janvier 2019 4 17 /01 /janvier /2019 04:03

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16 janvier 2019 3 16 /01 /janvier /2019 08:59
 
 
 

La radio locale "radio Val d'Or" qui rayonne dans le thouarsais (79) m'appelle pour une interview ce matin concernant le Référendum citoyen que nous organisons (PCF) sur des mesures de justice sociale et fiscale. Elle est pas belle la vie ?

 
 
 
Commentaires
 
  • Laurent Ballay
     
  • Jeanne Daubeze Combien tu les a payés ? ?
  • Francisco Jacta-Est Fourche pas le terrain référendaire est glissant. Le RIC des jaunes bruns est à la manœuvre avec une certaine efficacité avec l'objectif encore inavoué de RICAR de Chouard, Référendum insurrectionnel constituant d'un aristocratie réelle.
    Sur le RIC et le RICAR: 
    https://www.youtube.com/watch?v=rPKZKvQzhik...
    Les deux heures de cette video donne la mesure de la stratégie visée. Dans d''autre video de Chouard sur les péages, tu peux l'entendre dire; le salaire, la réforme fiscale, c'est superficiel...:
    Répondez...
     
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  • Victor Sandoval Oui il y a RIC et RIC. Si les sections du Parti faisait ce que vous faites la bas ce serait pour dire ce que nous avons et allons à dire. Hier en réunion de section Paris 15 je dis que la direction actuelle du PCF passait son temps à commenter l'actualité. Où est la vision du futur, de l'après -demain? Maintenant le pays vit au rythme du Débats et du RIC Sur le premeir "unfuage"! Oui mais il dans l'aire du temps ou fait quoi, on regarde à cîté? RIC pareil!
    • Cyril Guenneteau J’observe ce qui se passe. Nous sommes en effet devenus des commentateurs de l’actualité sur fond de mouvement des gilets jaunes. Comme ce sont de nouvelles têtes qui s’y collent, cela ne peut que séduire les médias - cela plait toujours aux auditeurs de voir de nouvelles têtes - et les militants - Oui, on nous voit. 
      Quand la,stratégie de la com pour la com passe avant celle de la réflexion politique.
    • Bruno Fornaciari Cyril Guenneteau ne crois-tu pas que, en ce qui nous concerne, c'est l'inverse de ce que tu dis ? Nous avons pris une initiative politique. Conçu et diffusé le tract à 5000 ex dans les villes et villages, dans 3 entreprises de taille certaine, averti la presse locale et la radio qui se sont fait écho de cette initiative. Sur le petit marché d'Airvault 50 personnes sont venus mettre un bulletin OUI, à l'initiative et sur des propositions communistes. Ces personnes font le constat qu'elles sont d'accord avec nous. C'est déjà pas si mal. J'ajoute que la presse, dans nos contrées, est très lue et crédibilise les initiatives. Nois avons projeté le film, "le jeune Karl Marx" et, avec l'interview d'yvon Quiniou philosophe communiste parue dans la presse il y a eu 70 spectateurs. Pas mal non plus. Concernant la pétition contre l'augmentation de la CSG et la réduction des APL la presse qui s'y est faîte écho aussi a permis d'en faire une initiative réussie. La construction de la conscience de classe, la preuve de l'utilité du PCF se construit patiemment au concret, même avec des "petites" choses. N'est-ce pas ?
    Répondez...
     
  • Bruno Fornaciari Ça c'est bien passé. Attendons la diffusion pour vérifier.
    Répondez...
     
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    14 janvier 2019 1 14 /01 /janvier /2019 10:24
    RIC sur le marché d'Airvault organisé par les communistes thouarsais
     
     
     
     
     
     
    Samedi matin sur le marché d'Airvault (79) 50 personnes ont voté (100) %) pour des mesures sociales et fiscales proposées par le PCF local.
    -Smic a 260 € brut
    - retour et élargissement de l'ISF
    - Augmentation des salaires et des pensions
    -mesures coercitives contre la fraude et l'évasion fiscales
    - relance des services publics, démocratisation des institutions.
    50 personnes ont voté et déposé un bulletin de vote pour des mesures proposées par le PCF. 
    Ce n'est pas anodin. Sans doute, pour certains c'était la première fois.
    Feront-ils le rapprochement entre ce samedi et les Européennes ?
     
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    14 janvier 2019 1 14 /01 /janvier /2019 09:06

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    11 janvier 2019 5 11 /01 /janvier /2019 17:14
    Photo : Reuters
    Photo : Reuters
    CE QUE LES GILETS DOIVENT À LA GAUCHE POLITIQUE ET SYNDICALE
    Jeudi, 10 Janvier, 2019

    Par Didier Valette, responsable dans l’économie sociale.

    Les gilets jaunes ont interpellé. La non appartenance politique d’une partie d’entre eux, un éloignement des syndicats et mouvements sociaux ont donné à réfléchir. Cela conduit certains observateurs et acteurs à conclure au décalage voir au déphasage des syndicats et des partis. Et d’en appeler à leur uberisation ou à leur rénovation, c’est selon.

    Voire à leur disparition. C’est qu’un ancien patron des patrons estimait, encore tout récemment, que les syndicats étaient désormais « nuisibles ». Apparemment éloigné idéologiquement et d’une autre génération un de ses homologues, leader charismatique de la silicon valley estimait quant à lui « qu’il fallait casser les reins des syndicats » pour reformer l’éducation. Bref le capitalisme industriel devient peut être informationnel mais la vindicte anti syndical de ses dirigeants résiste au temps.

    Car le fond de l’affaire est là : avant de s’interroger longuement et répétitivement sur le déclin de la gauche politique et syndicale, son « abandon » des couches populaires qui en seraient réduites à de sporadiques « révoltes », il conviendrait de garder en tête dans quel monde nous vivons.

    La gauche politique ou syndicale n’y est pas au pouvoir. Et quand elle le fut ce fut bref.

    Le capitalisme réactionnaire a mis une quarantaine d’années pour relever la tête après les reculs politiques que les peuples lui infligèrent au travers des guerres mondiales et de décolonisation. Tant l’effondrement des pays socialistes et l’intégration des PVD à l’économie mondiale que les privatisations et l’assaut généralisé contre les entreprises et services publiques ont caractérisé la période. Les partis communistes disparus, les socio-démocrates effacés, les syndicats affaissés,  les structures des protections sociales érodées, les causes de ces régressions résident d’abord, non pas dans les dysfonctions des instances concernées mais dans l’agression généralisée dont elles ont été victimes.

    Guerre sociale

    Bref la lutte des classes est aussi et surtout une guerre sociale. La mondialisation (et ses annexes, la CEE ou l’ALENA) a permis un dumping planétaire. Une désindustrialisation accrue par les délocalisations, une robotisation encore accélérée par le digital ont entrainé un chômage et une précarité massifs et durables. Le management néolibéral a isolé et intégré le salarié. Les privatisations et les reculs de l’état ont entrainé un pillage et une braderie des biens communs, l’abaissement des protections sociales. Et la répression des mouvements sociaux et des organisations du monde du travail fut constante et systématique.

    Avant tout autre considération c’est bien dans ces faits qu’il faut chercher les raisons profondes de l’effondrement de la gauche politique et syndicale. Et non pas dans son abandon supposé des « couches populaires » et  la nouvelle priorité donnée aux mouvements « sociétaux », une démarche électoraliste effectivement initiée par le « new labour » de T.Blair (et ses émules Schroeder, Renzi, Macron) mais qui a en fait accéléré le dépérissement globale de ce camp.

    De ce déclin, des mouvements apparemment neufs espèrent tirer profit.

    Une gauche « mouvementiste », qui s’inspire beaucoup (sans le savoir souvent) du socialisme utopique ou de l’anarchisme attend beaucoup des messageries électroniques et des capacités d’auto organisation des luttes, est apparue. A leur façon le succès de LREM, du PG puis de LFI jusqu’au mouvement des gilets jaunes en passant par les plateformes comme MEETOO, démontrent effectivement tant la potentialité de ces nouveaux mouvements que leur fugacité. Désormais cette gauche flirte avec le populisme et en donne une nouvelle théorisation. On sait où commence le « dégagisme » ; ou s’arrête-t-il ? Il discrédite une gauche qui a perdu ses repères sans doute ; surement des états, gouvernements et parlements eux-mêmes mis en cause par le capitalisme mondialisé ; ou la république travaillée par les intégrismes ; on dénonce les corrompus, mais rarement les corrupteurs, car c’est là où le bât blesse. Car sur les décombres prospèrera le pouvoir bien réel et peu atteint des multinationales. Et souvent c’est le gouvernement des juges, des technocrates qui gèrera au nom des firmes. Quand, plus inquiétant encore, les démagogues ne s’allieront pas à la droite extrême pour imposer les pires régressions.

    Aussi si on peut comprendre que des penseurs conservateurs rêvent d’une disparition des partis et syndicats porteurs d’une régulation du capitalisme voir de son dépassement, on se demande pourquoi tant de penseurs de gauche mènent le procès constant des inconséquences syndicales ou politiques. En oubliant qui frappe et qui subit.

    Deux siècles de luttes sociales sous régime capitaliste ont appris au mouvement ouvrier devenu salarial, souvent au travers de révoltes et révolutions réprimées dans le sang, la nécessité et l’intérêt d’organisations durables, solides, massives, dotées de « cadres » syndicaux et politiques aguerris. On remarquera d’ailleurs que contrairement à la morosité occidentale, dans le reste du monde la classe ouvrière qui vient d’intégrer un milliard de salariés supplémentaires, mène les plus grands conflits sociaux de l’histoire pour conquérir revenus décents et protection sociale. Voilà déjà de quoi indiquer vers quoi s’oriente le siècle naissant et de rappeler aux syndicats et partis de gauche ce que fut leur histoire.

    Que ces derniers doivent se renouveler en permanence va de soi ; qu’ils doivent intégrer plus rapidement les capacités du digital et les exigences de démocratie directe apparait évidentes ; qu’ils doivent renforcer une alliance avec la multiplicité des mouvements sociaux notamment ceux de défense des droits des minorités, des genres, des consommateurs, de la défense de l’environnement, l’est tout autant. Et sans doute leur faudra-t-il imaginer et bâtir des organisations correspondant au défi que représente l’instauration d’un capitalisme informationnel.

    Des pays sans gauche

    Ce ne sera pas la première fois. Le mouvement ouvrier a déjà dû faire face à la deuxième révolution industrielle. Les partis et internationales socialistes et les confédérations générales du travail en sont nés au bout d’un siècle d’un lent travail de rassemblement et d’unité de structures diverses. Le défi est du même ordre aujourd’hui. Mais il y a des fondations pour cela. Veillons à ne pas les fracasser.

    Elément primordial qui devrait être l’objet d’une unité la plus large la défense de la démocratie en particulier dans les entreprises. La démocratie sociale recule comme jamais entre répression judiciaire et policière, rabougrissement de la place et des prérogatives de la représentation des personnels, report ou annulation d’élections professionnelles où l’abstention est favorisée.

    Il est des pays sans gauche. L’alternative n’y est quasiment plus incarnée et les révoltes et émeutes succèdent aux luttes communautaristes. Le capitalisme s’accommode des unes et des autres. Il peut même devenir vert le green washing étant finalement un argument concurrentiel (et profitable !) comme un autre. Sans partis et syndicats de gauche, instances du monde du travail dont l’intérêt primordial reste de dépasser le capitalisme, l’alternative à ce dernier disparait. Une leçon historique à ne pas oublier.

    D’autant et pour en revenir à notre propos introductif que la fécondité des gilets jaunes tient aussi au lent travail de luttes sociales diverses et d’éducation populaire qu’envers et contre tout syndicats et partis ont continué à mener ces dernières décennies. Et il y a beaucoup de leur influence dans l’exigence du rétablissement de l’ISF, de l’instauration de la justice fiscale et de l’encadrement des prix des produits de première nécessité, de l’augmentation des salaires et pensions, de la rénovation politique des institutions. Qu’on se le dise. Les gilets jaunes, leurs idées ne sont pas tombées du ciel.

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    10 janvier 2019 4 10 /01 /janvier /2019 08:45
    Le secrétaire national du PCF va proposer de "taxer les multinationales à la source"
    PREMIUM

    Dans le JDD, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, annonce qu'il va proposer d'imposer les bénéfices des multinationales avant qu'ils ne sortent du pays. Il veut "mettre au pas les Nike, McDo, Starbucks ou Ikea".

    Fabien Roussel, député et secrétaire national du PCF.
    Fabien Roussel, député et secrétaire national du PCF. (Sipa Press)
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    Fabien Roussel s'apprête à déposer une proposition de loi en ce sens. "Elle s'articule autour d'un principe simple et compréhensible de tous : les multinationales doivent payer leurs impôts là où elles réalisent leur activité, et non dans les paradis fiscaux comme c'est le cas actuellement, indique le secrétaire national du Parti communiste français dans une tribune au JDD. C’est pourquoi nous proposons d’imposer ces bénéfices avant qu’ils ne sortent du pays. Si le 'terrain de jeu' de ces multinationales est mondial, alors adaptons notre fiscalité!"

    Quarante pour cent des profits des multinationales, soit 600 milliards de dollars (527,5 milliards d'euros) échappent à l'impôt grâce au transfert de bénéfices dans des paradis fiscaux via des mécanismes bien connus. Google vient une nouvelle fois d'en faire la démonstration. Cette efficacité est un camouflet infligé publiquement aux États : en 2016, les entreprises américaines ont ainsi enregistré plus de profits en Irlande qu'en Chine, au Japon, au Mexique, en Allemagne et en France réunis. Et sur ces bénéfices colossaux, elles se sont vu infliger le taux de… 5,7%. Résultat, avec de telles pratiques, l'Union européenne perd chaque année l'équivalent de 20 % du montant de l'impôt sur les sociétés.

    Derrière l'"optimisation fiscale" se dissimule une sourde entreprise de démolition du consentement à l'impôt

    C'est d'autant plus intolérable que derrière l'"optimisation fiscale" se dissimule une sourde entreprise de démolition du consentement à l'impôt. En refusant de s'acquitter de leurs impôts là où elles exercent leur activité, ces multinationales tournent délibérément le dos aux principes fondateurs de notre démocratie. Non seulement elles s'affranchissent du pacte social sur lequel repose toute société civilisée, mais elles siphonnent avec cynisme les recettes des États. Concrètement, ce sont des écoles en moins, des hôpitaux en souffrance, des communes étranglées, des services publics supprimés…

    Cet abandon nourrit la colère des peuples, soumis à des politiques d'austérité d'autant plus injustes qu'elles prennent source dans l'égoïsme des plus fortunés. Sur un champ de bataille, une telle attitude porterait un nom : la désertion. Mais sur le vaste terrain du capitalisme débridé, tous les coups sont permis, dans la négation désinvolte de toute notion de solidarité. À ce jeu-là, les peuples sont toujours perdants.

    Dans un tel contexte, la France peut pourtant parfaitement agir de son côté et montrer le chemin d'une fiscalité plus juste. La proposition de loi que nous nous apprêtons à déposer s'articule autour d'un principe simple et compréhensible de tous : les multinationales doivent payer leurs impôts là où elles réalisent leur activité, et non dans les paradis fiscaux, comme c'est le cas actuellement. C'est pourquoi nous proposons d'imposer ces bénéfices avant qu'ils ne sortent du pays. Si le "terrain de jeu" de ces multinationales est mondial, alors adaptons notre fiscalité!

    Il est temps de mettre au pas les Nike, McDo, Starbucks ou Ikea

    Nous pouvons prendre appui sur les données mondiales de ces entreprises pour déterminer les bénéfices qui doivent être imposables dans notre pays. Prenons l'exemple d'une multinationale active dans la vente en ligne et qui réalise 50 milliards de bénéfices au niveau mondial. La multinationale ne veut pas communiquer le total de ses ventes dans notre pays ni ses bénéfices ? Grâce à la TVA, nous pouvons connaître son chiffre d'affaires. Et si 15 % de ce dernier se fait en France, alors 15 % de ses bénéfices mondiaux seront imposés en France, soit 7,5 milliards d'euros.

    Il est temps de mettre au pas les Nike, McDo, Starbucks ou Ikea. Pour les géants américains du numérique, les Google, les Facebook, des propositions existent, émises par l'OCDE, pour les qualifier juridiquement afin de pouvoir les imposer comme toutes les entreprises françaises.

    Le système que nous proposons fonctionne déjà ailleurs, comme aux États-Unis, en Allemagne, au Canada, où un impôt sur les sociétés peut aussi être perçu au niveau local. Une telle réforme modifierait complètement le paysage de la concurrence fiscale. Elle rendrait caducs les paradis fiscaux et indiquerait aux États le chemin à suivre pour faire rentrer un argent qui n'aurait jamais dû s'échapper. Il est grand temps de mettre un terme au fléau de la fraude et de l'optimisation fiscales

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    10 janvier 2019 4 10 /01 /janvier /2019 07:30
    PROFITS. LES PREMIERS DE CORDÉE DU CAC 40 ENFILENT LEUR GILET EN OR
    Jeudi, 10 Janvier, 2019

    57,4 milliards d’euros ont été dépensés en dividendes et rachats d’actions, l’année dernière, par les 40 plus grandes sociétés cotées en Bourse en France, établissant un nouveau record absolu. Les salariés et l’investissement sont les grands perdants de ces choix financiers.

    Les entreprises du CAC 40 n’ont jamais autant choyé leurs actionnaires. Selon la Lettre Vernimmen, une publication spécialisée des milieux d’affaires citée hier par les Échos, 57,4 milliards d’euros ont été dépensés en dividendes et rachats d’actions l’année dernière par les 40 sociétés cotées, établissant un nouveau record absolu. Le dernier en date remontait à 2007, juste avant l’éclatement de la crise financière, avec 57 milliards d’euros distribués à l’époque. La performance de 2018 n’est donc pas anodine : « Les géants du CAC 40 ont enfin tourné la page de la crise financière », note le journal les Échos.

    Si la générosité envers les actionnaires explose cette année, avec une hausse de 12,8 % par rapport à 2017, et surtout + 62 % par rapport au creux de 2009 (35,3 milliards d’euros distribués aux actionnaires), cela va de pair avec une forme olympique pour les bénéfices des sociétés concernées en 2017 (année de référence pour la distribution des dividendes en 2018), qui ont grimpé de 18 % en un an. Au total, près de 60 % de ces profits ont été redistribués aux actionnaires. Indice d’une année hors norme pour les détenteurs de capital, chaque société du CAC 40 a acquitté des dividendes l’an dernier, ce qui n’était pas le cas les années précédentes. Mais certaines ont contribué plus que d’autres à ce record. En haut du podium, Total a versé à lui seul 10,1 milliards à ses actionnaires en dividendes et rachats d’actions. Suivent Sanofi (4,8 milliards), BNP Paribas (3,8 milliards), Axa (3 milliards), LVMH (2,8 milliards), L’Oréal (2,5 milliards) et Schneider Electric (2,1 milliards). Ces sept sociétés représentant à elles seules plus de 50 % des sommes versées aux actionnaires par le CAC 40 l’an dernier.

    Seulement 5,3 % des bénéfices sont redistribués aux travailleurs

    En pleine crise des gilets jaunes, une telle débauche d’argent scandalise à gauche. La France insoumise, le PCF, Génération.s ont dénoncé un pactole indécent au moment même où le pouvoir a péniblement consenti un plan de mesures pour le pouvoir d’achat de 10 milliards d’euros qui ne mettra pas ou que très peu à contribution les entreprises, et que le moindre « coup de pouce » au Smic a été refusé. « Tandis que les bénéfices et les dividendes battent des records, le versement de primes est laissé au bon vouloir des sociétés et les principales mesures consistent en des défiscalisations, c’est-à-dire qu’elles seront financées par les contribuables et non par les entreprises, alors qu’elles ont un rôle fondamental à jouer pour la réduction des inégalités », pointe Pauline Leclère, de l’ONG Oxfam, à l’origine d’un rapport l’an dernier sur les bénéfices du CAC 40.

    Selon cette étude intitulée « CAC 40 : des profits sans partage », plus de 67 % des bénéfices réalisés entre 2009 et 2016 par les principales sociétés cotées en France sont allés aux actionnaires, contre seulement 5,3 % aux salariés, et 27,3 % à l’investissement dans l’entreprise. « La tendance n’a pas changé, les salariés et l’investissement sont toujours les grands perdants de ce partage inégal des bénéfices », constate Pauline Leclère, qui rappelle les recommandations d’Oxfam pour « un partage plus équitable des richesses dans l’entreprise », formulées à l’occasion de la loi Pacte : encadrement des dividendes et transparence des écarts de salaires. Au-delà, « cette question cruciale du partage des bénéfices dans les grandes entreprises doit faire l’objet d’un point central dans le “grand débat” national » annoncé par Emmanuel Macron, estime la responsable de l’ONG.

    Des sociétés s’endettent pour rémunérer leurs actionnaires

    Pour l’instant, cela n’est guère prévu. Signe que le sujet embarrasse, la Lettre Vernimmen anticipe la critique, en affirmant que, « contrairement au sophisme et au poncif (sic), aucun groupe n’a dû réduire ses investissements pour verser un dividende. Aucun n’a dû s’endetter au-delà du raisonnable (re-sic) pour verser un dividende ». Une assertion à laquelle les Économistes atterrés ont déjà répondu sur leur blog, l’an dernier. « Dividendes et rachats d’actions représentaient 19 % de l’excédent net d’exploitation (l’ENE, en résumé : les profits diminués de l’amortissement des investissements passés – NDLR) en 1990, puis 39 % en l’an 2000 et 70 % aujourd’hui, y écrit le chercheur à Lille-I, Michaël Lainé. Autant dire que, de plus en plus, les entreprises sont contraintes de s’endetter ou de vendre leur outil de production afin de rémunérer leurs actionnaires. » Ainsi, en 2011, « alors que les profits avaient baissé de 10 %, les entreprises ont augmenté les dividendes de plus de 15 % et sacrifié du même coup leur capacité à investir en la réduisant de plus de 38 % », indique Pauline Leclère.

    « Du point de vue des actionnaires, l’entreprise n’a qu’une fonction : créer du cash », rappelle de son côté Matthieu Montalban, membre des Économistes atterrés. Dans cette logique, investissement et dividendes en viendraient presque à se confondre puisque, « selon cette vision, l’intégralité de la trésorerie qu’elle génère appartient aux actionnaires. Qu’elle soit redistribuée ou réinvestie dans l’entreprise, c’est toujours du patrimoine de l’actionnaire », décrypte cet enseignant-chercheur à Bordeaux. Or, non seulement cela est une « erreur sur le plan juridique », mais de « nombreux travaux aux États-Unis ont montré que la hausse des dividendes et des rachats d’actions a bien eu pour effet de rationner les capacités de recherche-développement des entreprises ».

    Sébastien Crépel
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