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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 08:25

Attentats Paris - Intervention d'André Chassaigne au Congrès

Messieurs les présidents,

Mes chers collègues,

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames et Messieurs les ministres,

La vie, la liberté ont été frappées, ensanglantées, à nouveau à Paris.

Le terrorisme aveugle a tué des anonymes, dont nous découvrons progressivement les noms inscrits sur la liste interminable des vies volées lors de cette sinistre soirée de vendredi.

Sans faire de distinction d’origine ou de religion, les criminels ont frappé aveuglément. Ils ont frappé dans des « lieux de vie où l’on fête la vie », un stade de foot, un restaurant, une salle de concert…

À travers le visage des victimes, c’est le visage de la France et de l’humanité dans toute sa richesse, sa jeunesse et sa diversité qui a été visée par ces actes de barbarie.

C’est la République, ses valeurs, son histoire, ses lumières, qui viennent, une fois encore, d’être frappées au cœur.

Mais la République est débout. Elle est débout et elle le restera !

Elle est debout car elle est forte de ses valeurs de Solidarité et de Fraternité.

Nos infirmières et médecins, nos forces de l’ordre, nos concitoyens ont su se mobiliser et incarner ces valeurs par leur dévouement. Leur implication de tous les instants depuis les attaques terroristes.

Ces gestes de solidarité ont pris des formes multiples, y compris par les réseaux sociaux. Les Parisiens ont ouvert leurs portes aux personnes qui cherchaient un abri pour fuir le chaos, ils donnent aujourd’hui leur sang après l’appel au don qui a été lancé par les autorités.

Ce formidable élan de solidarité de ces héros anonymes associé au courage et au dévouement du service public de la police, de la gendarmerie, des pompiers, du Samu et des soignants prouve combien notre pays est grand, combien il est beau quand les citoyens s’unissent, quelles que soient leur situation sociale, leur couleur de peau, leur origine, leur religion, pour résister à la barbarie et la violence aveugle.

C’est à cet élan de résistance qu’il faut donner force et durée contre le poison de la division que des voix irresponsables ont malheureusement répandu, dès les premiers instants. La division de notre communauté nationale est l’objectif recherché, théorisé, des terroristes qui agissent au nom de Daech. Tous ceux qui alimentent cette division, sont, de fait, des relais de Daech.

C’est pourquoi nous refusons tout amalgame, tout discours islamophobe qui tente de récupérer le drame national. Ce serait à la fois profondément injuste et dangereux. Les musulmans ne forment qu’une communauté, celle qu’ils forment avec nous, la communauté nationale. Eux aussi sont assassinés par les terroristes, eux aussi font vivre notre pays, sa police, son armée, ses écoles, ses hôpitaux come ses usines. Eux aussi aspirent à la paix. En les stigmatisant, c’est la communauté française toute entière qui est fragilisée. Ce serait la première des victoires des terroristes.

Notre pays a besoin, plus que jamais, d’un Etat fort et de refonder son avenir sur des choix politiques transformateurs et partagés, affrontant courageusement toutes les dominations, toutes les discriminations, toutes les inégalités pour offrir un rempart solide face aux divisions.

Face à la terreur, le pire peut se produire. Le pire, mais aussi le meilleur. Nous l’avons vu au cours de ces trois derniers jours.

Ensemble, luttons jusqu’au bout pour que le meilleur l’emporte face à l’épreuve qui frappe notre peuple, ou plutôt les peuples du monde, afin qu’ils ne sombrent pas dans les pires turpitudes, comme le souhaite l’ennemi que nous devons affronter et combattre sans pitié.

Je dis les « peuples du monde » parce que les terribles images de ce vendredi soir sanglant dans notre capitale et la frayeur qui s’est abattue sur notre pays nous ont donné un aperçu de ce que vivent les milliers de réfugiés qui fuient les théâtres de guerre, notamment en Syrie et en Irak, où prospère Daech.

Daech, cette créature monstrueuse qui a frappé en moins d’un mois Ankara, Beyrouth et Paris n’est pas un phénomène spontané. Daech a une histoire dont les racines sont ancrées dans la situation de chaos provoquée par les interventions de 2003. Depuis la guerre en Afghanistan, les foyers du terrorisme international se sont multipliés. Al Quaeda – « création américaine », selon les propres mots d’Hilary Clinton – est aujourd’hui supplantée par Daech que la politique occidentale menée dans la région a en grande partie enfanté.

C’est pourquoi il conviendra de s’interroger, avec le Parlement dans son ensemble, sur les effets de notre politique internationale et diplomatique dans la guerre contre Daech. Nous devrons mesurer les conséquences des « guerres globales contre le terrorisme » sur le recrutement de ses terroristes, autrement dit sur le terreau qui alimente cette armée. Nous devrons réfléchir sur les moyens, au-delà des bombes, de terrasser notre ennemi en asséchant ses mannes financières colossales. Nous devrons enfin nous demander si les peuples sont prêts à tous les compromis avec les puissances fondamentalistes de la région au prétexte qu’elles sont libérales économiquement et que nous commerçons avec elles. Je le dis avec gravité : nous ne serons pas en mesure d’offrir la sécurité légitime auquel notre peuple aspire sans résoudre toutes ces questions.

L’état d’urgence a été déclaré sur notre territoire national et devrait être prolongé pour plusieurs mois. Le parlement devra donner son autorisation dans les jours qui viennent et modifier la loi de 1955. Nous examinerons ce projet de loi avec la volonté chevillée au corps d’offrir la meilleure des sécurités à nos concitoyens sans mettre en péril les libertés auxquelles ils sont, et nous sommes, tant attachés. Protéger les français, notre République, c’est aussi protéger nos libertés fondamentales. Cette approche doit être au cœur de nos décisions.

Le Gouvernement doit être assuré de notre soutien à toutes les mesures qu’il mettra en place pour vaincre les criminels qui sont à l’origine de ce cauchemar dont nous avons peine à sortir, pour déjouer tous les crimes que Daech souhaiterait perpétrer sur notre territoire ou dans d’autres pays pour former son califat bâti sur les ruines de l'Irak et de la Syrie.

Il doit être également convaincu de toute notre détermination à ne pas voir notre pays sombrer dans la peur et les divisions qui nous conduiraient aux pires erreurs que notre ennemi souhaite nous voir commettre.

Nous œuvrerons donc, encore et toujours, pour donner à notre Etat les moyens de sa propre force et de son courage, les moyens de remplir ses missions régaliennes sans lesquelles nous sommes condamnés à l’échec. Comment vaincre sans une armée et une police forte ? Comment résister sans un service public de secours et de santé performant ? Comment prévenir sans une école à la hauteur de sa lourde tâche d’éduquer et de former les citoyens de demain ?

Ces questions nous semblent essentielles.

Le deuil national dure trois jours, le deuil personnel de chacune des familles touchées durera infiniment plus longtemps. Chacun, je le crois ici, aura aussi un long travail de deuil à faire et pleurera encore longtemps toutes ces victimes qui sont une perte immense pour notre pays.

Je pense aussi à tous nos enfants qui doivent continuer à s’épanouir malgré un environnement violent. C’est pourquoi, nous responsables politiques, représentants de la nation, nous devons faire face au défi terroriste avec responsabilité, courage et dignité.

Nos concitoyens comptent sur nous pour être à la hauteur, dans l’unité et la cohésion nationale pour leur offrir un monde meilleur, un monde plus juste.

Et alors, nous pourrons dire avec le poète : « un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange, Un jour de palme un jour de feuillages au front, Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront, un jour comme un oiseau sur la plus haute branche ».

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14 novembre 2015 6 14 /11 /novembre /2015 13:44

Face aux attentats, rassemblons-nous pour la liberté, l'égalité, la fraternité, et la paix (Pierre Laurent)

Notre pays vient de vivre l'un des pires événements de son histoire. Les attaques terroristes simultanées de la nuit dernière à Paris et à Saint-Denis, revendiquées par Daesh, faisant à cette heure 127 morts et 200 blessés, sont effroyables. La France est en deuil.

Au lendemain de ce carnage, nos premières pensées se tournent vers les victimes, leurs familles, leurs proches, les témoins et tous ceux dont la vie a été menacée. Pour tous, la douleur est immense. Chacun en France s'en sent profondément meurtri.

Nous saluons l'action des forces de l'ordre, des secours, des urgentistes et personnels de santé et des agents territoriaux dont la mobilisation a été exemplaire ainsi que la solidarité des habitants qui s'est immédiatement manifestée.

Moins d'un an après les attentats de janvier dernier, la République est frappée en son cœur.

Alors que l’État d'urgence vient d'être décrété par le gouvernement, le renforcement des moyens de police et de justice est un impératif. L’État doit trouver durablement les moyens adaptés pour garantir la sécurité de toutes et de tous.

J'appelle notre peuple à ne pas céder à la peur, à se rassembler pour la liberté, l'égalité et la fraternité, et pour la paix. Nous devons refuser les amalgames et les stigmatisations. Ensemble, nous devons rejeter fermement la haine et les racismes.

La France est touchée par la guerre et la déstabilisation qui minent le Proche et le Moyen-Orient. La lutte contre le terrorisme appelle une mobilisation redoublée et des solutions internationales.

Elle ne pourra triompher que dans la mobilisation pour un projet de société solidaire qui place au cœur de tous ses choix l'émancipation humaine, les valeurs de la République et la paix.

Le PCF, ses représentants et ses élus, seront de toutes les initiatives qui, dans les prochains jours, permettront à nos concitoyens de se rassembler pour faire face à cette épreuve et ouvrir un chemin d'espoir pour notre peuple.

Dans ce moment tragique, le PCF a interrompu toute activité de campagne électorale.

Pierre Laurent, Secrétaire national du Parti Communiste français,

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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 06:12

Ambroise Croizat, le bâtisseur de la sécurité sociale

  • La Sécurité sociale a 70 ans. Cet anniversaire sera célébré mardi à la Mutualité à Paris en présence du chef de l'Etat alors que le projet de loi santé fera l'objet d'un vote solennel.

Une cérémonie à laquelle l'historien Michel Etiévent a refusé de participer dénonçant « une manipulation de l'Histoire ». Pour le biographe du fondateur de la Sécurité sociale, le ministre communiste Ambroise Croizat est une nouvelle fois le grand oublié.

Michel Etiévent que pensez-vous des commémorations du 70e anniversaire du modèle social français ?

Le problème est qu'il est médiatisé par ceux qui s'inscrivent dans le sillage de 70 ans de démantèlement de la Sécurité sociale. Et qu'une fois encore, la gauche au pouvoir comme l'a fait la droite par le passé d'ailleurs, utilise la figure de Pierre Laroque. Or, faut-il le rappeler, et malgré tout le travail qui a été fait, Pierre Laroque n'était qu'un fonctionnaire d'Ambroise Croizat, le bâtisseur. Cette utilisation relève de la manipulation. Cela permet d'une part de ne pas évoquer les actions des communistes dont celles d'Ambroise Croizat et de François Billoux, ministre de la Santé de l'époque. Et d'autre part d'effacer la notion même de construction collective de la Sécurité sociale. Car celle-ci est une fabrication du peuple de France. De tous ses ouvriers, essentiellement cégétistes qui ont bâti les caisses dans un enthousiasme absolument indescriptible.

Quelle est la genèse de la Sécurité sociale ?

C' est une longue bataille qui nous vient du fond des siècles. Depuis le moment où le peuple a voulu en finir avec la charité pour aller vers la solidarité. Elle se nourrit de la Révolution française. Dans l'un des articles de la Déclaration des Droits de l'Homme de 1793, il est cité la nécessité du droit à la santé en ces termes :
« les secours publics sont une dette sacrée ». Puis, il y a eu le combat des mutuelles au 19e siècle, des syndicats et enfin des assurances sociales. Mais le socle fondateur est le programme du Conseil national de la Résistance qui en 1944 stipule que devra naître une Sécurité sociale. A cette époque Ambroise Croizat est à Alger avec le général De Gaulle. Il va alors s'emparer de cette phrase du CNR : « nous combattants de l'ombre exigeons une véritable démocratie sociale impliquant un plan de sécurité sociale qui permettra de donner des moyens d'existence à tous ceux qui ne peuvent se les procurer par le travail avec gestion par les intéressés ». Entouré de résistants et de parlementaires, il va entamer une réflexion. Puis, l'ordonnance 4 octobre 1945 va définir l'existence de la Sécurité sociale. Une ordonnance qui ne comportera que quatre pages. Restera donc à construire le système. Et ce sera l'œuvre principale du peuple de France qui se fera en huit mois seulement. 138 caisses et 113 centres d'allocations familiales sont bâties bénévolement par ce petit peuple qui va désormais gérer son nouveau droit à la santé.

Pourquoi s'être intéressé à l'homme auquel vous avez consacré une biographie ?

Je suis attaché au personnage pour des raisons qui tiennent notamment à mon enfance. J'ai été élevé dans la maison où il est né à Notre-Dame-de-Briançon (Savoie). Et très tôt j'ai entendu parler de cet homme. Ceux qui m'en parlaient avaient les yeux qui pétillaient. Tout simplement parce qu'il avait fait renaître un sentiment de dignité dans le quartier en créant la Sécurité sociale mais pas seulement. Les Comités d'entreprise vont aussi voir le jour et avec eux, l'opportunité de partir en vacances, la possibilité de lire ou encore d'obtenir des bourses scolaires par exemple...

Pour Ambroise Croizat, la création de la Sécurité sociale s'inscrit dans la suite logique de son engagement pris très jeune...

En 1906, son père lance la première grande grève en France justement pour la protection sociale. Il est licencié non sans avoir obtenu malgré tout la création de la première caisse de secours, les prémices de la Sécurité sociale. Sa famille s'installe alors dans la région de Lyon. Le jeune Ambroise adhère à la CGT à 13 ans puis au Parti communiste français. Il va ainsi poursuivre le combat de son père. Il sera élu député de Paris, puis déporté par Pétain, avant de devenir ministre du Travail à la Libération.

Un ministre du Travail qui en deux ans seulement va laisser un héritage social considérable…

Effectivement. Mais s'il est au gouvernement à la Libération et qu'il crée la Sécurité sociale, c'est parce qu'il existe à cette époque un vrai rapport de force.
Et celui-ci est simple : 29% des voix au PCF, 5 millions d'adhérents à la CGT, une classe ouvrière grandie par sa résistance et un patronat mouillé par sa collaboration. Mais l’œuvre d’ Ambroise Croizat ne s’arrête pas à la Sécurité sociale. Il est à l’origine de bien d’autres conquêtes comme la mise en place de la médecine du travail, la prévention dans l'entreprise, mais aussi les statuts différents de la fonction publique avec Maurice Thorez, ou encore ceux des électriciens gaziers avec Marcel Paul...

Alors pour quelles raisons Ambroise Croizat est-il le grand oublié de l'Histoire ?

Tout d'abord parce qu'il est communiste. Et qu'on ne veut pas attribuer une conquête aussi énorme que celle-ci à un communiste. D'ailleurs, il répétait souvent : « ne dites jamais acquis social, dîtes conquis social pour bien montrer que les choses ne sont jamais acquises mais qu'elles sont conquises ». Et puis à partir du moment où les Etats-Unis créent le syndicat FO en France pour casser l'unité ouvrière, on voit bien dès la fin de 1947, dès l'éviction des ministres communistes, que les attaques commencent. On exclut alors complètement Croizat de la mémoire. Il disparaît des manuels scolaires en pleine Guerre froide. Il a fallu des années de bataille pour qu'enfin hommage lui soit rendu.

Pour aller plus loin

Autobiographie. « Ambroise Croizat ou l'invention sociale » de Michel Etiévent. Disponible auprès de l'auteur :
Michel Etiévent 520 avenue des thermes 73600 Salins les Thermes. Règlement 25 euros+5 euros de port à son ordre.
Documentaire. Diffusion courant octobre sur France 3 du documentaire de 52m « La sociale » de Michel Etiévent et Gilles Perret avant la sortie en salles d'une version longue.
Conférence. Le 2 décembre, l'historien animera une rencontre sur Ambroise Croizat à la Médiathèque de l'Alcazar (Marseille 1er) 58 cours Belsunce. 04 91 55 90 00

Et pourtant, il est toujours d'une très grande modernité...

Ambroise Croizat fait partie de ces hommes issus de la Libération qui ont su mettre l'Homme au centre de leurs choix politiques. Il disait « ce n'est pas les banques qu'on veut sauver, c'est l'Homme ». Sa force est d’avoir su faire le lien entre le social et le politique. « Si on veut une économie de qualité à la hauteur des besoins d'une nation il faut un véritable statut social à la hauteur des besoins des hommes » repétait-il. L'idée était de protéger l'individu de sa naissance à la mort. Ce qu’il a d’ailleurs fait avec le triplement des allocations familiales par exemple. Puis en lançant les lois sur la formation professionnelle, puis les conventions collectives, les statuts, la prévention dans l'entreprise... Et pour finir, la généralisation des retraites. Tout cela reste d'une actualité extrêmement brûlante.

Et pourtant la casse du système a commencé il y des décennies…

En effet, elle débute à partir des années 1958, essentiellement avec le général De Gaulle. Au départ, les caisses de Sécurité sociale selon les vœux du CNR, étaient gérées par les ouvriers. Trois quarts des sièges dans les Conseils d'administration étaient attribués aux salariés, un quart aux patrons. De Gaulle commence par supprimer l'élection du directeur par le Conseil d'administration. Celui-ci sera désormais nommé par l'Etat. Deuxième chose, il établit un contrôle préalable des budgets. Et l'Etat commence à s'en emparer. Avec les ordonnances de 1967, le général De Gaulle coupe la sécurité sociale en tranches. Alors que tous les risques sociaux sont dans la même caisse, ce qu'on appelait l'unicité, il organise trois grandes caisses différentes. Il supprime les élections et surtout établit le paritarisme. Après, c'est une avalanche de plans successifs : les plans Barre, Dufoix, Juppé, Raffarin... On établit les franchises, on dérembourse les médicaments, on instaure le forfait hospitalier et on arrive aujourd'hui à une situation où près de 30% des Français ne peuvent pas, renoncent ou hésitent à se soigner pour des raisons financières. C'est 70 ans de casse du système de protection sociale. Et au fond, ces commémorations sont une vaste fumisterie, d'une hypocrisie terrible.

Alors dans un tel contexte, comment saluer le travail d’Ambroise Croizat ?

Le meilleur hommage qu'on puisse lui rendre, c'est dans la rue le 8 octobre pour défendre cette immense conquête. Et de garder en tête ses paroles : « Jamais nous ne tolérerons qu’un seul des avantages de la Sécurité sociale soit mis en péril. Nous défendrons à en perdre la vie et avec la plus grande énergie cette loi humaine et de progrès ». Afin que la Sécurité sociale ne soit pas une coquille vide livrée au privé mais qu'elle reste ce que ces femmes et ces hommes de la Libération ont voulu qu'elle soit : un vrai lieu de solidarité, un rempart contre la souffrance, le rejet et l'exclusion.

Mais comment résister en 2015 ?

Il existe aujourd'hui près de deux mille points de lutte en France. Alors comment les fédérer au sein d’un grand mouvement qui pourrait ressembler à celui du Front populaire par exemple ou à celui de la Libération ? Il est évident que rien ne sera possible sans rapports de force. Rapports de force, qui dans l'Histoire, ont permis de faire plier le patronat. Il n 'existe aucun conquis social qui n'ait été précédé d’une intervention populaire.

Entretien réalisé par Sandrine Guidon pour "la Marseillaise"

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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 08:08

INDÉCENT ! Les chômeurs ont besoin de travail pas d'être traqués

Le gouvernement a trouvé une idée géniale pour inverser la courbe du chômage : à défaut de créer des emplois, il va supprimer les chômeurs.

Plutôt que de traquer les chômeurs, poursuivons les entreprises qui touchent des fonds publics sans créer d'emplois. Baissons le coût du capital au nom de l'efficacité sociale, pas le « coût du travail ».

Le 8 octobre les salarié-e-s, manifesteront pour pour exprimer leurs attentes, leur exaspération grandissante face à une situation qui ne cesse de se dégrader et pour exiger une autre répartition des richesses qu’ils produisent.

FLIQUER NE CREE PAS D'EMPLOI

A dater du 28 septembre, Pôle Emploi met en place un nouveau dispositif de contrôle des chômeurs. Une brigade de contrôleurs vérifiera les démarches du demandeur d'emploi. Première sanction: 15 jours de radiation pour le premier manquement et, s'il se répète, six mois de radiation. Ce dispositif testé en Poitou-Charentes, a conduit à la radiation de 13 % de chômeurs. Le gouvernement a trouvé une idée géniale pour inverser la courbe du chômage : à défaut de créer des emplois, il va supprimer les chômeurs.

LES DIVIDENDES COMME OBJECTIF

Si les gens ne trouvent pas d’emploi, c’est simplement parce qu’il n’y a pas d’emploi, 5,5 millions de chômeurs sont inscrits pour seulement 320 000 offres disponibles sur le site de Pôle Emploi ! La majeure partie : des emplois précaires et sous payés. Avec des chiffres aussi misérables, comment peut-on demander de se justifier ? Les seuls emplois que créeront ces nouvelles mesures de contrôle seront les emplois de contrôleurs. Ces contrôleurs seraient plus utiles pour contrôler les milliards d'aides données aux entreprises soi-disant pour développer l'emploi et qui, en fait, ne servent qu'à améliorer leurs marges. 34 % d'augmentation des profits des entreprises du CAC 40 au premier semestre 2015. Quel-le salarié-e peut en dire autant ?

COUT DU TRAVAIL OU DU CAPITAL ?

Depuis des années, avec Sarkozy comme avec Hollande/Valls, nous n'avons droit qu'à un seul discours : il faut augmenter les marges des entreprises et réduire le « coût du travail ». C'est à dire bloquer les salaires, augmenter le temps de travail comme chez Smart, réduire les allocations et les retraites, chasser les demandeurs d'emploi.

Pour le PCF, il faut baisser le coût du capital au nom de l'efficacité sociale, plus aucun soutien public aux entreprises sans contrepartie chiffrée et contrôlable à l'opposé de la précarité. Il faut sécuriser l'emploi, la formation et les revenus des salariés et développer les services publics pour répondre aux besoins humains et de la planète.

LE 8 DANS LA RUE

Les organisations syndicales CGT, FSU et Solidaires appellent les salarié-e-s à une journée de mobilisation interprofessionnelle le 8 octobre prochain. Leurs revendications :

Augmenter les salaires, les retraites, les pensions, les minimas sociaux et le point d’indice des fonctionnaires

Promouvoir l’égalité salariale femmes/hommes

Améliorer les conditions de travail et réduire le temps de travail pour créer des emplois, combattre et réduire le chômage

Pérenniser et améliorer les garanties collectives

Pérenniser et améliorer la protection sociale, les retraites complémentaires, pour garantir les droits à la santé et à la retraite

Développer les investissements pour relancer l’activité économique en tenant compte des impératifs écologiques

Conforter et promouvoir les services publics

Les communistes et le Front de gauche seront mobilisés en soutien aux salariés en lutte.

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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 07:28

Contre l'austérité en Grèce et ailleurs : Un Fonds européen pour les services publics et un crédit des banques au service de l'emploi

Conférence de presse du 8 juillet à l'Assemblée nationale
Introduction de Fédéric Boccara


Commission économique
DEPUTE-E-S FRONT DE GAUCH
E Paris, le 7 juillet 2015

La Grèce veut rester dans l’euro, sortir de l’austérité. Elle en appelle à la solidarité des autres pays et peuples d’Europe face à la crise humanitaire que son peuple vit. C’est ce qui a été exprimé avec force par le référendum dimanche.

En réalité, sortir de l’austérité est un besoin commun à tous les peuples d’Europe, pas seulement ceux des pays du sud mais aussi la France et même l’Allemagne. En ayant accepté de renégocier avec la Grèce et en affirmant ne pas vouloir l’exclure de la zone euro, les responsables politiques actuels de l’Europe confirment à leur façon que nous sommes tous interdépendants. Au-delà, les pays d’Europe ne peuvent s’en sortir les uns au détriment des autres avec une guerre économique renforcée. Une solidarité de progrès et de coopération est nécessaire.

Désormais, c’est un débat de propositions qui s’ouvre. Certains continuent de parler de Grexit mais on reconnaît la nécessité d’un traitement au fond, soutenable, de la dette et de la croissance grecque impliquant la responsabilité de toutes les parties prenantes comme vient enfin de le reconnaître François Hollande. En effet, le cas grec est révélateur du besoin de commencer à changer l’Union européenne et la zone euro.

« Grexit or not grexit », le débat fait remonter un clivage gauche-droite. Nous ne voulons pas que la Grèce sorte de l’euro. Comme les Grecs, nous voulons aussi qu’elle s’arrache à l’austérité. C’est le sens de nos propositions, lesquelles permettraient de donner de la viabilité à moyen terme à l’ensemble de la zone euro et de l’Union européenne en faisant reculer l’emprise des marchés financiers.

Plusieurs constats s’imposent en effet.

► D’abord, l’austérité cela ne marche pas. Le recul de la croissance faisant diminuer les recettes publiques encore plus vite que les dépenses augmente ainsi le poids de la dette dans le PIB.

► Deuxième constat : l’austérité démolit encore plus le potentiel de croissance future et de développement. Car celui-ci repose sur les capacités et qualifications des hommes et des femmes, sur des services publics dynamiques (formation, recherche, santé, logement, transports..), repose sur des infrastructures de bonne qualité et sur des entreprises qui, en réalisant des investissements efficaces matériels et de recherche, créent des emplois correctement rémunérés, de qualité, et respectent l'environnement.

► Troisième constat : il est indispensable d’alléger le poids de la dette ainsi que les prélèvements des marchés financiers et du capital sur les économies européennes (intérêts des dettes, coûts des emprunts bancaires, dividendes, évasions et exonérations fiscales). Ils sont énormes. Au lieu de poursuivre dans l’obsession idéologique de la baisse du coût du travail, il appartiendrait à des dirigeants vraiment responsables de faire reculer ces coûts du capital !

► Mais, quatrième constat, alléger le poids de la dette sans changer le comportement quasi-parasitaire des banques ni agir sur les entreprises c'est reculer pour mieux sauter.

Il faut donc traiter le passé (la dette) et l’avenir (les nouvelles dépenses) dans toute l’Union Européenne, et pas seulement en Grèce, en s’appuyant sur nos potentiels communs pour les développer.

Précisément, le 22 janvier dernier, la BCE a annoncé mettre 1.140 milliards d’euros à disposition de la zone euro. En octobre dernier, elle avait lancé une série d'opérations de refinancement à long terme « ciblées » sur les investissements des entreprises, pouvant aller jusqu'à 1000 milliards d'euros. Cet argent est celui de tous les européens. Au lieu d’alimenter, comme aujourd’hui, les marchés financiers et la spéculation, il doit servir des buts de progrès économique et social.

Faute d'être fortement conditionnés par des objectifs chiffrés de développement des services publics et de l'emploi, les programmes de la BCE relanceront en fait l'inflation des marchés financiers et les délocalisations contre l'emploi et la croissance réelle.

Avec cet argent, il faut bien sûr restructurer la dette publique, l'annuler pour partie et alléger radicalement son coût. La BCE peut la racheter, y compris celle détenue par le FMI, mais sans conditionner son rachat à l'adoption de plans d'austérité par les pays émetteurs. Ceci est indispensable pour la Grèce comme pour les autres pays d’Europe. Par exemple, en France peut-on accepter que les seuls intérêts de la dette de l'ensemble des administrations publiques (47,5 milliards d'euros), soient l'équivalent du budget annuel de l'éducation nationale ? Traiter ainsi la dette apporterait une indispensable bouffée d’oxygène aux peuples d' Europe.

Mais il faut aussi s’occuper de l’avenir et des dépenses nouvelles. Il faut une réorientation efficace, sinon c’est la rechute dès demain. Cela nécessite de développer les services publics et d'inciter les entreprises à engager des investissements massifs mais efficaces, c'est à dire économes en moyens naturels, matériels et financiers et créateurs de valeur ajoutée très accrue disponible pour la promotion de toutes les populations et tous les territoires.

L’argent des Européens – l’euro – doit aller aux services publics et à l’emploi ! Pour cela quatre choses sont indispensables : un nouveau mécanisme précis immédiat pour les services publics ; une action ferme sur les banques pour qu’elles appuient l’investissement efficace créateur d’emploi au lieu de la spéculation et des délocalisations ; une vraie régulation financière ; la lutte contre le dumping fiscal et l’évasion au sein même de l’Europe. Il faut en outre des investissements massifs pour ré-hausser et ré-orienter le potentiel d’activité et de croissance de chaque pays.

C’est l’intérêt commun de tous les Européens, face à la déflation et face au déchirement humain et social qui nourrit l’extrême-droite.
Des voix s’élèvent en ce sens : la dernière déclaration de la confédération européenne des syndicats (CES), la récente déclaration du DGB allemand et de son président qui réclament une poursuite de la négociation contre le Grexit. En France, au-delà des organisations syndicales et politiques, plusieurs économistes parlent de plan d’investissement, voire de plan Marshall – de Robert Salais-Gabriel Colletis-Jean-Philippe Robé jusqu’à Thomas Piketty en passant par les « Économistes atterrés ».
Il s’agit pour nous de soutenir et de transformer à la fois la demande et l’offre en Europe, tout autrement que par les marchés financiers. C’est-à-dire par la création monétaire.

Il est du rôle de la France, en Europe et dans le monde, de mettre en discussion des propositions alternatives viables, hardies, réalistes et efficaces.

Bien sûr, il faut une conférence de la dette permettant une restructuration et des annulations partielles.

Dans le cadre de cette conférence, créer un Fonds européen de développement social et solidaire pour les services publics (école, recherche, santé, logement, …) comme nous le proposons avec nos camarades et amis du Parti de la Gauche européenne. Agissant de façon démocratique et financé par la BCE, ce Fonds financerait lui-même les dépenses des États européens pour développer les services publics à très bas taux. Ce financement est autorisé par le Traité de Lisbonne (article 123.2) qui interdit en revanche le financement direct des États par la BCE (article 123.1) ;

La BCE doit conditionner vraiment et autrement ses prêts aux banques. Il faut que les banques et les entreprises changent radicalement de comportement. Au lieu de leur prêter ses euros « à guichets ouverts » et sans conditions, la BCE a le pouvoir de conditionner son refinancement des banques à taux zéro à des crédits pour des investissements qui développent l’emploi, les recherches, les salaires, les conditions sociales. Elle a le pouvoir de refuser de financer la spéculation ou les délocalisations. Bref de baisser le coût du capital et non le coût du travail, pour permettre des dépenses d’efficacité nouvelle des entreprises.

Nous proposons la mise en place, impliquant notamment la Banque européenne d’investissements, d’un programme de soutien sélectif aux investissements des entreprises de la zone euro en faveur de l'emploi et de dissuasion de la spéculation. La sélectivité serait assurée moyennant un abaissement du taux d’intérêt des crédits pour ces investissements selon qu'ils programmeraient plus d'emplois et de formations correctement rémunérés et de progrès écologiques. Seuls les crédits finançant ces investissements bénéficieraient d’un accès aux refinancements à long terme ciblés de la BCE (TLTRO). À l’inverse, les crédits utilisés pour des placements financiers ou immobiliers seraient ne seraient pas refinancés par la BCE. Avec 100 milliards d'euros de bonification, ce programme pourrait faire levier sur 1.000 milliards d’investissements matériels et de recherche dans la zone euro.

Au total, sur les 1.140 milliards d'euros du « programme étendu d'achats de titres » de la BCE, nous proposons que 500 milliards soient consacrés au financement de ce fonds, 100 milliards à la distribution de garanties d'emprunts ou à des bonifications d'intérêts, 300 autres milliards étant réservés aux achats de titres publics les plus urgents.

Telles sont les quatre mesures que nous réclamons avec nos amis grecs de Syriza, et ceci pour l’ensemble des pays de la zone euro, voire de l’Union européenne.

La France, par la voix de son Président, F. Hollande, doit ouvrir sur ces propositions une discussion à la table des négociations européennes d’ici samedi prochain.

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 09:07

Burkina Faso : la chute de Diendéré, la dissolution du RSP

La mobilisation du peuple burkinabé aura eu raison du coup d'Etat organisé le 16 septembre dernier par le général Diendéré, ancien homme de main du dictateur Blaise Compaoré. Après l'insurrection d'octobre 2014 qui a mis fin à 27 ans d'un régime autocratique, c'est une nouvelle victoire qui reste à consolider. Les putschistes à la tête du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), garde prétorienne fondée par Compaoré, voulaient remettre en selle les partisans de l'ancien système, restaurer les pratiques généralisée de corruption, de crimes politiques et économiques. Ils voulaient également stopper la procédure en cours sur les responsabilités dans l'assassinat de Thomas Sankara.

Durant quatre jours, ces « terroristes », pour reprendre l'expression employée à leur encontre par l'Union africaine, ont semé la violence dans les rues de Ouagadougou, provoquant la mort d'au moins 17 manifestants, et plus d'une centaine de blessés. Alors que certains organes de presse français voulaient croire à « l'installation au pouvoir » de Diendéré, présenté comme le « nouvel homme fort du Burkina », la réalité était bien différente. Face au peuple, il ne lui restait que la violence et il a été contraint de libérer le président Michel Kafando qu'il retenait en otage.

La médiation orchestrée sous couvert de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), en présence des présidents béninois et sénégalais, et avec l'aval des diplomaties française et américaine, s'est soldé par un projet faisant la part belle aux revendications des putschistes. Elle visait à garantir l'impunité aux criminels, à mettre sous tutelle les autorités légitimes de transition, à empêcher le démantèlement du RSP, et à faire fi des décisions du Conseil Constitutionnel quant aux candidatures lors de l'élection présidentielle à venir. Un véritable blanc seing donné à Diendéré et ses hommes.

C'est ce scénario qui est refusé par le peuple burkinabé et les autorités de transition légitimes.

L'armée burkinabé a neutralisé le RSP, il doit être dissout. Il n'y a aucune raison d'appliquer le prétendu accord de médiation de la CEDEAO qui, avec des complicités extérieurs évidentes, ouvre la voie au retour des caciques de l'ancien régime. Rappelons que c’est la France qui a exfiltré Compaoré, lors de l'insurrection d'octobre 2014, pour le placer auprès de l'autocrate ivoirien Alassane Ouattara, avec les conséquences que l'on sait.

Aujourd'hui, la justice doit poursuivre son cours et aucune impunité ne saurait être admise.

La mobilisation populaire et l'échec du coup de force sont un espoir au Burkina Faso et pour l'ensemble du continent africain. Le Parti communiste français exprime sa solidarité au peuple burkinabè engagé dans une nouvelle étape, qui reste à consolider, dans la conquête de la souveraineté et de la démocratie.

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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 06:04

La victoire de Syriza : « A nous de prendre le relais » (Pierre Laurent)

Ce soir, avec 34% des voix, Syriza remporte nettement les élections législatives anticipées en Grèce. Malgré l'accord insupportable imposé en juillet et la crise politique dans la gauche, les Grecs viennent d'affirmer pour la 3e fois cette année, leur confiance en Syriza et Alexis Tsipras pour gouverner leur pays.

L'ensemble de la coalition gouvernementale de janvier est confortée. Syriza (144 sièges) et Anel (10 sièges) remportent la majorité parlementaire

La droite de Nouvelle démocratie est battue. Avec elle, l'ensemble des gouvernements européens qui se sont acharnés avec une violence extrême à déstabiliser le premier gouvernement Tsipras et à imposer de nouvelles mesures d'austérité, des privatisations, et des confiscations de souveraineté.

C'est un nouveau message de lutte envoyé par le peuple grec à toutes les sociétés européennes. La victoire de Syriza est un sérieux atout pour toutes les forces progressistes d'Europe.

De dures luttes attendent encore le peuple grec. La Grèce va avoir besoin de toute notre solidarité dans les semaines et mois qui viennent pour renégocier sa dette et déverrouiller le carcan d'austérité.

C'est aujourd'hui à nous de prendre le relais pour des victoires en France qui permettront de libérer tous les peuples européens de l'austérité, changer la table des négociations pour changer l'Europe.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Président du PGE,

Paris, le 20 septembre 2015.

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7 septembre 2015 1 07 /09 /septembre /2015 07:20

Réfugiés. Pierre Laurent : "la première des urgences est la solidarité et le devoir d'accueil"

PIERRE LAURENT, SECRÉTAIRE NATIONAL DU PCF

DIMANCHE, 6 SEPTEMBRE, 2015

HUMANITE.FR

beziers.jpg

Samedi 5 septembre à Béziers lors de la 31ème édition de la fête des communistes, en résistance à la haine du FN

Photo : Twitter

Le secrétaire national du PCF appelle "tous les communistes français à s'inscrire dans toutes les initiatives citoyennes, locales, départementales, régionales, nationales et internationales de solidarités concrètes" avec les réfugiés et les migrants.

Communiqué du Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, président du Parti de la Gauche Européenne, samedi, lors de la 31ème édition de la fête des communistes de Béziers, en résistance à la haine du FN :

"Face à ce que l'on appelle le drame des migrants, en réalité le drame de centaines de milliers de réfugié-e-s qui fuient la guerre, le chaos, et la misère, notre colère et notre émotion sont immenses. Pour les communistes, la première des urgences est sans tergiverser la solidarité et le devoir d'accueil.

Tous ces derniers mois, souvent bien seuls parmi les formations politiques, nous avons combattu des discours pleins d’égoïsmes et de haine, en exigeant le changement de politique de la France et de l'Europe. J'avais alerté, après la visite des camps de réfugiés près de Kobané, à l'automne 2014, sur la détresse de ces milliers de réfugiés alors entassés dans ces camps sans aucune aide internationale. Nos appels sont restés lettre morte. Nous dénonçons depuis des mois la construction de murs tout autour de l'Europe forteresse, des murs en durs, et des murs dans les têtes, un dangereux cocktail de haine et de fils barbelés. Et nous avons sans cesse questionné : quel monde inhumain sommes -nous en train de construire ?

Aujourd'hui, enfin, grâce à l'engagement citoyen devant l'insoutenable, grâce aux initiatives de nombreuses forces démocratiques en Europe, grâce à l'engagement du Pape et au changement de posture de certains États Européens, les verrous de l'égoïsme sont en train de sauter. Nous saluons le réveil des consciences, et toutes celles et tous ceux qui en sont les artisans. Le temps a été trop long, il a coûté trop cher en vies humaines : 29000 morts en Méditerranée et aux portes de l'Europe.

Aujourd'hui la France doit s'engager en actes et pas seulement en mots. Nous demandons que notre pays :

  • respecte la convention de Genève sur les réfugiés et mette aux normes du Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU des centres d'accueil en doublant leurs capacités.
  • mette en place des dispositifs de soutien médico-social, des parcours d'insertion professionnelle et de scolarisation des enfants dans le respect des droits des enfants tel qu'il est défini par la convention de l'ONU
  • soutienne la mise en place du réseau des villes solidaires lancé par la mairie de Barcelone et les villes françaises qui s'y engagent
  • remette à plat les politiques de visas de l' UE et demande l'abrogation de la directive de Dublin
  • dote de nouveaux moyens Frontex pour assurer un accueil digne des migrants avec la mise en place de parcours plus sûrs.

Les élus communistes, les villes à direction communiste, qui ont une grande tradition d’accueil des réfugiés et migrants et ont déjà pris de nombreuses initiatives ces derniers mois, vont s'engager avec plus de force encore dans ce devoir de solidarité, en faisant partager leurs expériences.

J'appelle tous les communistes français à s'inscrire dans toutes les initiatives citoyennes, locales, départementales, régionales, nationales et internationales de solidarités concrètes. La fête de l'Humanité s'annonce comme un grand moment de mobilisation.

Nous exigeons également de la France qu'elle cesse d'alimenter les logiques de guerre qui sont à l'origine des terribles drames et du chaos que fuient ces réfugiés. La France semble s'engager dans une nouvelle escalade sans aucun mandat de l'ONU, tandis qu'elle reste silencieuse face à la répression du gouvernement Erdogan contre les kurdes. La France doit d'urgence prendre de nouvelles initiatives pour des solutions de paix dans toute la région. La France, dont la responsabilité est engagée dans la déstabilisation de la Libye et les engrenages guerriers de la région, doit changer la nature et les objectifs de son engagement.

Le 21 septembre est la journée mondiale pour la Paix. Cette année, nous appelons à en faire une grande journée d'actions et de mobilisations, pour la Paix, la solidarité avec tous les migrants, dans tout le pays.

Face à la tragédie inhumaine que nous vivons, les communistes se sentent pleinement engagés pour la paix, contre la guerre et la barbarie, pour la solidarité et l'accueil des réfugiés dans notre pays, la France."

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 09:47

le 5 septembre 2015

Cher camarade Pierre Laurent,

Notre fédération du parti communiste a rendu corps et âmes dans les Deux-Sèvres. Le processus contre lequel je me suis battu et avec d’autres, prévenu et dénoncé, est arrivé à ses fins. Il ne reste plus dans notre département que des individus communistes, sans aucune organisations, cellule ou section. La FD n’est plus qu’un « astre » mort. Le Parti a disparu de tous les radars, laissant quelques « orphelins dont je fais partie.

Je ne t’écrie pas seulement pour te faire part du funeste destin de notre parti dans notre département, où il n’est plus possible à un communiste d’échanger des idées, des expériences, d’élaborer des propositions de suggérer des analyses.

Je me permets de le faire auprès de toi en espérant une écoute introuvable, car il m’est impossible de le faire dans le parti dont je suis membre depuis 1966.

J’en viens au fait. Je me suis ouvert à la politique en 1965 au moment des Présidentielles où François Mitterand « acceptait » sur proposition communiste de devenir le candidat unique de la gauche. Depuis, de nombreux évènements ont marqué les évolutions de la société française.
Le mouvement de 1968 en France, l’ »Eurocommunisme », la période du « Programme commun », la « guerre idéologique », le discrédit du « socialisme » réel et l’écroulement du pays de la « révolution socialiste » , 2005, 2007 et les collectifs anti-libéraux, le Front de gauche. Et nos congrès, notamment le 22e, le 25e, le 34e.

Il nous faut nous l’avouer à nous-mêmes. Bien que la « messe" ne soit pas dite, à ce jour, nous avons échoué dans nos objectifs, et ce n’est pas la santé actuelle de notre Parti Communiste qui viendra contredire la tendance
observée ces dernières années. Notre parti ne semble plus en mesure d’influer suffisamment sur le cours des choses. Il ne fait pas (plus) rêver, il n’offre pas la crédibilité d’une perspective avec lui. La faiblesse des ses effectifs, la marginalisation de ses idées, malgré des efforts louables pour contrecarrer l’ostracisme dont il est victime, les manoeuvres politiques de droite et de gauche, pour l’éliminer, aboutissent à un parti qui, malgré une audience renouvelée, ne parviens pas à émerger, à « emballer » Le parti lui-même devient atone, il est atteint d’anémie. Il n’est qu’à recenser honnêtement les effectifs réels, les « cotisants », les militants pour se rendre compte que de moins en moins de personnes participent à « l’aventure » communiste. Dans le 79 qui compte 380 000 habitants, on ne dénombre, selon les chiffres officiels de la fédération qu’il faut prendre avec prudence, que 130 communistes. soit 0,00035 % ou 3 millièmes. Je t’épargne les commentaires sur l’inactivité d’organisations fantômes. Les récentes consultations nationales du parti qui invitent les adhérents à se prononcer connaissent elles aussi l’érosion du nombre de participants. Un parti en déclin qui semble être dans l’incapacité de renverser la tendance. Quant au « Front de Gauche » il ne doit sa survie qu’au masque à oxygène tendu par le PCF. Le constat est peut-être cruel; mais ni le PCF, ni le Front de gauche, dans l’état actuel ne sont susceptibles d’ouvrir une perspective crédible eu égard à l’expérience historique et récente. N’est-il pas temps de concevoir et de construire autre chose ? EELV qui compte 2000 militants se déchirent et un nombre non négligeable d‘entre eux quittent, sans éclats, le parti. D’autres, partisans d’une alliance pragmatique avec le pouvoir prépare la scission et la recomposition.

Un nouveau parti, démocratique, populaire, abritant tous les courants progressistes qui se fixent l’objectif d’une nouvelle société fondée sur le progrès social, la solidarité, la fraternité la coopération et la paix, le développement des libertés individuelles et collectives, le partage des richesses et l’accès au savoir.
Ce parti qui pourrait se nommer : « les progressistes » doté de statuts alliant liberté individuelle et responsabilité collective, démocratie et l’efficacité, ouverture à la réflexion et à la participation du plus grand nombre, des règles non contraignantes basées sur le volontariat, une « exposition » politique cohérente, une conception horizontale de l’organisation qui donne la priorité à l’action et la réflexion de proximité et de réseau,et une verticalité réduite aux strictes nécessités, etc.. peuvent relancer la mobilisation autour d’un projet partagé avec la construction de ce nouveau parti révolutionnaire populaire et de masse, condition essentielle du « retour » révolutionnaire. Reconquérir les coeurs et les cerveaux, marquer des points visibles face à l’adversaire de classe, imposer des transformations concrètes, laisser des empreintes civilisationnelles indélébiles, irréversibles.
Bref, il est temps selon moi, et la « débandade » de EELV, l’incrédulité des « frondeurs » l’opportunisme réversible du PG, et il faut le dire un certain « effacement » du PCF actuel rendent la question de la transformation du parti révolutionnaire urgente, pour le rester.

Bien à toi fraternellement.

Bruno fornaciari

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 20:12
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BRUNO FORNACIARI

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