Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 03:43

 

 

POLITIQUE -  le 14 Juin 2013

Assises

Marie-Pierre Vieu « Nous voulons construire un nouveau Front populaire »

 

 

Pour Marie-Pierre Vieu, membre de l’exécutif du PCF, les assises du 6 juin sont une étape vers « un nouveau contrat politique majoritaire ».

Avec quel objectif le PCF a-t-il lancé l’idée de ces assises ?

Marie-Pierre Vieu. Nous avons pris cette initiative au lendemain de l’affaire Cahuzac. De là est née la manifestation du 5 mai contre l’austérité et pour une vie République alliant les deux matrices en cause : rénovations sociale et démocratique. Nous avons montré qu’on pouvait remettre en marche, au sens premier du terme, des gens de gauche très divers. Les assises sont alors nées de la conviction qu’il fallait continuer à peser dans le rapport de forces, mais qu’il fallait également ouvrir une perspective politique. Il est donc apparu indispensable de remettre en débat toutes les forces de gauche qui convergent autour de l’idée que la politique de ce gouvernement nous mène droit dans le mur, et au retour de la droite, voire d’une droite extrémisée.

Comment peuvent-elles contribuer à un changement de cap de la politique 
du gouvernement ?

Marie-Pierre Vieu. L’objectif des assises est d’abord de montrer qu’un large panel de forces à gauche se retrouve pour dire : « Il faut changer de cap. » Dans un contexte marqué par de nouvelles réformes régressives, comme celles des retraites ou de la décentralisation, c’est un appel d’air et un signal au gouvernement. D’autre part, l’addition de toutes ces forces montre la possibilité immédiate de construire une autre majorité sociale et politique à gauche. Quatre ou cinq mesures emblématiques issues des assises pourraient peser pour une autre politique. On ne peut pas attendre les prochaines élections pour gagner des avancées parce que ce serait la désespérance assurée. Le rapport de forces politique et électoral sanctionné par 2012 n’est pas intangible.

Quelles perspectives souhaitez-vous voir s’ouvrir avec cette journée de débat ?

Marie-Pierre Vieu. Elle doit réinscrire un espoir à gauche et à remettre les citoyens en mouvement. D’autre part, elle participe d’un processus constituant d’un nouveau contrat politique majoritaire. Pour la communiste que je suis, il s’agira de prolonger le débat et de l’accompagner de batailles, nationales mais aussi locales, les plus larges possibles. La force de ces assises est de réunir différents acteurs qui pourront porter les convergences qu’elles dessineront, chacun avec ses prérogatives et dans un rapport d’égalité. Ce pourrait être le début d’un véritable élan populaire. Nous voulons construire un nouveau Front populaire anti-austérité et pour la démocratie, une révolution citoyenne.

    Partager cet article
    Repost0
    15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 22:55

     

     

    Pierre Mauroy, qui fut le premier ministre du gouvernement de la gauche alors rassemblée (PS, PCF, Radicaux de gauche) de mai 1981 à juin 1984, livrait, dans les colonnes du hors-série de l'Humanité "1981, l'histoire d'une espérance" en avril 2011, ses souvenirs sur un des moments clés de sa vie politique et celle du pays.

     

     

     

     

    Découvrez notre hors série 1981, l'histoire d'une espérance

    Il y a trente ans, le 10 mai 1981, la gauche pour la première sous la Ve République et après vingt-trois ans de règne de la droite, arrive au pouvoir. Qu'est-ce que cela a représenté pour les Français ?
    Pierre Mauroy. Une immense espérance venait de naître. Au Parti socialiste, nous travaillions à ce changement depuis de longues années. Ainsi, dès 1963, notre parti d'alors, la SFIO (Section français de l'Internationale ouvrière), avait décidé de changer de cap. En 1965, François Mitterrand était devenu le candidat unique de toute la gauche, y compris des communistes. C est à cette époque que François Mitterrand, me nommant directeur de sa campagne et me donnant la responsabilité du Nord-Pas-de-Calais, commence mon implantation dans le PS. Cette campagne électorale de la gauche autour d'un candidat unique fut une belle bataille. Jamais nous n'avions connu un tel rassemblement. Et, fait considérable, nous avions mis le général de Gaulle en ballottage. À partir de là s'est levé progressivement un grand espoir, entretenu par les partis de gauche dont le PS, le PCF, les radicaux de gauche et d'autres. Nous nous sommes efforcés, chacun, d'affirmer davantage nos propres identités et puis ensuite de renforcer progressivement la cohésion du rassemblement jusqu'à préparer la victoire du 10 mai 1981.

    Qu'est-ce qui, dans la situation des Français, explique que ceux-ci ont rejeté le président de la République sortant, Valéry Giscard d'Estaing ?
    Pierre Mauroy. Giscard d'Estaing menait la politique traditionnelle de la droite française. Certes, il y avait chez lui une volonté de se renouveler qui se caractérisait par de la politique gadget qui, finalement, ne trompait personne. Face à sa politique qui provoquait tant de déception, les forces de gauche présentaient, chacune avec ses spécificités, une alternative autrement plus alléchante. D'autant qu'elles s'inscrivaient dans une démarche de rassemblement sur la base du programme commun de gouvernement.

    Programme qui fut conclu en 1972 ?
    Pierre Mauroy. Effectivement. Ce fut le fruit de rudes discussions. Nous n'étions pas tout à fait sur la même longueur d'onde entre socialistes et communistes. Mais on s'y est mis. Quatre commissions ont été mises en place, sous ma responsabilité pour le PS, sous celle de Roland Leroy pour le PCF. Nous avons avancé assez rapidement sur certains sujets, sur d'autres ce fut plus laborieux. Tout de suite on s'est heurté à une différence de point de vue sur les nationalisations industrielles. Sur la nationalisation des établissements de crédit et des banques, il n'y a pas eu de difficulté. De même sur le programme social mais sur l'industrie, le PCF voulait à tout prix des nationalisations industrielles. Nous, nous pensions que c'était difficile, qu'il fallait savoir se limiter. Mais, enfin, il fallait s'entendre si nous voulions arriver à un programme commun. C'est pourquoi nous avons finalement abouti à la nationalisation des établissements de crédit et des banques et de neuf grands groupes industriels. Et le fait est que cette union sur ce programme commun a rapidement pris de l'ampleur dans l'opinion jusqu'à devenir victorieux le 10 mai 1981.

    Quelle a été votre réaction quand François Mitterrand a fait appel à vous pour devenir le premier ministre ?
    Pierre Mauroy. Je dois dire que je le savais depuis longtemps. Cette réalité a surpris tout le monde. Mais c est ainsi. En novembre 1980, Michel Rocard, après avoir affirmé qu il ne se présenterait pas à la présidentielle si François Mitterrand était candidat, déclare finalement sa candidature. Dès le départ, je lui avais indiqué que, comme premier secrétaire du PS, je ne le soutiendrais pas préférant la candidature de François Mitterrand. Quelque temps après cette décision publique de Michel Rocard, François Mitterrand m'invite de façon anodine à un déjeuner au restaurant Jamin, au Trocadéro à Paris. Nous commençons le déjeuner comme si de rien était, c'était son habitude, et au milieu du repas il m'informe de sa décision d'être candidat, souhaite que je fasse campagne à ses côtés et me demande si je veux bien faire un ticket avec lui. Ne comprenant pas, ayant en tête les États-Unis où il existe des tickets entre le président et le vice-président, il précise que, s'il gagne, il me choisirait comme premier ministre. Lui promettant le secret absolu, j'ai passé les six mois qui ont précédé le 10 mai à écouter en souriant les spéculations sur le futur premier ministre en cas de victoire de la gauche. C'est lors de ce repas que François Mitterrand m'informe aussi que, premier ministre, je devrais quitter la direction du PS, et de me proposer Lionel Jospin. Proposition pour laquelle j'ai donné mon accord.

    Premier ministre d'un gouvernement de gauche avec des ministres communistes, quelles sont vos mesures les plus emblématiques ?
    Pierre Mauroy. Il y eut, entre l'élection présidentielle et les législatives de juin 1981, un premier gouvernement qui ne comptait pas de communistes. Ce n'est qu'après les élections législatives, avec le rapport des forces qui en est sorti, qu'un gouvernement avec des communistes fut mis en place. Mais c'est vrai que leur participation posait problème.

    La droite en faisait un cheval de bataille contre la gauche ?
    Pierre Mauroy. C'est peu que de le dire. Ils disaient que les chars soviétiques et ceux du pacte de Varsovie allaient arriver par Strasbourg, et des pires choses encore. Dès lors que nous avons confirmé que nous prenions des ministres communistes, ils se sont déchaînés. On a tenu le choc, nous voulions être fidèles à l'union de la gauche. C'est Georges Marchais qui m'a téléphoné, me demandant : « Combien tu nous en donnes ?». Je lui propose quatre ministres qu'il devait désigner. Alors il me répond : « Eh bien, c'est fait », ajoutant : « Si tu m'en avais donné plus, peut-être cela aurait posé problème ! »Il avait le sens de la repartie. Il souhaitait que Jacques Ralite soit à la culture. Cela aurait été un bon choix mais nous avions Jack Lang.

    Quelles sont les mesures dont vous êtes le plus fier ?
    Pierre Mauroy. Les choses évoluent avec le temps. Parfois les gens réécrivent l'histoire. Un exemple. On avait pris Robert Badinter, qui avait plaidé contre la peine de mort, comme ministre de la Justice. Cette question faisait problème. L'opinion française était contre la suppression de la peine de mort. François Mitterrand disait qu'il ne fallait pas qu'on commence à prendre des mesures qui refroidissent l'électorat. Nous nous sommes dit cependant que la suppression de la peine de mort était une mesure éthique. Et on s'est battu pour faire voter son abrogation. Ce ne fut pas facile. Ainsi, dans ma section PS de Lille, alors que d'habitude, quand je faisais une proposition, j'étais soutenu par la majorité, je fus battu. Nous avons ramé pour devenir majoritaire sur cette question.

    Et dans le domaine social ?
    Pierre Mauroy. La grande revendication à ce moment-là c'était le droit de partir à la retraite à 60 ans. Je faisais meeting sur meeting, les ouvriers venaient nombreux et je voyais bien qu'ils étaient à bout. Le travail devenait de plus en plus dur et ils n'en pouvaient plus. Quand on a annoncé la retraite à 60 ans, c'était une clameur qui s'élevait. Certains pourront le nier aujourd'hui mais travailler jusqu'à 65 ans alors que l'espérance de vie d'un ouvrier était de 63 ans explique pourquoi l'exigence de droit à la retraite à 60 ans était si forte. Les ouvriers me disaient :  « M. Mauroy, on ne peut plus arquer. » Ce droit a été une avancée de civilisation. Ensuite, je pense à la cinquième semaine de congés payés. Les deux premières acquises sous le Front populaire en 1936, la troisième par le gouvernement socialiste de Guy Mollet en 1956, la quatrième en 1969 après les événements de 1968 et la cinquième en 1982 sous la gauche.

    Comment expliquez-vous, à partir de 1983, le tournant de la rigueur qui aboutira en 1984 à votre départ et celui des ministres communistes ? 
    Pierre Mauroy. Je ne veux pas nier les difficultés. Il y a eu un tournant au plan mondial. La droite s'est remobilisée et le signal en a été l'élection de Ronald Reagan aux États-Unis, qui a d'ailleurs été un grand président avec ses experts.

    Mais était-ce le refus d'aller plus loin dans le changement en France et même dans les rapports internationaux ?
    Pierre Mauroy. Nous voulions agir par la relance. Nous étions keynésiens et la droite internationale faisait l'inverse. Elle jouait la déflation, la récession, le chômage. Reagan a fait des adeptes de cette politique à Londres avec Mme Thatcher mais aussi en Allemagne avec le socialiste Helmut Schmidt qui, par ailleurs, n'encaissait pas que l'on ait pris des communistes au gouvernement. Cette alliance des récessions et du chômage massif nous compliquait les choses même si nous voulions rester fidèles à nos engagements. Ainsi de nos échanges avec l'Allemagne qui, avec son industrie forte, bénéficiait de notre politique de relance en France. Nous ne pouvions pas continuer comme ça. Alors, pour combattre l'inflation, j'ai proposé une solution jamais utilisée dans notre pays, celle du blocage des prix et des salaires et donc d'en finir aussi avec l'échelle mobile des salaires qui suivaient l'inflation. Malgré un désaccord d'une partie de mon gouvernement, François Mitterrand m'a soutenu et nous l'avons mis en œuvre sur quatre mois jusqu'en décembre 1982. En quelques mois, l'inflation a été ramenée de 15 à moins de 10 %, continuant à baisser jusqu'à 6 %. Raymond Barre, sous Giscard d'Estaing, nous avait laissé une inflation à 14,5 %.

    Comment a été jugée cette politique ?
    Pierre Mauroy. Beaucoup ont appelé ça le tournant de la rigueur. Mais c étaient les premières mesures contre l inflation dans une situation internationale de déflation et de chômage massif. À ce dispositif, d autres ont voulu ajouter le blocage de certaines importations aux frontières. D autres et parfois les mêmes ont voulu que nous sortions du système monétaire européen. Mitterrand recevait beaucoup, en ce printemps 1983, ceux qu on appelait les « visiteurs du soir » et qui prônaient ces changements. Mitterrand, hésitant, m a alors demandé de quitter le système monétaire européen. J ai refusé car on risquait la dégringolade de notre monnaie nationale. J ajoutais, devant un François Mitterrand interloqué, que si nous quittons le système monétaire européen je lui donnerais ma démission de premier ministre. Finalement, François Mitterrand, de retour de Bruxelles, devant l évidence des dangers pour notre monnaie, s est rallié à ma position, m a confirmé comme premier ministre et j ai formé mon deuxième gouvernement, toujours avec des ministres communistes.

    Mais alors pourquoi votre départ en 1984 ?
    Pierre Mauroy. On ne pouvait pas maintenir notre politique de relance. La droite et sa politique de chômage et de déflation ont gagné du terrain en Europe. En Allemagne, le socialiste Helmut Schimdt est battu et remplacé par le conservateur Helmut Kohl. En France, ça devenait difficile. Même si j'avais de bon rapports avec les communistes, notamment avec le ministre des Transports Charles Fiterman, et que ceux-ci m'avaient affirmé : « Tant que ça sera toi le premier ministre, nous te soutiendrons ». Ça remuait dur, y compris au plan syndical avec la CGT et les autres. C'était vrai surtout dans la sidérurgie, que Raymond Barre n'avait pas traitée en profondeur, ce qui fait que nous ne vendions plus nos produits. Donc il fallait prendre des mesures. En plus, à ce moment-là j'ai eu le problème de l'école. C'était notre engagement de campagne. Il fallait mettre fin à cette double école laïque et privée. La France se devait d'avoir une seule école républicaine. Il fallait absorber l'enseignement « libre ». Le ministre de l'Éducation nationale, Alain Savary, n a pas été suffisamment vite. Si bien que devant la conjonction entre les catholiques qui, au début approuvaient, avant de se retourner contre cette loi, et le chômage, la situation devenait tendue. François Mitterrand m'a demandé de retirer le projet de loi sur l'école. J'ai refusé, convaincu qu'il ne fallait qu'une seule école de la République, et j'ai donc démissionné laissant ainsi la place à Laurent Fabius.

    Trente ans après et à la veille, en 2012, d'échéances décisives, que reste-t-il du 10 mai 1981 qui pourrait être utile dans les combats de la gauche aujourd'hui ?
    Pierre Mauroy. Ce qui reste comme une dimension toujours valable aujourd'hui ' est que pour changer il faut la force du rassemblement. Nicolas Sarkozy paraît battu. Mais pour gagner en 2012, il faut réaliser ce rassemblement. Fort de l'expérience de 1981 pour donner de l'espoir et ouvrir une perspective de changement, la gauche doit porter un projet qui allie les exigences sociales et des politiques de développement économique, donc industriel, favorable à l'emploi. Il faut avoir de l'ambition.

    Partager cet article
    Repost0
    15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 22:54

     

    Politique - le 9 Juin 2013

     

    Pierre Mauroy : "Le 10 mai 1981, une immense espérance venait de naître"

     

    Pierre Mauroy, qui fut le premier ministre du gouvernement de la gauche alors rassemblée (PS, PCF, Radicaux de gauche) de mai 1981 à juin 1984, livrait, dans les colonnes du hors-série de l'Humanité "1981, l'histoire d'une espérance" en avril 2011, ses souvenirs sur un des moments clés de sa vie politique et celle du pays.

    Découvrez notre hors série 1981, l'histoire d'une espérance

    Il y a trente ans, le 10 mai 1981, la gauche pour la première sous la Ve République et après vingt-trois ans de règne de la droite, arrive au pouvoir. Qu'est-ce que cela a représenté pour les Français ?
    Pierre Mauroy. Une immense espérance venait de naître. Au Parti socialiste, nous travaillions à ce changement depuis de longues années. Ainsi, dès 1963, notre parti d'alors, la SFIO (Section français de l'Internationale ouvrière), avait décidé de changer de cap. En 1965, François Mitterrand était devenu le candidat unique de toute la gauche, y compris des communistes. C est à cette époque que François Mitterrand, me nommant directeur de sa campagne et me donnant la responsabilité du Nord-Pas-de-Calais, commence mon implantation dans le PS. Cette campagne électorale de la gauche autour d'un candidat unique fut une belle bataille. Jamais nous n'avions connu un tel rassemblement. Et, fait considérable, nous avions mis le général de Gaulle en ballottage. À partir de là s'est levé progressivement un grand espoir, entretenu par les partis de gauche dont le PS, le PCF, les radicaux de gauche et d'autres. Nous nous sommes efforcés, chacun, d'affirmer davantage nos propres identités et puis ensuite de renforcer progressivement la cohésion du rassemblement jusqu'à préparer la victoire du 10 mai 1981.

     

    Qu'est-ce qui, dans la situation des Français, explique que ceux-ci ont rejeté le président de la République sortant, Valéry Giscard d'Estaing ?

     
    Pierre Mauroy. Giscard d'Estaing menait la politique traditionnelle de la droite française. Certes, il y avait chez lui une volonté de se renouveler qui se caractérisait par de la politique gadget qui, finalement, ne trompait personne. Face à sa politique qui provoquait tant de déception, les forces de gauche présentaient, chacune avec ses spécificités, une alternative autrement plus alléchante. D'autant qu'elles s'inscrivaient dans une démarche de rassemblement sur la base du programme commun de gouvernement.

     

    Programme qui fut conclu en 1972 ?

     
    Pierre Mauroy. Effectivement. Ce fut le fruit de rudes discussions. Nous n'étions pas tout à fait sur la même longueur d'onde entre socialistes et communistes. Mais on s'y est mis. Quatre commissions ont été mises en place, sous ma responsabilité pour le PS, sous celle de Roland Leroy pour le PCF. Nous avons avancé assez rapidement sur certains sujets, sur d'autres ce fut plus laborieux. Tout de suite on s'est heurté à une différence de point de vue sur les nationalisations industrielles. Sur la nationalisation des établissements de crédit et des banques, il n'y a pas eu de difficulté. De même sur le programme social mais sur l'industrie, le PCF voulait à tout prix des nationalisations industrielles. Nous, nous pensions que c'était difficile, qu'il fallait savoir se limiter. Mais, enfin, il fallait s'entendre si nous voulions arriver à un programme commun. C'est pourquoi nous avons finalement abouti à la nationalisation des établissements de crédit et des banques et de neuf grands groupes industriels. Et le fait est que cette union sur ce programme commun a rapidement pris de l'ampleur dans l'opinion jusqu'à devenir victorieux le 10 mai 1981.

     

    Quelle a été votre réaction quand François Mitterrand a fait appel à vous pour devenir le premier ministre ?

     
    Pierre Mauroy. Je dois dire que je le savais depuis longtemps. Cette réalité a surpris tout le monde. Mais c est ainsi. En novembre 1980, Michel Rocard, après avoir affirmé qu il ne se présenterait pas à la présidentielle si François Mitterrand était candidat, déclare finalement sa candidature. Dès le départ, je lui avais indiqué que, comme premier secrétaire du PS, je ne le soutiendrais pas préférant la candidature de François Mitterrand. Quelque temps après cette décision publique de Michel Rocard, François Mitterrand m'invite de façon anodine à un déjeuner au restaurant Jamin, au Trocadéro à Paris. Nous commençons le déjeuner comme si de rien était, c'était son habitude, et au milieu du repas il m'informe de sa décision d'être candidat, souhaite que je fasse campagne à ses côtés et me demande si je veux bien faire un ticket avec lui. Ne comprenant pas, ayant en tête les États-Unis où il existe des tickets entre le président et le vice-président, il précise que, s'il gagne, il me choisirait comme premier ministre. Lui promettant le secret absolu, j'ai passé les six mois qui ont précédé le 10 mai à écouter en souriant les spéculations sur le futur premier ministre en cas de victoire de la gauche. C'est lors de ce repas que François Mitterrand m'informe aussi que, premier ministre, je devrais quitter la direction du PS, et de me proposer Lionel Jospin. Proposition pour laquelle j'ai donné mon accord.

     

    Premier ministre d'un gouvernement de gauche avec des ministres communistes, quelles sont vos mesures les plus emblématiques ?

     
    Pierre Mauroy. Il y eut, entre l'élection présidentielle et les législatives de juin 1981, un premier gouvernement qui ne comptait pas de communistes. Ce n'est qu'après les élections législatives, avec le rapport des forces qui en est sorti, qu'un gouvernement avec des communistes fut mis en place. Mais c'est vrai que leur participation posait problème.

     

     

    La droite en faisait un cheval de bataille contre la gauche ?

     
    Pierre Mauroy. C'est peu que de le dire. Ils disaient que les chars soviétiques et ceux du pacte de Varsovie allaient arriver par Strasbourg, et des pires choses encore. Dès lors que nous avons confirmé que nous prenions des ministres communistes, ils se sont déchaînés. On a tenu le choc, nous voulions être fidèles à l'union de la gauche. C'est Georges Marchais qui m'a téléphoné, me demandant : « Combien tu nous en donnes ?». Je lui propose quatre ministres qu'il devait désigner. Alors il me répond : « Eh bien, c'est fait », ajoutant : « Si tu m'en avais donné plus, peut-être cela aurait posé problème ! »Il avait le sens de la repartie. Il souhaitait que Jacques Ralite soit à la culture. Cela aurait été un bon choix mais nous avions Jack Lang.

     

    Quelles sont les mesures dont vous êtes le plus fier ?

     
    Pierre Mauroy. Les choses évoluent avec le temps. Parfois les gens réécrivent l'histoire. Un exemple. On avait pris Robert Badinter, qui avait plaidé contre la peine de mort, comme ministre de la Justice. Cette question faisait problème. L'opinion française était contre la suppression de la peine de mort. François Mitterrand disait qu'il ne fallait pas qu'on commence à prendre des mesures qui refroidissent l'électorat. Nous nous sommes dit cependant que la suppression de la peine de mort était une mesure éthique. Et on s'est battu pour faire voter son abrogation. Ce ne fut pas facile. Ainsi, dans ma section PS de Lille, alors que d'habitude, quand je faisais une proposition, j'étais soutenu par la majorité, je fus battu. Nous avons ramé pour devenir majoritaire sur cette question.

     

    Et dans le domaine social ?

     
    Pierre Mauroy. La grande revendication à ce moment-là c'était le droit de partir à la retraite à 60 ans. Je faisais meeting sur meeting, les ouvriers venaient nombreux et je voyais bien qu'ils étaient à bout. Le travail devenait de plus en plus dur et ils n'en pouvaient plus. Quand on a annoncé la retraite à 60 ans, c'était une clameur qui s'élevait. Certains pourront le nier aujourd'hui mais travailler jusqu'à 65 ans alors que l'espérance de vie d'un ouvrier était de 63 ans explique pourquoi l'exigence de droit à la retraite à 60 ans était si forte. Les ouvriers me disaient :  « M. Mauroy, on ne peut plus arquer. » Ce droit a été une avancée de civilisation. Ensuite, je pense à la cinquième semaine de congés payés. Les deux premières acquises sous le Front populaire en 1936, la troisième par le gouvernement socialiste de Guy Mollet en 1956, la quatrième en 1969 après les événements de 1968 et la cinquième en 1982 sous la gauche.

     

    Comment expliquez-vous, à partir de 1983, le tournant de la rigueur qui aboutira en 1984 à votre départ et celui des ministres communistes ? 

     
    Pierre Mauroy. Je ne veux pas nier les difficultés. Il y a eu un tournant au plan mondial. La droite s'est remobilisée et le signal en a été l'élection de Ronald Reagan aux États-Unis, qui a d'ailleurs été un grand président avec ses experts.

     

    Mais était-ce le refus d'aller plus loin dans le changement en France et même dans les rapports internationaux ?

     
    Pierre Mauroy. Nous voulions agir par la relance. Nous étions keynésiens et la droite internationale faisait l'inverse. Elle jouait la déflation, la récession, le chômage. Reagan a fait des adeptes de cette politique à Londres avec Mme Thatcher mais aussi en Allemagne avec le socialiste Helmut Schmidt qui, par ailleurs, n'encaissait pas que l'on ait pris des communistes au gouvernement. Cette alliance des récessions et du chômage massif nous compliquait les choses même si nous voulions rester fidèles à nos engagements. Ainsi de nos échanges avec l'Allemagne qui, avec son industrie forte, bénéficiait de notre politique de relance en France. Nous ne pouvions pas continuer comme ça. Alors, pour combattre l'inflation, j'ai proposé une solution jamais utilisée dans notre pays, celle du blocage des prix et des salaires et donc d'en finir aussi avec l'échelle mobile des salaires qui suivaient l'inflation. Malgré un désaccord d'une partie de mon gouvernement, François Mitterrand m'a soutenu et nous l'avons mis en œuvre sur quatre mois jusqu'en décembre 1982. En quelques mois, l'inflation a été ramenée de 15 à moins de 10 %, continuant à baisser jusqu'à 6 %. Raymond Barre, sous Giscard d'Estaing, nous avait laissé une inflation à 14,5 %.

     

     

    Comment a été jugée cette politique ?

     
    Pierre Mauroy. Beaucoup ont appelé ça le tournant de la rigueur. Mais c étaient les premières mesures contre l inflation dans une situation internationale de déflation et de chômage massif. À ce dispositif, d autres ont voulu ajouter le blocage de certaines importations aux frontières. D autres et parfois les mêmes ont voulu que nous sortions du système monétaire européen. Mitterrand recevait beaucoup, en ce printemps 1983, ceux qu on appelait les « visiteurs du soir » et qui prônaient ces changements. Mitterrand, hésitant, m a alors demandé de quitter le système monétaire européen. J ai refusé car on risquait la dégringolade de notre monnaie nationale. J ajoutais, devant un François Mitterrand interloqué, que si nous quittons le système monétaire européen je lui donnerais ma démission de premier ministre. Finalement, François Mitterrand, de retour de Bruxelles, devant l évidence des dangers pour notre monnaie, s est rallié à ma position, m a confirmé comme premier ministre et j ai formé mon deuxième gouvernement, toujours avec des ministres communistes.

     

    Mais alors pourquoi votre départ en 1984 ?

     
    Pierre Mauroy. On ne pouvait pas maintenir notre politique de relance. La droite et sa politique de chômage et de déflation ont gagné du terrain en Europe. En Allemagne, le socialiste Helmut Schimdt est battu et remplacé par le conservateur Helmut Kohl. En France, ça devenait difficile. Même si j'avais de bon rapports avec les communistes, notamment avec le ministre des Transports Charles Fiterman, et que ceux-ci m'avaient affirmé : « Tant que ça sera toi le premier ministre, nous te soutiendrons ». Ça remuait dur, y compris au plan syndical avec la CGT et les autres. C'était vrai surtout dans la sidérurgie, que Raymond Barre n'avait pas traitée en profondeur, ce qui fait que nous ne vendions plus nos produits. Donc il fallait prendre des mesures. En plus, à ce moment-là j'ai eu le problème de l'école. C'était notre engagement de campagne. Il fallait mettre fin à cette double école laïque et privée. La France se devait d'avoir une seule école républicaine. Il fallait absorber l'enseignement « libre ». Le ministre de l'Éducation nationale, Alain Savary, n a pas été suffisamment vite. Si bien que devant la conjonction entre les catholiques qui, au début approuvaient, avant de se retourner contre cette loi, et le chômage, la situation devenait tendue. François Mitterrand m'a demandé de retirer le projet de loi sur l'école. J'ai refusé, convaincu qu'il ne fallait qu'une seule école de la République, et j'ai donc démissionné laissant ainsi la place à Laurent Fabius.

     

    Trente ans après et à la veille, en 2012, d'échéances décisives, que reste-t-il du 10 mai 1981 qui pourrait être utile dans les combats de la gauche aujourd'hui ?

     
    Pierre Mauroy. Ce qui reste comme une dimension toujours valable aujourd'hui ' est que pour changer il faut la force du rassemblement. Nicolas Sarkozy paraît battu. Mais pour gagner en 2012, il faut réaliser ce rassemblement. Fort de l'expérience de 1981 pour donner de l'espoir et ouvrir une perspective de changement, la gauche doit porter un projet qui allie les exigences sociales et des politiques de développement économique, donc industriel, favorable à l'emploi. Il faut avoir de l'ambition.

    Partager cet article
    Repost0
    15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 09:04
    Retraites: les reculs sociaux du rapport Moreau

     

     

    La commission Moreau a remis ce vendredi son rapport sur la réforme des retraites. Cette base de travail pour le gouvernement propose toute une série de recul sociaux et fait porter l'essentiel des efforts sur le dos des retraités et des actifs, sans apporter aucune autre piste de financement.

    Zoom sur les préconisations principales.

    Le rapport, mené par Yannick Moreau, prône un nouvel effort partagé par les actifs et les retraités : 2/3 pour les actifs et 1/3 pour les retraités. Il propose des pistes pour atteindre l’équilibre du régime des retraites d’ici 2020, grâce à sept milliards d’euros déconomies.

    Les efforts des actifs

    • Un allongement de la durée de cotisation qui passerait progressivement de 41.5 années à 44 années de cotisation. Le rapport de la Commission préconise d’augmenter la durée de cotisation à 43 ans pour la génération née en 1962, puis à 44 ans pour ceux de l’année 1966. Ce dispositif pourrait permettre de gagner 600 millions d’euros d’ici 2020.
    • Une hausse des cotisations d’assurance-vieillesse, via une hausse de 0.1 point par an des cotisations pendant 4 ans, et répartie à part égale entre salariés et employeurs. Une telle mesure, qui peut être envisagée à des taux différents, promet un gain de 2.6 milliards d’euros d’ici à 2020.
    • Une modification du calcul des retraites dans le secteur public.Le rapport préconise de calculer les retraites des fonctionnaires « en le faisant progressivement reposer sur une période plus longue que six mois » et en intégrant une partie des primes. Sans trancher sur une nouvelle durée précise, le calcul pourrait être basé sur « une durée de référence variant de 3 à 10 ans ». Pour les salariés du secteur privé, la période de référence prend en compte les 25 meilleures années.

    La mise à contribution des retraités

    • Alignement le taux de CSG des retraités à celui des actifs. Les retraités sont ici mis à contribution avec un alignement de leur taux (6.6% actuellement) à celui des actifs, de 7.5%. Cette hausse permettrait un gain estimé à 2 milliards d’euros d’ici 2020.
    • La révision de certains avantages fiscaux. Réviser des mesures fiscales comme l’abattement de 10% sur les pensions et les avantages familiaux pourrait rapporter jusqu’à 900 millions d’euros selon le rapport. Cela concerne les majorations de pensions pour les parents de trois enfants, par exemple, qui seraient désormais fiscalisées.

    Jean-Marc Ayrault a expliqué que le gouvernement allait proposer le projet de réforme à la fin de l’été après une période de concertation avec les représentants du patronat et les syndicats lors de la Conférence sociale jeudi et vendredi prochain.

    Partager cet article
    Repost0
    15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 08:55

    POLITIQUE -  le 15 Juin 2013

    Pour une refondation sociale et démocratique du pays

    Assises : Trouver des majorités d’idées pour changer la donne plutôt que des petites phrases pour soigner sa com’

     

     

    Par Gérard le Puill, journaliste honoraire.  Organiser  «des assises pour une refondation sociale et démocratique du pays », comme la proposé Pierre Laurent dans son discours de la Bastille le 5 mai  est assurément une bonne initiative. Surtout si nous « parlons ensemble de nouveau projet social, industriel et écologique », pour reprendre une autre phrase du même discours.

    La tâche est immense pour les composantes du Front de gauche et au-delà. Des visées innovantes comme « la règle verte » et la « planification écologique », mises en exergue par Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de la campagne présidentielle de 2012 ont intéressé et suscité de l’espoir chez des électeurs des différentes sensibilités du Front de gauche comme d’une partie de ceux d’Europe écologie les Verts.
    Les élections passées, la réflexion que cette campagne commune avait pu nourrir a quelque peu disparu des radars du Front de gauche. Nous commettrions une grave erreur en remettant à 2017 le débat  sur les fondements de la société à construire alors que le président de la République et son gouvernement inscrivent leur action dans le cadre d’une totale soumission à la mondialisation libérale que pilotent les financiers.

    Le Front de gauche ne peut limiter le débat sur la place du curseur entre l’austérité pour le plus grand nombre et la meilleure manière de répartir quelques dixièmes de point de croissance du Produit intérieur brut(PIB) susceptibles d’être mieux partagés, même si la question du pouvoir d’achat est importante pour la majorité de la population. Les difficultés du gouvernement socialiste après celles des gouvernements de droite qui l’ont précédé sont les signes avant coureurs d’un système en voie d’effondrement. Si le marché garde son utilité, la seule loi du marché  devant laquelle s’effacent les décideurs politique de France et d’Europe sur fond de moins disant social et environnemental  accélère ce processus d’effondrement.

    Le conflit de Notre dame des Landes en est une illustration au pays de Jean-Marc Ayrault. L’aéroport  est voulu par des baronnies locales et régionales pour concentrer l’essentiel des activités économiques autour de la capitale régionale. Ce qui débouche sur l’éparpillement de l’habitat de plus en plus loin autour de Nantes comme c’est aussi le cas autour des autres capitales régionales quelques décennies après Paris. Cette concentration des activités économiques et des emplois au cœur des grandes agglomérations tandis que l’habitat s’éparpille en lointaine banlieue  - selon les possibilités que le marché spéculatif laisse à chaque ménage-  nous prépare une société encore plus énergivore qu’aujourd’hui. La « règle verte » et la « planification écologique » sont des concepts pertinents pour prendre le contrepied de la dictature du marché spéculatif. Encore faut-il travailler sur la faisabilité  de ce que l’on propose. Ainsi, les avantages fiscaux permettant d’accélérer l’isolation des bâtiments et peut-être même de réduire la circulation sur route en soutenant le covoiturage seraient bien plus pertinents que ceux qui ont soutenu  depuis 18 ans l’investissement privé dans le logement locatif connus sous les noms des ministres Périssol, Besson,  De Robien, Scellier et Duflot  aujourd’hui, sans réel rapport avec la satisfaction des besoins . 

    Réduire les transports individuels et la consommation énergétique des bâtiments et des machines, réapprendre à bien gérer des biens qui ne coûtent rien comme l’air et l’eau de pluie fait partie des mesures à mettre en place progressivement pour aller vers une société sobre en carbone. Car ce début de siècle nous met déjà sous la contrainte du réchauffement climatique, de la cherté des énergies fossiles comme des produits alimentaires de base.
    La solution globale des problèmes planétaires va beaucoup dépendre de la manière dont seront conduites les agricultures à l’opposé de cette mondialisation capitaliste, dévastatrice  dans le cadre de la course au profit.  L’enjeu est de « Produire mieux pour manger tous, d’ici 2050 et bien après » (1). Là aussi, il convient de passer aux travaux pratiques en matière de « règle verte » et de « planification écologique » sur fond de souverainetéalimentaire. La « règle verte » et la « planification écologique » sont particulièrement pertinentes pour  une agriculture durable  alors que  la qualité globale des terres agricoles et de l’eau est déjà altérée par la course au profit.

    Si nous voulons que l’émulation entre ses composantes améliore  la performance politique globale du Front de gauche  dans les prochaines années, il faut que les assises pour une refondation sociale et démocratique servent à trouver des majorités d’idées pour changer la donne et plutôt que des petites phases pour soigner sa com’.

    (1) C’est le titre du prochain livre de Gérard le Puill à paraître chez Pascal Galodé éditeurs. En libraire le 21 juin 2013


      Partager cet article
      Repost0
      14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 15:30

      Affaire Tapie : «Les responsabilités politiques doivent être établies »

       

      Après la mise en examen d'un des trois juges dans l'affaire de l'arbitrage entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais, Stéphane Richard, l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, vient à son tour d'être mis en examen pour « escroquerie en bande organisée », avec jean-François Rocchi, ancien président du consortium de réalisation, chargé de la gestion du passif de la banque.

      Le travail de la police et de la justice doit aller à son terme. A ce stade de l'enquête sur l'attribution de 403 millions d'euros à Bernard Tapie dans l'affaire Crédit Lyonnais / Adidas et des récentes mises en examen, comment imaginer que l'arbitrage en faveur de l'homme d'affaire n'est pas le fruit d'une décision politique en 2008 ? Au sommet de l'État ? Au sein du gouvernement ? Il faut donc remonter jusqu'à la source de cette affaire, celle d'une oligarchie politico-financière qui pensait pouvoir agir en toute impunité. Bernard Tapie en apprenant la nouvelle de l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007 se serait écrié : « J'ai les sous !». Et nous, la nausée.

      Les responsabilités politiques doivent être établies.

       

      communiqué PCF

      Partager cet article
      Repost0
      14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 13:33

       pourquoi les taux sont-ils si bas ?

      C’est historique, les taux de crédit immobilier ont atteint un nouveau record. « En mai 2013, les taux des prêts du secteur concurrentiel (hors assurance et coût des sûretés) se sont établis à 2,97 % en moyenne”, a ainsi annoncé début juin l’Observatoire Crédit Logement/CSA, précisant que « jamais par le passé, les taux des crédits immobiliers n’étaient descendus aussi bas ». Au point d’être tombé largement en dessous du précédent historiquement bas de novembre 2010, lorsqu’ils étaient descendus à 3,25 %.

      Alors, comment expliquer ce niveau ? Va-t-il relancer un marché immobilier quelque peu ralenti ? Et cette tendance est-elle durable ?

      Maison sud ouest

      Pourquoi un taux aussi bas ?

      Tout d’abord, il faut envisager que le contexte économique général est plutôt à la morosité et sur le modèle de la Banque centrale européenne (BCE), tous les taux d’intérêt sont largement à la baisse. Le taux directeur de la BCE est ainsi descendu à 0,50 % le 2 mai dernier, là encore du jamais vu, et les obligations assimilables du Trésor (OAT) sont sur la même tendance, l’OAT 10 ans passant sous les 1,70 % en avril.

      D’un point de vue beaucoup plus pragmatique, les établissements bancaires perpétuellement en concurrence ont suivi le mouvement et pris la décision de baisser leurs taux d’intérêt. Car comme vous le savez sûrement, les prêts bancaires – et plus précisément les crédits immobiliers – sont un moyen de fidéliser de manière pérenne de nouveaux clients et ainsi de consolider la vitalité des banques. Et ce d’autant plus facilement que le niveau actuel du taux directeur de la BCE, qui détermine le coût de leur refinancement sur les principales opérations de crédit, et celui de l’OAT 10 ans, leur référence pour établir le niveau de leurs prêts à taux fixe, les placent dans une position très favorable.

      Une tendance pas prête de changer

      Si l’on en croit les économistes et les professionnels du secteur, les taux ne devraient pas remonter sur le moyen terme, toujours au vu d’un contexte économique et financier faisant grise mine.

      La bonne nouvelle pour les consommateurs, c’est que cette situation leur est particulièrement favorable et que, de fait, les futurs acquéreurs ont d’autant plus la main pour négocier des taux de crédits avantageux. Ce contexte profite également aux emprunteurs qui ont contracté un crédit il y a quelques années et qui n’hésitent plus à renégocier de meilleurs taux.

      Et pour les prix ?

      Néanmoins, si l’on estime qu’un couple au dossier solide peut actuellement obtenir un emprunt sur quinze ans avec un taux pouvant « descendre » jusqu’à 2,6 %, il faut prendre en compte que le marché immobilier, même si les prix diminuent dans certaines régions, reste somme toute stable et qu’aucune baisse de prix spectaculaire n’est à attendre. A noter également que certaines facilités, tel le prêt à taux zéro dorénavant dirigé exclusivement sur le neuf, ont été largement rabotées.

      Partager cet article
      Repost0
      14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 13:22

      lll pour changer notre société, de quelle République  avons-nous besoin ?

      En finir avec les monologues élyséens, réoxygéner la démocratie

      Par Jean-Pierre Dubois, professeur de droit public à l’université paris-XI, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme (LDH).

       

      Comparée à d’autres, la République française est certes une démocratie, mais une démocratie très imparfaite, car la démocratie suppose du pouvoir citoyen et de l’égalité réelle. Le pouvoir aux citoyens, c’est vrai dans les discours. Mais dans la vie réelle, nos institutions reposent essentiellement sur le mandat représentatif et sur la concentration « présidentialiste » du pouvoir. Le mandat représentatif, c’est la « démocratie de délégation », qui dessaisit le peuple, entre deux scrutins, du pouvoir réel. Des promesses sont faites, les élus n’ont pas à les tenir, les citoyens doivent attendre cinq ans pour en tirer les conséquences et votent plus pour sanctionner le passé que pour construire l’avenir. Les « gouvernés » ne sont que des « souverains » à éclipses.

      Or, avec la diffusion de l’éducation et de l’information, les nouveaux médias qui permettent une interactivité constante, ce pouvoir qui échappe crée un gouffre entre représentants et représentés. On ne peut certes pas rassembler les citoyens pour décider tous ensemble chaque jour, mais il faut mettre la représentation sous contrôle citoyen, pour rétablir la réalité du rapport démocratique entre le peuple et ceux qui décident en son nom et par sa volonté. D’autres démocraties permettent au suffrage universel de défaire ce qu’ont fait les représentants ou d’interrompre un mandat en cours. Il faut s’en inspirer pour créer de nouveaux outils démocratiques, et aussi mettre fin au cumul des mandats qui divise la République en petites féodalités. Pour que les citoyens ne s’éloignent pas du politique, il faut que le politique cesse de s’éloigner du citoyen.

      À cet excès de délégation sans contrôle s’ajoute une étouffante « monarchie républicaine ».

      Partout ailleurs en Europe, les « chefs de gouvernement » ne décident pas seuls, les ministres ne sont pas que des exécutants, aucun parti ne verrouille les choix essentiels au service d’un seul homme. Même aux États-Unis, où le président détient l’essentiel du « pouvoir exécutif », il ne peut rien imposer d’important au Congrès, à la Cour suprême, ni aux 50 États fédérés.

      En France, les décisions présidentielles sont exécutées sans discussion réelle par le gouvernement et votées quoi qu’il arrive par la majorité des députés : au-delà des « formalités » constitutionnelles, un seul homme fait la loi. Tous les cinq ans, le peuple choisit un « monarque élu » ; l’« état de grâce » (!) laisse vite place à la déception, voire à la colère devant l’écart entre les mots et les actes. Et là encore, l’élection suivante se joue sur le passé (chasser celui qui a déçu) plus que sur l’avenir (choisir un projet politique). Le « présidentialisme » n’a aucun contrepoids sérieux, si bien que les gouvernants ne sont pas responsables de leurs actes : le gouvernement est responsable devant les députés mais ce n’est pas lui qui décide de l’essentiel, et celui qui décide vraiment n’est responsable devant personne jusqu’à la fin de son mandat.

      La démocratie vit de pluralisme et de discussions collectives. On ne peut la réoxygéner sans en finir avec les monologues élyséens.

      Mais la République n’est elle-même que quand elle est, aussi, sociale : « gouvernement du peuple, par le peuple » mais aussi « pour le peuple », proclame notre Constitution. Car toute démocratie marche sur deux jambes : la liberté et l’égalité. Mais quelle égalité ? Nous sommes censés « naître et demeurer libres et égaux en droits », égaux devant la loi, l’impôt, les services publics. Mais le plus gros de l’impôt (taxes sur la consommation) pèse sur les plus pauvres, la protection sociale (remboursements des soins, retraites, indemnisation du chômage) se rétrécit, les services publics reculent devant la logique marchande. Ce que vit le citoyen, c’est l’inégalité croissante entre ceux qui peuvent pratiquer « l’évasion fiscale » et ceux qui ne vivent que de leur travail ; ceux qui peuvent se payer une bonne assurance et ceux qui doivent se passer de soins parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer le « reste à charge » ; ceux qui peuvent financer des études chères pour leurs enfants et ceux qui devront les laisser se débrouiller ; ceux qui peuvent encore acheter un logement ou supporter des loyers exorbitants et ceux qui doivent se contenter des quartiers à habitat dégradé, squatter ou dormir dans la rue. Le monde réel ne ressemble pas aux publicités télévisées : la France s’enrichit mais le plus grand nombre subit la régression des conditions de vie et la peur de l’avenir.

      Or l’égalité fiscale, l’égalité de protection sociale, l’égalité par les services publics, c’est ce qui fait que l’on se sent vivre vraiment « en République ». La démocratie, ce n’est pas qu’une affaire de réformes institutionnelles ou de comportements des élus, mais aussi une question de choix politiques. Pour qui et pour quoi gouverne-t-on ? Croit-on ou non à l’égalité ? A-t-on ou non le courage de briser les concentrations de pouvoirs financiers et économiques, de ne pas céder aux lobbies, de choisir ce qui améliore la vie réelle du plus grand nombre ?

      Tout n’est certes pas possible en un jour et par magie. Raison de plus pour ne pas remettre toujours à plus tard la reprise de la marche vers plus d’égalité et plus de démocratie réelle dans la République. Puisque « la crise, c’est maintenant », que le mot d’ordre soit désormais : « le courage, c’est maintenant ».

      Jean-Pierre Dubois

      Partager cet article
      Repost0
      14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 13:19

      POLITIQUE -  le 14 Juin 2013

       

      Le chemin de l’humain, l'éditorial par Paule Masson

       

       

      Qui aurait dit, il y a un an, qu’une partie de la gauche devrait prendre l’initiative d’organiser des assises du changement, en invitant largement 
la gauche qui ne renonce pas à s’exprimer sur un nécessaire changement de cap d’une politique conduite par un gouvernement… de gauche ! La situation est pour le moins inhabituelle. Mais logique.

      Dans les rangs 
de la majorité, le doute s’installe. Le temps de l’observation silencieuse et de l’attente d’une réforme sociale digne 
de ce nom arrive doucement à terme. En un an, le rythme intense des contre-réformes, qui ont placé un peu plus la France dans le sillon du libéralisme économique, constitue un capital d’expériences pour toutes celles 
et tous ceux qui ont pensé comme Vauvenargues que 
« la patience est l’art d’espérer ».

      Bien des critiques ont été jusqu’alors retenues par espoir de renouer avec une ambition sociale et humaniste, valeur cardinale de la gauche. Mais plus 
les décisions du gouvernement enfoncent le pays dans 
la crise, plus les ministres se comportent en technocrates. Calculette en main, ils ne parlent plus que de compétitivité, de baisse du coût 
du travail, de réduction des déficits publics, 
de rassurer les marchés, d’argent, valeurs cardinales de la droite. La manière dont l’Élysée aborde la future réforme des retraites ne dément 
pas cette posture. Même 
si François Hollande marche sur des œufs, car il touche 
à un pilier du modèle social et crispe son électorat, 
il prépare les esprits à un nouveau durcissement des conditions de départ. Au nom, là encore, des contraintes budgétaires.

      Quand une initiative fait mouche, c’est souvent que l’idée est bonneet qu’elle est prise au moment opportun. Depuis que le PCF a lancé l’idée, à la mi-avril, 
alors qu’éclatait l’affaire Cahuzac, d’organiser 
des assises pour « changer de cap en France et en Europe », le 16 juin, le rendez-vous a pris consistance et a dépassé les frontières du Front de gauche. Le rassemblement s’annonce large, de l’aile gauche du PS au NPA, 
en passant par plusieurs personnalités d’Europe Écologie-les Verts, des syndicalistes de la CGT 
ou de Solidaires, des associations comme Copernic, 
le CCFD ou la Maison des potes. L’objectif est d’ouvrir un espace de débat avec toutes celles et tous ceux 
qui pensent urgent de replacer la politique sur le chemin de l’humain, donc, de rompre avec le diktat de l’austérité.

      La décision, d’une brutalité inouïe, de couper l’antenne de la radiotélévision publique en Grèce montre à quel point, à s’y résoudre, l’austérité est sans fin. Peu à peu, les vraies raisons de ce quasi-coup d’État se font jour. Antonis Samaras, premier ministre, aurait voulu prouver qu’il est capable de mettre en œuvre 
le programme d’assainissement budgétaire exigé par 
la troïka, ce triumvirat tout dévoué à la finance formé par des représentants de l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI. Les Grecs ont depuis longtemps perdu patience. Économiquement à genoux, le pays social est debout. En France aussi, la marmite sociale commence à bouillir. 100 % des contrôleurs aériens ont suivi le mouvement contre la libéralisation 
du secteur. Les cheminots ont massivement fait grève, hier, pour exiger une réforme ferroviaire qui améliore 
le service public. Les personnels de santé, qui manifestent demain, s’annoncent tout aussi mobilisés. Manifestations d’impatience ? Plutôt une exigence de changement de cap.

      Partager cet article
      Repost0
      14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 13:05

      STÉPHANE RICHARD : LES SÉRAPHINS DE LA PRESSE
      Par Daniel Schneidermann le 14/06/2013

      Et dire qu'Orange avait un si bon patron, et que la presse, pudique, n'en disait rien ! Douce musique dominante pour le maintien à son poste de Stéphane Richard, PDG d'Orange, qui vient d'être mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans l'affaire Tapie : c'est un bon patron. Ainsi chantent les "employés" de l'inévitable micro-trottoir de France 2, l'autre soir (lesdits "employés" ressemblent davantage à des cadres supérieurs qu'à des vendeurs de boutiques, mais peu importe). Ainsi pianote cet article du Monde, (lien abonnés) titré sur le"large soutien" dont bénéficierait Richard chez Orange. Tout au long, l'auteur, Cécile Ducourtieux, ne cite que des cadres supérieurs ou des cadres. Il faut attendre les deux derniers paragraphes, tout en bas, pour apprendre que la CGT et Sud n'entendent pas se joindre au concert unanime.

      Tardive mais délicieuse découverte : un escroc a donc le droit d'escroquer, même en bande organisée, pourvu qu'il soit "un bon patron", apprécié des cadres. C'est un nouveau critère, qu'il importe d'insérer d'urgence dans le code pénal. Au rang des  circonstances atténuantes que dispensent à Richard ses chers amis de l'establishment journalistique, il faut ajouter que seule la séduction intellectuelle a guidé sa prodigieuse carrière. C'est ce qui ressort du portrait enamouré, tout enluminé de séraphins et d'angelots, que brosse de lui Raphaëlle Bacqué, toujours dans Le Monde (et toujours lien abonnés). "Séduit" par l'énergie de Sarkozy, qu'il rallie en 2007, Richard a aussi été "bluffé"par "l'aisance de Dominique (Strauss-Kahn, NDR), son intelligence, et Anne Sinclair". Quelques années plus tôt, il est vrai qu'il avait été "happé par la séduction" exercée par un Dom Juan nommé Jean-Marie Messier. Quelle cruauté, que celle des juges et des policiers, osant poser leurs grosses pattes sales dans un univers si raffiné !

      Dans l'emballement actuel de l'affaire Tapie, chaque jour apporte son lot d'informations, vraies ou bizarroïdes. On se réveillait hier au son du "j'ai les sous", exclamation joyeuse attribuée à Tapie, le jour de l'élection de Sarkzoy, par un de ses anciens partenaires d'affaires, Benoit Batherotte. Ledit Bartherotte nuance aujourd'hui : il ne fallait pas prendre la citation au pied de la lettre. Dommage pour tous ceux qui l'ont reprise, et gobée. Aujourd'hui, nouveau rebondissement : on apprend que le Séduit de la crêche, Richard donc, a balancé à la police, pendant sa garde à vue, que Tapie avait assisté à une réunion à l'Elysée, pour mettre sur pied la procédure d'arbitrage. Information nettement plus importante, mais qui fait nettement moins de bruit que celle de la veille. En attendant celle de demain.

      séraphins et angelots


      Partager cet article
      Repost0

      BRUNO FORNACIARI

      HPIM3303

      Recherche

      Texte Libre