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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 17:09

RENCONTRE DE LA CGT AVEC LE PREMIER MINISTRE

Déclaration de Thierry Lepaon


La délégation de la CGT était composée de Thierry LEPAON, Marie Laurence BERTRAND - Agnès LEBOT – Mohammed OUSSEDIK

Monsieur le Premier Ministre,

La déclaration de politique générale que vous avez prononcée devant l’Assemblée nationale définit une nouvelle étape de réformes structurelles qui engagent l’avenir et menacent le pacte Républicain issu des grandes conquêtes sociales.

Je concentrerai mon propos sur trois points :
La dimension politique de vos annonces,
Une analyse des mesures que vous proposez et de leurs conséquences sur les salariés,
Enfin, les propositions que fait la CGT pour retrouver le chemin de la croissance et de l’emploi en misant sur le travail des salariés et l’objectif du progrès social.

Analyser le sens et la portée de vos annonces impose de porter appréciation sur la période ouverte par l’élection de François Hollande. L’élection de 2012 a été l’expression d’une forte volonté de changement.

Cette élection a fait naître l’espoir. Nous avions nous-mêmes l’espoir que notre voix serait entendue puisque le président de la République déclarait vouloir faire du dialogue social une méthode de gouvernement.

Dans la période, les risques de division et de clivage de notre société sont grands et porteurs d’exclusion, de racisme, de conflits, de déclassement social. La démocratie sociale et l’unité du monde syndical, par-delà les différences qui distinguent les organisations syndicales de notre pays, sont des leviers incontournables pour trouver des solutions à la crise. Cela passe avant tout par le respect des libertés syndicales et donc par une loi d’amnistie sociale.

Force est de constater, dans les faits, que ce n’est pas la voie qu’ont choisie le président de la République et le gouvernement dans la première partie de ce quinquennat.

Premièrement, sur le fond : le président de la République a choisi la poursuite d’une politique libérale qui dégrade la situation des salariés et réduit leurs droits sociaux. Il a choisi de passer des accords avec le patronat pour orienter les lois. Je citerai la réforme des retraites, la non revalorisation du SMIC et du point d’indice des fonctionnaires, la réduction des droits des représentants des salariés pour lutter contre les plans de licenciement ou la réforme de l’inspection du travail. Le risque pour la démocratie sociale, de suppression des élections prud’homales est un volet particulièrement inquiétant des projets gouvernementaux. Les aides publiques en faveur des entreprises sous la forme d’exonérations sociales et fiscales sont inefficaces pour créer de l’emploi. Les montants colossaux concernés aggravent notre déficit public sans relancer la croissance qui permettrait de les compenser.

Deuxièmement, sur la méthode : le gouvernement a choisi d’instrumentaliser l’expression de la représentativité syndicale en s’appuyant sur une partie du syndicalisme et en excluant l’autre délibérément. L’ensemble des propositions portées par la CGT dans les négociations a été volontairement ignoré.

Encourager la division syndicale plutôt que s’appuyer sur ce qui peut rassembler le monde du travail est d’une grande irresponsabilité. L’exercice vient de montrer ses limites avec le pacte de responsabilité, sorti du chapeau par le président de la République et dont les contours inquiètent au final toutes les organisations syndicales.

Les français et singulièrement la jeunesse attendaient des améliorations dans leur travail et dans leur vie. L’aggravation de la situation sociale conduit aujourd’hui une grande partie d’entre eux à ne rien attendre de la politique. Une autre partie a envoyé un signal de détresse en votant pour l’extrême droite lors des dernières élections municipales.

C’est une sanction sévère des choix politiques faits pendant la première partie du quinquennat et accentués par le président de la République lors de ses vœux.

Cette sanction, vous ne l’entendez pas.

Pour sortir de la crise, vous pariez sur un retour à la croissance pour en finir avec le chômage de masse, et vous rendez le niveau de rémunération du travail en France, responsable de la situation économique de notre pays.

C’est une contradiction économique fondamentale qui s’exprime dans la mise en œuvre exclusive d’une politique de l’offre. En Europe, associée à une politique de bas salaires, elle vient pourtant de montrer concrètement ses effets négatifs.

C’est un échec assez simple à analyser : si tout le monde augmente l’offre en Europe sans créer les débouchés, qui va acheter ?

Vous misez sur la croissance pour enrayer le chômage, mais toutes les mesures que vous prenez ne permettent pas de la relancer. Je n’en commenterai que trois :

1) La baisse de ce que vous appelez le « coût du travail » comme priorité

Dire que c’est le coût du travail qui handicape le développement des entreprises est faux.

En premier lieu, parce que ce n’est pas le problème des grandes entreprises qui maintiennent un très haut niveau de distribution de dividendes.

En second lieu, parce que ce qui pose réellement problème aux entreprises les plus créatrices d’emplois, les PME et les TPE, c’est l’accès au financement et aux marchés et le poids des rapports entre donneurs d’ordre et sous-traitants. C’est cela qu’il faut régler en priorité.

Baisser la rémunération du travail, c’est déqualifier le travail et c’est assécher la demande. C’est contraindre les salariés aux bas salaires, à la précarité, au mal vivre, et à la pauvreté. C’est priver l’entreprise du levier essentiel de son développement : la qualification et l’engagement des salariés.

Vous faites vous-mêmes le constat qu’il est nécessaire d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés les plus modestes. Mais votre réponse est mauvaise.

Augmenter le salaire net sans augmenter le salaire brut,
C’est contracter la protection sociale : son financement et son niveau de prestations.
C’est continuer d’ouvrir la brèche vers un financement de la protection sociale par l’impôt.
C’est revenir sur notre pacte social et les principes mêmes de la sécurité sociale.
C’est renoncer à financer notre protection sociale par le travail et à son caractère universel.

Nous affirmons que les richesses créées par le travail permettent de financer le hors travail. Nous demandons qu’un débat s’ouvre sur la question de la répartition des richesses créées par le travail en France aujourd’hui.

Il y a urgence à revaloriser le SMIC et le point d’indice des fonctionnaires.

2) La question des aides publiques aux entreprises

Vous annoncez de nouvelles mesures d’exonérations sociales et de baisses fiscales pour les entreprises. Le montant total n’est d’ailleurs pas chiffré. Il dépassera les 30 milliards d’euros qui vont s’ajouter aux 200 milliards déjà consentis chaque année, sans que l’on puisse ni en faire le bilan par entreprise, ni en mesurer l’efficacité sociale et économique. Une entreprise comme Arcelor Mittal qui a bénéficié d’aides publiques se permet même aujourd’hui de délocaliser son siège social au Luxembourg pour ne pas payer d’impôts en France.

Il faut abandonner cette politique de droit et revenir à une politique d’aide conditionnée à des critères transparents, mesurables et contrôlables, notamment par les représentants des salariés.

3) Le plan d’économies

Comment comptez-vous faire 19 milliards d’économies sur le budget de l’état alors qu’il faut dans le même temps redonner au service public les moyens de son développement : dans l’éducation, à l’hôpital, dans la justice, la culture, la police, les douanes … ?

Comment comptez-vous faire 10 milliards d’économies dans la protection sociale sans dégrader le niveau et la couverture des prestations ?

Comment comptez-vous faire 10 milliards d’économie sur les collectivités locales en engageant dans le même temps une réforme structurelle de grande ampleur de notre organisation territoriale, alors que l’on sait que ces réformes sont coûteuses ?

Quel est l’objectif recherché dans la fusion des régions ou la suppression des départements quand le problème de fond à traiter est celui d’un développement solidaire de nos territoires ?

Comment allez-vous articuler le rythme des dépenses supplémentaires sur lesquelles vous vous engagez précisément avec le rythme des ressources à dégager pour les financer qui ne sont que des hypothèses de travail ?

Comment allez-vous assurer la quadrature du cercle entre financer les nouveaux cadeaux aux entreprises, répondre au programme de stabilité imposé par Bruxelles, maintenir notre cohésion sociale et répondre aux aspirations du monde du travail ?

Vous l’avez compris, Monsieur le Premier Ministre, nous considérons que le gouvernement se trompe en accentuant les orientations politiques qui ont montré leur inefficacité économique et sociale et qui sont rejetées par les salariés.

L’insatisfaction du monde du travail et de la jeunesse est grande et il faut que vous y répondiez.

Pour la CGT les priorités sont l’investissement industriel, les services publics, la protection sociale, l’emploi et les salaires.

La CGT propose de prendre quatre initiatives :
Poursuivre le travail engagé par Jean Marc Ayrault dans l’objectif d’une remise à plat de la fiscalité afin de déterminer quelle est la contribution des uns et des autres à notre vivre ensemble et construire une fiscalité plus juste.
Faire un bilan complet des aides publiques accordées aux entreprises à chaque niveau territorial, et construire une politique d’aide soumise à des critères et à des engagements contractuels de la part des entreprises. Donner aux représentants des salariés les moyens de connaître l’origine des aides et contrôler leur utilisation.
Faire l’analyse de l’ensemble des leviers à disposition de l’entreprise pour assurer le développement de l’emploi dans son environnement territorial. Pour cela, deux conditions sont nécessaires : s’appuyer sur l’expression des salariés sur leur travail, donner des droits d’intervention aux représentants des salariés dans la stratégie de l’entreprise, en faisant de la démocratie sociale un objectif.
S’engager dans un plan de relance industriel en France, en s’appuyant sur les filières existantes, en développant la recherche et la qualification des salariés. Relancer les investissements industriels nécessite de retrouver une vision de long terme qui fait défaut aujourd’hui, tant au niveau des entreprises, que de l’action publique et du système de crédit bancaire.

Le syndicalisme européen, soutenu par des millions de salariés, revendique un plan de relance industriel sur 10 ans consacrant 2% du PIB aux investissements et permettant de créer 11 millions d’emplois de qualité à l’échelle de l’Europe. Comment le gouvernement français s’inscrit-il dans ce plan ? Quelles initiatives comptez- vous prendre pour soutenir ces propositions au niveau européen ?

Monsieur le Premier Ministre, nous mesurons la gravité de la situation. Celle-ci exige courage et responsabilité, respect des engagements pris devant les françaises et les français lors des élections présidentielles et législatives. Nous souhaitons vivement que les débats qui vont être nécessaires prennent en compte notre volonté de sortir notre pays de la crise, qui s’y trouve depuis trop longtemps. Il en va de votre responsabilité.

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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 05:38

Les hôpitaux publics proposent un plan de 5 milliards d'économies

Publié le 10.04.2014, 15h59 | Mise à jour : 17h51

La Fédération hospitalière de France propose un plan d'économies pour venir au secours des finances de l'Etat. | AFP / François Lo Presti

18 réactionsRéagir

Aux grands maux les grands remèdes. La Fédération hospitalière de France (FHF) a présenté jeudi un plan d'économies dans les dépenses de santé, de 5 à 7 milliards en cinq ans, sans fermeture d'hôpitaux mais avec une réduction des effectifs. La FHP fait ses propositions, qui touchent les hôpitaux mais aussi la médecine de ville, au moment où le gouvernement entend économiser 10 milliards d'euros sur l'assurance maladie.

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 22:28

Les hôpitaux publics proposent un plan de 5 milliards d'économies

Publié le 10.04.2014, 15h59 | Mise à jour : 17h51

La Fédération hospitalière de France propose un plan d'économies pour venir au secours des finances de l'Etat. | AFP / François Lo Presti

16 réactionsRéagir

Aux grands maux les grands remèdes. La Fédération hospitalière de France (FHF) a présenté jeudi un plan d'économies dans les dépenses de santé, de 5 à 7 milliards en cinq ans, sans fermeture d'hôpitaux mais avec une réduction des effectifs. La FHP fait ses propositions, qui touchent les hôpitaux mais aussi la médecine de ville, au moment où le gouvernement entend économiser 10 milliards d'euros sur l'assurance maladie.

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 22:26

Constitution des listes « Front de gauche » aux élections européennes : la direction du PCF choisit l’effacement du Parti !

Emmanuel DANG TRAN pour vivelepcf, 10 avril 2014

Militants communistes, nous avons appris hier, par un message internet de la direction du Parti, ou par la presse, la conclusion de l’accord pour la répartition des places sur les listes du Front de gauche aux prochaines élections européennes.

Cet accord est désastreux pour le PCF, sa visibilité, son organisation et les positions historiques qu’il porte. Il est indéfendable devant les communistes.

La principale – et de loin – composante du FdG est en effet réduite à portion congrue. Sur 7 circonscriptions métropolitaines, le Parti de gauche obtient 3 têtes de liste (Sud-Ouest, Centre et Est), le PCF seulement 2 (Nord et Ile-de-France). Les autres reviennent au groupuscule « Ensemble » (Ouest) et à une personnalité issue du PS, Mme Marie-Christine Vergiat (Sud-est). En cas de progression électorale sur 2009, tous les sièges gagnables le sont pour le PG.

Nul doute que les négociateurs du PG ont défendu leur bout de gras avec ténacité. Depuis l’UNEF-ID et les courants du PS, c’est leur principale expérience « militante ».

Les négociateurs du PCF ont-ils été en-dessous de tout ? Je ne le crois pas. Je crois plutôt qu’a primé dans la solution finale leur stratégie politique, celle de l’effacement de notre parti.

Le Conseil national du 2 avril avait adopté une « offre de répartition des places sur les listes ». Contrairement à la contre-vérité, encore répétée dans le mail de la direction du 8 avril, elle n’a pas été votée à l’unanimité mais par 74 voix contre 2, celle d’Eric Jalade et la mienne.

J’ai jugé qu’elle réduisait déjà de façon inacceptable la place du PCF (voir mon explication de vote en lien).

Depuis, les négociateurs pour le PCF sont allés plus loin dans les abandons, outrepassant même ce mauvais mandat obtenu du CN.

Ils ont tout cédé au PG, notamment la tête de liste de la région Centre. Quelle a été leur priorité, déjà exprimée avec insistance à la réunion du CN ? Faire réélire dans la région Sud-est Marie-Christine Vergiat, quitte maintenant à la faire passer dans le quota « PCF ».

Comme je l’ai rappelé, Mme Vergiat, si elle ne représente qu’elle-même, appartient clairement à une mouvance politique. Elle a été collaboratrice de Martine Aubry au gouvernement. Auparavant de 1991 à 1997, elle a occupé le poste central de secrétaire du groupe PS à l’Assemblée nationale, où elle a notamment coordonné les interventions du PS pour le Traité de Maastricht, la monnaie unique, le Traité d’Amsterdam.

Comment accepter l’idée que la direction du PCF préfère défendre la socialiste Vergiat plutôt qu’une candidature communiste éligible dans le Sud-est et même que le maintien d’une tête de liste communiste dans le Centre ?

Toujours hors du mandat du CN, la direction est allée encore plus loin en proposant au PG la candidature comme tête de liste dans la région Est de M. Liem Hoang Ngoc, économiste « keynésien », député européen sortant … PS !!

Ces questions de places et de noms sont hautement politiques. Il est inacceptable de les régler à l’insu des communistes, d’autant que la position sur l’UE est cruciale et structurante.

Il apparaît que la direction du PCF ne veut pas que le PCF apparaisse en tant que tel, autrement que dilué, porteur de toutes ses positions historiques, toujours présentes dans l’inconscient collectif de la classe ouvrière et du pays, contre l’intégration dans l’Union européenne du capital.

La direction du PCF, dans cet état d’esprit, ne veut pas et ne peut pas rompre les chaînes qui la lient au PG et à Mélenchon, qu’elle a intronisé porte-parole du Front de gauche.

Dans cet état d’esprit, dans une perspective qui doit être discutée et que je combats, elle privilégie une recomposition politique institutionnelle avec une soi-disant « gauche du PS » dont Mme Vergiat et M. Hoang Ngoc sont des éléments représentatifs, sur l’affirmation du PCF dans les luttes sur des positions de classe.

Mélenchon et Vergiat, logiquement, la direction du PCF, à contresens des analyses communistes fondamentales, se retrouvent pour soutenir le politicien grec du Parti de la gauche européenne (PGE) Alexis Tsipras, artisan du recyclage de la social-démocratie grecque. Sa candidature à la présidence de la Commission européenne légitime l’institution centrale de la dictature de l’Europe du capital. Sa défense obstinée de son instrument supranational, l’euro, malgré la faillite de son propre pays, rassure la finance européenne (et même Obama).

Dans ce cadre, la contestation de l’austérité européenne perd tout son sens et devient superficielle et démagogique. Même Valls réclame une réorientation de l’UE et de la politique monétaire de la BCE. Elle laisse toute sa place à l’entreprise de détournement du rejet de classe de l’UE par le FN, pour le compte du système.

Les perspectives illusoires sur « l’Europe sociale », la « réorientation de la BCE » ou la « refondation de l’UE », déplacent dangereusement le lieu de résistance du cadre national (et internationaliste) où s’est construite et s’exprime la lutte des classes (et dont le capital européen veut détruire les acquis sociaux et démocratique), vers le cadre supranational où le capital est tout-puissant.

Plus que jamais, il faut reprendre et porter 50 ans d’analyses du PCF dénonçant l’UE du capital. Dans le Parti, ce débat ne saurait être occulté, caricaturé, noyé dans les marchandages politiciens avec le Front de gauche.

Ce débat est indispensable. Je ferai partie de ceux qui le porteront au CN et dans le Parti.

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 18:22

Michelle Demessine

Sénatrice PCF du Nord

10 avril 2014

Réforme de la fiscalité : les cadeaux pour le patronat, la pilule amere pour les salariés

Deux groupes de travail, mis en place par le Gouvernement, sur la « fiscalité des ménages » et la « fiscalité des entreprises », annoncés à grands coups de trompe en début d’année, viennent de rendre leurs rapports respectifs. Les parlementaires des groupes CRC et GDR du Sénat et de l’Assemblée Nationale n’ont pas validé les conclusions et préconisations de ces rapports.

Qu’on en juge : le rapport sur la fiscalité des entreprises ne recommande aucune hausse de l’impôt sur les sociétés, au nom de la « compétitivité » des entreprises, alors même qu’entre 1996 et 2012, les dividendes versés sont passés de 65 à 230 Mds d’euros, produit de la productivité et des sacrifices imposés aux salariés !

20 % de la valeur ajoutée produite par le travail servent aujourd’hui à rémunérer le capital, une rente de plus en plus conséquente que les salarié(e)s paient en précarité renforcée, en horaires de travail atypiques, en conditions de travail dégradées, en plans sociaux à répétition, en blocage des salaires, en non reconnaissance des qualifications !

Quant aux ménages, toujours plus mis à contribution (36 % des impôts et cotisations en 2012 contre 25 % en 1978), la seule mesure proposée par le rapport consiste à valider par avance la baisse des cotisations sociales au niveau du SMIC annoncée cette semaine par Manuel Valls. Mais c’est un « cadeau empoisonné » de 500 euros par an. Il peut se traduire par des baisses de prestations dont l’allocation logement, le plafonnement de la taxe d’habitation. Les salariés vont le payer au travers du forfait hospitalier ou du déremboursement de médicaments. La baisse des cotisations sociales ne peut en rien remplacer une nécessaire hausse des salaires.

La baisse des dépenses publiques qui l’accompagne, c’est d’abord moins de service public, moins de prestations sociales, moins de redistribution. Ce sont encore les plus modestes qui en subiront les conséquences.

Il est plus que temps qu’une authentique réforme fiscale, s’attaque aux privilèges des plus grandes entreprises et des ménages les plus riches, assurant une efficacité économique et sociale, accompagnée de la démocratisation nécessaire de la Sécurité sociale. C’est la seule voie acceptable pour sortir de la crise.

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 17:32

le département de la Seine Saint Denis déclaré « zone hors partenariat transatlantique de commerce et d’investissement »

Le 14 juin 2013, la Commission européenne a obtenu mandat de la part de tous les États membres pour négocier avec les Etats-Unis un nouvel accord de partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP). Cet accord cherche à instaurer un vaste marché de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis, allant au-delà des accords de l’OMC. Ce serait un pas de plus dans la concurrence libre et non faussée, dissimulée par le traité de Lisbonne négocié par le Président Sarkozy, en son temps. Cet accord serait un moyen pour les multinationales d’éliminer toutes les décisions publiques qui constituent des entraves à l’expansion de leurs parts de marché, consacrant la domination des multinationales européennes comme américaines et la domination des Etats-Unis.

On n’ose imaginer les conséquences sur les collectivités territoriales mises en demeure d’ouvrir les services publics au secteur privé. Ce projet pourrait introduire un mécanisme d’arbitrage privé « investisseur-Etat », qui se substituerait aux juridictions existantes.

Les investisseurs privés pourraient ainsi contourner les lois et les décisions qui les gêneraient. Une telle architecture juridique limiterait les capacités déjà faibles des États à maintenir des services publics (éducation, santé…), à protéger les droits sociaux, à garantir la protection sociale, à maintenir des activités associatives, sociales et culturelles préservées du marché, à contrôler l’activité des multinationales dans le secteur extractif ou encore à investir dans des secteurs d’intérêt général comme la transition énergétique. Discrètement, de puissants lobbies européens et transatlantiques sont déjà à la manœuvre pour élaborer avec la Commission européenne, seule autorité en charge des négociations au nom de tous les États membres, les termes d’un éventuel accord d’ici 2015. À l’inverse, les citoyens, les mouvements sociaux, les parlementaires européens, n’ont pas accès aux informations sur les négociations en cours.

Le secret sur les textes limite également les capacités des pays en développement d’intervenir, alors qu’un tel accord aurait des répercussions juridiques et sociales sur l’ensemble du monde. Pour toutes ces raisons, le Conseil général de la Seine Saint Denis demande :

*** l’arrêt des négociations sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) dit Grand Marché Transatlantique du fait de l’absence de contrôle démocratique et de débat public sur les négociations en cours.

*** La diffusion publique immédiate de l’ensemble des textes relatifs aux négociations du TTIP qui représentent une attaque sans précédent contre la démocratie.

*** L’ouverture d’un débat national sur le GMT et plus généralement sur l’ensemble des accords de libre-échange impliquant la pleine participation des collectivités territoriales, des organisations syndicales et associatives, des organisations socioprofessionnelles et des populations.

*** La mise du territoire de la Seine Saint Denis « zone hors partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, comme il l’avait fait en 2004, en se déclarant « zone hors AGCS »

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 16:09

Quand de jeunes Roms s’intègrent en aidant les autres

Pierre Duquesne

Mardi, 8 Avril, 2014

Dix-neuf Roumains et Bulgares, engagés en service civique avec l’association des Enfants du canal, font chaque jour la démonstration que les Roms ont « vocation » à vivre en France. Enfants des bidonvilles, ils se construisent un avenir en défendant les droits de leurs pairs restés dans la misère.

«Attention au pickpocket », défile sur les écrans lumineux du bus 91. Adrian, Claudiu, Vasile, Claire et Valentin valident leur pass Navigo sans jeter un œil à ce message dont ils pensaient, il y a peu encore, qu’il les visait expressément. Cette joyeuse équipe, en ce vendredi après-midi, prend la direction d’un bidonville de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne). Tous les cinq ont été engagés, ainsi que dix-neuf autres jeunes, en service civique par l’association les Enfants du canal. Une opération baptisée « Romcivic ». Car, mise à part une poignée de Français, la plupart de ces jeunes volontaires sont des Roumains et des Bulgares vivant eux-mêmes dans des bidonvilles ou des squats. En échange d’un premier contrat, et de 467 euros par mois, ils apportent une aide à leurs pairs qui continuent de survivre dans l’un des 150 à 200 campements recensés en région parisienne.

À peine sorti de la gare RER de Noisy-Champs, notre « team » du jour s’engouffre dans une haie dans un petit bois oublié par les plans d’urbanisme. Un « délaissé urbain », comme on dit dans le jargon des architectes, coincé entre la N370 et l’université de Marne-la-Vallée. Au bout du chemin, des hommes et des femmes vivent. Des enfants jouent. Cette clairière serait presque bucolique si les cabanons disséminés ça et là ne rappelaient qu’on y dort sous des bâches d’infortune. Dans ce village niché dans l’envers de la ville, l’eau n’arrive qu’en packs de six bouteilles, portées à bout de bras par des femmes épuisées.

Des contrats se nouent

Arrivés au centre de la « Platz », les jeunes de Romcivic sont immédiatement assaillis par une nuée d’enfants. Leur « vocation » n’est manifestement pas de repartir en Roumanie mais plutôt de jouer à la passe à dix et au jeu du béret. Ce jour-là, une vingtaine d’enfants cesseront, pour quelques heures, de s’amuser avec des bâtons et des roues crasseuses. Les animations sont « un prétexte pour entrer en contact et faire de l’accompagnement social », raconte Nicolas, qui supervise les activités pour les Enfants du canal. Des contacts se nouent, la confiance s’installe peu à peu sur ce terrain où l’association n’intervient que depuis quelques semaines. Et ça marche.

Florin s’approche des jeunes, un courrier à la main. Ce père de quatre enfants est tout heureux d’avoir trouvé « un emploi déclaré » dans les espaces verts à Bretoncelles… à 250 km de là ! Son souci ? Hébergé chez un proche, il n’est plus très sûr de l’adresse à fournir à son futur employeur. Ni une, ni deux, Valentin, dix-neuf ans, lui vient en aide et l’accompagne à la poste. Un autre occupant vient demander de l’aide pour scolariser son enfant. Rendez-vous est pris pour mercredi. « Nous aidons aussi les familles à aller à l’hôpital, à obtenir une domiciliation, à remplir le dossier pour l’aide médicale d’État », explique Adrian, vingt-trois ans. À Montgeron, dans l’Essonne, les Romcivic ont épaulé des dizaines de familles et les associations après l’incendie qui a dévasté le campement, il y a dix jours. Même chose, en février, après la mort de Melisa, emportée par les flammes à Bobigny (Seine-Saint-Denis). « À chaque fois qu’un volontaire fait un accompagnement, confie Nicolas, il revient avec trois nouvelles demandes de soutien. »

En aidant les autres, ces jeunes s’aident aussi eux-mêmes. « Quand nous avons lancé le programme, le service civique était la seule manière de leur offrir un premier contrat, une indemnité et de leur ouvrir des droits à la Sécurité sociale, explique Christophe Louis, directeur de l’association les Enfants du canal. À l’époque, c’était la seule faille pour échapper aux restrictions de travail imposées aux ressortissants roumains et bulgares dans l’Hexagone. » La fin de ces mesures transitoires, effective depuis le 1er janvier 2014, devrait faciliter l’accès au marché du travail des 17 000 à 20 000 Roms de France.

"Faire taire les préjugés"

Les jeunes de Romcivic participent aussi à des cours de français, apprennent à connaître leurs droits avec l’aide de la Ligue des droits de l’homme et travaillent sur leurs propres projets d’insertion. « Une dizaine d’entre eux ont déjà réussi à sortir du bidonville, via une solution d’hébergement », explique Christophe Louis. Arriver à l’heure ou rester assis dans une salle de cours pendant trois heures n’est pas une évidence pour certains jeunes qui n’ont jamais été scolarisés. Autant d’apprentissages qui ouvrent les champs des possibles. Adrian, vingt-trois ans, veut devenir chauffeur-livreur. « Les jeunes volontaires montrent que l’on peut réussir à s’intégrer, résume Christophe Louis. À l’extérieur, ils peuvent faire taire les préjugés, qui les font toujours passer pour des voleurs de poules… »

L’association souhaite élargir l’expérience Romcivic, lancée en grande pompe par trois ministres (logement, lutte contre l’exclusion et jeunesse). Mais Cécile Duflot, Marie-Arlette Carlotti et Valérie Fourneyron ne sont plus au gouvernement. Quelle sera la ligne de Manuel Valls, lui qui estimait que les populations roms ont « vocation à retourner » en Roumanie et Bulgarie ? « Si on ne peut pas s’intégrer, c’est parce que l’on nous empêche de le faire », réplique le jeune Claudiu, dix-sept ans. Il cite l’exemple de son oncle, malade. « Nous avons fait toutes les démarches pour obtenir l’aide médicale d’État. Mais il fallait ouvrir un compte bancaire, avoir un justificatif de domicile...» Impossible pour cet homme qui vit avec sa famille dans un squat à la porte de Choisy, à Paris. « Nous sommes des citoyens européens, nous avons des droits ! » rajoute Cristian, un des anciens du bidonville de Champs-sur-Marne. Fin janvier, son cousin Cosmin, vingt-trois ans, était l’un des trois jeunes refoulés à l’entrée d’un bus malgré un titre de transport valide. « Les Roumains, ils vont à pied, ils montent pas dans le bus », avait déclaré le chauffeur. Sans savoir qu’il avait affaire à un volontaire Romcivic... Le jeune homme n’a pas hésité à porter plainte au commissariat et devant le défenseur des droits.

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 15:46

Est-ce le premier départ d’une longue série ? Caroline de Haas, ancienne porte-parole d’Osez le féminisme et proche de Benoît Hamon, nommée en 2012 conseillère de Najat Vallaud-Belkacem au ministère du Droit des femmes, a annoncé dans une tribune publiée sur son blog de Mediapart qu’elle quittait le Parti socialiste.

Dans cette lettre publique adressée au secrétaire national du PS, cette militante depuis treize ans explique les raisons de son départ : « La liste de nos renoncements est si longue ces derniers mois que cela donne le tournis. Au lieu de construire un rapport de force et de nous dégager des marges de manœuvres politiques et économiques pour mieux répartir les richesses, nous avons – presque méticuleusement – remis en cause nos fondements politiques ». Se référant au discours du Bourget, où François Hollande avait vigoureusement attaqué son« ennemi » la finance, elle reproche au Parti socialiste non pas « de ne pas avoir renversé la table. Je lui reproche de n’avoir même pas essayé de la faire bouger ». Elle précise qu’elle va « donc aller construire la gauche ailleurs ».

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9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 17:34

Le PCF condamne l’agression du Secrétaire général du Parti communiste d'Ukraine

Deux députés du groupe ultranationaliste ukrainien « Svoboda » ont agressé mardi au parlement à Kiev le secrétaire général du PC ukrainien Petro Simonenko, alors qu’il faisait une déclaration à la tribune pour dénoncer les « actions des groupes nationalistes et fascistes qui au cours des derniers mois se sont emparés de bâtiments officiels, des arsenaux, de postes de police et des services de sécurité et ont distribué des armes aux groupes radicaux ».

Alors qu'il dénonçait les actions de ces groupes qu’il a accusés de « mettre en cause l’indépendance de l’Ukraine et de favoriser la division » de ce pays, deux députés de "Svoboda" (Liberté) l’ont violemment chassé de la tribune, l’empêchant de poursuivre son intervention. Une bagarre s’en est suivie. La session du parlement a dû être interrompue.

Face à tels agissements inqualifiables, le PCF exprime sa solidarité avec Petro Simonenko et le PC ukrainien. Il dénonce ces attaques venant de groupes ultranationalistes et des forces néo fascistes qui ont désormais pignon sur rue et mettent en danger tout fonctionnement démocratique des institutions.

Dans le même temps, le PCF souhaite faire part de sa très vive préoccupation face à la situation tendue qui prévaut dans le pays et notamment dans l’Est de l’Ukraine, alors que doit se tenir l'élection présidentielle le 25 mai prochain.

Les mesures austéritaires prises par ailleurs par le gouvernement sous la férule du FMI pour faire face à la crise ne peuvent que contribuer à rendre le climat politique, économique et social encore plus difficile pour la population.

Plus que jamais, une solution politique doit seule permettre à l’Ukraine de se sortir du chaos actuel. Par exemple en favorisant des évolutions constitutionnelles importantes qui devront respecter et renforcer les droits des habitants des différentes régions et notamment de ceux vivant dans l'Est du pays afin d'éviter ainsi toute mise en cause de l'intégrité territoriale du pays. En définitive, c'est aux Ukrainiens et à eux seuls d'en décider.

Plus globalement, il est urgent que l’Ukraine cesse d’être l’enjeu d’un chantage sur son avenir et sur les alliances régionales. L’Ukraine doit être un pont entre l’Europe et la Russie et non le lieu de tensions entre puissances rivales.

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9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 10:00

Rédacteurs en chef

ARTICLE D'ÉDITION

Édition : La Revue du Projet

Un vote d’espoir, le 25 mai 2014

Discours d’Alexis Tsipras, candidat au nom du PGE à la présidence de la commission européenne, au siège du PCF, le 3 février 2014.

Amis et camarades,


C’est un vrai plaisir pour moi qu’une des premières étapes de notre campagne pour les européennes et pour ma candidature, au nom du Parti de la gauche européenne (PGE), se déroule ici à Paris.
Le Paris des grandes luttes sociales, des grandes révolutions et des grands bouleversements. Une révolution similaire, pacifique, un grand bouleversement est nécessaire pour les peuples d’Europe aujourd’hui. Parce que l’Union européenne a besoin d’une réorientation radicale de ses politiques. Cela nécessite un grand changement du rapport des forces, quelque chose qui constituera un premier pas vers un virage radical à gauche. Pour sa refondation. Et pour son retour aux valeurs de solidarité, de démocratie et de cohésion sociale.


Un grand voyage de l’espoir.
Nous sommes aujourd’hui ici, tous et toutes ensemble, compagnons de route de ce grand, difficile, mais aussi fascinant voyage de l’espoir et du changement. Pour changer l’Europe.
Pour changer notre vie. Et afin de changer l’Europe il faut l’immerger de nouveau dans les principes et les valeurs des Lumières. Dans les impératifs politiques de la Révolution française. Dans le radicalisme, toujours pertinent aujourd’hui, du gouvernement Herriot – le gouvernement de coalition du peuple de la Gauche qui, au début des années 1920, a mené la bataille contre les banquiers voraces. Contre « le mur de l’argent » que la Banque de France avait bâti face aux réformes économiques et sociales de son gouvernement.
Et, aujourd’hui, un nouveau « mur de l’argent » est bâti en Europe par le néolibéralisme et son « gros bras » – la soi-disant « Banque Centrale Européenne » qui est seulement la réplique parfaite de la Bundesbank (Banque fédérale allemande). Un « mur de l’argent » qui ne stabilise pas mais, au contraire, menace la zone euro et favorise les antagonismes nationaux, économiques et aussi sociaux desquels sont sorties deux guerres sanglantes pour l’Europe. Elles ont éclaté, la première il y a exactement 100 ans, en 1914 et la deuxième, il y a 75 ans en 1939.
Nous devons reconstruire l’Europe en démolissant ce nouveau mur de division entre le Nord riche avec les excédents commerciaux et le Sud pauvre avec les déficits commerciaux, entre créanciers et emprunteurs, en démolissant le nouveau mur européen qui divise nos sociétés en sociétés des « deux tiers », c’est-à-dire en sociétés dont les deux tiers souffrent en permanence à cause de l’austérité se trouvant à la limite de la survie, et au même moment, un tiers se comporte comme s’il n’y avait pas de crise, il s’enrichit par et pendant la crise.

Beaucoup pensent que nous sommes excessivement optimistes ou, même, des marchands de mots. Ils nous disent : vous n’êtes pas capables de gagner face à de si énormes adversaires, les banques et les marchés, mais nous le savons bien que nous pouvons envahir la Bastille du néolibéralisme global, qu’est l’actuelle Europe néolibérale. Tout ce qu’il faut c’est profiter de la sagesse de l’expérience collective, accumulée par des années de luttes sociales des peuples d’Europe. Tout ce qu’il faut c’est évaluer de manière critique les leçons des gouvernements importants de la gauche au XXe siècle. Comme, par exemple, le Front populaire en 1936 ou le gouvernement du « programme commun de la gauche » en 1981.
Aujourd’hui, certainement, les conditions de 1981 sont, malheureusement, renversées.
Les socialistes rejettent leurs mandats progressistes et, au contraire, ils sont les « comanagers » du consensus néolibéral, ensemble avec Madame Merkel. Or, nous sommes obligés de leur demander avec force : aux côtés de quelle Europe êtes-vous ? Êtes-vous avec l’Europe des marchés et du capital, ou avec l’Europe des peuples ? L’Europe de l’austérité qui divise entre Nord et Sud, par quelques frontières virtuelles au long du Rhin, ou avec l’Europe de la cohésion sociale et de la solidarité qui unit tous les peuples ? C’est ça le dilemme. Et ce dilemme est symbolisé aujourd’hui en Europe, d’un côté par Mme Merkel et ses soutiens et, de l’autre côté, par Syriza et le Parti de la gauche européenne. Et quand on arrive à ce dilemme, on ne peut pas être à bord des deux bateaux à la fois. Qui propose de le faire finira dans les eaux.

Unir nos forces
Notre but est de réunifier l’Europe, cette Europe que le néolibéralisme aujourd’hui divise. Unir toutes les forces de la gauche partout. Ce qui compte pour la gauche aujourd’hui c’est tout ce qui unit. Et nous, pour réunifier l’Europe, il faut d’abord unir nos forces. Nous l’avons fait en Grèce grâce à Syriza. Et cette unité a créé une dynamique sociale et politique, autosuffisante et forte, inattendue même pour nous. Nous pouvons, tous et toutes ensemble, changer l’Europe. Nous pouvons travailler pour une Europe démocratique, sociale et écologique. Avec des priorités :
- l’arrêt immédiat de l’austérité et l’annulation des memoranda. Pour arrêter la redistribution la plus violente des revenus, de la richesse et du pouvoir, contre le monde du travail et en faveur du capital ;
- la refondation démocratique de la zone euro. Afin que la Banque centrale européenne devienne une véritable banque centrale, à savoir, un créancier de dernier ressort pas seulement pour les banques mais aussi pour les États ;
- une conférence européenne sur la dette. Pour une solution collective et solidaire au surendettement dans la zone euro ;
- un New Deal européen. Pour le développement équilibré et durable du continent ;
- la transformation écologique de la production ;
- la réforme du « cadre » européen sur l’immigration.

Le gouvernement Hollande, multiplicateur politique du
gouvernement Mer
kel
Chers amis, chers camarades, permettez-moi d’avouer quelque chose que je crois profondément. Si le gouvernement de François Hollande était différent, toute l’Europe aujourd’hui serait différente. Mais, au lieu d’être le contrepoids et l’obstacle face au néolibéralisme et « l’Europe allemande », le gouvernement Hollande fonctionne comme le multiplicateur politique du gouvernement Merkel et comme défenseur de la politique la plus à droite que l’Europe ait jamais subie parce que dans la photo de famille de la droite européenne, plus à droite que Madame Thatcher se trouve Madame Merkel et encore plus à droite on trouve Monsieur Scheuble. Ça fait seulement quelques jours que François Hollande lui-même a annoncé des coupes budgétaires de 50 milliards d’euros pour la période 2015 – 2017 c’est-à-dire une austérité qui conduira à la récession, et réduira la – déjà faible – croissance de la France. Et, puisque l’économie française a un poids spécial en Europe l’austérité de M. Hollande est, pour nous tous dans la zone euro, encore une poussée dans la récession. Est-il possible que M. Hollande n’ait rien entendu du débat international sur l’échec de l’austérité en Grèce ? Il ne voit pas que la seule chose que l’austérité arrive à faire est d’approfondir la crise économique en nourrissant la récession ? Et de créer, en même temps, un problème de démocratie ?

Le discours politique étroit et diviseur de l’extrême droite
Parce que du chômage, de la pauvreté et de la difficulté à survivre surviennent la peur et le désespoir, malheureusement, de plus en plus de personnes ouvrent les oreilles au discours politique étroit et diviseur de l’extrême droite. L’extrême droite qui ne représente pas une solution mais, au contraire, est un plus grand danger encore pour les peuples de l’Europe. Avec un programme politique tellement intolérant, qui se limite à l’immigration et au recul de l’intégration de la démocratie dans l’Union européenne, qui dirige la peur générale de la crise vers « l’autre », vers l’étranger, vers le frère. Les fascistes et les racistes, qui cherchent les votes de ces parties de la population touchées fortement par l’austérité, prétendent que l’immigration est une dimension cruciale de la crise, rendant ainsi innocente l’austérité néolibérale. Car, dans tous les autres champs, l’extrême droite est entièrement néolibérale. Et c’est pour ça que son fonctionnement politique est celui de la force de réserve tactique du néolibéralisme. C’est un rôle qui, en Grèce, a été prouvé avec l’organisation néonazie « Aube Dorée » qui prétend être une force antisystème, alors qu’elle est en réalité le bras armé du système.
C’est pour cette raison-là que, non seulement Mme Merkel mais aussi Mme Le Pen doivent se féliciter de l’austérité imposée par M. Hollande. Cela lui offre le carburant dont elle a besoin pour répandre son obscurantisme partout en Europe.

Voter pour remplacer la peur par l’espoir
Le 25 mai, le vrai dilemme est très clair : d’un côté, les dirigeants politiques de la crise, ceux qui appliquent le consensus néolibéral, la politique de la peur, de la récession et du recul de la démocratie en Europe, la droite, ensemble avec les sociodémocrates de M. Hollande et de M. Schulz, et de l’autre côté, les peuples d’Europe qui, indépendamment de leur origine idéologique ou leur préférence partidaire, chacun et chacune, nous regardent : la gauche européenne de l’espoir et du changement.

C’est pour cette raison que nous nous adressons à chaque citoyen actif, chaque démocrate, progressiste, de gauche, social-démocrate et socialiste pour qu’il participe aux élections, qu’il vote. S’ils ne votent pas, d’autres vont voter à leur place, ce sont les simples mathématiques de l’urne. Nous appelons chacun à voter avec son esprit et avec son cœur. La gauche européenne est la seule force crédible de pouvoir, alternative au néolibéralisme des conservateurs et de la social-démocratie. À venir avec nous pour remplacer la peur par l’espoir. À venir avec nous pour reconstruire l’Europe de la démocratie et des droits humains.

Amis et camarades, aujourd’hui, avec votre présence combative vous avez donné de l’espoir au changement, vous avez donné de la force à la démocratie, vous avez donné de la perspective à la gauche européenne. Le 25 mai nous serons la surprise heureuse et positive. Nous serons hauts pour lever aussi haut le drapeau de la démocratie en Europe. n
Salut et merci à tous et à toutes.

*Alexis Tsipras est président de la coalition de gauche radicale (Syriza) en Grèce. Il est candidat, au nom du PGE, à la présidence de la commission européenne.

Élections européennes de 2014 : répartition des sièges de députés entre les 28 États membres

La Revue du projet, n° 36, avril 2014

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