Publié par Maëlle Le Corre | Dans Égalité des droits,Homoparentalité,Mariage
Au bout de plusieurs longs mois de débats autour du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe, tout le monde a fini par s'en apercevoir: rien n'énerve plus un opposant au mariage pour tous que de se faire traiter d'homophobe. Imaginez seulement si en plus il se fait taxer de sexisme. C'est ce qui s'est passé lundi 8 avril au Sénat, en plein débat sur l'ouverture du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe.
DEUX TYPES D'HOMOPHOBIE
En fin de journée, l'intervention du sénateur PCF de Paris Pierre Laurent (à droite) a fait des esclandres sur les bancs de la droite. Sans détours, le sénateur a ouvertement critiqué les
propos de l'opposition entendus tout l'après-midi:
«Parmi les arguments que nous avons entendus, il y a ceux qui relèvent d’une homophobie franche et déclarée, agressive et brutale. Il y a aussi une homophobie honteuse, larvée qui commence par nous dire que bien sûr, l'homosexualité est un choix d'orientation sexuelle légitime. Les détracteurs du projet inventent alors des droits de second ordre, des droits de sous-citoyens. Ainsi le pacs, d'ailleurs combattu par les mêmes, suffirait bien aujourd'hui.»
RÉTROGRADES ET
SEXISTES
Mais le secrétaire national du Parti communiste ne s'arrête pas en si bon chemin: «On vient d’avoir un florilège de déclarations rétrogrades sur la famille, qui ramènent au fond la femme à
son rôle de procréatrice sous domination masculine. La complémentarité... Mais l’homme et la femme sont égaux en droit! s'exclame-t-il en référence aux propos du sénateur Michel Magras.
C'est non seulement une conception homophobe que vous portez, mais c'est aussi une conception profondément sexiste», poursuit-il sous les «Honteux! Honteux!» de Jean-Pierre Raffarin (à
gauche). Malgré les protestations, le sénateur PCF n'en démord pas:
«Cette loi sera un progrès pour tous les couples, mais aussi pour toutes les femmes, tou-te-s celles et ceux qui veulent concevoir le mariage comme un espace d'amour et de liberté et non comme un corset qui nous ramène deux siècles en arrière.»
L'INDIGNATION DE JEAN-PIERRE RAFFARIN
Les mots de Pierre Laurent mettent le feu aux poudres sur les bancs de la droite et c'est Jean-Pierre Raffarin qui monte au créneau pour crier toute son indignation:
«Je veux dire notre révolte profonde. C'est inacceptable, on nous a traité de délinquants! Depuis la loi du 30 décembre 2004 que j'ai faite voter avec la création de la Halde, vous avez plusieurs mois de prison et plusieurs dizaines de milliers d'euros quand vous êtes homophobes et que vous pratiquez des injures homophobes! Nous vous demandons de croire à notre bonne foi et à notre sincérité, se défend-il en s'adressant à la Garde des Sceaux, nous n'avons pas vis-à-vis des homosexuel-le-s une attitude de compassion, de distance. Nous avons une attitude de respect, comme tout citoyen a droit dans notre République. Nous respectons tous les citoyens quelles que soient leurs pratiques sexuelles. Nous ne pouvons accepter cette violence que l'on dénonce par ailleurs et que dans cette assemblée quelque fois on pratique.»
A peine quelques minutes plus tard, d'autres sénateurs-trices se succéderont encore pour prendre à leur tour la parole, mettant en garde contre «la destruction de la plus ancienne institution de l'humanité», de cette «réelle inégalité entre les enfants nés d’un couple hétérosexuel et ceux qui seront, intentionnellement privés d’un père ou d’une mère» ou de l'homoparentalité comme «un déni de la nature inscrivant l’enfant dans l’illusion biographique.» Toujours sans une once d'homophobie.