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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 08:59
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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 17:46

Rencontre avec le PS : le PCF réaffirme la nécessité d'une autre politique gouvernementale

Une délégation du PCF conduite par Pierre Laurent a rencontré ce mercredi 11 juin le Parti socialiste et son nouveau premier secrétaire, Jean Claude Cambadelis, au siège du PS rue de Solférino.

La délégation du PCF a fait part des trois très graves inquiétudes que font peser les choix gouvernementaux sur la situation politique et sociale du pays et constaté les désaccord existants entre les deux formations.

Elle a réaffirmé que les dangers grandissants liés à la profonde fracture démocratique dans le pays et à la montée du Front national ne pouvaient être combattus sans la mise en œuvre d'une autre politique s'attaquant aux coûts du capital, aux inégalités sociales et à l’hémorragie industrielle. Elle a indiqué que des ruptures immédiates étaient nécessaires, citant notamment la suspension de l'accord sur l'indemnisation du chômage des intermittents, l'abandon de la réforme territoriale, la réponse aux revendications des cheminots en lutte et la réorientation du collectif budgétaire rectificatif vers la justice fiscale.

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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 15:53

Quand des stars du foot risquaient leur carrière, voire leur vie, pour la démocratie et la justice par Antoine Dumini, François Ruffin 10 juin 2014 Poster A+ A- Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Delicious Partager sur Google+ Ils ont marqué l’histoire du football, et pas seulement par leur jeu. Socrates au Brésil, Carlos Caszely au Chili, Robbie Fowler au Royaume-Uni : ces joueurs se sont engagés à leur manière en faveur des opprimés. Les deux premiers contre les dictatures latino-américaines, le troisième en faveur des dockers en grève de Liverpool. A l’heure où le foot est totalement dominé par l’argent et une logique économique malsaine, ces trois portraits nous rappellent qu’une autre conception du football est possible. En partenariat avec Fakir Éditions à l’occasion de la sortie du livre « Comment ils nous ont volé le football ». Chili : un footballeur contre Pinochet « Très peu de sportifs se sont fait connaître pour des prises de positions politiques ou sociales. Par peur. Parce qu’ils ont peur qu’on leur fasse payer. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé. Je continue de payer la note aujourd’hui car j’ai cru à la valeur de la démocratie. » Chili, 11 septembre 1973. La junte militaire renverse par un coup d’État le socialiste Salvador Allende, élu démocratiquement. Durant les dix-sept années de dictature qui vont suivre, un joueur de football s’oppose au régime : le buteur vedette de l’équipe chilienne, Carlos Caszely. Sa notoriété devient une arme politique, d’autant qu’il dispose d’un avantage : il joue en Espagne, lorsqu’il revient au Chili les micros lui sont tendus et il critique ouvertement le régime. « Je n’ai pas hésité un instant à quitter le Chili. Je n’aurais pas pu alors dire tout ce que j’ai dit à l’époque, explique-t-il. J’étais la voix du peuple qui souffrait. » Car les Chiliens manquaient bel et bien de soutien. Même dans le football. Le Stade de la Mort En novembre 1973, juste après le coup d’Etat, l’Union Soviétique doit se rendre au Chili pour un match de barrage. Qui devrait se tenir à l’Estadio Nacional, rebaptisé « le Stade de la Mort » : y sont détenus, et torturés, les prisonniers politiques. Impossible de jouer dans ces conditions, estime la fédération russe. Le journaliste chilien Vladimir Mimica, alors emprisonné, se souvient : « Nous on dormait juste au-dessous de ces tribunes. C’était la grande incertitude, on ne savait pas ce qu’allait être notre avenir, notre destinée. Plusieurs compagnons qui étaient partis à l’interrogatoire ne sont jamais revenus. Beaucoup d’entre nous ne s’étaient jamais vus, mais nous avions tous un dénominateur commun : nous avions soutenu Salvador Allende. » Gênée, la Fifa tergiverse puis, après une rapide visite, décrète qu’au Chili « le cours de la vie est normal, il y a beaucoup de voitures et de piétons, les gens ont l’air heureux et les magasins sont ouverts ». Quant à « l’Estadio Nacional », la délégation n’y voit qu’ « un simple camp d’orientation ». L’URSS refuse, néanmoins, de se déplacer. S’ensuit alors le match le plus ridicule de l’histoire : devant quarante mille spectateurs, l’équipe chilienne entre seule sur la pelouse et entame un match sans adversaires ! Au bout d’un moment, Francisco Chamaco Valdes pousse la balle dans le but vide. La Fifa avalisa le score de 1-0 et la qualification du Chili. Carlos Caselzy en garde un goût amer : « Ça a été le show le plus débile qui ait eu lieu. Et j’ai été acteur de ce show. » Refus de serrer la main de Pinochet Qualifiée pour le Mondial de 1974 en Allemagne, la sélection chilienne est reçue par le général Pinochet en personne avant son envol pour l’Europe. Carlos Caslezy décide de frapper fort : « D’un coup les portes s’ouvraient et il y avait ce type avec une cape, des lunettes noires et une casquette. Avec une figure aigre. Sévère. Il commence à marcher… Et à saluer les joueurs qualifiés pour le Mondial en Allemagne. Et quand il arrive très près, très près, je mets mes mains derrière moi. Et quand il me tend la main, je ne lui serre pas. Et il y a eu un silence qui pour moi a duré mille heures. Ça a dû être une seconde ? Et il a continué. Moi, comme être humain, j’avais cette obligation parce que j’avais un peuple entier derrière moi en train de souffrir, et que personne ne faisait rien pour eux. Jusqu’à arriver à un moment où j’ai dit stop… Non à la dictature ! Au moins, laissez-moi protester. Au minimum, laissez-moi le dire. Au minimum, laissez-moi dire ce que je ressens. » Son geste, l’attaquant le paiera très cher. À son retour d’Europe, sa mère lui confie, en larmes, qu’elle a été arrêtée et torturée. Le joueur ne peut y croire : « Je lui ai dit "arrête maman il ne faut pas plaisanter avec ce genre de choses". Elle m’a montré sa poitrine avec ses brûlures et j’ai pleuré comme un enfant. Ils m’ont fait payer ça sur ce que j’avais de plus cher. Ma mère. » Le clip thérapie En 1988, Pinochet organise un référendum pour sa réélection. Carlos Caszely enregistre un clip de campagne, avec sa mère qui témoigne, pour que le peuple vote « non », contre le général. « Ce clip fut une libération pour ma mère. Elle a pu dire les choses publiquement et j’ai senti que ce fut une forme de thérapie », confie-t-il. Cette prise de position, d’une icône nationale, a un grand impact sur les Chiliens. Selon les analystes, elle aurait convaincu près de 7% des indécis à voter « non ». Le 6 octobre, les résultats tombent : 44,01 % des voix aux partisans de Pinochet, contre 55,99 % à ses adversaires victorieux. Caszely l’emporte après les prolongations… [1] Brésil : Socrates et la démocratie maintenant ! « Au départ, nous voulions changer nos conditions de travail, puis la politique sportive du pays, et enfin la politique tout court. » Ainsi parlait Socrates. C’est que sous la dictature militaire, il a vite compris le sens du mot « engagement » : « Quand je suis rentré au lycée à 16 ans, j’ai vraiment ressenti la répression. Il y avait des camarades de classe qu’il fallait cacher, d’autres qui s’enfuyaient. » Diplômé de médecine, il poursuit en parallèle une carrière de footballeur aux Corinthians de Sao Paulo. Un coach élu par les joueurs Alors que le club végète, sa présidence échoit, en 1981, à un jeune sociologue, Adilson Monteiro Alves, déjà passé par la case prison. Sa technique surprend : il redistribue les bénéfices et surtout, il demande l’avis des joueurs, les fait choisir eux-mêmes leur coach ! « Dès le début, il nous a expliqué qu’il serait toujours à notre écoute, se souvient Wladimir. Avec Socrates, nous y avons vu l’occasion d’exprimer nos sentiments. Entre nous, on ne parlait pas forcément de politique, mais plutôt de la structure du foot brésilien, qui était très archaïque, avec les pouvoirs très concentrés au niveau de la fédération. Alors, de fil en aiguille, nous avons établi un système dans lequel chaque décision serait soumise au vote et où les simples employés du club auraient le même poids que les dirigeants. On organisait des réunions au siège du club à chaque fois qu’une décision importante devait être prise. » Ces assemblées réunissent les joueurs, les dirigeants, jusqu’aux chauffeurs de bus. « Nous voulions dépasser notre condition de simples joueurs travailleurs pour participer pleinement à la stratégie d’ensemble du club, raconte Socrates. Cela nous a amenés à revoir les rapports joueurs-dirigeants. Les points d’intérêt collectif étaient soumis à la délibération. » « Gagner ou perdre, mais toujours en démocratie » Les résultats suivent. L’équipe remporte deux championnats de suite, en 1982 et 1983. Dès lors, d’autres clubs cherchent à appliquer cette recette magique : Palmeiras et le FC Sao Paulo d’abord. Puis le mouvement gagne Rio et le plus grand club du pays, Flamengo. Mais surtout, le phénomène se propage hors du football. Alors que la publicité apparaît sur les maillots de foot, les Corinthians floquent les leurs d’un simple mot : « Democracia ». Et en 1983, à l’occasion de la finale du championnat opposant les Corinthians à Sao Paulo, l’équipe se présente sur le terrain avec une banderole : « Gagner ou perdre, mais toujours en démocratie. » « Socrates faisait tout pour qu’on cite notre mouvement en exemple et qu’il s’étende à d’autres sphères de la société brésilienne, rapporte Zenon. Il donnait sans arrêt des interviews et expliquait notre fonctionnement pour que les gens comprennent qu’il était possible d’avoir une vision collective et démocratique des choses, qui allait à l’encontre du système de la dictature militaire, où c’était chacun pour sa gueule. » C’est une émancipation que décrit le capitaine, les joueurs s’exprimant « avec plus de liberté, de joie et de responsabilité. Nous étions une grande famille, avec les épouses et les enfants des joueurs. Chaque match se disputait dans un climat de fête. Sur le terrain, ils luttaient pour la liberté, pour changer le pays. Le climat qui s’est créé leur a donné plus de confiance pour exprimer leur art. » Poings dressés Socrates prend directement part au mouvement « Diretas Ja », pour « élections directes maintenant ». Le député Dante de Oliveira a, en janvier 1983, déposé un amendement, afin de permettre l’élection du président de la République au suffrage direct, et s’en est suivie une vague contestataire, des manifestants, par centaines de milliers, défilent dans les principales villes du Brésil. Le régime militaire déclare l’état d’urgence pendant soixante jours. Socrates et ses compagnons des Corinthians deviennent des figures phares. « Il n’était pas là lors de la confection des panneaux pour les manifestations, mais il donnait de sa personne en assistant à toutes les réunions, en donnant des dizaines d’interviews pour inciter les gens au changement. Durant tout le temps qu’a duré le mouvement, il ne s’est pas entraîné normalement une seule fois. Il se sentait investi d’une mission ». Lors de sa mort, sur tous les stades du Brésil, une minute de silence a précédé les matches. Les spectateurs ont dressé le poing en l’air, comme le faisait le joueur quand il marquait un but. [2] Royaume-Uni : pour les dockers de Liverpool « Votre réaction lors du penalty sifflé vous fait honneur. C’est ce genre de réactions qui permettent de maintenir la dignité du jeu. » Le 20 mars 1997, l’avant-centre de Liverpool, Robbie Fowler est félicité par Sepp Blatter en personne. Lors d’un match contre Arsenal, il file seul et semble faucher par le gardien. L’arbitre siffle, mais l’attaquant conteste alors le penalty… en sa faveur ! « Non non non, proteste-t-il de la voix et des mains, le goal n’a pas commis de faute. » Mais l’homme en noir ne revient pas sur sa décision. Fowler frappe alors, mollement, le tir au but, le gardien le repousse, mais un partenaire met la balle au fond des filets. Pour ce geste, il recevra le trophée du fair-play de l’UEFA. Cinq jours plus tard, en revanche, le 25 mars, le même est blâmé par la Fifa : « C’est une règle stricte qu’un terrain de football n’est pas le bon endroit pour des démonstrations de nature politique. » Son tort ? Au printemps 1997, les dockers de Liverpool sont en grève, depuis près de deux ans. Robbie Fowler est un enfant du pays, pas un transfert. En quart de finale de la coupe des coupes, son équipe est opposée au modeste club norvégien de Brann. Le jeune attaquant marque et exhibe un T-Shirt rouge : « 500 dockers de Liverpool congédiés depuis 1995. » Son partenaire, Steve McManaman, lui aussi né à Liverpool, dans le quartier popu de Bootle, affiche le même maillot à la fin du match, et le défend : « Tout ce qu’on voulait, c’était donner un coup de main aux personnes qu’on connaît et qui ne reçoivent aucune paie. Robbie et moi avons offert notre soutien aux dockers, mais nous ne sommes pas assez arrogants pour croire que porter un T-Shirt ferait la différence. » Réuni en urgence, le comité de discipline condamne Fowler à une amende de 2 000 francs suisses, et le club de Liverpool rappelle ses joueurs à l’ordre : « Les commentaires sur des questions extérieures au football sont inacceptables sur le terrain de jeu. » C’est qu’il y avait plus grave que la politique, dans cette affaire : le droit des marques était en cause. Les joueurs avaient, en effet, sur leur maillot, détourné le logo de Calvin Klein, « cK », avec « docKers », et le sponsor menaçait de porter plainte. Impardonnable. [3] Extraits du livre Comment ils nous ont volé le football édité par Fakir Editions. Vous pouvez commander le livre (130 p, 6€) sur la boutique en ligne de Fakir. Notes [1] Sources : Les rebelles du foot, documentaire de Gilles Rof et Gilles Perez, 2012. « Chili-URSS 73, les fantômes du Nacional », Alexandros Kottis, les cahiers du football, 2006. [2] Source : « Socrates larme à gauche », So Foot n°93, Février 2012. [3] Sources : Libre-arbitre : onze histoires loyales ou déloyales du football mondial, Dominique Paganelli, Actes Sud, 2006. No Logo, Naomi Klein, Actes Sud, 2001.

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 22:43
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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 07:38

Mon propos n'est pas ici de dire ou répéter ce qui a déjà été dit sur les conditions politiques et idéologiques de la situation française ou européenne, sur les co-responsabilités de la droite et du PS dans les résultats des élections de mars et mai 2014. 

Je pense aussi que le Front de gauche a ses propres responsabilités pour ne pas avoir su dépasser ses contradictions et permettre une issue progressiste et démocratique comme réponse à la critique du "système" et à l'expression du mécontentement qui a renforcé le FN. Je ne veux m'attacher ici essentiellement sur les contradictions internes du front de gauche et à ses "défauts".

Il est de bon aloi, et comme une chose entendue, indiscutable, établie, par ceux qui les critiquent, que les postures du PCF aux municipales ont fait capoté le front de gauche aux élections locales, dont le message national est cependant incontestable. Le PCF, selon les opposants à cette tactique "au plus prêt" (selon chaque situation concrète), est au fond le seul coupable de l'échec relatif aux européennes et de la déception de tous ceux, "vraiment à gauche", qui veulent le changement, le vrai. L'attitude "confuse" peut-on lire et entendre, et à la carte pour les municipales du PCF, selon ses détracteurs  a été incomprise et laisse planer le doute, entretenu, de la volonté du PCF de faire vivre le Front de Gauche . Et pour causes. D'une part, JL mélenchon lui-même a pris la tête, non sans soutiens militants et médiatiques, d'une campagne incessante de diabolisation du PCF, qui aurait choisi à Paris (dont "ils" font le symbole de la radicalité), le PS contre le Front de gauche. L'abus de langage et la confusion volontaire participe de cette campagne. JL Mélenchon  est tout à la fois présenté par ces mêmes médias comme le co-président du "parti de gauche de JL Mélenchon" et le "leader du "Front de Gauche". Je note que "l'Humanité" et le PCF donne le flan, involontairement, à cette interprétation quand, pour dire leur association dans le Front de Gauche ils en expriment le contraire, puisque il n'est pas rare de lire ou d'entendre :"le PCF ET le Front de Gauche", sans rappeler suffisamment et clairement, que le PCF en est un des membres fondateur et qu'il en est l'un des principaux éléments. Ainsi ce cocktail de formulations entretien la confusion et peut désarçonner ceux qui se laissent abuser. Et les tentatives du PCF de faire vivre son identité se confronte à celle de globalisation de Mélenchon. Ainsi Parti de Gauche et Front de gauche sont associés dans un même concept éponyme et synonyme et le nom de Mélenchon  y est abondamment associé. Pierre Laurent en est écarté puisqu'il est présenté comme le représentant (parfois et trop souvent le "patron") du PCF, en dépit de ses déclarations sur la nécessité du Front de Gauche. et de l'implication de notre parti dans l'édifice qu'il a contribué puissamment à former. 

Le nombre incalculable d'invitations dans les médias du "leader" du Front de gauche co-président du parti de gauche, les tribunes de "politis" de "médiapart" de "Marianne" de "Regard" prenant fait et cause pour la stratégie de "rupture" et "d'autonomie"vis à vis du parti socialiste, pour y substituer celle du recours, qui à l'expérience a faillit, rencontre néanmoins, un  succès relatif, "grâce" à l'esprit cartésien des français (on ne peut être tout à la fois dehors et dedans, on est pour ou contre etc...). La perspective et la nécessité historique s'efface devant l'actualité 'immédiate, factuelle, devant la logique aristotéticienne. La prétention du PG à représenter légitimement ( en raison de  la candidature de JL Mélenchon à la présidentielle et des institutions de la Ve république) donne force à l'accusation de Mélenchon selon laquelle, la direction du PCF a décidé d'abandonner le Front de gauche au profit du PS pour de "lâches calculs boutiquiers" prendre des places, "sauver" des élus et les finances du Parti et toutes une série d'insultes, d'invectives et de fausses prédictions ou d'attitudes présentées comme prémonitoires etc...alors que ce sont les communistes qui lui ont tendu la main pour l'extraire du marécage "social démocrate" dans lequel il s'était englué depuis trois décennies, et pour finalement l'en sortir.

Je me suis offusqué aussi de l'absence de réaction de la direction du Parti communiste à la harangue de Mélenchon à la manif du 1er décembre lorsqu'il tentait de faire valider in-situ, par les dizaines de milliers de manifestants mobilisés aussi par le PCF,  le nouveau concept d'"opposition de gauche"avec lequel le PCF se tient à distance. Cette opération participe de  l'entreprise de déstabilisation du PCF mise en oeuvre par le co-président du PG qui compte bien, comme un coucou,  en tirer profit pour lui-même et accessoirement pour son parti. Une  deuxième raison réside selon moi dans la faiblesse et l'insuffisance de la prise en compte par le parti et ses militants, affaiblis numériquement et idéologiquement, non pas seulement du virage à droite du PS mais de son enfoncement dans les dogmes libéraux et de la difficulté qui en résulte, ancienne maintenant, de mettre en oeuvre une stratégie de rassemblement de "toute la gauche"aux municipales, donc y compris le PS, dont les dirigeants et les ministres font le contraire de ce pourquoi ils ont été élus. La pente est raide et le chemin est étroit, et Mélenchon s'engouffre dans cette difficulté pour y défendre et promouvoir sa stratégie. Nous n'avons pas su engager le parti dans cette bataille idéologique. Au contraire, la conclusion d'un accord, passé inaperçu, entre les partenaires du front de gauche au sujet d'une stratégie et d'un mode d'organisation du front de gauche qui lui sont propres , fin janvier 2013 a tétaniseé l'action propre du parti au profit du front de gauche,  ce qui a dû troubler plus d'un communiste. D'ailleurs, les deux textes, publiés par "l'Humanité" les 28 et 29 janvier qui relatent ces accords  semblent s'être réalisés dans la précipitation ( pourquoi ne pas atendre le congrès du PCF pour prendre une telle décision) , et à l'insu des militants du PCF qui n'ont pas eu la possibilité de dire leur mot.  Ils se sont  trouvés placés devant le fait accompli, à la veille de leur congrès qui allait se dérouler aux premiers jours de février à Aubervilliers et n'ont pu et avant eux les conférencs de section et les conférences fédérales en discuter. Que penser d'une telle décision qui n'a pas été approuvée par les instances supérieures du parti, le congrès ?

Il faut ajouter que la décision de Mélenchon du retrait du PG de la GUE, consécutif à ces désaccords municipaux, le retard organisé par le PG qui en a résulté pour la constitution des listes, puis l'ultimatum et le coup de force du PG pour minimiser le PCF et maximaliser le PG dans les listes des régions européennes ont incontestablement plombé et la campagne et la crédibilité du front de gauche auprès des électeurs ainsi qu'auprès des militants communistes. Les militants du PG expriment violemment leur oppsition au PCF et étalent à longueur de "post" ou d'articles leur anti-communisme. Le front de gauche, en dépit du programme "'l'humain d'abord" apparaît divisé, et le demeure.

Et, l'on peut de plus s'interroger aussi sur l'utilisation des médias par JL Mélenchon et le parti de gauche. Ces derniers  accusent les médias de la promotion du FN, ce qui n'est pas faux, mais comment se fait-il que les nombreuses apparitions de JL mélenchon et d'autres du Parti de gauche, Delapierre, Coquerel, complaisamment invités dans les studios  et présents tantôt comme PG, tantôt comme front de gauche ou les deux à la fois, au lieu de profiter au FDG se transforme en son contraire.

Même chez les militants communistes qui ont pourtant désigné Mélenchon majoritairement comme, leur candidat à la présidentielle, il rencontre désormais une réserve quand ce n'est pas une franche opposition. Les "amis" FB du PG quant à eux, je l'évoquait plus haut,  ne laissent aucuns doutes sur leur opinion du PCF, de ses dirigeants et de la place de celui-ci dans le front. La plupart  lui demandent de s'écarter, de partir, de retourner au plus offrant pour le confort des places et des moyens. Ces considé-rations insultantes sont ressenties commes injuste et provocatrices, elles sont pour moi inacceptables et je ne vois pas comment, aujourd'hui, poursuivre avec des personnes qui nous considèrent comme des ennemis et des traîtres de premier plan. Ces "amis" FB expriment depuis plusieurs mois, des désaccords, des différends, des oppositions qui se transforment peu à peu en haines exprimées sans fard qui tendent  à dresser  une barrière entre militants de gauche. Il y a le feu au front de gauche. L'incendie qui continue a couver s'éteindra-t-il ? Certainement pas de lui-même. J'en doute.

Dans ces conditions, la question est légitime : le Front de gauche tel qu'il est a-t-il un avenir. Ne tournons pas autour du pot. Pour moi c'est NON. La réponse a d'ailleurs  déjà été donné, préventivement si je puis dire, par les différences d'implication des militants de chaque parti aux européennes qui  ne se sont mobiisés qu'en en fonction du drapeau de la (leur) tête de liste. 

Nombre de communistes ont été choqués par le non-respect par les représentrants du front de gauche,  de l'originalité de ses composantes  et singulièrement de l'identité du PCF de sa "liberté" de faire valoir ses  particularités bafouées qui sont présentées comme autant d'obstacles à la "solution".Tout cela participent du trouble ambiant au front de gauche sans qu'y soit apporté quelque réponse que ce soit. Si la création du front de gauche a été actée au congrès du PCF en décembre 2008,  comme  une initiative stratégique innovante, majeure, promise au succès, ce qui se confirmait d'ailleurs par des positions électorales ascendantes dès 2009 puis 2010, l'expérience trouve aujourd'hui ses limites avec les contestations stratégiques, celle de la personnalisation excessive du "leader" "Président" du FDG, et la contestation de l'effacement du PCF.

La stagnation électorale aux européennes, qui équivaut à un recul eu égard aux objectifs, (Mélenchon avait avancé l'idée de dépasser le PS, puis d'atteindre + de 10 % et des "surprises favorables),  le dépassement du Front de gauche n'est-il pas aujourd'hui à l'ordre du jour ? Le FDG dans sa conception , comme dans sa forme doit trouver le moyen de la relance, une réponse qui s'incrit dans une lutte efficace contre la droite et son extême, contre l'austérité et un gouvernement qui la met en oeuvre au nom de la gauche. Un rassemblement de gauche large capable de mettre en oeuvre une  véritable  politique  de gauche. Car s'il est vrai que nous tentons de résister aux mauvais coups en faisant front contre, l'urgence et les possibilités ne sont-elles pas de rassembler pour ? Et là, Le PG et même "ensemble" n'y mettent pas les mêmes ingrédients, notamment si l'on considère qu'il faut élargir. Mais à qui, et jusqu'où, à gauche. Le NPA préférable aux socialistes, et lesquels?  ? à Nouvelle Donne ?

Constatons que les assemblées citoyennes ont eu et ont encore, à degré moindre aujourd'hui, des effets positifs, comme celui d'intéresser plus largement que n'a pu le faire le seul parti communiste ou tout autre parti à des problématiques enfouies jusque-là. Que l'aspect "éducation populaire" de ses assemblées a été utile et apprécié positivement. La mise en évidence de questions importantes et décisives a été possible (la dette et plus récemment le traité transatlantique dévoilé par Patrick Le Hyaric, la VIe république etc...). Mais, ces assemblées hétéroclites n'ont pas pu "engager" les participants plutôt spectateurs, dans des actions ou des campagnes de longues durée, ni s'élargir aux classes sociales impactées par la crise. Tout au plus elles ont pu se transformer, de façon restreinte en "machine " électorale. Le militantisme de terrain restant l'apanage des formations politiques et singulièrement du PCF lorsqu'il est en état de le mettre en oeuvre, en direction des différents milieux populaires et d'activités productives et (ou) intellectuelles.

Il nous faut remarquer, que les textes adoptés par le front de gauche qui instaurent de fait une primauté du Front sur les parties constitutives et singulièrement une substitution du PCF qui n'apparait plus que comme l'outil de mise en oeuvre de décisions prise en dehors de lui, est mal vécue, et refusée par la plupart des communistes. Et nous n'avons pas pu ou su non plus gérer la contradiction intériorité/extériorité, qui s'est réduit soit à l'effacement du parti communiste soit au rejet du FDG. Chaque parti entend bien se trouver propulser comme partie essentielle du Front, y avoir l'influence nécessaire pour imprimer sa ligne. Mais la direction consensuelle floue brouille les différences et profite à celui qui a représenté, avec succès, le front de gauche à l'élection présidentielle considérée comme déterminante et mère de toutes les autres. La tentation est grande de reproduire le processus et de fait l'acception de personne est inévitable. Pourtant, ce n'est ni l'esprit de résistance et de conquête qui est en cause, ni non plus l'idée et la nécessité du rassemblement qualitatif et quantitatif à gauche, tout au contraire. Le front de gauche tel qu'il est représenté apparaît sectaire, outrancier, diviseur, négatif par les électeurs. Il confine nos exigences à un rassemblement restreint qui clive et exclu, incapable de s'ouvrir au-delà de lui-même. L'obligation d'aujourd'hui, plus qu'hier est de se rassembler à gauche et d'ouvrir ce rassemblement pour agglomérer et amplifier. Élargir à la fois l'opposition à la politique actuelle et entreprendre la construction de son dépassement.

Une situation nouvelle s'est créée, d'abord avec les municipales, puis les européennes, avec une progression spectaculaire et inquiétante d'idées réactionnaires mais aussi protestataires, qui se sont manifestées aussi par des votes FN (rassemblement Bleu Marine) et non pas front de gauche . Nous ne sommes pas apparu comme le recours comme le prophétisait Mélenchon, et la stagnation prévisible mais décevante et décourageante des scores du FDG et de l'indifférence qu'il suscite, nous oblige à en tirer les leçons et construire dès à présent une réponse qui pourrait être celle de la construction d'un Rassemblement Démocratique Populaire de Gauche à vocation majoritaire impliquant toutes les forces, populaires, sociales, intellectuelles, économiques, politiques, qui s'assignent comme objectif la transformation de notre société capitaliste actuelle en une société régie par une nouvelle République, sociale, démocratique et internationaliste. Elle peut se fonder sur les valeurs humaines que réclament la grande majorité des français et que traduisent les propositions et les objectifs de progrès, de développement, de respect, de sécurité, de coopération et de paix contenues dans le programme"l'humain d'abord". Ce rassemblement peut être pérenne s'il implique le plus grand nombre, et notamment ceux qui ont choisi, pour leur raison propres et indéfectibles, l'adhésion au parti ou mouvement qu'il considère comme leur meilleur engagement personnel. Ce nouveau rassemblement s'il se construit dans la clarté du débat et sur la confrontation des idées et des propositions, doit se réaliser dans un bouillonnement démocratique. Ce qui suppose des règles de vie de ce nouveau rassemblement non contraignantes ni mutilantes pour chacun. La liberté d'en être ou pas, sur chaque sujet, peut en renforcer l'intérêt, l'adhésion et la cohérence. Au contraire d'une globalisation non consentie ou forcée, qui laisse subsister les désaccords et prépare les ruptures, le débat et l'action permanents en seraient les moteurs, l'activité propre de chaque composante en assurerait la diversité. Pour ce qui les concernent, je crois que les communistes entendent bien, avec leurs militants, leurs dirigeants et leur organisation favoriser la construction d'un chantier auquel ils convient tous et chacun. Ils ambitionnent naturellement d'augmenter le nombre et la qualité de leur militants, c'est-à-dire d'acteurs engagés vers cet objectif, de renforcer leur organisation, de transformer leur parti vers toujours plus de démocratie militante efficace, de multiplier ses élus et ses représentants, de faire vivre et déployer les stratégies qu'ils définissent démocratiquement à chaque congrès national.

Si le rassemblement pour un changement de société est un objectif, le parti Communiste est une nécessité.  Pour moi, il ne s'agirait pas de remettre en chantiers nos accords sur le programme "l'humain d'abord", qui est un acquis. Mais force est de constater que des différences, voire des désaccords subsistent sur certaines questions qui ne doivent pas empêcher d'agir ensemble mais qui nécessitent des débats entre nous (le nucléaire, l'euro, la propriété sociale, la nationalisation temporaire ou définitive etc...) Et ces différences risques de se multiplier avec de "nouveaux entrants". Aussi, il faut fixer les grandes lignes et les valeurs et la bataille idéologique qui doit imprégner toute la société, arguments contre arguments dans la comparaison des analyses et des propositions déterminera l'offre politique et dans les luttes qui expriment revendications et sens pour la société.

 

Avec nos 6,3%, on ne peut pas dire que nous avons convaincu. Aucuns des candidats tête de liste n'a endigué la stagnation aux Européennes. Nous n'avons pas retrouver l'engouement de la présidentielle avec un candidat commun choisi par les adhérents et les militants. L'échec relatif du front s'est constitué sur la concurrence stratégique qui a produit de désaccords mis en exergue par JL Mélenchon afin de "tordre le bras" à la direction communiste avec les "face-à-face" qui ont provoqué des plaies dont on voit les cicatrices aujourd'hui. Stratégie de recours et de guerre  avec la gauche gouvernementale ou rassemblement large et confrontations et débats avec ceux tous ceux qui ont voté pour le changement fussent-ils contradictoirement soutiens et critiques du pouvoir. Mettre à prix la tête de  F. Hollande et détruire le parti qui le soutien, ou travail de conviction générale ?

Rejeter les socialistes par principe en confirmant la stratégie d'opposition de gauche et de recours laisserait les mains libres à droite, dans un rapport de forces actuel défavorable à toute la gauche.Tels sont à mes yeux les questions que les efforts pédagogiques des directions des partis ont déployé pour faire partager ou convaincre du bien fondé des stratégies choisies. L'énergie pour expliquer la fausseté de l'une et de la justesse de l'autre s'est épuisée dans un "braquage" réciproque des militants de chacun des deux camps. Car il y avait deux combats. L'un, le rassemblement de toute la gauche contre la droite et l'extrême droite, l'autre un "front de gauche nécessairement indépendant" du PS et contre lui et parfois même contre les communistes. Evidemment cela laisse des traces, sûrement indélébiles. Sur cette stratégie JL Mélenchon en avait fait une affaire personnelle, expériementée aux municipales. Des municipalités qui sont passées à droite comme Toulouse par exemple n'ont pas fait l'objet d'analyses et critiques probantes des attitudes qui l'ont favoriser.

Dans cet échec relatif, pour sa par André Chassaigne souligne que "On a manqué de visibilité. On n'a pas réussi à irriguer la société par nos thématiques. Il faut dire que les querelles internes qui ont commencé lors des municipales, avec les débats sur les candidatures d'untel ou untel, ne nous ont pas aidés". Au fond, ce n'est pas tant le choix qu'ont fait les militants dans chaque commune de s'allier ou non avec le PS mais bien la campagne agressive et culpabilisatrice menée par le PG sur la base d'une stratégie de recours" et d'une prétendue "opposition de gauche" qui, suite aux outrances et iinvectives, voire d''insultes envers la direction communiste ont provoqué des schismes au sein du Front de gauche, dont Mélenchon se réclame le leader. En Auvergne, André Chassaigne note : "il y a deux villes qui ont étaient reprises à la droite dont Thiers. Et ça, grâce à un rassemblement de la gauche avec le PS notamment ». Le débat n'est pas clos, il ne fait que commencer. Et les militants communistes seront, on l'espère,  au rendez-vous de la grande discussion. On peut craindre maintenant que les conditions du rassemblement du front de gauche, seule perspective crédible pour réussir le changement soient hypothétique. D'ailleurs l'on assiste depuis à des règlements de comptes préjudiciables à la suite.  Les "partisans de la grande radicalité" des uns accusant les autres de la responsabilité de l'échec, sans que l'expérience vécue entame l'une ou l'autre des postures. Selon JL Mélenchon" Notre score à l’orée du nouveau cycle politique ne nous permet pas d’être l’alternative dans le chaos qui s’avance. Faisons bref. Commençons par l’aveu qui libère chacun de ses responsabilités : tout est de ma faute. Deux cent professeurs cyclotrons, au moins, des deux sexes, sont prêts à en faire la démonstration. Ils sont également prêts à faire don de leur personne pour incarner dorénavant la cause. Quatre cent autres sont prêts à leur tirer dessus en toute amitié sitôt qu’ils se mettraient à la tâche. Une fois cette mortification rituelle accomplie, je préfère souligner, pour le lecteur rapide ou le journaliste pressé qui recopie sans lire, que je n’en crois pas un mot. Pour moi, c’est dans la pente des évènements qu’il faut chercher la cause des dynamiques en cours. Et c’est là que se trouvent les solutions à éprouver. Que nous ayons échoué jusqu’à ce point ne signifie nullement que nous y étions condamnés. Ni que pour soutenir nos raisons d’alors et la justesse de l’entreprise d’alors nous nous interdisions de passer à autre chose, à explorer d’autres chemins" Eric Coquerel, très présent lui aussi dans les médias à qui il attribue la faute d'un mauvais score du FDG et du succès du FN ajoute: "Pour la majorité des citoyens, le gouvernement est assimilé ( à tort) à la gauche et donc le Front de gauche se trouve amalgamé. On pâtit clairement de la politique du gouvernement". André Chassaigne pour sa part pointe :"On a manqué de visibilité. On n'a pas réussi à irriguer la société par nos thématiques. Il faut dire que les querelles internes qui ont commencé lors des municipales, avec les débats sur les candidatures d'untel ou d'untel, ne nous ont pas aidés".Au fond, ce n'est pas tant le choix qu'ont fait les militants dans chaque commune en fonction des particularités locales de s'allier ou non avec le PS qui ont fait problème, mais bien plutôt les campagnes agressives et culpabilisatrices sur la base d'une stratégie de "recours" complétée par celle "d'opposition de gauche " et relayées complaisamment par les médias, qui suite aux outrances et insultes proférées contre la direction communiste, ont provoqué la désunion. et finalement l schisme à l'intérieur du front de gauche dont JL Mélenchon entendait bien s'installer en leader en expulsant les communistes. Pour autant l'heure n'est pas à chercher des ennemis à gauche, mais de la rassembler sur une politique de gauche qui peut être incarnée par ce rassemblement nouveau ouvert, démocratique qui accueillerait des candidats potentiels en devenir que l'on aperçoit maintenant. Donc, au travail. Le débat n'est pas clos, il ne fait que commencer. Et les militants communistes ont bien l'intention d'y participer.

 

 

 

 

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 07:33

Alliance avec UMP à la tête de « Terres de France » : François Asensi et Clémentine Autain veulent « travailler avec tous dans le consensus dans l’intérêt des populations ».

Brève, politique, vivelepcf, 31 mai 2014

Le 10 avril, Asensi et Autain s’allient avec l’UMP pour s’assurer la présidence de la communauté de communes des « Terres de France ». En échange, la maire UMP de Villepinte en devient 1ère vice-présidente. Le 30 mai, Asensi fait également élire la droite à la présidence du SEAPFA (Syndicat d’équipement et d’aménagement des Pays de France et de l’Aulnoye), alors que, sur le papier, la gauche était majoritaire. C’est sans doute leur « nouvelle façon de faire de la politique » et d’élargir le Front de gauche !

Il y a des politicien-ne-s plus exaspérants que d’autres : ceux et celles qui confondent audace et toupet, ceux et celles qui sont capables d’un sprint pour se poser au premier rang devant les caméras, ceux et celles qui donnent des leçons de démocratie à tout vent, des leçons de « nouvelle façon de faire de la politique », pour mieux faire avancer leurs ambitions.

Le Front de gauche n’est pas dépourvu de ce type d’opportunistes. Un duo est assez champion en la matière : le député de Seine-Saint-Denis François Asensi et sa suppléante Clémentine Autain.

Asensi prône le renouvellement en politique : il est député depuis 35 ans…

Asensi prône le non-cumul des mandats : il est maire de Tremblay-en-France depuis 23 ans…

Asensi juge que les partis politiques sont dépassés, notamment le PCF. Ancien apparatchik, il a su capter l’héritage de « bastions communistes » érigés par les luttes incessantes des militants. Maintenant, la personnalité devenue « indépendante » garde les places et les indemnités pour elle-même.

« Nouvelle façon de faire de la politique », on vous dit !

Dans ce domaine, Asensi a rencontré une partenaire idéale : Clémentine Autain. Elle en est l’égérie autoproclamée. Mais on pourrait dire que sa véritable devise est plutôt : « écartez-vous de là que je m’y mette ».

La lobbyiste de sa propre cause a trouvé un terrain favorable dans le Front de gauche. Ne représentant rien, mais surfant sur les poncifs de la nouvelle radicalité sociétale, jouant des contradictions entre PG et direction du PCF, elle a réussi à devenir porte-parole nationale d’une structure qui n’est pas censée exister. On a pu la voir ainsi occuper un tiers du temps de paroles dans le cadre de la campagne télévisée des européennes.

Sur le plan électoral, sa réussite est moindre. Il faut dire que les Asensi ne lâchent pas vite les places…

Aux municipales de 2001, elle réussit à supplanter (avec la complaisance de la direction du PCF 75) la candidate désignée par les communistes dans le 17ème arrondissement pour devenir conseillère de Paris, adjointe « radicale » de Delanoë. Mais ensuite, avant 2008, elle échoue, devant la concurrence d’autres prétendants, à conquérir la mairie de Montreuil. En 2014, candidate aux municipales à Sevran, elle échoue à nouveau, malgré le soutien du député de la circonscription Asensi. La surenchère à la multiplication des caméras de vidéosurveillance (le contraire de ce qu’elle défendait à Paris) n’a pas fonctionné face au maire sortant EELV. Elle doit se contenter d’une place de conseillère municipale.

Qu’à cela ne tienne ! Autain et Asensi n’entendent pas renoncer. Les villes de Tremblay, Sevran et Villepinte sont rassemblées dans la communauté de communes des « Terres de France ». Avant les dernières municipales, Asensi en était le président. Pour rester en place (nul n’est irremplaçable sauf lui), la partie est devenue plus délicate. La mairie de Villepinte est passée à l’UMP. Le maire EELV de Sevran, la commune la plus peuplée, remonté contre Asensi, réclame la place pour les siens.

Dans cette situation, Asensi choisit de faire alliance avec Martine Valleton, la nouvelle maire UMP de Villepinte, au grand étonnement des journalistes novices du Parisien (édition du 11 avril : « la droite vote comme un seul homme pour Asensi »). Asensi reste président. Valleton devient 1ère vice-présidente, Autain vice-présidente.

Asensi se justifie : « L’objectif est de travailler avec tous dans le consensus et surtout dans l’intérêt des populations ». Consensus Fdg-UMP ?

Rebelote le 30 mai : Asensi fait ouvertement élire l’UMP à la présidence du Syndicat d’équipement et d’aménagement des Pays de France et de l’Aulnoye. Pourtant, les représentants de gauche au SEAPFA sont majoritaires, 19 contre 18, dans ce syndicat où siègent des élus de Sevran, Tremblay, Villepinte, Aulnay et du Blanc-Mesnil. « Le travail s’est toujours fait dans le consensus au sein du SEAPFA » argue à nouveau Asensi…

Dans une tribune récente, Autain réclame « un rassemblement plus large que le Front de gauche ». Son expérience sur le terrain politicien a de quoi inquiéter !

Et si le PCF se redonnait les moyens de rassembler les travailleurs en fermant la porte à ces opportunistes !

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 10:47

Front de Gauche. Objectif : battre la Droite et son extrême

Jean-Luc Mélenchon entend « expulser Nicolas Sarkozzy ».

Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche, a estimé hier que la France allait « expulser Nicolas Sarkozy de sa présidence » et mettre « en déroute » le FN, invité du « Grand rendez-vous » Europe 1/Itélé/Le Parisien-Ajourd'hui en France « Je pemse que la France va expulser Nicolas Sarkozy de sa présidence. Et qu'elle va infliger une dure déroute à l'extrême Droite », a-t-il déclaré.

Depuis janvier, « nous sommes entrés dans la mère de toutes les batailles, celle qui consiste à expulser la Droite du pouvoir et à rabattre le caquet de l'extrême Droite. Nous avons besoin d'une lourde défaite de M. Sarkozy et d'une lourde raclée à Mme Le Pen ».

Jean-Luc Mélenchon a démenti qu'on lui ait demandé de moins attaquer le candidat socialiste François Hollande -« personne ne me fait ce genre de commande compte tenu de mon caractère extrêmement rebelle »-, tout en précisant que « dans le combat politique, il ne faut pas se tromper de saison ».

« Nous sommes dans la bataille pour battre politiquement la Droite et l'extrême Droite. Si nous le faisons en France, même pour élire un modéré, nous donnons un signal à toute l'Europe qu'il est possible de se débarrasser des libéraux. Et ensuite none heure viendra » a-t-il analysé.

Pour lui, « la bataille est de dimension européenne et on voit les conservateurs attroupés défendre leur digue en France que si la digue rompt en France, ce sera la contagion ».

déclaration de 2012

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 22:48

5 Juin

2014

[IMPORTANT] La transcription de l’interview de Vladimir Poutine en version intégrale : le scandale des coupes de TF1

Voici la transcription de l’interview de Poutine d’hier. C’est la traduction de la version intégrale issue du site du Kremlin (ou ici en russe, ou ).

En effet, pour faire tenir cette interview de 41 minutes en 24 minutes, TF1 a sabré largement dans certaines parties. Comme il a été décidé de couper des éléments essentiels sur la Crimée, l’opposition dans les médias français, et de laisser des propos sans intérêts genre sur la langue qu’il utilise avec Hollande, le mot censure me semble adapté – vu qu’il y a rétention d’informations importantes qui éclaireraient le public français. D’autant que rien n’empêchait de mettre en ligne sur le web la version complète… Et je reviendrais sur la faute inacceptable de traduction quand il parle d’Hillary Clinton.

Ceci étant, reconnaissons qu’il est salutaire que TF1 et Europe1 aient interviewé Vladimir Poutine…

Tout est donc traduit ici – les passages censurés sont en exergue – à vous de voir s’ils méritaient de l’être…

Voici la version TF1 (24’28) :

TF1.fr l’appelle “la version intégrale”

Et là, eh bien vous avez la version intégrale “intégrale” (en russe) de 41’00 :

En bonus, le making off :

Question (Bouleau) – Bonsoir, M. le président. Merci beaucoup d’accueillir Europe 1 et TF1 dans cette résidence, dans votre résidence de Sotchi pour cet entretien exceptionnel. Jeudi soir, vous serez reçu à l’Élysée par le président François Hollande et le lendemain, le 6 juin, vous participerez aux commémorations du Débarquement. Ce sera la première fois pour vous que vous irez sur les plages de Normandie. Mais c’est aussi la première fois qu’un président russe participera et sera invité à ces cérémonies. Qu’est-ce que cela vous fait en tant que citoyen russe d’être invité à cette commémoration exceptionnelle ?

Vladimir Poutine – C’est un événement important pour l’Europe et le monde entier. Nous allons rendre hommage à ceux qui ont empêché les nazis de réduire l’Europe en esclavage. Je pense que la participation de la Russie à cette commémoration est chargée de symboles. Je veux dire par là que la Russie et les autres pays de la coalition antihitlérienne, y compris la France, étaient alliés dans cette lutte pour la liberté. La participation de notre pays a été très importante, voire décisive pour vaincre le fascisme.

Mais nous n’oublierons jamais non plus les combattants français de la Résistance, notamment ces soldats français qui sont venus combattre à nos côtés sur le front de l’Est, le front germano-soviétique. Et il me semble que c’est quelque chose qui doit nous rappeler notre passé et, en même temps, nous servir à construire nos relations d’aujourd’hui et de demain.

Question (Elkabbach coupant Poutine) – Justement, vous avez, avec la Russie, votre place sur les plages de la Normandie. Jusqu’à l’âge de quarante ans, vous viviez en Union soviétique. Vous avez vu son effondrement. Et vous participez, vous, activement à la renaissance de la Russie. Qu’est-ce que vous voulez ? Qu’est-ce que vous cherchez ? Votre stratégie est-elle une stratégie de dialogue ou d’expansionnisme et de conquête ?

Vladimir Poutine – Non, bien sûr. Je suis persuadé que dans le monde contemporain une politique basée sur l’expansionnisme et les conquêtes n’a aucun avenir. Il est évident que la Russie, dans le monde d’aujourd’hui et de demain, peut être et doit être partenaire de ses alliés historiques dans le sens large du terme. C’est cela que nous voulons et nous allons continuer d’œuvrer en ce sens. C’est la seule manière dont nous pouvons concevoir nos relations avec nos voisins et tous les autres pays.

Question (Elkabbach) – Mais vous voulez être l’avocat de la nation russe ou le symbole d’un nationalisme russe, d’un empire russe ? On se sait ce que vous avez dit quand l’Union soviétique s’est écroulée : « L’éclatement de l’empire soviétique a été la pire catastrophe géopolitique du XXe siècle. » Cela a été beaucoup interprété. Et vous avez dit : « Celui qui ne regrette pas l’Union soviétique n’a pas de cœur et celui qui veut la reconstituer n’a pas de tête. » Or, vous avez une tête. Qu’est-ce que vous proposez : le nationalisme russe ou un empire russe sur les frontières d’avant ?

Vladimir Poutine – Nous n’envisageons ni de soutenir le nationalisme russe ni de reconstituer un empire. Quand je disais que la disparition de l’URSS était une des plus grandes catastrophes du XXe siècle, je parlais d’une catastrophe humanitaire avant tout. Je voulais dire qu’en URSS existait une population qui – quelle que soit son origine ethnique – vivait dans un pays uni. Par contre, après sa dissolution, 25 millions de Russes se sont soudain retrouvés dans des pays étrangers. Et cela a été une vraie catastrophe humanitaire. Ni politique, ni idéologique, mais un problème d’ordre humanitaire. Des familles ont été séparées, beaucoup de gens ont perdu leur emploi et se sont retrouvés sans ressource, sans moyen de communiquer. C’est là qu’était le problème.

[Passage coupé]

Question (Elkabbach) – Et à l’avenir ? Voulez-vous reconstituer l’empire dans ses anciennes frontières ou voulez-vous continuer à développer votre pays à l’intérieur de ses propres frontières ?

Vladimir Poutine – Nous souhaitons développer notre pays à l’intérieur de ses frontières, bien sûr. Mais – et ceci est très important – comme d’autres pays dans le monde, nous voulons utiliser des moyens modernes pour devenir plus compétitifs, notamment grâce à l’intégration économique. C’est ce que nous faisons dans l’espace de l’ex-URSS dans le cadre de l’Union douanière et de l’Union eurasiatique.

Question (Bouleau) – Président Poutine, alors que nous discutons ici un pays voisin qui n’est pas très lointain, l’Ukraine, est en état de guerre. Il n’y a pas d’autre mot. Les pro-russes affrontent ceux qui veulent garder les frontières actuelles de l’Ukraine. Qui va les arrêter et voulez-vous arrêter cette guerre ?

Vladimir Poutine – Vous savez, personnellement, je ne parlerais pas de ces gens-là comme des pro-russes ou des pro-ukrainiens. Il y a des personnes qui ont des droits, politiques, humanitaires et ils ont besoin de pouvoir en jouir.

Par exemple, en Ukraine, jusqu’à aujourd’hui les gouverneurs de toutes les régions sont encore nommés par le pouvoir central. Or, après le coup d’État inconstitutionnel qui a eu lieu à Kiev en février de cette année, la première chose que le nouveau pouvoir a tenté de faire était de supprimer le droit des minorités d’utiliser leur langue maternelle. Cela a provoqué une grande inquiétude chez une grande partie de la population en Ukraine orientale.

Question (Elkabbach) – Et cela vous ne l’avez pas accepté. Mais est-ce que vous dites, président Poutine, que nous sommes rentrés dans une nouvelle phase de la guerre froide, même glaciale entre l’Est et l’Ouest ?

Vladimir Poutine – Premièrement, j’espère qu’il n’y aura pas une nouvelle phase d’une guerre froide. Deuxièmement, et j’insiste là-dessus, les gens, où qu’ils vivent, ont des droits et doivent avoir la possibilité de les défendre. Voilà ce qui est en jeu.

[Passage coupé]

Question (Elkabbach) – Y a-t-il un risque de guerre ? Maintenant, alors que des chars font route depuis Kiev, de nombreuses personnes en France se posent cette question : « Avez-vous été tenté d’envoyer des troupes à l’Est de l’Ukraine ? »

Vladimir Poutine – Il s’agit d’un entretien ce qui suppose des questions courtes et des réponses courtes. Mais si vous êtes patient et me donnez une minute, je vais vous dire comment nous voyons les choses. Voici notre position. Qu’est-ce qui s’est réellement passé là-bas ? Il existait un conflit et ce conflit est survenu parce que l’ancien président ukrainien a refusé de signer un accord d’association avec l’UE. La Russie a une certaine position sur cette question. Nous avons estimé qu’il était en effet déraisonnable de signer cet accord, car il aurait eu un grave impact sur l’économie, y compris l’économie russe. Nous avons 390 accords économiques avec l’Ukraine et l’Ukraine est un membre de la zone de libre-échange au sein de la CEI. Et nous ne serions pas en mesure de poursuivre cette relation économique avec l’Ukraine en tant que membre de la zone de libre-échange européenne.

Nous en avons discuté avec nos partenaires européens. Au lieu de poursuivre avec nous ce débat par des voies légitimes et diplomatiques, nos amis européens et américains ont soutenu une prise du pouvoir armée et anticonstitutionnelle. Voilà ce qui s’est passé. Nous n’avons pas provoqué cette crise. Nous aurions voulu que les choses se passent autrement, mais après le coup d’État anticonstitutionnel – avouons-le, après tout…

Question (Elkabbach coupant Poutine) – Mais on voit tant de tensions dans la vie politique. Pourtant, malgré cela, vous serez en Normandie pour parler de paix alors que Barack Obama continue d’exhorter l’Europe à s’armer.

Vladimir Poutine – Eh bien, il faut continuer de parler de paix, mais il faut comprendre les causes et la nature de cette crise. Le fait est quepersonne ne devrait être porté au pouvoir par un coup d’État anticonstitutionnel armé, plus particulièrement dans l’espace post-soviétique, où les institutions gouvernementales n’ont pas encore atteint leur pleine maturité. Quand cela s’est produit, certaines personnes ont accueilli avec joie ce régime tandis que d’autres, disons, dans l’Est et le Sud de l’Ukraine ne veulent tout simplement pas l’accepter. Il est essentiel de parler avec ces gens qui n’ont pas accepté cette prise de pouvoir au lieu de leur envoyer des chars, comme vous le dites vous-même, au lieu de tirer à partir d’avions des missiles sur des civils et de bombarder des cibles non militaires.

Question (Bouleau) – Les États-Unis affirment détenir la preuve que, vous, la Russie, intervenez en Ukraine en laissant des combattants franchir la frontière et même en fournissant des armes à ce que les États-Unis appellent des sécessionnistes. Ils disent avoir des preuves. Vous croyez à ces preuves ?

Vladimir Poutine – Preuves ? S’ils ont des preuves, ils n’ont qu’à les présenter. Nous avons vu, et tout le monde a vu, le secrétaire d’État des États-Unis agiter en 2003 au Conseil de sécurité de l’ONU les preuves de détention d’armes de destruction massive en Irak. Ils avaient montré une éprouvette avec une substance inconnue qui était peut-être n’importe quelle poudre…. Finalement, les troupes américaines ont envahi l’Irak, ils ont fait pendre Saddam Hussein, suite à quoi nous avons appris qu’il n’y avait pas, qu’il n’y avait jamais eu en Irak d’armes de destruction massive. Il y a donc une grande différence entre faire des déclarations et avoir des preuves réelles. Je vous le répète : il n’y a pas de militaires russes en Ukraine.

Question (Elkabbach coupant Bouleau et Poutine) – Vous voulez dire que, là, ils sont en train de mentir les Américains ?

Vladimir Poutine – Ils mentent. Il n’y a pas de militaires, aucun instructeur russe dans le sud-est de l’Ukraine. Il n’y en a pas eu et il n’y en a pas.

Question (Elkabbach) – Vous n’avez pas envie d’annexer l’Ukraine ? Et vous n’avez jamais tenté de déstabiliser l’Ukraine ?

Vladimir Poutine – Non. Nous ne l’avons jamais fait et ne le faisons pas maintenant. Et le pouvoir qui est aujourd‘hui en place en Ukraine devrait établir le dialogue avec sa propre population. Et pas à l’aide d’armes, de chars, d’avions et d’hélicoptères, mais en lançant des négociations.

[Passage coupé]

Question (Bouleau) — Le nouveau président ukrainien a été élu le 25 mai par un vote démocratique. Considérez-vous M. Porochenko comme un président légitime ?

Vladimir Poutine — Je vous ai déjà dit et le répète : nous respecterons le choix du peuple ukrainien et nous coopérerons avec les autorités ukrainiennes.

Question (Bouleau) – En d’autres termes, si vous le rencontrez le 6 juin sur les plages de Normandie, et si le président Hollande contribue à rendre possible cette rencontre, vous lui serrerez la main ? Lui parlerez-vous ?

Vladimir Poutine – Vous savez, je n’ai pas l’intention d’éviter quiconque. Le président Hollande m’a gentiment invité à participer à cette commémoration en tant que représentant de la Russie, même si l’événement commémoré fut tragique. C’est avec joie que j’ai accepté son invitation et je suis reconnaissant au Président de m’avoir invité. Il y aura d’autres invités, et je n’en éviterai aucun. Je suis prêt à parler avec chacun d’eux.

Question (Elkabbach) – Mais allez-vous rencontrer M. Porochenko ? Vous avez dit que vous ne travailleriez avec lui qu’à la condition qu’il ne soumette pas totalement à l’influence américaine.

Vladimir Poutine — Je n’ai pas dit qu’il ne doit pas céder à l’influence américaine. Il est libre d’accepter l’influence qu’il désire. Les Ukrainiens l’ont élu et il est libre d’adopter une politique qui lui est propre. S’il choisit d’accepter la forte influence d’un pays tiers, libre à lui. Mais je ne le ferais pas…

Question (Elkabbach coupant Bouleau) – Mais vous acceptez la souveraineté de l’Ukraineet, peut-être, son indépendance entre la Russie et les Occidentaux ? Sa neutralité, son indépendance ? Ça, on peut le dire ?

Vladimir Poutine – Bien sûr, nous reconnaissons la souveraineté de l’Ukraine ! En outre, nous aurions aimé qu’elle se sente elle-même comme un état souverain.

Parce que la participation à un bloc militaire, quel qu’il soit, ou à une structure rigide d’intégration signifie une perte partielle de souveraineté pour ce pays. Maintenant, si l’Ukraine accepte cela et accepte cette perte, c’est son choix. Mais quand nous parlons de l’Ukraine et des blocs militaires, il est évident que cela nous inquiète. Parce que si, par exemple, l’Ukraine rejoint l’OTAN, les infrastructures militaires de cette organisation se retrouvent à côté de nos frontières, et nous ne pouvons y rester indifférents.

[Passage coupé]

Question (Bouleau) – Monsieur le Président, les troupes russes ont récemment annexé la Crimée. Allez-vous jamais la rendre ?

Vladimir Poutine – Il est faux de croire que les troupes russes ont annexé la Crimée. Les troupes russes n’ont rien fait de la sorte. Franchement…

Question (Bouleau coupant Poutine) – Mais la Crimée a été ajoutée à la carte de la Russie, le genre de cartes utilisées à l’école. Elle fait partie de la Russie maintenant. De quoi s’agit-il ? D’une annexion ou d’une réunification ? Quel mot faut-il utiliser ?

Vladimir Poutine – Si vous me permettez de terminer, je pense que vous verrez ce que je veux dire.

Les troupes russes étaient en Crimée en vertu du traité international sur le déploiement de la base militaire russe. Il est vrai que les troupes russes ont aidé la Crimée à organiser un référendum sur leur (a) l’indépendance et (b) son désir de rejoindre la Fédération de Russie. Personne ne peut empêcher ces personnes d’exercer un droit qui est prévu à l’article 1 de la Charte des Nations Unies, le droit des peuples à l’autodétermination.

Question (Elkabbach coupant Poutine) – En d’autres termes, vous ne rendrez pas la Crimée ? La Crimée fait partie de la Russie, c’est ça ?

Vladimir Poutine – Conformément à l’expression de la volonté des personnes qui y vivent, la Crimée fait partie de la Fédération de Russie et de son entité constitutive.

Je veux que chacun comprenne cela clairement. Nous avons mené un dialogue exclusivement diplomatique et pacifique – je veux le souligner – avec nos partenaires européens et américains. Nos tentatives d’organiser un tel dialogue et de négocier une solution acceptable n’ont eu pour toute réponse que leur soutien pour un coup d’État anticonstitutionnel en Ukraine. Nous ne savions donc pas si l’Ukraine ne deviendrait pas une partie de l’alliance militaire de l’Atlantique Nord. Dans ces circonstances, nous ne pouvions pas permettre qu’une partie historique du territoire russe avec une population majoritairement russe puisse être intégrée dans une alliance militaire internationale, en particulier parce que la Crimée voulait faire partie de la Russie. Je suis désolé, mais nous ne pouvions pas agir autrement.

Question (Elkabbach) – François Hollande vous a invité en France, à Paris et en Normandie. Vous le connaissez très bien. Pouvons-nous aller plus loin et dire qu’il existe entre vous une relation de confiance ?

Vladimir Poutine – Oui, je le pense.

Question (Elkabbach) – Le pensez-vous ou en êtes-vous sûr ?

Vladimir Poutine – Je l’ai toujours pensé. Je n’ai pas de raison de penser le contraire. Nous avons de très bonnes relations interétatiques, mais nous avons encore beaucoup à faire pour promouvoir nos relations économiques. Mais nos relations personnelles ont toujours été fondées sur la confiance, ce qui aide également sur le plan professionnel. J’espère que cela continuera.

Question (Bouleau) – Vous parlez de relations basées sur la confiance — à la fois pour ce qui est de la défense et de l’économie.

Vous avez acheté (et même payé) plus d’un milliard d’euros deux porte-hélicoptères Mistral à la France et des marins russes doivent arriver à Saint-Nazaire dans quelques jours, quelques semaines. Est-ce que vous allez autoriser ces marins russes à aller en France dans quelques jours ?

Vladimir Poutine – Oui, bien sûr. J’espère que nous vivons dans un monde civilisé et tout le monde respecte ses obligations contractuelles. J’ai beaucoup entendu parler de l’opinion qui a été exprimée selon laquelle la France ne devrait plus nous vendre ces bâtiments. Et à cela je peux vous dire qu’en Russie également il y a eu beaucoup d’opposants à ce contrat. Si la France décide d’annuler ce contrat – elle peut le faire – nous exigerons alors un dédommagement. Mais cela ne contribuera pas positivement au futur développement de nos relations dans le domaine de coopération technique et militaire. Mais en principe, nous sommes ouverts à la coopération, éventuellement à signer de nouvelles commandes si nos partenaires français souhaitent continuer la coopération.

[Passage coupé] [Note OB. : merci pour les habitants de St-Nazaire]

Question (Elkabbach coupant Poutine) – En dépit des pressions externes, vous avez commandé à la France ces navires d’assaut – et si la France les livre, vous pourriez en commander d’autres, n’est-ce pas ?

Vladimir Poutine – Nous attendons de nos partenaires français qu’ils s’acquittent de leurs obligations contractuelles, et si tout se passe comme convenu, nous n’excluons pas la possibilité de nouvelles commandes, et pas nécessairement dans la construction navale, elles peuvent concerner d’autres secteurs. Dans l’ensemble, nos relations dans ce domaine se développent favorablement, et nous aimerions continuer à les renforcer, dans l’aviation, la construction navale et d’autres secteurs. Nous avons une expérience de coopération réussie dans l’exploration spatiale, au Centre spatial guyanais près de Kourou.

Question (Elkabbach) – La France est-ce qu’elle est pour vous une puissance souveraine, indépendante qui est écoutée ? Il y a l’Allemagne. Vous parlez le russe et l’allemand avec Mme Merkel. François Hollande ne parle aucune des deux langues, est-ce que vous pouvez vous comprendre ? Est-ce que la France a ce statut ?

Vladimir Poutine – La langue n’est pas une barrière, le fait que je ne parle pas français ne nous empêche pas, François Hollande et moi, de dialoguer. Nous avons des interprètes si besoin et, en général, nous pouvons toujours très bien nous comprendre.

Pour ce qui concerne la souveraineté, je répèterai : un pays qui rejoint une organisation militaire consent à céder une partie de sa souveraineté à une institution supranationale. Pour la Russie cela est inacceptable, pour les autres pays, à eux de décider, cela ne nous regarde pas. Mais cela me rappelle la France, la tradition gaulliste, de Gaulle qui était un défenseur de la souveraineté française et qui, selon moi, mérite du respect. Un autre exemple est celui de François Mitterrand qui parlait d’une Confédération européenne où, d’ailleurs, même la Russie pourrait participer. Je pense que rien n’est encore perdu en ce qui concerne le futur de l’Europe.

Question (Bouleau) – Je voudrais qu’on parle des États-Unis. Dans quelques jours vous serez à côté à quelques mètres de Barack Obama. Apparemment, il ne souhaite pas vraiment vous parler. Comment les choses vont-elles se passer entre deux des plus grandes puissances du monde ? Le pays le plus riche du monde, les États-Unis, et de très loin le pays le plus grand, le plus vaste du monde, le vôtre. On image mal que vous ne parliez pas l’un avec l’autre, d’autant plus qu’on a un besoin impérieux puisque la guerre n’est pas très loin à quelques centaines de kilomètres d’ici.

Vladimir Poutine – D’abord, je pense que vous exagérez un peu en disant qu’une guerre approche. Vous êtes un peu agressif comme journaliste, pourquoi pensez-vous qu’une guerre approche ? Pourquoi essayez-vous de faire peur à tout le monde ?

Question (Elkabbach coupant Poutine) – Parce que l’Ukraine n’est pas loin d’ici.

Vladimir Poutine – Et alors ?

Question (Elkabbach) – C’est là qu’il y a la guerre. (pointant vers l’Ukraine) Et quand il (l’autre journaliste) mentionne la guerre, elle est là.

Vladimir Poutine – Ce n’est pas une guerre, mais une opération de représailles que mène le pouvoir de Kiev contre cette partie de sa population. Il ne s’agit pas d’une guerre entre États, il y a là une grande différence…

Question (Elkabbach coupant Poutine) – Mais cela doit cesser ? Cette opération punitive pour vous, Vladimir Poutine, elle doit cesser, vite ?

Vladimir Poutine – Je pense que M. Porochenko a une chance unique : pour l’instant ses mains ne sont pas tachées de sang, et il peut suspendre cette opération punitive et commencer un dialogue direct avec ses propres citoyens à l’Est et au Sud de son pays.

Quant à mes relations avec M. Obama – je n’ai pas oublié votre question –, je n’ai aucune raison de penser qu’il ne souhaite plus du tout communiquer avec le président de la Russie. Mais c’est à lui de décider après tout. Je suis toujours prêt pour le dialogue, car le dialogue est le meilleur moyen de se comprendre. Jusque-là nous étions toujours en contact, nous avons régulièrement parlé au téléphone…

[Passage coupé]

Question (Bouleau) – La Russie et les États-Unis connaissent des difficultés. S’agit-il d’un différend entre deux puissances ou deux personnes, entre Barack Obama et Vladimir Poutine ?

Vladimir Poutine – Il existe toujours des tensions entre pays, plus particulièrement avec des pays aussi vastes que la Russie et les États-Unis. Des problèmes se posent toujours, mais je ne pense pas que nous devrions aller à l’extrême. En tout cas, ce ne serait pas notre choix. Je suis toujours prêt à parler à l’un de mes partenaires, y compris le président Obama.

Question (Elkabbach) – Alors vous êtes prêt à discuter et vous regrettez ce qui se passe ? Mais ne pensez-vous pas que les États-Unis tentent d’encercler la Russie, pour vous affaiblir en tant que dirigeant et peut-être vous isoler du reste du monde ? Vous êtes très diplomatique maintenant, mais vous connaissez les faits.

[Note OB : oh, une très bonne question ! Donc une bonne raison de la couper au montage...]

Vladimir Poutine – Les faits ? Vous l’avez dit vous-même : la Russie est le plus grand pays dans le monde. Il est très difficile de l’encercler et le monde change si vite que ce serait essentiellement impossible, même en théorie.

Bien sûr, nous pouvons voir les tentatives des États-Unis qui font pression sur leurs alliés en utilisant leur position dominante évidente dans la communauté occidentale, dans le but d’influer sur la politique de la Russie.

La politique de la Russie est fondée uniquement sur ses intérêts nationaux. Bien sûr, nous prenons les opinions de nos partenaires en compte, mais nous sommes guidés par les intérêts du peuple russe.

Question (Bouleau) – M. le président, il est heureux d’une certaine manière que vous ayez affaire le 6 juin à Barack Obama. Si vous aviez affaire à Hillary Clinton, les choses tourneraient peut-être mal : elle a dit, il y a quelques jours, que ce que faisait la Russie en ce moment en Europe centrale ressemblait à ce qu’Hitler faisait dans les années 30. Vous avez pris cela comme une injure suprême en tant que citoyen et président russe ?

Vous savez, avec les femmes, mieux vaut ne pas s’entêter, et mieux vaut ne pas entrer avec elles dans des altercations verbales.
Vladimir Poutine – Vous savez, il vaut mieux de ne pas trop se chamailler avec une femme.[sourire - à 13'55] Et Mme Clinton, même auparavant, ne se distinguait pas par une exceptionnelle élégance de ses propos. Mais ce n’est pas très grave, nous nous rencontrions quand même lors des différents évènements internationaux après [ses propos] et avions de paisibles conversations. Et je pense que même dans ce cas-ci, il serait possible de s’entendre. Mais lorsque les gens franchissent certaines frontières – les frontières de la bienséance -, cela démontre non pas leur force, mais leur faiblesse. Mais après tout, [geste d’ indulgence avec ses épaules], pour une femme, la faiblesse, ce n’est pas le plus mauvais des défauts [sourire]

Donc Mme Clinton, ancienne chef de la Diplomatie américaine et candidate à la succession d'Obama, a la débilité crasse de comparer à Hitler le chef d'État du pays qui a battu Hitler, au prix de 25 millions de morts (ce qu'elle ne ferait pas du Premier Ministre israélien, j'imagine). Poutine aurait dû protester avec véhémence à ce stade (le terme "grosse conne" aurait été approprié à mon sens, mais il a dû hésiter...), mais il a choisi une pirouette d'humour russe.

Comme il semble assez logique (si, si, réfléchissez) de penser qu'il ne pense pas vraiment qu'il ne faut pas discuter avec les femmes (je rappelle que le Sénat Russe est présidé par une femme - Valentina Matvienko - prévoir un délai pour la France...), il est clair qu'il fait une boutade, et que "chamailler" est le bon terme... Que le traducteur se trompe sur le moment, cela se comprend, mais comme l'interview était enregistrée, cette erreur aurait du être corrigé, car il est évident que cette petite phrase ferait réagir... Ce qui n'a pas manqué, les médias s'étant jeté dessus comme la vérole sur le bas-clergé... Mission accomplie, on n'a presque pas parlé de ses propos - cf Libération ou ci-après... Notons que France Télévisionemploie "se disputer", ce qui est bien plus correct...]

Question (Elkabbach) – Il faut respecter les femmes, bien sûr, et je suis certain que vous les respectez. Mais vous pensez qu’elle est allée loin ? Il y a beaucoup de caricatures des dirigeants du monde et sur vous aussi, vous n’êtes pas épargné. Votre première réaction spontanée, c’est la colère ? Une certaine maîtrise de vous, l’envie de punir ? Ou peut-être un jour de rire ? On ne vous a jamais vu rire.

[Note OB : rôôô, mais si, il rit - surtout face à des journalistes...]

Là, il raconte une blague :

Vladimir Poutine – Oh, je ne voudrais pas vous priver de ce plaisir et je pense qu’un jour nous pourrions avoir l’occasion de rire ensemble d’une bonne plaisanterie. Mais quand j’entends des déclarations de ce genre qui dépassent un peu les limites, j’en conclus que les gens n’ont simplement plus d’arguments. Les déclarations de ce genre ne sont pas un très bon argument.

En ce qui concerne la politique des États-Unis, ce n’est un secret pour personne que le pays qui mène la politique internationale la plus agressive, la plus dure, pour défendre ses intérêts comme ses dirigeants les voient, ce sont les États-Unis. Et ce depuis de nombreuses années.

Nous n’avons pratiquement pas de présence militaire à l’étranger alors que les bases de l’armée américaine sont présentes sur toute la planète. Et partout où ils sont, ils décident activement du sort des autres peuples, à des milliers de kilomètres de leurs frontières. Alors, nous reprocher de ne pas respecter des règles me semble un peu étrange de la part de nos interlocuteurs américains.

Question (Elkabbach) – Mais vous avez fait des efforts en matière de budget militaire. Est-ce que, en ce moment, le président de la Russie, le président Poutine prend des décisions particulières sur la sécurité et la défense, parce que le climat est dangereux ?

Vladimir Poutine – Oui, en ce qui concerne les budgets militaires tout le monde ne le sait pas – sauf peut-être quelques spécialistes – mais le budget militaire des États-Unis est plus élevé que les budgets de tous les autres pays du monde pris ensemble. Et qui mène une politique agressive alors ? En ce qui concerne notre budget militaire : en termes de pourcentage du PIB, il n’augmente pratiquement pas, de quelques dixièmes de pour cent peut-être. Il est vrai que nous souhaitons rééquiper notre armée et notre flotte avec des technologies de pointe, réduire la quantité et améliorer la qualité. Nous avons tout un programme de rééquipement qui ne date pas d’hier, mais qui n’a aucun lien avec les évènements en Ukraine, c’est un projet à long terme que nous allons poursuivre.

Question (Bouleau) – M. le président, le président syrien Bachar el-Assad vient de s’offrir une nouvelle réélection sans suspense. Vous avez de l’influence sur lui. Pourquoi ne lui demandez-vous pas d’arrêter les atrocités que son armée commet et d’arrêter de s’acharner sur son peuple ?

Vladimir Poutine – Saviez-vous que toutes les parties du conflit commettent des atrocités et que les organisations extrémistes, qui sont désormais très nombreuses, ne sont pas en dernière place ? Mais plutôt à la première sur ce point. Mais savez-vous ce qui nous inquiète le plus ?..

Question (Elkabbach coupant Poutine) – Religieuses, extrémistes, islamistes… ?

Vladimir Poutine – Oui, tout à fait. Ce sont des organisations liées directement à Al-Qaïda et il y en a une multitude. Personne n’essaie même plus de démentir cela. C’est un fait connu de tout le monde. Ce qui nous inquiète le plus, c’est que si nous agissons avec trop d’imprudence, la Syrie peut devenir une sorte de deuxième Afghanistan, un nid de terroristes totalement incontrôlable. D’ailleurs, c’est une menace pour les États européens également, parce que les extrémistes présents maintenant en Syrie vont se rendre un jour dans d’autres pays, y compris ceux d’Europe.

Question (Elkabbach) – Ce qu’on ne comprend pas c’est pourquoi vous, Vladimir Poutine qui voulez moderniser la Russie, vous continuez à soutenir, peut-être à donner des armes, à quelqu’un qui continue à massacrer son peuple et qui est comme Macbeth les mains couvertes de sang ? Comment ça se fait ? Et jusqu’à quand ?

Vladimir Poutine – Je vous donnerai une explication courte et facile à comprendre. Et je pense que la plupart des téléspectateurs et des auditeurs français me comprendront. Ce que nous craignons avant tout, c’est le démembrement de la Syrie à l’image de ce qui s’est produit au Soudan. Nous craignons que la situation y devienne similaire à celle que nous voyons aujourd’hui en Irak. Et nous craignons également que la Syrie devienne une sorte de nouvel Afghanistan. C’est pourquoi nous tenons à y conserver le pouvoir légitime, pour ensuite progressivement, avec la participation du peuple syrien et de nos partenaires européens et américains, réfléchir sur la façon de réformer cette société pour la moderniser et l’humaniser.

[Passage coupé]

Question (Bouleau) – Je voudrais vous poser une question sur votre pays, la Russie. Comment décririez-vous son régime politique actuel ? Certains le décrivent comme une Démocratie, tandis que d’autres affirment que la Russie est tellement vaste qu’elle a besoin d’un homme à la poigne de fer. Comment Vladimir Poutine définit-il le régime de Poutine ?

Vladimir Poutine – Le régime actuel n’est pas lié à une personne en particulier, y compris le président sortant. Nous avons des institutions politiques démocratiques habituelles, même si elles reflètent les besoins de la Russie. Lesquels ? L’écrasante majorité des citoyens russes ont tendance à compter sur leurs traditions, sur leur histoire et, si je puis dire, leurs valeurs traditionnelles. Je vois cela comme le fondement et un facteur de stabilité pour l’État russe, mais rien de tout cela n’est lié au Président en tant qu’individu. En outre, il convient de rappeler que nous n’avons commencé à introduire ces institutions démocratiques habituelles que récemment. Elles continuent d’évoluer.

Question (Bouleau) – Est-il possible d’être un opposant en Russie sans mettre en danger ses relations et sa réputation ou éviter la sanction du système judiciaire russe ?

Question (Elkabbach) – Monsieur le Président, est-ce qu’on peut s’opposer à vous en Russie sans risque ? [Note OB : petit montage, la question était posée juste après]

Vladimir Poutine – Mais nous avons plein d’opposants, de nombreux partis d’opposition, nous avons tout récemment libéralisé la création de nouveaux partis politiques. D’ailleurs, plusieurs dizaines de partis sont apparus, ils ont participé aux élections municipales ou régionales.

[Passage coupé]

Question (Elkabbach) – Monsieur le Président, est-ce qu’on peut s’opposer à vous en Russie sans risque ?

Vladimir Poutine – Si vous écoutez certaines de nos stations de radio ou regardez certaines de nos émissions de télévision, je vous assure que vous avez peu de chance de trouver quelque chose de semblable à ce genre d’opposition en France.

Question (Elkabbach) Il y a toujours eu dans la période de la Russie, avec les tsars ou après, l’ordre et l’autorité. Est-ce qu’à l’époque d’Internet, un pays peut s’épanouir sans avoir toutes les libertés ?

[Note OB : c'est une bonne question à poser au Président qui a accueilli Edward Snowden]

Vladimir Poutine – Non, ce n’est pas possible. Et, d’ailleurs nous ne limitons pas Internet.Quoi qu’on fasse il se trouve tout de suite quelqu’un qui commence à chercher des violations de principes démocratiques. Y compris pour ce qui est d’Internet. Avons-nous limité Internet ? Non, à mon avis. Certains de nos contradicteurs vont affirmer cela, dire qu’il existe des limitations intenables. Lesquelles ? Par exemple, nous avons une interdiction de propagande du suicide et des méthodes de suicide, de l’utilisation de stupéfiants, de pédophilie – voilà nos interdictions. Qu’y a-t-il d’exagéré ?…

Question (Bouleau coupant Poutine) – Et de l’homosexualité qui est une chose très distincte de la pédophilie. La propagande en faveur de l’homosexualité a été interdite…

Vladimir Poutine – Non, ce n’est pas le cas. Nous n’avons pas de loi interdisant l’homosexualité, nous interdisons la promotion de l’homosexualité auprès d’un public de mineurs, ce sont deux choses tout à fait distinctes. Comprenez-vous ? Par exemple, certains États des États-Unis ont des lois, qui punissent pénalement les relations homosexuelles. Nous n’avons pas de peines de ce genre. Seulement quand il s’agit de propagande destinée à des mineurs, nous avons le droit de défendre nos enfants et nous allons le faire.

Question (Bouleau) – M. le président, j’aimerais qu’on parle de libertés publiques en Russie. Est-ce que, d’ici la fin de votre mandat en 2018, vous avez l’envie de fermer les camps de travail ? Il y a des gens dans ce pays qui sont condamnés non seulement à une peine de prison, mais à des camps de travail ce qui nous, en Occident, nous étonne. Les Pussy Riot, par exemple, ont été condamnées, me semble-t-il, à deux années de camp de travail avant que vous ne fassiez en sorte qu’elles ne soient libérées. Ce n’était pas une prison normale. Est-ce que vous allez fermer ces camps ?

Vladimir Poutine – Écoutez. Il ne s’agit pas de « camps » à proprement parler. Il s’agit d’endroit où les personnes sont, en effet, privées de liberté, mais peuvent mener une vie plus ou moins normale. Ce ne sont pas des prisons, où la personne, au contraire, n’a pas la possibilité de travailler. Une prison où l’individu ne peut pas travailler est justement la pire punition, et je ne pense pas que tous les condamnés doivent être placés dans ce type d’établissement. Je pense que c’est encore pire que les établissements que vous mentionnez.

[Note OB : dommage que Poutine n'ait pas placé là qu'il était contre la peine de mort, interdite en Russie depuis 1996 - ce qui est une petite différence avec la Chine ou les États-Unis, raison pour laquelle le Parlement russe a voté une résolution demandant au Parlement américain d'établir un moratoire sur la peine de mort]

Question (Elkabbach) – Qui vous a convaincu un jour que vous aviez une mission pour la Russie ? Que vous étiez destiné à vous occuper de la Russie ?

[Note OB : Ben, BELZÉBUTH évidemment !!! Admirez la tête que fait Poutine à 23'15 quand il entend ça...]

Vladimir Poutine – Pourquoi êtes-vous persuadé que je pense avoir une mission particulière ? J’ai la confiance de mes électeurs. Plus de 63 % ont voté pour moi. Je pense avoir le mandat me permettant de gérer la politique intérieure et extérieure de mon pays, et je travaillerai conformément à ce mandat.

[Passage coupé]

Question (Elkabbach) — Avez-vous un modèle dans l’histoire de la Russie ? Êtes-vous guidé par la politique soviétique ou la politique russe ?

[Note OB : mais pourquoi ne demande-t-il pas s'il est guidé par la politique nazie - pour être bien sûr... ?]

Vladimir Poutine — J’ai un grand amour et respect pour l’histoire et la culture russes. Mais le monde change, tout comme la Russie. La Russie est une partie du monde moderne, pas du passé, mais plutôt du monde moderne. Et je crois qu’elle jouera un rôle encore plus important à l’avenir que d’autres pays qui ne prennent pas soin de leurs jeunes, des nouvelles générations, de leurs enfants, et qui pensent qu’ils peuvent simplement se contenter du laisser-faire.

Question (Bouleau) – Et la dernière question, Monsieur le Président. En 2013, [le magazine] Forbes vous a classé comme la personne la plus puissante dans le monde. Avez-vous été flatté par ce titre ?

Vladimir Poutine — Vous savez, je suis adulte et je sais ce que signifie le pouvoir dans le monde moderne. Dans le monde moderne, la puissance est principalement définie par des facteurs tels que l’économie, la défense et l’influence culturelle. Je crois que sur le plan de la défense, la Russie est sans aucun doute l’un des chefs de file parce que nous sommes une puissance nucléaire et que nos armes nucléaires sont peut-être les meilleures dans le monde.

En ce qui concerne l’influence culturelle, nous sommes fiers de la culture russe : la littérature, les arts et ainsi de suite.

Quant à l’économie, nous sommes conscients que nous avons encore beaucoup à faire avant d’atteindre le sommet. Bien que, ces derniers temps, nous ayons fait d’énormes progrès et que nous soyons désormais la cinquième économie dans le monde par sa taille. C’est un succès, mais nous pouvons faire mieux.

Question (Elkabbach) – Vladimir Poutine, l’Histoire ne sait pas encore ce qu’elle retiendra des années Poutine. Elle attend et ces années s’écrivent. Qu’est-ce que vous voulez qu’il reste ?

[Phrase coupée]

Voulez-vous qu’on se souvienne de vous comme d’un dirigeant démocratique ou autoritaire ?

Vladimir Poutine – Eh bien, je voudrais être considéré comme quelqu’un qui a fait son maximum pour le bonheur et la prospérité de son pays et de sa nation.

Question (Elkabbach et Bouleau) – Merci beaucoup de nous avoir reçus tous les deux. Bon voyage en France ! Au revoir.

Vladimir Poutine – merci.

Traduction : Patrick pour www.les-crises.fr

P.S. 1 : À reprendre en entier sur vos blogs, diffuser, propager comme bon vous semblera – c’est copyleft…

P.S. 2 : pensez aux abonnements aux réseaux sociaux pour suivre l’actualité de ce blog :

Par mail (via le formulaire en haut à droite du blog)

P.S. 3 :

“Et ce qui est aussi frappant, dans la préparation de l’entretien, c’est que, autant ils ont été très regardants sur le nombre de minutes, le fait qu’ils ne voulaient pas que les réponses soient coupées – Poutine est très exigeant là-dessus, il ne veut qu’aucune réponse soit coupée, il ne veut aucun montage, il ne veut pas qu’on travestisse ses propos -, en revanche, quand on lui a dit “nous journalistes français, habitués à dire ‘Pour les thèmes, voilà comment on imagine les choses’…”, on nous a dit “Pas de problème pour les thèmes, apprenez vos dossiers, parce que lui, il les connait, donc pas la peine de nous donner les questions à l’avance, de toute façon, il saura y répondre. Ca aussi, ça nous a beaucoup étonné, par rapport à ce qu’on pouvait attendre de lui, à ce qu’on pouvait imaginer.” [Fabien Namias, Directeur général d'Europe 1]

“L’imagination” est un peu succincte en l’espèce : Poutine, depuis qu’il est président, a répondu à plus de 800 questions direct à la télévision aux questions des Russes (Emission Ligne directe)…

Bon, après, c’est vrai qu’ils ont respecté la lettre de la consigne – il n’y a pas eu de coupes à l’intérieur des propos de Poutine – mais quand à l’esprit… J’imagine que Poutine ne pensait pas qu’on supprimerait tous ses propos sur la Crimée quand même…

Note : liste de quelques médias russes d’opposition à Vladimir Poutine :

  • Сайт и радиоэфир “Эхо Москвы”
  • Телеканал “Дождь”
  • Новая газета
  • The New Times
  • Newsru.com
  • Радио “Свобода”
  • РИА «Новый Регион»
  • Slon.ru
  • РБК и РБК daily
  • “Ведомости”
  • Сноб
  • Росбалт
  • Грани.ру *
  • Ежедневный журнал *
  • Lenta.ru
  • Коммерсантъ
  • Русский Журнал
  • Форбс (Россия)
  • Znak.com
  • Московские новости
  • Московский комсомолец

* Et quand on dit “d’opposition”, on peut carrément dire pour ceux-ci “les médias de la haine et du déni quotidien de Poutine”

P.P.S. Un grand merci à l’indispensable site Arrêts sur Images (pensez à la soutenir !) qui a relayé cette information – et à enquêté : la réponse de TF1 à savoir “pourquoi ne pas avoir mis au moins la version intégrale sur le site internet ?” : “On manquait de temps !”

P.P.P.S : les réactions à cette interview se trouvent dans ce billet.

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 08:13
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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 23:30

"Le Front de Gauche doit créer les conditions du nouveau bloc majoritaire"

Tribune

Mercredi, 4 Juin, 2014

Le Conseil national de Gauche Unitaire a adopté cette lettre en vue de la réunion de la coordination nationale du Front de Gauche. Il y est question de la structure du Front de gauche et des enseignements à tirer des dernières élections européennes.

Chères et Chers Camarades,

Dans notre lettre en date du 28 avril, nous vous faisions part de notre très vive inquiétude devant le discours qui tendait à dominer l’expression publique du Front de gauche, le rendant inaudible de la gauche et du peuple. Nous vous indiquions, en notre qualité de cofondateur du Front de gauche, notre crainte de le voir s’enliser dans l’impuissance de postures incantatoires et dénonciatrices, susceptibles de le mener aux mêmes déboires qu’une extrême gauche désormais privée d’influence véritable. Et nous vous disions combien, à nos yeux, la dynamique délétère des coups de force permanents et des chantages incessants, celle de l’invective voire des insultes proférées contre des partenaires membres de la même coalition, était de nature à ruiner le pluralisme en notre sein et à nous groupusculariser aux yeux de l’opinion.

Un mois plus tard, le résultat des élections européennes vient, après la contre-performance des municipales, de marquer un indéniable échec du Front de gauche. Nous parlons bien d’échec, non du produit de circonstances objectives difficiles. Chacun en conviendra en effet, dans la plupart des pays de l’Union européenne, la gauche anti-austérité s’est maintenue, quand elle n’a pas fortement progressé comme en Espagne, aux Pays-Bas et, naturellement, en Grèce, avec la magnifique percée de nos camarades de Syriza.

Cet échec survient au pire moment. Alors que la France acquitte la lourde addition de la dérive libérale de François Hollande et de son gouvernement, qu’elle se retrouve pour cette raison au bord du précipice, que le Front national affiche sa volonté d’hégémonie sur un large pan du monde du travail et des classes populaires, que la gauche tout entière se voit menacée de marginalisation politique et électorale… Alors que nous devrions être, en un tel moment, un pôle de résistance et de contre-offensive au service de notre camp social et politique…

Ayons donc aujourd’hui le courage de mettre sur la table tous les débats qui ont été escamotés dans la dernière période. Finissons-en définitivement avec les auto-congratulations hallucinogènes, autant qu’avec l’idée fantasmatique selon laquelle « demain ce sera notre tour ». Ne cherchons pas d’explication rassurante en désignant les responsables prétendus d’un brouillage de notre message à l’occasion des municipales, puisqu’au scrutin du 25 mai, ce sont bien des listes séparées du Parti socialiste qui se seront présentées, sous l’étiquette du Front de gauche, aux suffrages des électeurs. N’attendons pas que le mouvement social ou l’initiative citoyenne viennent redistribuer les cartes à gauche, les difficultés actuelles des mobilisations provenant d’abord de l’inexistence d’une perspective politique crédible. N’ayons pas l’illusion qu’une modification des règles de notre fonctionnement militant, ou encore l’ouverture du Front de gauche aux adhésions directes, pourraient, à eux seuls, favoriser son redéploiement.

Le problème auquel nous sommes confrontés est celui du nouveau cap stratégique à adopter. Si le Front de gauche a échoué ce 25 mai, c’est que la dynamique qui lui avait permis, jusqu’à l’élection présidentielle, de mordre sur un vaste secteur de l’électorat de gauche et de marginaliser l’extrême gauche, s’est épuisée. C’est qu’il n’apparaît pas utile à celles et ceux dont il sollicite les suffrages. C’est qu’il n’incarne pas, qu’il ne peut incarner solitairement, une solution de pouvoir crédible. C’est qu’il n’est pas perçu comme le défenseur d’une orientation pour toute la gauche. C’est qu’il n’a pas su mettre dans le débat public les quelques propositions simples à partir desquelles il lui aurait été possible d’appeler, « grand angle » comme on dit, une large majorité de ladite gauche à se retrouver.

Poursuivre dans cette voie serait une catastrophe. Le pays, nous partageons tous ce diagnostic, est entré dans la zone des tempêtes. C’est son avenir, celui de la République, celui de la gauche qui se trouvent en jeu. C’est un nouveau 21 Avril, aux conséquences bien plus graves que le précédent du fait du poids désormais acquis par l’extrême droite, qui pointe possiblement à l’horizon.

Le seul facteur d’espoir vient à présent du débat qui traverse la gauche et n’a cessé de s’approfondir depuis les élections municipales. Le départ d’Europe écologie-Les Verts à la suite de la nomination de Manuel Valls à la tête du gouvernement, puis la fronde d’une large partie des députés socialistes et du PS lui-même devant la débâcle où les mène le président de la République, en représentent les principales traductions. Bien au-delà du Front de gauche, de l’écologie politique et même de l’aile gauche estampillée du Parti socialiste, c’est la majeure partie de la gauche qui ne se reconnaît pas dans la politique de l’exécutif. L’événement est d’une immense portée.

Il importe, dans ces conditions, de se saisir de toutes les opportunités à partir desquelles il deviendra possible de relever, reconstruire et refonder la gauche. En l’occurrence, à l’aune du rejet dont les orientations du pouvoir en place font l’objet dans la gauche, il est possible d’aller vers une nouvelle majorité politique, rose-vert-rouge, supportant un autre gouvernement. Pour que cette majorité voit le jour, toutes les énergies disponibles à un changement de politique se doivent, ensemble, de donner à voir au pays que la gauche ne saurait être identifiée à la dérive austéritaire mise en application au sommet de l’État.

S’il veut retrouver une place pertinente dans la gauche, il importe que le Front de gauche relève ce défi. Qu’il soit le levier qui créera les conditions du nouveau bloc majoritaire qui se cherche. Qu’il affirme avec force et clarté qu’il veut unir la gauche dans une dynamique renouvelée de combat. Qu’il mette en discussion les quelques grands axes d’un pacte anti-austérité qui le permettra. Qu’il propose la mise en place immédiate d’un comité de liaison entre toutes les forces disposées à agir pour la sortie de l’austérité et en faveur d’une politique de relance socialement juste et écologiquement soutenable. Qu’il avance l’objectif d’assises de la gauche, respectueuses des identités et des histoires de chacun, pour un changement de cap. Qu’il mette en œuvre cette démarche, en toute circonstance, sans exclusive ni préalable, avec la ferme volonté d’aboutir.

Cela ouvre, nous ne l’ignorons pas, un débat des plus essentiels entre nous. À nos yeux, l’indépendance envers un gouvernement dont l’action tourne le dos aux besoins et attentes du plus grand nombre est essentielle. Mais cette indépendance ne saurait être synonyme d’ignorance du reste de la gauche, ni de résignation aux divisions qui font le jeu de l’adversaire. C’est pour cette raison que nous avons toujours récusé la théorie des « deux gauches », repliées sur elles-mêmes et fermées l’une à l’autre. Et que nous considérons aujourd’hui que, comme dans tous les moments cruciaux de l’histoire, l’unité est une question-clé pour notre camp social et politique. Elle est la condition de la construction d’une dynamique de contre-offensive.

La politique de « l’offre », chère au président de la République, démoralise le monde du travail et le divise en profondeur. Cette division interdit au camp progressiste de faire barrage à la droite et de faire refluer cet ennemi mortel du mouvement ouvrier et de la gauche qu’est l’extrême droite. Le rassemblement de la gauche, non en soutien à une action gouvernementale qui la désintègre mais sur une plate-forme de rupture avec le libéralisme et le productivisme, est dès lors la condition de la remobilisation de ces millions d’hommes et de femmes qui sombrent lentement dans le désespoir. C’est, nous semble-t-il, la conviction qui doit animer le Front de gauche, comme elle l’inspirait à sa création.

Pour nous résumer, le devenir du Front de gauche nous paraît dépendre directement de son aptitude à penser différemment son rapport au pays et à reprendre sa place au cœur de la gauche, pour y mener une politique en direction de toute la gauche.

Voilà, Chères et Chers Camarades, ce que nous voulions soumettre à votre réflexion. Nous appelions de nos vœux, en avril, une remise à plat sans faux-semblants. Elle peut être engagée par le séminaire dont nos camarades communistes ont permis la tenue le 2 juin. C’est, du moins, notre souhait le plus cher.

Bien fraternellement.

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BRUNO FORNACIARI

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