Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 16:00
Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 15:57
Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 15:54
Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 15:24
Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 15:09
Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 11:12

Jean-Marie Harribey

Jean-Marie Harribey pour Alternatives Economiques

Derrière l’imposture de la « science » économique, qu’y a-t-il ?

Je salue à mon tour la publication de l’ouvrage de l’économiste australien Steve Keen, L’imposture économique, dont la nouvelle édition vient d’être traduite en français (Les Éditions de l’atelier, 2014, avec une préface de Gaël Giraud)[1]. Il propose une critique minutieuse de toutes les hypothèses et de tous les résultats de la théorie néoclassique qui a établi une domination sans partage sur l’enseignement universitaire, la recherche et les revues académiques, sans parler des médias. Ce livre procurera une véritable jubilation à tous ceux qui en ont marre de voir l’absence de rigueur logique chez les plus hautes sommités, pourtant récompensées par les titres, les honneurs et les places de pouvoir pour reproduire le monopole d’une discipline qui a tout du charlatanisme. Ladite science économique est une gigantesque imposture. Mais que cache cette imposture de nature intellectuelle, conceptuelle et épistémologique ? Cet ouvrage va-t-il jusqu’au bout de sa critique ? Essayons de voir cela en suivant les étapes principales du parcours auquel nous invite l’auteur.

1. La déconstruction de la « science » économique officielle

Le livre de Keen se compose de trois parties. Les deux premières montrent que les fondements de la théorie qu’on appelle néoclassique depuis le début du XXe siècle sont dépourvus de toute logique et sont même totalement incohérents. Non seulement les hypothèses retenues sont introuvables dans la réalité, mais les conclusions sont absurdes.

La « loi » de l’offre et de la demande n’est pas une loi

Le pont aux ânes de l’économie du café du commerce est la fameuse loi de l’offre et de la demande. Qui oserait la mettre en doute ? Pourtant, chacun des deux côtés de cette prétendue loi, censés se couper en un point déterminant le prix auquel s’équilibre le marché, souffre d’un vice congénital : l’impossibilité de passer d’un raisonnement mené à l’échelle individuelle (microéconomique) à un raisonnement global (macroéconomique).

Le problème examiné par Keen dans sa première partie est celui de l’agrégation des comportements individuels pour aboutir à un comportement global. Suffit-il d’ajouter les premiers pour définir le second ? Vieille question : la société est-elle la somme des individus ? Oui, répondent tous les économistes libéraux. Patatras, ce sont les meilleurs théoriciens néoclassiques qui, cherchant à démontrer la pertinence de cette assertion, ont abouti à démontrer le contraire. Et cela, pour la demande comme pour l’offre.

Du côté de la demande, on pourrait croire que, puisque la demande de consommation d’un bien par un individu évolue habituellement en sens inverse de son prix, le même phénomène pourrait être retrouvé au niveau de l’ensemble de l’économie : la demande globale d’un bien baisserait quand le prix monte. Faux, dit le théorème appelé « Sonnenschein-Mantel-Debreu », du nom des trois économistes qui, tels des kamikazes, s’étaient lancés dans les années 1970 dans la quête du Graal économique, et qui ont lucidement accepté de se faire hara-kiri. Pour que la loi de la demande soit vérifiée, il faudrait que tous les individus aient les mêmes goûts et préférences (impossible sauf à abandonner l’hypothèse d’indépendance des individus) et que la variation de leurs revenus ne modifie pas leurs préférences (impossible sauf à supposer que tous les revenus varient semblablement ou qu’il n’y a pas d’interférences entre les décisions des uns et celles des autres). La théorie de la demande globale suppose donc qu’il n’existe qu’un seul consommateur et qu’un seul bien. Idiot, comme Marx l’avait déjà dit en dénonçant cette « robinsonnade ». Résultat : la demande globale peut évoluer dans n’importe quel sens quand les prix varient ; par exemple elle peut augmenter quand le prix d’un bien de première nécessité augmente si les individus ne peuvent plus acheter que celui-là. La courbe de la demande globale n’est donc pas forcément décroissante, parce que l’« effet de revenu » peut contrecarrer l’« effet de substitution ». Les théoriciens de l’« équilibre général » ont dû admettre que, l’élasticité de la demande par rapport au prix n’étant pas toujours négative, la « loi » n’est vraie que si… on est déjà à l’équilibre… Dur, dur, une démonstration qui suppose le problème résolu.

Du côté de l’offre, on arrive aux mêmes incohérences. La théorie néoclassique dit que l’entreprise atteint son point optimum de profit lorsqu’elle égalise son prix avec son coût marginal. Mais pour que cette égalisation puisse être réalisée, il faut supposer que les coûts marginaux sont croissants, c’est-à-dire qu’il n’y a jamais de rendements croissants dus à des économies d’échelle, sinon cela impliquerait que toute entreprise aurait intérêt à augmenter indéfiniment sa production et donc à demander une quantité illimitée d’inputs. Pour contourner ces difficultés, les néoclassiques ajoutent d’autres hypothèses : existence de coûts fixes (les fonctions d’offre sont alors discontinues), accès limité (donc pas de libre entrée, l’une des conditions de la concurrence parfaite).

Le mythe de la concurrence parfaite

Le pire est à venir pour la microéconomie néoclassique : « Les producteurs s’efforcent de maximiser leur propre bénéfice – leurs profits – et non les bénéfices de la société. Ces deux intérêts – les consommateurs cherchant à retirer le maximum de bénéfice de leur consommation, les producteurs tentant d’obtenir le profit maximal de leur production – ne coïncident que si le prix de vente est égal à la variation de la recette que les producteurs obtiennent en vendant une unité supplémentaire, variation que les économistes appellent “recette marginale”. Le prix – le montant que les consommateurs sont prêts à payer – vous donne[2] l’”utilité marginale” obtenue par la consommation du dernier bien acheté. Et c’est seulement s’il est égal à la “recette marginale” obtenue par le producteur pour la toute dernière unité de production vendue que les bénéfices de la société seront égaux au gain individuel du producteur quand il vend ce bien. Cela ne peut advenir que si la “recette marginale” pour le produire équivaut à son prix. Seule la concurrence parfaite garantit ce résultat car une courbe d’offre n’existe que si le prix de vente est égal au coût marginal. Sans concurrence parfaite, bien qu’une courbe de coût marginal puisse être tracée, elle ne correspond pas à la courbe d’offre, et […] la quantité offerte sur le marché sera inférieure à la quantité qui maximiserait le bien-être social. » (p. 112). Il s’ensuit que « les coûts de production sont normalement constants ou décroissants pour la grande majorité des biens manufacturés, de telle sorte que la courbe de coût moyen et même celle de coût marginal sont normalement soit plates, soit décroissantes » (p. 140). Et Keen ajoute ironiquement que « cela ne pose aucun problème aux fabricants mais rend la vie impossible aux économistes néoclassiques, puisque la majorité de la théorie néoclassique dépend d’une courbe d’offre croissante » (p. 140).

La concurrence parfaite existe-t-elle alors ? Keen utilise l’apport de l’économiste italien Piero Sraffa[3] dont la critique date des années 1920 mais que les économistes dominants ont ignorée. Si les « facteurs de production » sont fixes à court terme, leur demande et leur offre ne sont pas indépendantes, donc on ne peut pas considérer les différents marchés comme indépendants. Mais, à l’inverse, si on retient l’hypothèse d’indépendance de la demande et de l’offre de facteurs, alors on ne peut avoir de facteur fixe.

Pas de théorie de la production, donc pas de théorie de la répartition

Les conséquences de ces inconséquences sont multiples. L’une des plus importantes est que l’échafaudage néoclassique s’écroule lorsqu’il s’agit d’expliquer la répartition des revenus. Depuis Joan Robinson, on sait que la productivité marginale du capital, censée rémunérer celui-ci, ne peut être connue sans la mesure du capital qui elle-même dépend du taux de profit, d’où un raisonnement circulaire et une impasse logique.[4] Et la première partie du livre de Keen s’achève par la réfutation du traitement du travail comme une marchandise. Les néoclassiques sont incapables d’expliquer le chômage autrement que par un arbitrage des individus en faveur du loisir et au détriment du salaire. La question posée par Keen est ravageuse : « Comment quelqu’un peut-il profiter du temps de loisir sans revenu ? […] En réalité, la seule “activité de loisir” à laquelle on peut consacrer plus de temps avec un revenu inférieur est le sommeil. » (p. 174).

Autrement dit, la rémunération de chacun en fonction de sa productivité étant une fiction parfaitement idéologique, il convient de renouer avec la vision de Smith, Ricardo et Marx en termes de rapports entre les classes sociales et considérer le système économique comme reposant sur la reproduction des conditions matérielles et sociales de son fonctionnement, et non pas comme un modèle d’échanges occultant ces dernières. « Pour pouvoir trouver les prix, il est tout d’abord nécessaire de connaître la distribution du revenu ; et chaque répartition différente du gâteau économique entre travailleurs et capitalistes se traduit par un échantillon de prix différent. […] Ce ne sont pas les prix qui déterminent la distribution du revenu, comme les économistes le présument, mais plutôt la distribution du revenu qui détermine les prix. À l’intérieur de certaines limites, la distribution des revenus est déterminée non par des mécanismes de marché, mais par l’état des pouvoirs politiques relatifs. » (p. 185). Plus loin : « C’est un phénomène social. » (p. 193).

2. L’impensable crise dans la théorie dominante

Une fois démontés chacun des éléments de base de la pseudo-science néoclassique, Keen s’attelle à montrer qu’elle ne peut pas penser la possibilité même des crises. A fortiori, elle se trouve désarmée quand il en survient une, surtout de la force de celle éclatée en 2007 qui a entraîné une « Grande Récession ».

Une épistémologie hors-sol

Pourquoi la crise n’est-elle ni pensable, ni pensée ? Tout concourt à cela. D’abord, les néoclassiques se moquent du réalisme des hypothèses. À un point érigé en doctrine par Milton Friedman qui est toujours passé au-dessus de cela car, disait-il, « une théorie doit être jugée uniquement par la justesse de ses prévisions, et non par le réalisme de ses hypothèses » (p. 196). Au moins, si c’était le cas ! Mais la prévision selon laquelle le marché conduit à l’équilibre et à la stabilité est régulièrement démentie.

Ensuite, la théorie néoclassique n’intègre ni le temps, ni l’incertitude de l’avenir. Dès lors, non seulement elle est imperméable aux nouvelles recherches scientifiques concernant la complexité et la possibilité du chaos, mais elle a même régressé par rapport à l’économie politique classique et à Marx dont le modèle est cyclique (p. 229-230, 252-255, 408).

Enfin, la théorie néoclassique est restée fidèle à l’idiot utile qu’était Jean-Baptiste pour qui il ne peut y avoir de déséquilibre entre l’offre et demande globales, donc pas de surproduction possible. C’est la célèbre « loi des débouchés » qui, comme la plupart des lois néoclassiques, est fausse, pour plusieurs raisons. Les marxistes et les keynésiens ont souvent insisté sur le fait que les revenus distribués à l’occasion de la production ne se transforment pas nécessairement en achats, s’il y a thésaurisation de la monnaie ou préférence pour la liquidité comme disait Keynes. À cela, Arghiri Emmanuel avait ajouté que certains revenus (les profits), étant distribués après la vente, ne peuvent se présenter comme pouvoir d’achat auparavant, surtout dans une économie capitaliste en croissance.[5]

Le capitalisme est une économie monétaire

Keen ne s’attarde pas là-dessus et met l’accent sur un autre point qui permet, à juste titre, de relier Marx, Schumpeter, Keynes et Minsky (p. 399 ; curieusement, il n’insère pas Kalecki dans cette liste) : le capitalisme est une économie monétaire, or l’accumulation implique une avance en monnaie, et si le crédit dépasse le besoin du système productif en monnaie supplémentaire, alors la porte est ouverte à la bulle financière et, invariablement, à l’explosion. La démonstration tient en quelques lignes (même si elle occupe les chapitres XII, XIV et XV de Keen) et elle est limpide : la demande (de consommation mais aussi d’investissement) est constituée par « la somme du revenu et de la variation de la dette » (p. 412).[6] Mieux encore, « la demande agrégée, dans une économie conduite par le crédit est donc égale au revenu (PIB) augmenté de la variation de la dette. Cette égalité rend la demande agrégée bien plus volatile que si le revenu était la seule source, car, alors que le PIB (et le stock de dette accumulée) varie relativement lentement, la variation du flux de la dette peut être brusque et extrême. De plus, si les niveaux de dette sont déjà élevés comparativement au PIB, la variation du niveau de la dette peut avoir un impact substantiel sur la demande. » (p. 376).

Mais attention, « la monnaie empruntée pour acheter des actifs [financiers existants] s’ajoute à la dette de la société sans pour autant augmenter ses capacités productives » (p. 378) et « le danger survient quand le taux de croissance de la dette devient le déterminant décisif de la demande globale – comme c’est le cas dans l’économie à la Ponzi que sont devenus les États-Unis » (p. 385). « Quand les crédits sont octroyés pour la consommation ou pour l’investissement, la dette peut rester sous contrôle. Mais quand les prêts sont accordés pour spéculer sur les prix des actifs, la dette tend à s’accroître plus rapidement que le revenu. Cette croissance entraine une fausse expansion économique, qui est condamnée à l’effondrement une fois la croissance de l’endettement interrompue – comme c’est le cas aujourd’hui. » (p. 393, voir aussi p. 438).

Trois enseignements peuvent être tirés. Le premier est la confirmation que la monnaie est endogène au système économique, elle est créée à sa demande.[7] Keen cite opportunément l’économiste circuitiste italien Augusto Graziani qui a réfuté l’idée que, dans une économie monétaire, la monnaie pouvait être une marchandise, car la monnaie se distingue du crédit par sa capacité à « être acceptée comme l’accomplissement final de la transaction » (p. 401).

Le deuxième est que la monnaie est indispensable à l’accumulation mais sa non-maîtrise peut conduire aux catastrophes. Ainsi, Keen pointe cette apparente contradiction entre le fait que « l’effondrement de la demande financée par la dette a été la cause tant de la Grande Dépression que de la Grande Récession » (p. 337) et « l’inclination du système financier à créer trop de dettes, conduisant le capitalisme à des crises périodiques » (p. 339).

Le troisième enseignement est celui apporté par Irving Fisher qui a radicalement modifié ses analyses après la crise de 1929 : « Il reconnut que le marché n’est jamais à l’équilibre, et que les dettes peuvent ne pas être remboursées, non seulement par quelques individus, mais même de manière massive. Ses raisonnements statiques laissèrent place à une analyse des forces dynamiques qui pouvaient avoir causé la Grande Dépression. » (p. 316).

La crise financière aurait-elle alors sa source au sein même de la finance et uniquement là, ou bien faut-il relier les perturbations de la finance à l’évolution des rapports sociaux dans le système productif ?

3. Où sont passés les rapports sociaux de production ?

Redisons-le, le livre de Keen est désormais indispensable sur la table de tout économiste sérieux. Et cela bien que l’examen minutieux que l’auteur propose dans ses deux premières parties soit déjà largement connu par ceux qui ont refusé la lobotomie imposée par l’idéologie dominante depuis quatre décennies. Nous disposons notamment, en langue française, des travaux remarquables de Bernard Guerrien[8] qui a depuis longtemps décortiqué les fictions de l’agent représentatif unique, des courbes de demande et d’offre, de la fonction de production et de l’équilibre général, ainsi que la trahison de Keynes par le modèle IS-LM de Hicks, dont la critique ne se réduit pas à celle faite par les néoclassiques[9]. Keen ne semble pas avoir non plus connaissance des travaux de l’école circuitiste française, constituant pourtant l’un des courants du post-keynésianisme auquel se rattache Keen, ni des travaux des marxistes contemporains, notamment de ceux de Gérard Duménil et Dominique Lévy[10] sur la crise du capitalisme américain, largement diffusés en anglais dans la littérature d’outre-Atlantique, ni de ceux de l’école de la régulation autour de la monnaie. La conséquence est que Keen se présente comme l’un des rares à avoir prévu la catastrophe de 2007. Sa bibliographie mériterait pourtant de s’ouvrir.

Quel lien y a-t-il entre la production et la finance capitalistes ?

Le paradoxe est que Keen mobilise la théorie du circuit du capital que l’on doit à Marx (que Keen considère meilleure que celle de Keynes) tout en faisant disparaître toute relation entre l’évolution du système productif (travail, productivité, rentabilité économique) et la fuite en avant de la financiarisation comme palliatif aux difficultés du capital.

Dans un livre dont la moitié au moins est consacrée à l’explication des crises et aux théories alternatives, le concept de capital fictif – avancé par Marx dans le Livre III du Capital – pour comprendre la financiarisation est inconnu[11], et les rapports sociaux n’apparaissent jamais sauf, indirectement, dans l’analyse de la formation des prix de production dans la lignée de Sraffa. Mais la transformation de la gestion de la force de travail menée par le capitalisme néolibéral, la baisse tendancielle des gains de productivité depuis un demi-siècle dans tous les pays capitalistes développés et ses répercussions en termes de rentabilité du capital[12] sont totalement absentes de ce livre foisonnant de références. Cette absence de relation avec le système productif l’empêche de voir que l’une des dimensions de la crise structurelle et de long terme est la difficulté à faire produire toujours plus de valeur sur une base matérielle en voie de dégradation ou d’épuisement, et par une force de travail dont l’exploitation s’est aggravée.

Pour le dire rapidement, peut-on parler de crise financière sans parler de crise du capitalisme, non pas au sens de crise finale, mais de crise d’un cycle du capitalisme, caractéristique d’une « Grande Dépression » (1929) ou d’une « Grande Récession » (2007) ?

Et c’est là que reparaît le paradoxe, sinon la contradiction, signalé plus haut. Keen admet toute la théorie de Marx sauf… la théorie de la valeur. Quand on sait que, pour Marx, toute l’analyse du capitalisme repose sur la théorie de la valeur, cette valeur qui est la finalité même du capital, on est curieux de lire l’argumentation.

L’économie politique mal traitée

L’argumentation fait l’objet de tout le chapitre XVII, l’avant-dernier du livre, qui débute par ces mots : « Pourquoi la majorité des marxistes ne sont pas pertinents, alors que presque toute la théorie de Marx l’est » (p. 454). En réalité, ce que veut dire Keen, c’est que le point de départ de Marx n’est pas pertinent. Il commence par un retour sur les classiques Smith et Ricardo qui avaient ébauché la théorie dite de la valeur-travail. La présentation qu’en fait Keen ne laisse pas de surprendre.

Je passe sur le fait que, selon Keen, toutes les écoles de pensée considèrent la valeur comme une « qualité intrinsèque de la marchandise » (p. 456), ce qui est inexact, tout au moins pour Marx qui a constamment insisté sur la nécessité de la validation sociale de la valeur[13]. J’en viens à la caricature qui est donnée de Smith et de Ricardo. Le premier est moqué pour avoir parlé de travail incorporé et de travail commandé, alors qu’il s’agit d’une intuition, certes formulée avec hésitation ou maladresse, qui va permettre ensuite de voir que l’exigence de valorisation du capital a une influence sur la fixation des prix. Et Keen assène ce jugement effarant : « Adam Smithétait forcé de concéder que le prix devait être suffisamment élevé pour payer non seulement les heures de labeur nécessaires pour fabriquer quelque chose, mais aussi pour payer un profit. » (p. 460, souligné par moi). Comme contresens, on ne fait pas mieux. Le contresens est d’imputer à Smith l’idée que la valeur se résume au paiement du salaire et qu’il avait fallu que ce pauvre Smith « en arrive à une théorie “additive” des prix : le prix d’une marchandise représente le travail additionné à celui des profits et celui de la rente. Il n’existait dès lors plus de relation entre la valeur et le prix. » (p. 460). Et Keen rajoute une couche de contresens : « Smith avait utilisé deux mesures de la quantité de travail contenue dans un produit : le “travail incorporé” et le “travail commandé”. Le travail incorporé correspond à la durée du temps de travail direct nécessaire pour produire en réalité une marchandise. Le travail, commandé, de l’autre côté, représente la quantité de travail qu’il est possible d’acheter en utilisant cette marchandise. » (p. 460, souligné par moi). Jamais Smith n’a réduit le travail incorporé au travail direct, et le travail commandé n’est pas égal au prix, il est égal au rapport prix/salaire horaire[14].

Keen ne traite pas mieux Ricardo que Smith : « Sa solution au dilemme prix/valeur reposait sur l’idée que le prix d’une marchandise n’inclue pas seulement le travail direct, mais également le travail nécessaire pour produire les outils. » (p. 461). Nouveau contresens : certes, Ricardo ajoute travail indirect et travail direct pour définir le travail incorporé, mais le « dilemme prix/valeur » n’a rien à voir avec cette simple addition. Le dilemme est ailleurs, d’où naîtra le fameux problème de la transformation des valeurs en prix de production : il s’agit de savoir comment la tendance à l’égalisation des taux de profit en régime de concurrence capitaliste fait s’écarter les prix monétaires de l’équivalent monétaire de quantités de travail incorporé dans chaque marchandise. Et, contrairement à ce que laisse entendre Keen, les intuitions de principe de Smith, Ricardo et Marx étaient fécondes, même si leur formulation est restée balbutiante tout en s’améliorant progressivement.

Marx, mode mineur…

Sur ces présupposés erronés, Keen entreprend ensuite de réfuter ladite théorie de la valeur-travail reformulée par Marx. Disons d’abord que Keen ignore un large pan de la littérature consacrée au sujet du passage de la valeur aux prix.[15] Il en reste à Samuelson et à Steedman. Le premier a conclu avec hauteur que Marx n’était qu’un « post-ricardien mineur » (p. 456). Le second a répété la conclusion de Staffa, c’est-à-dire qu’il n’était pas nécessaire de connaître les contenus en travail pour calculer les prix et le taux de profit, il suffit de connaître les quantités physiques de marchandises nécessaires pour produire d’autres marchandises. Ce qui est exact, mais qui ce n’enlève rien à la réalité du travail en amont, dixit Sraffa. Et Steedman lui-même écrit ailleurs : « La version en quantités physiques de l’approche par le surproduit ne dénie en rien l’existence d’un “surtravail”. Elle rend parfaitement évident que l’existence de l’exploitation (en son sens étroit) et l’existence du profit ne sont rien d’autre que les deux faces de la même médaille ; ce sont deux expressions, en travail et en monnaie, du surproduit physique. »[16]

Pourtant, Keen entreprend de trouver la faille de Marx dans le concept de valeur qui serait la cause de l’erreur concernant le passage de la valeur aux prix de production. Selon Keen, la force de travail n’est pas la seule source de valeur et de plus-value car « tous les facteurs de production constituent des sources potentielles de valeur » (p. 455 et 475). Un si gros livre pour en arriver à ce truisme directement issu de Say, repris en boucle par tous les livres d’économie, sauf dans Marx et dans Keynes[17] ! Et alors qu’un néoricardien parmi les plus renommés, Luigi Pasinetti, réfute cette identité entre tous les « facteurs » de production[18].

Suit dans le livre de Keen une longue série d’approximations et de contresens, indépendamment de ce qu’on sait aujourd’hui du problème dit de la transformation des valeurs en prix qui ne peut être formalisé comme Marx l’avait fait :

- Confusion entre richesse et valeur (p. 461, 471).

- Attribution à Marx que la valeur d’usage n’a aucune importance (p. 472), alors qu’il n’a cessé d’expliquer que la valeur d’usage est un « porte-valeur ».

- Attribution à Marx que le taux de plus-value ne changeait pas au cours du temps (p. 464), alors qu’il en avait fait une contre-tendance pour le taux de profit.

- Embrouillamini complet sur de la transmission de la valeur des machines au produit fini : Marx confondrait transmission de la valeur d’usage des machines et transmission de leur valeur d’échange. On reste rêveur devant le travestissement de la pensée de Marx auquel se livre Keen. Il cite Marx : « Les moyens de production qui perdent leur valeur d’usage ne perdent pas en même temps leur valeur, parce que le procès de travail ne leur fait en réalité perdre la forme primitive d’utilité que pour leur donner dans le produit la forme d’une utilité nouvelle. […] Il suit de là que le produit n’absorbe, dans le cours du travail, la valeur du moyen de production qu’au fur et à mesure que celui-ci, en perdant son utilité, perd aussi sa valeur. Il ne transmet au produit que la valeur comme moyen de production. » Et Keen transforme cela en : « La déclaration selon laquelle la valeur d’usage d’une machine réapparaît dans la valeur d’usage du produit tend à rendre égales la valeur d’usage de la machine et l’utilité rencontrée par les consommateurs achetant les biens que la machine produit. » (p. 475, souligné par moi pour montrer l’absurdité du rapprochement opéré).[19] La confusion est tellement grande que Keen commet ici un double contresens à propos de Marx : « Il n’y a pas de raison de supposer que la valeur perdue par la machine soit équivalente à la valeur qu’elle génère. » (p. 476). Primo, Marx dit que le procès de travail transmet une part de la valeur de la machine (mesurée comptablement par la dépréciation) et qu’elle ne génère aucune valeur supplémentaire. Deuzio, l’obsolescence, ou en sens inverse le fait de continuer à utiliser une machine au-delà de son temps d’amortissement financier, n’invalident en rien l’idée de la transmission.[20]

La conclusion sur la valeur donnée par Keen prête à sourire : « Aucune des nombreuses écoles de pensée hétérodoxes ne dispose d’une théorie cohérente de la valeur qui constitue une alternative à la théorie subjective défectueuse de l’économie néoclassique. Reste que même si elles ne disposent pas du concept central et organisateur qu’offre une théorie de la valeur, ces écoles de pensée alternatives offrent la promesse d’une théorie économique qui peut être réellement pertinente pour l’analyse et la gestion d’une économie capitaliste. » (p. 481). Après avoir, à juste titre, montré la pertinence des approches en termes monétaires de l’accumulation du capital, radicalement opposées à celles qui raisonnent en termes d’équilibre, il aurait été intéressant de voir en quoi la concurrence chère aux néoclassiques qui doit conduire, disent-ils, à l’équilibre optimal et stable, ne correspond en rien à la concurrence décrite par Marx, à laquelle se livrent les capitaux et qui est au cœur de la dynamique et de l’instabilité d’un système acharné à produire et à réaliser de la valeur. On pourrait aussi voir la crise écologique comme l’une des manifestations de la contradiction matérielle (en plus de sa contradiction sociale) du capitalisme en crise, une crise de production et de réalisation de la valeur[21].

Derrière l’imposture de la « science » économique…

Le livre de Steve Keen est un bon livre, autant par ses très nombreux atouts que par ses manques, car repérer ces derniers signifie que, si on définit le capitalisme comme un processus ininterrompu d’accumulation de valeur, on ne peut pas l’analyser en l’absence de toute théorie de la valeur articulée au travail socialement validé. C’est le trou noir de tous les économistes qui font profession d’hétérodoxie mais qui ont jeté par dessus bord toute théorie de la valeur parce que, à un moment de leur parcours, ils se sont fâchés avec Marx.[22]

Dans le dernier chapitre de son livre, Keen dresse un inventaire à la Prévert de théories présentées comme alternatives mais qui, d’une part, ont été pour la plupart passablement critiquées auparavant par l’auteur, et qui, d’autre part, ne présentent jamais d’analyse du capitalisme en tant que système social.

Car, derrière l’imposture de ladite science économique – et il faut saluer encore une fois la contribution de Keen pour la mettre à nu –, il y a aussi l’imposture du système qui prétend à l’universalité et l’intemporalité, et porter bonheur et prospérité… Autrement dit, les économistes néoclassiques sont inexcusables de leurs erreurs, mais croire que ce sont eux – ou leurs idées – les responsables des crises capitalistes et de l’empêchement de les résoudre[23], et que les capitalistes eux-mêmes et la logique de leur système sont innocents, c’est faire preuve d’un idéalisme bien peu scientifique…

[5] A. Emmanuel, Le profit et les crises, Une approche nouvelle des contradictions du capitalisme, Paris, F. Maspero, 1974.

[6] Les lecteurs de ce blog savent que je répète toujours pareil, ce dont je les prie de m’excuser : la monnaie est une dette, l’augmentation de sa masse en circulation est indispensable à l’investissement net macroéconomique. L’ouvrage de Keen est ici décisif pour convaincre les sceptiques ou les accrochés au dogme de l’épargne préalable.

[7] Se trouve invalidée une nouvelle fois la croyance que les dépôts feraient les crédits, qui traîne encore partout, jusque chez certains économistes se revendiquant de l’hétérodoxie (voir J.-M. Harribey, « De quoi l’argent est-il le nom ? »)

[8] Citons de B. Guerrien, La théorie néo-classique, Bilan et perspectives du modèle d’équilibre général, Paris, Economica, 3e éd. 1989 ; Dictionnaire d’analyse économique (avec Ozgur Gun pour la 4e édition), Paris, La Découverte, 2012 ; La théorie économique néoclassique (avec Emmanuelle Bénicourt pour la 3e édition), Paris, La Découverte, 2008.

[9] Je laisse de côté ici, à cause de son caractère technique la critique bien documentée par Keen du modèle IS-LM : ignorance des anticipations incertaines, qui ruine la notion de préférence pour la liquidité, ignorance du déséquilibre possible du marché du travail en ne regardant que le point où s’égalisent les deux courbes IS et LM.

[10] Notamment G. Duménil, D. Lévy, The crisis of neoliberalism, Harvard University Press, 2011.

[11] Cette absence est d’autant plus curieuse que Keen note avec justesse qu’en 2008 la dégringolade du Down Jones est « une saignée dans l’apparente richesse des actionnaires américains » (p. 380, souligné par moi.).

[12] Voir J.-M. Harribey, « La croissance ? Au-delà des doutes, une certitude : la crise sociale et la crise écologique du capitalisme sont liées », Note pour les économistes atterrés, octobre 2014.

[13] J’ai discuté cela dans mon livre, La richesse, la valeur et l’inestimable,cité ci-dessus.

[14] Je ne peux fournir ici la démonstration mais elle figure dans mon livre cité ci-dessus, p. 26 et p. 476 (note 1).

[15] J’en ai fait une présentation dans mon livre cité ci-dessus. La synthèse la plus récente et sans doute la plus aboutie a été proposée par Vincent Laure Van Bambeke, Les méandres de la transformation des valeurs en prix de production, Essai de théorie économique rationnelle, Paris, L’Harmattan, 2013 ; elle est résumée par l’auteur dans Les Possibles, n° 2, hiver 2014.

[16] I. Steedman, « Ricardo, Marx et Sraffa », dans G. Dostaler (sous la dir. de, avec M. Lagueux), Un échiquier centenaire, Théorie de la valeur et formation des prix, Paris, La Découverte, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1985, p. 189. Steedman est un auteur qui appartient au courant dit néo-ricardien. Pour que la citation que je donne ne soit pas coupée de son contexte, je signale que Steedman ajoute : « Mais les auteurs marxistes ne suggèrent que trop souvent qu’en reliant le profit à l’exploitation (au sens étroit) ils ont fourni une explication de l’existence du profit. Mais ils n’en ont rien fait ; ils ont simplement relevé deux façons d’exprimer l’existence d’un surproduit ! Expliquer l’existence du profit revient exactement au mêmequ’expliquer l’exploitation (au sens étroit). Le problème posé est alors d’expliquer pourquoi les salaires réels et les conditions de production entretiennent entre eux, et continuent d’entretenir, une relation telle que le surproduit, le profit et l’exploitation (au sens étroit) puissent perdurer. » Le problème en question est précisément celui posé par Marx dans son analyse de l’accumulation.

[17] J.M. Keynes, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936, Paris, Payot, 1969, p. 223 : « Il est préférable de considérer le travail, y compris bien entendu les services personnels de l’entrepreneur et de ses assistants, comme le seul facteur de production ; la technique, les ressources naturelles, l’équipement et la demande effective constituant le cadre déterminé où ce facteur opère. » Keen cite d’ailleurs (p. 400) un autre passage de Keynes (p. 15-16 de la TG) qui annonce la suite : « Une économie monétaire est essentiellement, comme nous le verrons, une économie où la variation des vues sur l’avenir peut influer sur le volume actuel de l’emploi et non sur sa seule orientation. Mais la méthode que nous employons pour analyser le rapport entre la variation des vues sur l’avenir et la situation économique actuelle fait intervenir l’action combinée de l’offre et de la demande, et c’est par là qu’elle se rattache à la théorie fondamentale de la valeur. »

[18] L. Pasinetti, Structural Change and Economic Growth, A Theorical Essay on the Dynamic of the Wealth of Nations, Cambridge, Cambridge University Press, 1981, p. 199-200 : « Un instant de réflexion suffira pour que chacun réalise que toute la structure des biens capitaux n’existerait pas si les travailleurs n’existaient pas, tandis que le contraire n’est pas vrai. Si nous imaginions un instant que tous les biens capitaux disparaissaient soudainement (disons par un coup malveillant d’une baguette magique), une terrible crise s’ensuivrait évidemment. Mais les gens qui survivraient à la crise redémarreraient le processus d’accumulation du capital d’un bout à l’autre : des outils primitifs jusqu’aux réacteurs nucléaires ! (Et dans un temps plus court qu’il a pris dans le passé.) Le travail seul peut faire tous les biens capitaux. Si nous imaginions la catastrophe opposée – la disparition de tous les êtres humains – nous pouvons très bien réaliser ce qui suivrait : absolument rien. Les biens capitaux seuls ne peuvent rien faire. » (traduit par moi).

[19] La citation de Marx est tirée du Capital, Livre I, 1867, Paris Gallimard, La Pléiade, tome I, p. 754-755.

[20] Accordons à Keen toutefois qu’il est vrai qu’on trouve certains textes de Marx, à travers les multiples préparations et brouillons du Capital, des formulations parfois ambiguës sur le fait que la valeur d’usage des machines excéderait leur valeur, alors que pour lui, sans aucun doute à ce sujet, elles sont incommensurables.

[21] Voir mon livre La richesse, la valeur et l’inestimable, référencé ci-dessus. Keen ne fait allusion à la question écologique que dans une courte note (p. 302) en renvoyant au rapport Meadows.

[22] Mon blog s’est souvent fait l’écho de cette situation.

[23] Dès le premier chapitre, Keen écrit : « Tout comme durant la Grande Dépression, les économistes d’aujourd’hui constituent peut-être la principale force d’opposition à l’introduction de mesures permettant de contrer un déclin économique futur. » (p. 28). Les économistes érigés en classe sociale ?

Cet article a été posté le Mercredi 26 novembre 2014 dans la catégorie Non classé. Vous pouvez envoyer un commentaire en utilisant le formulaire ci-dessous.

2 commentaires de “Derrière l’imposture de la « science » économique, qu’y a-t-il ?”

  1. MARY dit :
    le 28 novembre 2014 à 9:14 > Nous signaler un contenu illicite

    Dans la même veine, il me semble me souvenir avoir lu dans ma jeunesse un ouvrage de Bernard Marris intitulé à peu près “lettre ouverte aux économistes qui nous prennent pour des imbéciles” et bien antérieur à l’imposture économique.

    A 40 ans passé, avec le recul, je regrette d’avoir fait des études d’économie, j’y est perdu mon temps.
    J’ai compris que l’économie n’est pas une science mais une construction socio-politique qui devrait être abordé en socio, en psycho ou en politique mais certainement pas comme détaché en tant que tel.

    Continuer à financer des universités de “sciences” éco est du gaspillage d’argent public.
    Argent qui serait bien plus utile ailleurs.

  2. Jean-Marie Harribey dit :
    le 28 novembre 2014 à 18:59

    J’ai mis en ligne ce texte hier et j’ai trouvé aujourd’hui dans L’Humanité une interview de Steve Keen et de Gaël Giraud. Ça tombe bien. Les lecteurs pourront s’y reporter.
    JMH

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 10:53
Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 10:49

Soutien à La Marseillaise du chanteur Sanvévérino. « Repartez pour 70 ans, après on verra ! »

Le chanteur Sansévérino a signé l'appel du comité de soutien au nom de son engagement pour la presse indépendante.

La Marseillaise, le 29 novembre 2014

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 00:51

Envoyé depuis Yahoo Mail pour Android

De:"Free Mobile" <freemobile@free-mobile.fr>
Date:sam. j nov. PM à 15:16
Objet:Information Free Mobile

Cher(e) abonné(e),

Vous avez choisi Free pour votre offre de téléphonie mobile sans
engagement et nous vous en remercions.

Suite à la décision des opérateurs tunisiens de relever le prix des
communications passées depuis la Tunisie, nous vous informons qu'à
compter du 1er janvier 2015 une nouvelle brochure tarifaire sera
appliquée au Forfait Free et au Forfait 2€.

Vous pouvez la consulter à l'adresse suivante :
http://mobile.free.fr/docs/tarifs_01_2015.pdf

Voici le détail de ces nouveaux tarifs (voix, SMS, MMS, data)
applicables à compter du 1er janvier 2015 :

* Appels (facturation par minute indivisible pour les appels émis et
reçus depuis la Tunisie) :

- Depuis la Tunisie vers la Tunisie, le tarif TTC à la minute passe
de 0,95€ à 4,32€ ;

- Depuis la Tunisie vers la France, le tarif TTC à la minute passe
de 0,95€ à 6,00€ ;

- Depuis la Tunisie vers le reste du monde et numéros spéciaux, le
tarif TTC à la minute passe de 2,19€ à 6,48€ ;

- Reçus en Tunisie, le tarif TTC à la minute passe de 0,45€ à 3,00€.

* SMS émis depuis la Tunisie :

- Le tarif TTC par SMS et par destinataire passe de 0,27€ à 1,20€.

* MMS émis depuis la Tunisie :

- Le tarif TTC par MMS et par destinataire passe de 1,05 à 7,00€.

* MMS reçu en Tunisie :

- Le tarif TTC par MMS reçu passe de 0,76€ à 7,00€.

* Data (Internet mobile) depuis la Tunisie :

- Le tarif TTC par Mo passe de 3,00€ à 12,00€.

Les autres tarifs restent inchangés.

Nous vous remercions de votre confiance et nous restons à votre
disposition pour toute information complémentaire.

Sincères salutations,

L’équipe Free

--
Free Mobile - SAS au capital de 365.138.779 Euros - RCS PARIS 499 247 138 -
Siège social : 16 rue de la Ville l’Evêque 75008 Paris

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 18:36

Le parti communiste français (PCF) lance lundi une "contre semaine d'action" en riposte à la semaine de mobilisation du Medef avec de multiples initiatives allant de la distribution de tracts aux portes des entreprises au clip parodique sur internet.

"Le Medef prépare du 1er au 5 décembre une semaine d’actions pour +dire la souffrance des patrons et remettre en cause le compte pénibilité, temps partiel de 24h par semaine, obligation d’informer les salariés de la cession de l’entreprise, dans les PME…+ La décence, ils ne connaissent pas ! (…) Je propose d’organiser, du 1er au 8 décembre, une contre semaine d’actions, arguments contre arguments", explique le secrétaire national du PCF Pierre Laurent.

"Ils veulent parler de l’entreprise ? BANCO ! Parce que nous aussi, on aime l’entreprise, celle qui respecte le travail, celle qui crée et partage des richesses. Partout, demandons des comptes : où va l’argent du CICE ? Du CIR ? Des banques ? De l’Etat ? Qui touche quoi ? Pour en faire quoi ? Nous savons où sont les gâchis ?", ajoute-t-il.

Un tract, tiré à un million d’exemplaires, sera distribué aux portes des entreprises. Le PCF a également interpellé les préfets pour demander le montant de CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) versés par département et la liste des bénéficiaires. Les réponses seront publiées.

Des actions devant des grands groupes (grande distribution, banques, entreprises du CAC 40) "qui ont encaissé des millions de CICE sans la moindre contrepartie en terme d’emploi, d’augmentation des salaires, d’investissements", seront également organisées ainsi que des manifestations, interpellation directe du Medef (il est ainsi proposé de "murer" l’entrée du Medef par des exemplaires du code du travail).

Le PCF lance aussi une campagne sur les réseaux sociaux avec le mot dièse #PauvreGattaz et un clip ironique sur le discours du Bourget de François Hollande où le candidat avait désigné la finance comme son ennemi (http://www.dailymotion.com/video/x2…).

Mardi, Pierre Laurent participera à une "procession festive et bruyante" du siège du Medef à Paris à l’Ambassade du Luxembourg.

"Cette contre semaine ne vise pas les PME et PMI qui souffrent et ne sont pas aidées par la politique gouvernementale", insiste Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, "nous voulons interpeller avec le mot d’ordre +vous avez des comptes à rendre sur l’utilisation de l’argent public+".

Les trois organisations patronales, le Medef, CGPME et l’UPA (artisans) se mobiliseront pendant la première semaine de décembre pour mettre fin à "30 années d’une politique" qui a "étouffé" les entreprises.

Partager cet article
Repost0

BRUNO FORNACIARI

HPIM3303

Recherche

Texte Libre