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8 juin 2018 5 08 /06 /juin /2018 10:39
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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 19:07
Sébastien Jumel : "L'hôpital malade, la dépendance, les retraités humiliés, c'est un terreau de résistance"

Le Parti communiste se prépare à une grande bataille, la bataille du rail. Les ordonnances pour réformer le statut des cheminots sont à l'ordre du jour du conseil des ministres de ce mercredi. Pour en parler, Sébastien Jumel, porte-parole des députés PC, est l’invité de l’Interview J-1.

 
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Sébastien Jumel
Sébastien Jumel (Radio France)

franceinfo : Un mot que vous détestez sera à l’honneur du conseil des ministres, demain matin, le mot "ordonnances". Ordonnances pour réformer la SNCF et sa dette de 47 milliards d'euros. Si on vous écoutait, il ne faudrait rien changer ? 

Sébastien Jumel : Pas du tout. Nos propositions pour consolider le service public ferroviaire, développer la capacité du chemin de fer à aménager le territoire ne manquent pas, nous ne sommes pas pour le statu quo, je suis moi-même un usager fréquent de la ligne Rouen-Paris et je mesure à quel point il faut soigner le système ferroviaire abîmé par des réformes libérales successives. Le statut du cheminot c'est l'épouvantail, le chiffon rouge pour masquer les turpitudes de l'État. Il faut désendetter la SNCF, se servir des exemples européens, de l'Allemagne pour investir massivement parce que la dégradation de la qualité du service ferroviaire c'est le renoncement à investir au service des lignes.

 

Demain débute le bras de fer, la quinzaine sociale sur laquelle syndicats et partis de gauche misent pour muscler leur opposition à Emmanuel Macron. Pourquoi cette fois, contrairement à cet automne contre les ordonnances travail, la rue gagnerait ?

Je ne fais pas parti de ceux qui pensent que le mouvement social se décrète mais je mesure à quel point le gouvernement est rattrapé. Les lois Bachelot et Touraine ont asphyxié le système de santé public. L'hôpital malade, la dépendance, les retraités humiliés, c'est un terreau de résistance. Dans les milieux ruraux, dans les villes moyennes l'attachement à un système ferroviaire qui prend en compte ces territoires va mobiliser non pas seulement les cheminots mais aussi les élus et les usagers face à une offensive sans nom qui détricote le modèle social français.

À J-1, c’est aussi la fin des consultations à Matignon sur le projet de révision constitutionnelle. Pendant les débats cet après-midi au Parlement, André Chassaigne a utilisé le mot "dictature" pour parler du gouvernement. Vous assumez ce mot ?

 

C'est un gouvernement qui s'assoit sur les droits du peuple, sur la capacité du Parlement à modifier, enrichir, à s'opposer à la loi. Ce gouvernement use du 49-3, des votes bloqués, tout ce que la constitution permet à titre exceptionnel.

 

 

 

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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 17:55
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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 14:41
Propositions de loi. Les députés PCF face au « oui mais non » d’En marche !
AURÉLIEN SOUCHEYRE
JEUDI, 22 FÉVRIER, 2018
L'HUMANITÉ
Les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine ont proposé des mesures «	vertueuses	» selon la majorité, qui les a pourtant rejetées. Michel Baucher/Panoramic
Les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine ont proposé des mesures « vertueuses » selon la majorité, qui les a pourtant rejetées. Michel Baucher/Panoramic
 

Le député PCF Fabien Roussel a défendu hier une nouvelle proposition contre la fraude fiscale. Elle a été rejetée en commission, tout comme l’ensemble des textes présentés par les élus GDR dans le cadre de leur niche parlementaire.

Il est possible d’ouvrir un compte bancaire dans un paradis fiscal en quelques clics. Fabien Roussel l’a rappelé hier en commission des Finances, en diffusant une vidéo promotionnelle de la société SFM-Offshore, autoproclamée « leader mondial » dans son domaine. Le député PCF présentait une proposition de loi afin de renforcer la liste noire française des paradis fiscaux, qui ne compte que sept États… « Déterminés » à lutter contre le « fléau » de la fraude fiscale, dont le coût est estimé chaque année à 1 000 milliards d’euros en Europe, dont 80 milliards en France, les députés LREM membres de la commission ont finalement rejeté ce texte. « Je voulais vous remercier pour cette proposition de loi. Quel que soit le sort qui lui sera réservé, il y a une nécessité absolue que son esprit puisse être inscrit dans le droit français », a mesuré Joël Giraud pour la majorité. Oui, mais pas tout de suite. Idem pour Romain Grau, du même groupe : « Il est nécessaire que nous nous montrions intraitables sur le sujet. Nous sommes donc pleinement d’accord sur l’objectif et le principe de cette liste. » Mais cette loi arrive trop tôt, ou trop fort, ou pas du bon côté de l’Hémicycle pour En marche ! « Elle ne propose pourtant que de retenir les critères d’établissement des paradis fiscaux qui sont déjà ceux de l’Union européenne, en les traduisant dans le droit français, et en excluant tous petits arrangements et toute liste grise. Nous proposons aussi de réévaluer la liste tous les ans devant le Parlement. Cela devrait faire consensus ! » regrette Fabien Roussel.

« Je doute de la volonté politique réelle de la majorité »

La majorité, parfois embêtée, a plaidé que les critères en question amèneraient à inscrire des pays membres de l’Union européenne sur la liste noire française, et craint une limitation de l’activité des banques françaises dans les pays listés, contraire à la « liberté d’entreprendre ». Surtout, conformément à une méthode éculée, les députés LREM ont renvoyé la question aux conclusions de la mission parlementaire en cours sur le verrou de Bercy, de celle dédiée à l’évitement fiscal qui démarre aujourd’hui, et au « plan d’action du gouvernement contre la fraude fiscale », qui doit être présenté avant l’été. « Je doute de la volonté politique réelle de la majorité. Un signal très fort aurait pu être envoyé en commission, observe Fabien Roussel. Mais je ne désarme pas. Le combat avance. Cette proposition arrivera le 8 mars dans l’Hémicycle et pourra toujours être adoptée. Celle qu’Alain Bocquet avait fait voter en 2017 sur une COP fiscale a d’ailleurs été reprise dans une résolution du Parlement européen mardi. Les députés LREM freinent souvent de façon politicienne quand cela ne vient pas de chez eux. Toutes nos propositions ont d’ailleurs été repoussées, comme l’avaient été celles de la France insoumise. »

De fait, les cinq projets de loi présentés entre hier et mardi par les communistes dans le cadre de leur niche parlementaire ont été rejetés en commissions. Souvent avec les mêmes arguments. La gratuité des transports scolaires ? Pas finançable en l’état, et puis la loi « mobilité » doit bientôt arriver. Le projet de lutte contre les marchands de sommeil ? Contient des mesures « vertueuses », mais mieux vaut en reparler dans le cadre de la loi Elan sur le logement. La reconnaissance sociale des aidants familiaux ? Les fonds manquent, et une réforme des retraites est en préparation… Quant aux pistes de lutte contre la précarité professionnelle des femmes, elles sont intéressantes, mais ne distinguent pas assez temps partiel « subi » et temps partiel « choisi », en plus de faire planer un risque d’augmentation du « coût du travail ».

« Tout cela est révoltant. On nous dit qu’il y a de vrais sujets, et ils sont bloqués, constate le député PCF Pierre Dharréville. Mais on ne se résigne pas. On va continuer à pousser jusqu’au 8 mars. Des députés de tous bords, dont des élus LREM, ont voté nos propositions en commission, et d’autres sont encore à convaincre. Nos mesures sont très précises, très concrètes et peuvent être adoptées de suite. Si elle ne bouge pas, la majorité devra assumer devant le pays de ne pas vouloir agir sur des sujets essentiels. »

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26 février 2018 1 26 /02 /février /2018 09:13

Monsieur le président, madame la ministre chargée des transports, mes chers collègues, le rapport Spinetta, remis jeudi dernier, a fait l’effet d’une bombe en préconisant tout à la fois : abandon des lignes non rentables, soit 9 000 kilomètres de rail ; filialisation du fret ; privatisation des trois établissements constituant la SNCF ; ouverture à la concurrence totalement libre pour le TGV ; abandon du statut des cheminots, et j’en passe.

Madame la ministre, vous l’avez dit, le statu quo n’est pas une option, le rail doit se moderniser et se développer par l’investissement. Il a besoin de financements nouveaux, d’une vision renforcée de ses missions au service de l’aménagement du territoire et du droit à la mobilité pour répondre aux besoins croissants de la population et des nouveaux modes de vie et de déplacement.

À l’inverse, ce rapport sonne comme une insulte à nos territoires ruraux, périurbains, car supprimer des lignes régionales, c’est détruire la cohésion et l’égalité territoriale.

M. Philippe Bas. Exactement !

Mme Cécile Cukierman. La décision de fermeture de lignes par l’État est une ineptie, tout comme le transfert sur les compétences régionales : les collectivités déjà asphyxiées ne pourront assumer des axes de transports essentiels et structurants pour nos concitoyens.

Avec la parution de ce rapport, la « start-up Nation » érigée comme modèle d’avenir par votre gouvernement montre ses limites ou plutôt ses priorités : libéralisme décomplexé face à la solidarité des territoires, ou encore aménagement européen face à l’aménagement national.

La création de déserts ferroviaires va encourager les gens à utiliser le transport routier, alors que l’argument écologique est avancé.

Votre gouvernement souhaitait faire des transports du quotidien sa priorité absolue. Qu’il commence par ne pas abandonner les transports en région, en évitant la création d’un service public à deux vitesses !

Ma question sera simple : comptez-vous reprendre les préconisations de ce rapport qui condamne le service public ferroviaire et met au ban de nombreux habitants, considérés dès lors comme des Français de seconde zone ? (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, sur quelques travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste. – M. Philippe Bas applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée des transports.

Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice Cukierman, je voudrais vous confirmer que l’objectif du Gouvernement, mon objectif, est d’améliorer la mobilité de tous les Français (M. Jackie Pierre s’esclaffe.), dans tous les territoires (Exclamations sur plusieurs travées du groupe Les Républicains.), en luttant contre les fractures territoriales et l’assignation à résidence.

Dans ce cadre, notre service public ferroviaire joue clairement un rôle essentiel, avec plus de 11 000 trains qui circulent chaque jour et plus de 4 millions de voyageurs. Mais force est de constater que ce service public rencontre de graves difficultés, avec une qualité de service qui n’est pas au niveau attendu par les Français, avec des coûts qui ne cessent de croître, avec une dette qui augmente de 3 milliards d’euros par an. (Mme Cécile Cukierman s’exclame.)

Pourtant, nous n’avons jamais consacré autant d’argent au service public ferroviaire, avec 20 % de plus aujourd’hui qu’il y a dix ans. (Mme Sophie Primas s’exclame.)

Pourtant, je connais l’engagement des cheminots, dans leur mission de service public, au service des voyageurs. (Mme Sophie Primas s’exclame de nouveau.)

Pourtant, tous nos concitoyens sont attachés au service public ferroviaire.

C’est face à cette impasse, à ces contradictions, que le Gouvernement a souhaité disposer d’un rapport posant une vision globale sur le secteur public ferroviaire. Ce rapport pose un constat sévère, mais malheureusement juste,…

M. Martial Bourquin. Juste ? On pourrait en discuter !

Mme Élisabeth Borne, ministre. … sur les difficultés que rencontre notre système ferroviaire. (M. Pierre-Yves Collombat s’exclame.) Aujourd’hui, les propositions sont sur la table et, avec le Premier ministre, nous avons engagé une concertation avec tous les acteurs. À l’issue de ces concertations, nous annoncerons la méthode et le calendrier.

S’agissant des petites lignes – ce terme n’est pas adapté, car je sais que ce sont des lignes essentielles pour beaucoup de nos concitoyens –, je le dis clairement : nous avons prévu d’investir 1,5 milliard d’euros dans les contrats de plan. Ces engagements ne seront pas remis en cause. Ce n’est pas à Paris que se décidera l’avenir de ces lignes, mais dans les territoires, avec les régions, au plus près des besoins des voyageurs ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Mme Anne-Catherine Loisier applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme Cécile Cukierman, pour la réplique, en six secondes.

Mme Cécile Cukierman. Madame la ministre, votre gouvernement est en marche, mais nos concitoyens veulent rouler dans des trains qui s’arrêtent dans toutes leurs communes !

 
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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 09:38
Question à la Ministre sur la situation des hôpitaux
par Dufrègne Jean-Paul

Dans le temps très court qui lui est imparti au sein de cette semaine de contrôle, notre groupe n’a brossé qu’une partie de l’état de délitement et de mal-être de l’hôpital, vous relayant ainsi, madame la ministre, un véritable appel d’urgence.

Je veux dans cette dernière question de notre groupe revenir et insister sur deux ou trois points.

Le premier est l’investissement. On demande aux hôpitaux d’assurer le financement des investissements immobiliers et matériels indispensables à leur modernisation et à l’accès à des technologies nouvelles pour tous. Pour répondre à cette demande et rembourser la dette qui s’y attache, ils sont condamnés à faire des économies de fonctionnement et à envisager des suppressions de postes à grande échelle, comme c’est le cas à Moulins, dans mon département de l’Allier.

C’est un cercle vicieux ; ce n’est pas la solution. Il faut aujourd’hui un grand plan d’investissement porté par le budget de la nation pour véritablement construire l’hôpital du XXIe siècle, c’est-à-dire donner à toutes et à tous un accès égal à des soins de qualité. La tarification à l’activité – vous y êtes revenue à l’instant, madame la ministre – doit être repensée, le financement des hôpitaux devant tenir compte de l’ensemble des paramètres de prise en charge et d’accompagnement des patients.

La gouvernance actuelle aggrave les déserts médicaux et creuse les inégalités : zones rurales, petites et moyennes villes et quartiers sont les oubliés de cette politique, les oubliés de la République.

L’hôpital du XXIe siècle, c’est aussi celui où on cesse de briser des vocations, ce qui est trop souvent le cas aujourd’hui dans des établissements où les personnels sont soumis à des conditions de travail incompatibles avec leur mission.

Madame la ministre, oserez-vous faire le pari d’investir pour cet hôpital du XXIe siècle ? Puisque vous prônez la vaccination, combien de piqûres de rappel seront nécessaires pour que cette situation soit réellement prise en compte ? C’est votre responsabilité et celle du Gouvernement auquel vous appartenez.

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Agnès Buzyn, ministre. Monsieur le député, je vous remercie de votre question. La modernisation de notre offre de soins, notamment hospitalière, est primordiale, car il est de notre devoir d’offrir au personnel soignant des conditions de travail décentes et d’assurer l’accès à des technologies innovantes. Nous avons donc prévu d’investir dans l’hôpital public dans le cadre du Grand plan d’investissement que le Premier ministre a présenté à l’automne dernier. En particulier, 400 ou 450 millions d’euros seront dédiés à la numérisation au sein des hôpitaux, pour faciliter le partage d’informations, et 3 milliards d’euros sur plusieurs années seront alloués aux investissements immobiliers pour aider nos hôpitaux publics à se moderniser.

Tous ces investissements sont donc prévus, car il est indispensable aujourd’hui, tant pour les patients que pour les professionnels de santé travaillant dans ces établissements, d’offrir des conditions de travail décentes et de permettre l’accès à l’innovation.

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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 09:31
Réforme de la Fonction publique
par Dufrègne Jean-Paul

Ma question s’adresse à M. le Premier ministre. Jamais la France d’en haut n’aura été aussi déconnectée de la France d’en bas que ces deux dernières semaines. Alors que les personnels des prisons, des hôpitaux, des EHPAD – établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – crient leur souffrance et leur détresse, réclament plus de moyens, notamment humains, pour assurer leurs missions, vous annoncez la suppression de 120 000 fonctionnaires d’ici la fin du quinquennat. Ce vaste plan de suppression, ou « plan de départs volontaires », se fera notamment par le non-remplacement des départs à la retraite.
Vous avancez vos arguments – transformation de l’action publique, numérisation et simplification des démarches, amélioration des services – mais ce vaste plan sert surtout un objectif que vous vous êtes fixé : baisser la part de la dépense publique dans le PIB de trois points d’ici 2022, quelles qu’en soient les conséquences.
En même temps, vous venez, en supprimant l’ISF, de faire un cadeau de 4 milliards d’euros au 1 % des plus riches. 4 milliards, c’est le financement de plus de 100 000 postes de fonctionnaires, soit, pour ne prendre que cet exemple, passer de 0,6 à 0,8 soignant par patient, ce que les personnels des EHPAD réclament désespérément. Ferez-vous l’affront de ne pas remplacer les départs en retraite dans les EHPAD, les hôpitaux, les prisons, alors que les personnels sont au bord de la rupture ?
Abandonnerez-vous certaines missions de service public ? Vous avez dit qu’il fallait réparer le pays : commençons alors par réparer nos hôpitaux, nos EHPAD, nos prisons, nos écoles, plutôt que d’accélérer la casse ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, FI et NG.)
Sous prétexte de modernisation ou encore de gestion contemporaine, comme le dit le Président de la République, vous installez la précarité dans la fonction publique. Pouvez-vous, monsieur le Premier ministre, préciser vos véritables intentions et indiquer comment vous réparerez le malaise que vos déclarations ne font qu’aggraver ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, FI et NG.)


M. le président. La parole est à M. le ministre de l’action et des comptes publics.


M. Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics. Monsieur le député, il n’y a pas de monopole de l’amour du service public.
Il n’y a pas ceux qui aiment le service public et ceux qui le détestent, en effet ! Nous sommes très objectivement nombreux, sur les bancs des ministres comme sur ceux de tous les groupes politiques, à savoir ce que nous devons à l’école de la République, à l’hôpital public, à l’université publique (Applaudissements sur les bancs du groupe REM et sur plusieurs bancs du groupe UDI-Agir), aux agents municipaux, à ceux qui accompagnent les personnes en souffrance ou celles qui naissent dans la République.
Mais vous avez une vision comptable alors que nous sommes dans la transformation publique. Qui peut penser que nous vivons dans la même société qu’en 1945 ? À l’époque, ce n’est pas à vous que je le rappellerai, le général de Gaulle avait proposé à un ministre communiste d’élaborer le statut, alors que les syndicats ne le souhaitaient pas.
Qui peut penser un seul instant que nous ne sommes pas à l’orée d’une nouvelle façon d’organiser les pouvoirs publics, au moment où la vie de nos concitoyens change, alors que nos agents publics, dans les exemples que vous avez évoqués – l’hôpital, les prisons, les EHPAD –, ont justement besoin d’un nouveau souffle, d’un nouveau sens dans leur action et d’une nouvelle façon de considérer leurs rémunérations et leur mérite ?
Certains souhaitent le conservatisme, que tout change pour que rien ne change, tandis que d’autres veulent, parce que le monde change, faire preuve de courage dire la vérité en face et admettre que l’État a parfois été un mauvais employeur.
Il a parfois mal formé, mal accompagné les gestions de carrière ; il n’a pas assuré l’égalité entre les femmes et les hommes dans les rémunérations. Oui, dans le cadre de cette transformation, ce que nous avons fait pour le travail dans le privé, nous le ferons dans le public. (Applaudissements sur les bancs du groupe REM et sur quelques bancs du groupe MODEM.)

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23 janvier 2018 2 23 /01 /janvier /2018 15:09
Désertification médicale

par Dharreville Pierre

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission, mes chers collègues, nous abordons, à travers la proposition de loi de nos collègues du groupe Nouvelle Gauche, un sujet essentiel, une préoccupation fondamentale pour nos concitoyennes et nos concitoyens : celui de l’accès aux soins.

Le constat est sans appel, partagé sur la plupart des bancs de cet hémicycle : les déserts médicaux continuent de s’étendre dans notre pays. Des territoires, qu’ils soient ruraux, urbains ou périurbains, se sentent démunis face à cette problématique qui fragilise l’égalité devant le droit à la santé. C’est le cas aussi dans ma circonscription populaire, sur les bords de la Méditerranée.
On ne compte plus les études et les rapports qui pointent l’aggravation des inégalités dans l’accès aux soins et le problème de la répartition de l’offre médicale, qu’elle soit privée ou publique. Je citerai quelques chiffres à mon tour pour mesurer l’ampleur du phénomène : nous avons perdu 9 000 médecins généralistes en dix ans, 750 pour la seule année 2017 ; 5,5 millions de nos concitoyens vivent dans un désert médical selon les dernières estimations du ministère de la santé. À la pénurie de médecins généralistes s’ajoute un manque ou une mauvaise répartition des médecins spécialistes – je pense notamment aux gynécologues, aux psychiatres, aux ophtalmologistes et aux dermatologues. Alors que, dans certains territoires, on peine à obtenir un rendez-vous, parfois même on se voit refuser l’inscription sur la liste de patientèle, certaines zones, le plus souvent urbaines, présentent une sur-densité médicale.
Le déficit de médecins libéraux va de pair avec une dégradation de l’offre publique de soins. Ces deux phénomènes se renforcent, alimentant un cercle vicieux : moins d’hôpitaux, ce sont moins de médecins libéraux car ces derniers ont impérativement besoin de plateaux techniques de qualité et de compétences spécifiques en appui à leur pratique, et, dans le même temps, la pénurie de médecins libéraux entraîne un recours de plus en plus important aux urgences hospitalières, déjà financièrement exsangues. Tous ces éléments se conjuguent et créent un renoncement aux soins de plus en plus important chez nos concitoyennes et nos concitoyens.
Les causes sont multiples. À des décisions politiques passées prises par ordonnances, décisions irresponsables dont nous payons le prix aujourd’hui, s’ajoutent d’autres évolutions liées aux nouvelles aspirations des professionnels de santé. Outre le numerus clausus, trop longtemps insuffisant, il y a en effet le refus des jeunes médecins d’être éloignés des centres urbains, parfois leur aspiration à exercer de manière différente de leurs aînés, notamment dans un cadre collectif pour privilégier la qualité de leur vie professionnelle et personnelle. Le dogme de la réduction des dépenses publiques, qui guide les politiques de santé depuis de nombreuses années, est également pour beaucoup dans la situation actuelle car nul doute que la fermeture d’hôpitaux, de maternités, et plus généralement de lieux de santé de proximité, ont précipité l’extension des déserts médicaux.
Face à ce constat alarmant, les réponses apportées sont loin d’être à la hauteur. Tout d’abord, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 votée par la majorité entérine des mesures budgétaires qui vont affaiblir le service public hospitalier, les hôpitaux devant réaliser entre 1,2 et 1,6 milliard d’euros d’économies.
Par ailleurs, le plan d’accès aux soins annoncé en octobre ne fait que prolonger des mesures incitatives dont tout le monde s’accorde à dire qu’elles n’ont pas produit les effets escomptés.
Les maisons de santé, que le Gouvernement entend développer, s’apparentent souvent à des aquariums sans poissons : les aides à l’installation sont coûteuses pour les finances publiques et, selon le dernier rapport de la Cour des comptes, peu efficaces.
Quant à la promotion de la télémédecine, prévue par la même loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018, elle doit d’abord être envisagée comme un outil au service des médecins et non comme un substitut au manque de présence médicale dans nos territoires.
Il est donc temps de passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats. La proposition de nos collègues du groupe Nouvelle Gauche d’instaurer un conventionnement sélectif s’inscrit dans cette démarche. Nous l’avions d’ailleurs nous-mêmes proposé dans le cadre de nos débats sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018.
Devant l’échec des mesures incitatives, nous devons nous donner les moyens d’agir, en inventant de nouvelles formes de régulation, tout en améliorant notre capacité à former des professionnels de santé.
La sur-densité médicale constatée dans certains territoires – 752 communes sur-denses d’après la DREES, soit 3,4 millions de personnes – doit être régulée au profit des zones pauvres en professionnels de santé, puisque notre pays compte 8 919 communes sous-denses, correspondant à un bassin de population de 5,3 millions de personnes.
La liberté d’installation des médecins invoquée ne saurait être un argument suffisant face au droit à la santé, qui est une exigence constitutionnelle, ainsi qu’à l’objectif d’intérêt général d’assurer à nos concitoyens, et sur tout le territoire, l’accès aux soins.
L’État contribue au financement de la formation des médecins : il le fait sans doute insuffisamment, mais il le fait. Dans le même temps, la puissance publique, à travers la Sécurité sociale, finance la demande de soins et donc, indirectement, l’activité des professionnels de santé.
En contrepartie de ce financement public et solidaire, il nous semble cohérent que les citoyennes et les citoyens, ainsi que leurs représentants, puissent contrôler que cet argent soit efficacement utilisé pour protéger le droit à la santé.
Il y a urgence à agir et à organiser l’offre de soins. Ce ne sont pas les médecins qui sont en cause : c’est l’État qui est aux abonnés absents et que l’on peut même, dans certaines situations, accuser de non-assistance à personne en danger.
Nous savons les médecins animés d’un esprit de soin, d’une vocation qui les conduit à exercer leur métier. Parler de coercition au sujet de la mesure proposée, c’est méconnaître la réalité. Que devrait-on dire, en effet, à propos des fermetures de certains services dans les hôpitaux de proximité ? Le problème réside dans le refus, que je vois émerger, de modifier un modèle trop ancien.
De même que la situation est due à la convergence de plusieurs causes, seul un faisceau de solutions peut permettre de surmonter les difficultés actuelles. Le conventionnement sélectif fait partie de l’éventail des propositions permettant d’agir à court terme sur les inégalités d’accès aux soins qui, comme plusieurs rapports l’ont noté, devraient s’aggraver dans les dix, voire dans les trois prochaines années.
Ce n’est pas la seule proposition qui doit être envisagée : il convient également d’agir sur le levier de la formation médicale, pour dégager des marges de manœuvre à plus long terme et éviter de voir les problèmes continuer à s’aggraver.
Nous estimons urgent de sortir du numerus clausus qui empêche de former des médecins en fonction des besoins de santé, lesquels s’accroissent d’année en d’année du fait du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques. Nous payons aujourd’hui l’inaction politique de ces dernières années.
Pour l’année 2018, seules 8 205 places sont ouvertes pour près des 60 000 étudiants inscrits en médecine, soit une augmentation de 1 % par rapport à l’année précédente. C’est mieux mais c’est peu. Le risque est de casser des vocations et parfois d’obliger des étudiants à aller se former dans d’autres pays : cette situation n’est plus tenable.
Dans ce contexte, je ne peux que souscrire aux propos d’un de nos collègues – peut-être les réitérera-t-il ici, dans cet hémicycle – qui estime que « Le numerus clausus n’est qu’un instrument qui empêche les jeunes Français de faire médecine. J’ajoute qu’il a été pensé pour compenser les dépenses.
Il convient également de favoriser l’exercice regroupé ainsi que de respecter la volonté des jeunes médecins de se tourner vers le salariat. Les centres de santé, qu’il est nécessaire de valoriser et de conforter – car ils se trouvent parfois en grande difficulté – peuvent jouer ce rôle de point d’accès de proximité afin de garantir une offre de soins de premier recours, en lien avec l’hôpital.
C’est pourquoi je souscris également aux articles 2 et 3 de cette proposition de loi qui visent à garantir aux patients le tiers payant dans les structures d’exercice regroupé – dont il faut prendre en compte le financement – que sont les centres et les maisons de santé.
Il convient, enfin et surtout, de renforcer la présence du service public hospitalier sur tout le territoire, à rebours du penchant actuel consistant à fermer les établissements de proximité et à regrouper les services dans les vastes ensembles que sont les groupements hospitaliers de territoire. Comme le note le Conseil économique, social et environnemental – le CESE – dans son rapport de septembre 2017 sur les déserts médicaux, il appartient « à l’État de commencer par sanctuariser son offre de soins sur les territoires sous-denses en permettant la pérennisation des centres hospitaliers ».
Les dizaines de témoignages que nous avons recueillis la semaine dernière lors du débat organisé sur notre initiative à l’Assemblée nationale et qui rassemblait des usagers, des soignants, des syndicats ainsi que des médecins témoigne d’un malaise grandissant et de la nécessité de mettre en place un plan d’urgence pour l’hôpital.
En conclusion, la proposition de loi de nos collègues du groupe Nouvelle Gauche est un appel à agir. Il y a effectivement urgence. Elle a le mérite d’apporter une réponse nouvelle au problème déjà ancien que sont les déserts médicaux et à l’injustice qu’ils constituent. Les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine soutiendront donc ce texte.

 

(Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et NG.) les députés FI étaient absents de l'hémicycle.

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23 janvier 2018 2 23 /01 /janvier /2018 13:56
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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 17:13

Madame la présidente, monsieur le ministre d'État, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, madame la rapporteure pour avis, mes chers collègues, la Banque mondiale a annoncé qu'elle ne financerait plus le pétrole et le gaz après 2019 : voilà une bonne nouvelle ! Cette annonce, accueillie avec un enthousiasme légitime, traduit une mobilisation internationale croissante pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures. Elle montre que la question monte en puissance.

Le projet de loi soumis aujourd'hui à notre vote définitif s'inscrit dans la lignée des engagements de l'accord de Paris, en vue d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Toutefois, en regard des mutations économiques et sociales qu'un tel engagement implique, la portée de ce texte apparaît réduite – d'ailleurs, vous l'avez vous-même reconnu, monsieur le ministre d'État. Il faudrait le compléter et le densifier.

À cette fin, nous avons fait plusieurs propositions. Par exemple, il serait nécessaire de refuser des accords commerciaux qui, comme l'accord économique et commercial global, ou CETA – Comprehensive economic and trade agreement –, privent les États et les citoyens de la possibilité d'opposer l'intérêt général aux appétits des investisseurs privés ; ou encore de freiner la fièvre spéculative actuelle afin de réorienter la masse énorme des capitaux en circulation sur la planète vers l'économie réelle et la transition énergétique. On pourrait aussi développer la recherche publique, fondamentale et appliquée, pour favoriser, par exemple, la capture et le stockage du carbone à l'échelle industrielle, ou bien repenser l'aménagement du territoire pour lutter contre les phénomènes d'étalement urbain et de métropolisation, fortement consommateurs d'espace et d'énergie. Enfin, il conviendrait de développer le fret ferroviaire et fluvial et les transports collectifs de voyageurs. Nous attendons dans ce domaine beaucoup de votre engagement, monsieur le ministre d'État. Ces dossiers clés viendront en débat, en leur temps, devant l'Assemblée.

Gaël Giraud, chef économiste de l'Agence française de développement, chiffre aux alentours de 43 000 milliards d'euros, au moins, les efforts financiers qu'il conviendrait de déployer si l'on veut atteindre l'objectif de limitation à 2 ° C de la hausse de la température mondiale d'ici à la fin du siècle : on mesure l'ampleur de la tâche ! Si ce n'est pas hors de portée, cela implique de changer de modèle de société. Vous conviendrez que pour conduire une telle politique, il faudrait mettre au pot plus que les 20 milliards d'euros que l'on prévoit de consacrer à la transition énergétique pendant la durée du quinquennat.

Le rapport de l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne, ATTAC, que nos collègues sénateurs ont commenté, montre que les institutions financières publiques accordent encore de nombreux financements aux énergies fossiles : 844 millions d'euros ont ainsi été investis par les banques françaises depuis 2015, alors que le financement des projets concernant les énergies renouvelables a baissé de 23 % au niveau mondial. Il faudrait faire en sorte que plus un euro ne finance les énergies fossiles. Visiblement, ce n'est pas une ligne partagée par tous, notamment par de puissants acteurs économiques !

Monsieur le ministre d'État, vous appartenez à un gouvernement pour qui la main invisible du marché est prégnante. C'est pour nous une ligne de fracture avec les libéraux. Cette main du marché accroît en effet en parallèle les inégalités à l'échelle mondiale. La transition énergétique ne doit pas se traduire par plus de chômage, plus de pauvreté, plus de précarité.

En raison de cette ligne de fracture, et en dépit des justes intentions attachées à ce texte, nous réitérerons notre abstention.

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BRUNO FORNACIARI

HPIM3303

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