Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 07:28

Contre l'austérité en Grèce et ailleurs : Un Fonds européen pour les services publics et un crédit des banques au service de l'emploi

Conférence de presse du 8 juillet à l'Assemblée nationale
Introduction de Fédéric Boccara


Commission économique
DEPUTE-E-S FRONT DE GAUCH
E Paris, le 7 juillet 2015

La Grèce veut rester dans l’euro, sortir de l’austérité. Elle en appelle à la solidarité des autres pays et peuples d’Europe face à la crise humanitaire que son peuple vit. C’est ce qui a été exprimé avec force par le référendum dimanche.

En réalité, sortir de l’austérité est un besoin commun à tous les peuples d’Europe, pas seulement ceux des pays du sud mais aussi la France et même l’Allemagne. En ayant accepté de renégocier avec la Grèce et en affirmant ne pas vouloir l’exclure de la zone euro, les responsables politiques actuels de l’Europe confirment à leur façon que nous sommes tous interdépendants. Au-delà, les pays d’Europe ne peuvent s’en sortir les uns au détriment des autres avec une guerre économique renforcée. Une solidarité de progrès et de coopération est nécessaire.

Désormais, c’est un débat de propositions qui s’ouvre. Certains continuent de parler de Grexit mais on reconnaît la nécessité d’un traitement au fond, soutenable, de la dette et de la croissance grecque impliquant la responsabilité de toutes les parties prenantes comme vient enfin de le reconnaître François Hollande. En effet, le cas grec est révélateur du besoin de commencer à changer l’Union européenne et la zone euro.

« Grexit or not grexit », le débat fait remonter un clivage gauche-droite. Nous ne voulons pas que la Grèce sorte de l’euro. Comme les Grecs, nous voulons aussi qu’elle s’arrache à l’austérité. C’est le sens de nos propositions, lesquelles permettraient de donner de la viabilité à moyen terme à l’ensemble de la zone euro et de l’Union européenne en faisant reculer l’emprise des marchés financiers.

Plusieurs constats s’imposent en effet.

► D’abord, l’austérité cela ne marche pas. Le recul de la croissance faisant diminuer les recettes publiques encore plus vite que les dépenses augmente ainsi le poids de la dette dans le PIB.

► Deuxième constat : l’austérité démolit encore plus le potentiel de croissance future et de développement. Car celui-ci repose sur les capacités et qualifications des hommes et des femmes, sur des services publics dynamiques (formation, recherche, santé, logement, transports..), repose sur des infrastructures de bonne qualité et sur des entreprises qui, en réalisant des investissements efficaces matériels et de recherche, créent des emplois correctement rémunérés, de qualité, et respectent l'environnement.

► Troisième constat : il est indispensable d’alléger le poids de la dette ainsi que les prélèvements des marchés financiers et du capital sur les économies européennes (intérêts des dettes, coûts des emprunts bancaires, dividendes, évasions et exonérations fiscales). Ils sont énormes. Au lieu de poursuivre dans l’obsession idéologique de la baisse du coût du travail, il appartiendrait à des dirigeants vraiment responsables de faire reculer ces coûts du capital !

► Mais, quatrième constat, alléger le poids de la dette sans changer le comportement quasi-parasitaire des banques ni agir sur les entreprises c'est reculer pour mieux sauter.

Il faut donc traiter le passé (la dette) et l’avenir (les nouvelles dépenses) dans toute l’Union Européenne, et pas seulement en Grèce, en s’appuyant sur nos potentiels communs pour les développer.

Précisément, le 22 janvier dernier, la BCE a annoncé mettre 1.140 milliards d’euros à disposition de la zone euro. En octobre dernier, elle avait lancé une série d'opérations de refinancement à long terme « ciblées » sur les investissements des entreprises, pouvant aller jusqu'à 1000 milliards d'euros. Cet argent est celui de tous les européens. Au lieu d’alimenter, comme aujourd’hui, les marchés financiers et la spéculation, il doit servir des buts de progrès économique et social.

Faute d'être fortement conditionnés par des objectifs chiffrés de développement des services publics et de l'emploi, les programmes de la BCE relanceront en fait l'inflation des marchés financiers et les délocalisations contre l'emploi et la croissance réelle.

Avec cet argent, il faut bien sûr restructurer la dette publique, l'annuler pour partie et alléger radicalement son coût. La BCE peut la racheter, y compris celle détenue par le FMI, mais sans conditionner son rachat à l'adoption de plans d'austérité par les pays émetteurs. Ceci est indispensable pour la Grèce comme pour les autres pays d’Europe. Par exemple, en France peut-on accepter que les seuls intérêts de la dette de l'ensemble des administrations publiques (47,5 milliards d'euros), soient l'équivalent du budget annuel de l'éducation nationale ? Traiter ainsi la dette apporterait une indispensable bouffée d’oxygène aux peuples d' Europe.

Mais il faut aussi s’occuper de l’avenir et des dépenses nouvelles. Il faut une réorientation efficace, sinon c’est la rechute dès demain. Cela nécessite de développer les services publics et d'inciter les entreprises à engager des investissements massifs mais efficaces, c'est à dire économes en moyens naturels, matériels et financiers et créateurs de valeur ajoutée très accrue disponible pour la promotion de toutes les populations et tous les territoires.

L’argent des Européens – l’euro – doit aller aux services publics et à l’emploi ! Pour cela quatre choses sont indispensables : un nouveau mécanisme précis immédiat pour les services publics ; une action ferme sur les banques pour qu’elles appuient l’investissement efficace créateur d’emploi au lieu de la spéculation et des délocalisations ; une vraie régulation financière ; la lutte contre le dumping fiscal et l’évasion au sein même de l’Europe. Il faut en outre des investissements massifs pour ré-hausser et ré-orienter le potentiel d’activité et de croissance de chaque pays.

C’est l’intérêt commun de tous les Européens, face à la déflation et face au déchirement humain et social qui nourrit l’extrême-droite.
Des voix s’élèvent en ce sens : la dernière déclaration de la confédération européenne des syndicats (CES), la récente déclaration du DGB allemand et de son président qui réclament une poursuite de la négociation contre le Grexit. En France, au-delà des organisations syndicales et politiques, plusieurs économistes parlent de plan d’investissement, voire de plan Marshall – de Robert Salais-Gabriel Colletis-Jean-Philippe Robé jusqu’à Thomas Piketty en passant par les « Économistes atterrés ».
Il s’agit pour nous de soutenir et de transformer à la fois la demande et l’offre en Europe, tout autrement que par les marchés financiers. C’est-à-dire par la création monétaire.

Il est du rôle de la France, en Europe et dans le monde, de mettre en discussion des propositions alternatives viables, hardies, réalistes et efficaces.

Bien sûr, il faut une conférence de la dette permettant une restructuration et des annulations partielles.

Dans le cadre de cette conférence, créer un Fonds européen de développement social et solidaire pour les services publics (école, recherche, santé, logement, …) comme nous le proposons avec nos camarades et amis du Parti de la Gauche européenne. Agissant de façon démocratique et financé par la BCE, ce Fonds financerait lui-même les dépenses des États européens pour développer les services publics à très bas taux. Ce financement est autorisé par le Traité de Lisbonne (article 123.2) qui interdit en revanche le financement direct des États par la BCE (article 123.1) ;

La BCE doit conditionner vraiment et autrement ses prêts aux banques. Il faut que les banques et les entreprises changent radicalement de comportement. Au lieu de leur prêter ses euros « à guichets ouverts » et sans conditions, la BCE a le pouvoir de conditionner son refinancement des banques à taux zéro à des crédits pour des investissements qui développent l’emploi, les recherches, les salaires, les conditions sociales. Elle a le pouvoir de refuser de financer la spéculation ou les délocalisations. Bref de baisser le coût du capital et non le coût du travail, pour permettre des dépenses d’efficacité nouvelle des entreprises.

Nous proposons la mise en place, impliquant notamment la Banque européenne d’investissements, d’un programme de soutien sélectif aux investissements des entreprises de la zone euro en faveur de l'emploi et de dissuasion de la spéculation. La sélectivité serait assurée moyennant un abaissement du taux d’intérêt des crédits pour ces investissements selon qu'ils programmeraient plus d'emplois et de formations correctement rémunérés et de progrès écologiques. Seuls les crédits finançant ces investissements bénéficieraient d’un accès aux refinancements à long terme ciblés de la BCE (TLTRO). À l’inverse, les crédits utilisés pour des placements financiers ou immobiliers seraient ne seraient pas refinancés par la BCE. Avec 100 milliards d'euros de bonification, ce programme pourrait faire levier sur 1.000 milliards d’investissements matériels et de recherche dans la zone euro.

Au total, sur les 1.140 milliards d'euros du « programme étendu d'achats de titres » de la BCE, nous proposons que 500 milliards soient consacrés au financement de ce fonds, 100 milliards à la distribution de garanties d'emprunts ou à des bonifications d'intérêts, 300 autres milliards étant réservés aux achats de titres publics les plus urgents.

Telles sont les quatre mesures que nous réclamons avec nos amis grecs de Syriza, et ceci pour l’ensemble des pays de la zone euro, voire de l’Union européenne.

La France, par la voix de son Président, F. Hollande, doit ouvrir sur ces propositions une discussion à la table des négociations européennes d’ici samedi prochain.

Partager cet article
Repost0
21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 06:04

La victoire de Syriza : « A nous de prendre le relais » (Pierre Laurent)

Ce soir, avec 34% des voix, Syriza remporte nettement les élections législatives anticipées en Grèce. Malgré l'accord insupportable imposé en juillet et la crise politique dans la gauche, les Grecs viennent d'affirmer pour la 3e fois cette année, leur confiance en Syriza et Alexis Tsipras pour gouverner leur pays.

L'ensemble de la coalition gouvernementale de janvier est confortée. Syriza (144 sièges) et Anel (10 sièges) remportent la majorité parlementaire

La droite de Nouvelle démocratie est battue. Avec elle, l'ensemble des gouvernements européens qui se sont acharnés avec une violence extrême à déstabiliser le premier gouvernement Tsipras et à imposer de nouvelles mesures d'austérité, des privatisations, et des confiscations de souveraineté.

C'est un nouveau message de lutte envoyé par le peuple grec à toutes les sociétés européennes. La victoire de Syriza est un sérieux atout pour toutes les forces progressistes d'Europe.

De dures luttes attendent encore le peuple grec. La Grèce va avoir besoin de toute notre solidarité dans les semaines et mois qui viennent pour renégocier sa dette et déverrouiller le carcan d'austérité.

C'est aujourd'hui à nous de prendre le relais pour des victoires en France qui permettront de libérer tous les peuples européens de l'austérité, changer la table des négociations pour changer l'Europe.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Président du PGE,

Paris, le 20 septembre 2015.

Partager cet article
Repost0
19 juillet 2015 7 19 /07 /juillet /2015 19:13

La victoire à la Pyrrhus des maîtres chanteurs de l’austérité

ROSA MOUSSAOUI

VENDREDI, 17 JUILLET, 2015

L'HUMANITÉ

308244 Image 0

Manifestation contre les mesures d’austérité à Bruxelles le 15 juillet. PHOTO THIERRY ROGE/AFP/BELGA

Photo : Thierry Roge/AFP/Belga

Avec une majorité de membres du comité central opposés à la ratification de l’accord, Syriza entre dans une dangereuse zone de turbulences. Les appels à préserver la cohésion du parti se font pressants, alors que des élections anticipées se profilent à l’automne.

Athènes (Grèce), envoyée spéciale. Au son des détonations, manifestants et badauds ne tressautent même plus. Mercredi soir, alors que la Vouli, le Parlement grec, s’apprête à entériner, avec les voix de l’opposition, le sévère plan d’austérité que le premier ministre Alexis Tsipras qualifie luimême de catalogue de « réformes libérales » propres à entretenir la récession, le ballet des policiers antiémeute, sur la place Syntagma, entre flammes des cocktails Molotov et fumée des grenades lacrymogènes, rappelle les nuits athéniennes tendues de juin 2011, avant la signature du deuxième mémorandum.

À quelques mètres de là, sur les bancs du Parlement, commence un rude débat, qui se conclura par l’adoption, à 229 voix contre 64 et 6 abstentions, du bien mal nommé « accord » de Bruxelles, signé par le gouvernement grec sous la menace d’une ruine planifiée de l’économie du pays. Le projet de loi, présenté en urgence aux députés, n’est entériné qu’avec l’appui de l’opposition. Les Grecs indépendants de Panos Kamménos soutiennent le texte mais dans les rangs de Syriza, 6 députés s’abstiennent et 32 votent contre. Parmi ces voix dissonantes, celle de la présidente de la Vouli, Zoé Konstantopoulou, qui s’élève contre un odieux chantage, tout en faisant l’éloge de Tsipras, celle du ministre de l’Énergie Panayotis Lafazanis, indigné par le « terrorisme » et le « colonialisme » des créanciers et celle de l’ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis, révolté par un protocole aux allures de « traité de Versailles ».

Tsipras, lui, exhorte les siens à voter oui, tout en évoquant un accord avec lequel il est en désaccord, et des mesures qui « ne profi teront pas à l’économie ». Même s’il jouit toujours du large soutien d’une opinion grecque, terrorisée par la perspective d’un e™ ondrement financier et d’une expulsion de la zone euro, il sait sa majorité parlementaire perdue, et prend des accents de chef de guerre qui vient de perdre une bataille cruciale. « Nous avons affronté, dans un combat inégal, de puissants pouvoirs fi nanciers, dit-il. Le peuple grec sait distinguer entre ceux qui perdent une bataille déséquilibrée et ceux qui rendent les armes. »

C’est que les menaces n’ont pas pris fi n au sortir du tragique sommet européen du 12 juillet. Instrument du coup d’État financier, la Banque centrale européenne a attendu le lendemain du vote à la Vouli pour desserrer le nœud coulant en relevant le plafond des liquidités d’urgence dont dépendent les banques grecques.

Alors que se profile une sérieuse crise politique, Tsipras ne pouvant gouverner sans Syriza, la Grèce, toujours sous pression, pourrait aller, à l’automne, à de nouvelles élections anticipées.

Alors que les Grecs accueillaient avec soulagement, ce jeudi, la bouffée d’air consentie par la BCE, après trois semaines d’état d’exception financier (les banques devraient ouvrir de nouveau leurs portes lundi), sur le terrain politique, l’incertitude régnait toujours, dans l’attente d’un remaniement annoncé. Étaient cités, entre autres, le ministre de l’Énergie Panayotis Lafazanis, qui affirmait la veille à la Vouli tenir sa démission à disposition de Tsipras, s’il le souhaitait, et Dimitris Stratoulis (Sécurité sociale). Tous deux sont, il faut le dire, en première ligne des privatisations et de la réforme des retraites exigées par les créanciers. Les ministres adjoints Nadia Valavani (Finances), Costas Issychos (Défense) et Nikos Chountis (Affaires européennes) avaient, eux, déjà officialisé leur départ du gouvernement. Élue par les députés, la présidente de la Vouli, Zoé Konstantopoulou, qui évoquait mercredi soir, dans un discours sans concession, « un jour noir pour la démocratie », semble, elle, déterminée à rester au perchoir. Au sein du cabinet Tsipras, on n’écartait plus, toutefois, la perspective d’élections anticipées à l’automne. « Il est très possible que des élections aient lieu en septembre ou octobre, en fonction de l’évolution de la situation. Ce sera le résultat d’une évaluation globale de la situation, pas seulement par le gouvernement », a expliqué le ministre de l’intérieur Nikos Voutsis à l’antenne de la radio Sto Kokkino, proche de Syriza. Des membres du gouvernement confiaient au même moment n’avoir appuyé l’accord de Bruxelles que pour conjurer la menace du chaos économique promis à Tsipras. « Ce n’est pas tenable. Le premier ministre ne peut pas gouverner sans majorité, contre Syriza, avec le secours des voix de l’opposition. Le retour aux urnes, à court terme, est inévitable », juge un ministre. Au sein du parti, la situation est tout aussi incertaine et « les débats d’autant plus durs que tout semble instable », déplore une députée qui a choisi l’abstention. Avec une majorité de membres du comité central opposés à la ratification de l’accord, Syriza entre en effet dans une dangereuse zone de turbulences et les appels à préserver la cohésion du parti dans cette tempête se font pressants. « Toute la direction de Syriza s’accorde sur le fait que le gouvernement grec a dû faire face, ces derniers jours, à un coup d’État économique sans précédent. Cela laissera des traces et pèsera à jamais sur l’Europe et sa direction, explique Rania Svigkou, membre du secrétariat politique et porte-parole du parti. Cet accord est le résultat d’une capitulation obtenue par le chantage, dans un contexte où le mandat de négociation restait dans le cadre de la monnaie unique. Indépendamment des points de vue, nous partageons tous la même volonté de préserver l’unité de Syriza. »

Tsipras, en effet, n’a pas perdu la confiance des Grecs

Devant les députés, Tsipras affichait lui, mercredi, la ferme intention de continuer le combat, malgré des marges de manœuvre étroites, pour ne pas dire réduites à néant par le retour de la troïka, et les abandons de souveraineté inédits imposés à Bruxelles. « Nous n’avons pas perdu le soutien de la société. Nous ne permettrons pas qu’un gouvernement de gauche soit renversé. Nous ne ferons pas à nos opposants la faveur d’être une parenthèse », a-t-il insisté, en promettant de s’attaquer à la corruption et aux intérêts enchevêtrés impliquant les oligarques grecs. Le paradoxe de cette situation, c’est que Tsipras, en effet, n’a pas perdu la confiance des Grecs, majoritairement attachés au principe d’un compromis permettant le maintien de la Grèce dans la zone euro et prêts à faire peser sur ses homologues et sur les créanciers la responsabilité d’un mauvais accord auquel personne ne croit, pas même l’opposition qui l’a ratifié. Toujours profondément discréditée, celle-ci ne peut, malgré l’appui grossier de Jean-Claude Juncker, prétendre incarner une alternative, six mois après la sévère sanction des urnes confirmée avec fracas par la cuisante défaite du « oui » au référendum. Tsipras joue-t-il encore la montre ? Dans un entretien à l’ERT, mardi soir, il a admis que la défaite grecque n’écartait pas pour autant, avec certitude, le scénario du Grexit, que défend toujours l’impitoyable ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. « J’ai cru que cette Europe pouvait être changée, que le droit pouvait primer sur les intérêts des banques. Nous étions seuls, face à tout le système financier mondial. La vérité, c’est que cet accord a été imposé de manière cruelle, a expliqué le premier ministre grec. Mais c’est pour eux une victoire à la Pyrrhus, qui finira par se retourner contre eux. Durant cinq mois, nous avons semé des graines de démocratie et de dignité, elles finiront par fleurir. Les fissures dans le mur de l’austérité sont là, il ne résistera pas. »

Habermas dénonce le « châtiment » infligé aux Grecs. Dans le quotidien britannique The Guardian, le philosophe Jürgen Habermas, figure de l’École de Francfort, étrille la grande coalition allemande à l’attaque de la Grèce et du gouvernement Tsipras. « Je crains que le gouvernement allemand, incluant sa branche sociale-démocrate, n’ait dilapidé en l’espace d’une nuit tout le capital politique qu’une Allemagne meilleure avait accumulé depuis un demi-siècle », déplore le penseur, élève de Theodor Adorno et figure des révoltes étudiantes en Allemagne à la fin des années 1960. Et d’ajouter : « Forcer le gouvernement grec à donner son accord à un fonds de privatisation économiquement discutable et éminemment symbolique ne peut être compris que sous l’angle d’un châtiment décrété contre un gouvernement de gauche. »

Partager cet article
Repost0
18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 14:42

La dette grecque remise par le… FMI

Alors que la Commission européenne propose un prêt relais pour permettre à la Grèce de rembourser ses créanciers, le FMI clame que cette dette grecque est « non-viable » et doit être revue.

La dette grecque est « totalement non viable ». C’est ce qu’affirme le FMI dans une note diffusée publiquement mardi. Avant même l’accord imposé par l’Europe aux Grecs, cette note avait été donnée aux dirigeants européens. Sans effet. Mais l’Allemagne poussant pour que le FMI participe au nouveau plan d’aide, l’institution dirigée par Christine Lagarde a diffusé son document et lâché via un membre affirmant à l’agence Reuters sous couvert d’anonymat : « nous l’avons fait savoir clairement (…) Il nous faut une solution concrète et ambitieuse au problème de la dette ». Non que le sujet ne gène d’un point de vue éthique, le rapport de l’audit sur la dette grecque ayant montré que la non-viabilité mais aussi l’illégalité et l’illégitimité de la dette grecque étaient connues des créanciers dès de la départ parmi lesquels figurent le FMI. Mais là, non seulement la Grèce n’a pas remboursé ses dernières échéances en juin et juillet –ce que l’institution ne supporte pas– mais la débâcle semble trop proche. Le FMI annonce ainsi que la dette grecque va passer de 175% à 200% « dans les deux prochaines années ». Il propose donc trois options : étendre le délai durant lequel la Grèce n’aurait pas à rembourser ses créanciers, transférer annuellement des fonds à la Grèce ou un effacement.

Or, l’accord imposé par les créanciers stipule qu’on ne peut pas faire de coupe dans la dette et que les remboursements sont une priorité.

Quelles que soient les motivations de cette institution, sa sortie a remis le sujet de la dette sur la table.

Un sujet que le gouvernement grec tente désespérément d’imposer à une Union européenne très majoritairement hostile, une Allemagne qui en a fait un casus belli et une France qui reste dans le flou. Encore hier, le Ministre Sapin a dit être sur la même position que le FMI. Laquelle ? Le délai ou l’effacement ?

« Cette dette, que ni le peuple ni le gouvernement actuel n’ont ni créée et gonflée, est utilisée depuis cinq ans comme instrument d’asservissement du peuple par des forces qui agissent à l’intérieur de l’Europe dans le cadre d’un totalitarisme économique » a rappelé Zoé Konstantopoulou, Présidente du parlement grec, avant d’annoncer son vote contre le projet d’accord. Un accord « en total contradiction avec le résultat du référendum » a souligné Eric Toussaint, Président du CADTM(*) ayant piloté l’audit sur la dette commandée parle parlement grec, qui assure qu’une « répudiation » légale de la dette grecque est possible.

Pas de quoi cependant ébranler une Europe arqueboutée sur son refus de négocier la dette. Au contraire. Hier, la Commission européenne a proposé un prêt d’urgence de 7 milliards d’euros… Histoire d’honorer les prêts en cours.

La Marseillaise, le 16 juillet 2015

(*) Comité pour l'annulation de la dette du Tiers Monde.

L’accord en débat au parlement grec hier soir

Initialement prévu à 14h, le débat puis le vote au Parlement grec sur l’accord désormais surnommé de Bruxelles a finalement commencé à 19h à Athènes. Devant la Vouli, le Parlement Grec, une centaine de manifestants se sont rassemblés en matinée puis en fin de journée au moment des débats, tandis que le syndicat des fonctionnaires (Adedy) a lancé hier un appel à la grève de vingt-quatre heures, le premier depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza.

A midi, le parti d’Alexis Tsipras s’était réuni en comité central, rejetant à 109 voix sur 201 l’accord imposé et dénonçant : « un coup d'État à Bruxelles contre la démocratie et la souveraineté populaire » dont « l’objectif (…) était d’infliger un châtiment exemplaire à un peuple qui avait envisagé un autre chemin, différent du modèle néolibéral de l’extrême austérité ». Et de demander à ses Députés de voter contre.

Dans la journée, seuls une quarantaine des 149 Députés que compte Syriza avaient annoncé vouloir respecter cette consigne.

Parmi eux, la Vice-Ministre aux Finances, Nadia Valavani, ayant démissionné dans la matinée, ou le Ministre de l’énergie, Panagiotis Lafazanis et la Présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, qui pourtant a accueilli Alexis Tsipras par des applaudissements à son arrivée à la Vouli. Même annonce de vote contre dans les rangs des Députés KKE qui n’ont cessé d’annoncer la « trahison » de Syriza.

En revanche, les 76 députés conservateurs de Nouvelle Démocratie, les 13 socialistes du Pasok et les 17 centristes de To Potami avaient annoncé un vote en faveur de l’accord.

Selon des journaux italiens, Alexis Tsipras aurait mis sa démission dans la balance devant les Députés grecs.

La Marseillaise, le 16 juillet 2015

Accepter la défaite

En politique, il vaut mieux reconnaître ses défaites.

A condition de savoir les encaisser, les analyser et s’en servir pour rebondir. Cela permet d’empêcher de se bercer d’illusions et de vouloir les faire avaler à autrui.

Incontestablement, l’accord signée à Bruxelles entre la Grèce et ses créanciers est à placer au rang des défaites des partisans d’une Europe démocratique. Alexis Tsipras semble en être le premier conscient. Cette défaite risque de coûter cher au peuple grec si son gouvernement ne réussit pas à renverser la tendance. Par quels moyens ?

Bien malin celui ou celle qui réussira à trouver la solution miracle à une constat de contradiction majeure. On a compris qu’il y avait deux tendances au sein de l’équipe gouvernementale grecque à l’issue du référendum. La ligne « Varoufakis » visant à attaquer de front la troïka en se reposant sur les 61% de Non, quitte à subir le Grexit. Et la ligne « Tsipras » faisant du maintien dans la zone euro un préalable inamovible. Alexis Tsipras se trouve aujourd’hui dans une situation politique délicate, au parlement, dans son gouvernement et au sein de Syriza. Dans l’adversité mais pas discrédité. En effet, les critiques portent plus sur le contenu de l’accord que sur son attitude. L’opinion -y compris allemande- s’étant rendu compte que le Premier Ministre grec était tombé dans un guet-apens institutionnel visant à le pousser à la démission. Des chantres de l'austérité qui à trop vouloir museler une gauche de transformation sociale -et du fait d'une social-démocratie et d'une droite traditionnelle disqualifiées- ferait le lit de l'extrême droite. Il faut en effet être aveugle pour ne pas voir qu'Aube dorée n'attend que le pourrissement total de la situation pour sortir du bois et rafler la mise par tous les moyens. L'heure est donc grave en Grèce. Courageux est celui qui admet sa défaite et repart de plus belle au combat.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 16 juillet 2015)

Repères

François Hollande se « réjouit ». De passage à Marseille hier, François Hollande s’est « réjoui » des résultats du vote des parlementaires français, « une très forte majorité » permettant « d’envoyer un signe avant que le parlement grec n’ait à se prononcer ». Et d’insister sur les réformes : « C’était la condition, je sais qu’elle est dure pour Alexis Tsipras, qui sait que son peuple a déjà beaucoup souffert » avant de plaider pour l’euro, « cette monnaie unique, une aventure exceptionnelle qui va donner, qui donne, une force à l’Europe et qui doit être préservée dans l’intérêt du monde ».

La Marseillaise, le 16 juillet 2015

Partager cet article
Repost0
16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 05:17

Le roi est nu: le "modèle allemand" est un poison pour l'Europe

Le coup d'état monétaire perpétré contre la Grèce traduit le niveau de brutalité à laquelle la classe dirigeante allemande est prête à recourir pour perpétuer le système ordo-libéral qui lui permet d'assurer son hégémonie sur le continent.

La chancelière Angela Merkel a cédé en fin de compte aux partisans de la ligne la plus inflexible. En menaçant Alexis Tsipras d'une sortie immédiate et chaotique de la monnaie unique, elle a réussi en effet à lui imposer un nouveau programme de super austérité, voué comme les précédents à l'échec et, au passage, à la démultiplication des souffrances pour le peuple grec. Ce qui ne peut que rendre un grexit inéluctable à terme.
Aux yeux des dirigeants allemands qui font, de fait, front derrière les positions, présentées bien à tort souvent jusqu'ici comme "radicales et isolées" du ministre des finances, Wolfgang Schäuble, l'essentiel n'est plus de maintenir la Grèce dans l'euro mais d'organiser sa sortie, à terme. Selon un processus qui permette de se prémunir des effets déstabilisateurs qu'un grexit immédiat pourrait avoir sur le reste de la zone euro. Schäuble prétend depuis des mois qu'avec le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) la zone euro aurait les moyens d'organiser cette "sortie bien ordonnée " de la Grèce de l'euro.
La vraie bataille pour le maintien de la Grèce dans l'euro commence donc par la résistance et la désobéissance aux nouveaux diktats austéritaires décrétés par Berlin et Bruxelles. En Grèce bien entendu. mais aussi et sans doute surtout dans le reste de l'Europe où la soumission aux règles du "modèle allemand" possède les mêmes conséquences sociales et économiques désastreuses. A commencer par celles que subit le peuple allemand dans sa grande majorité depuis la mise en oeuvre de l'agenda "anti-social de l'ex chancelier Schröder .
L'émotion suscitée dans toute l'Europe par le coup contre le gouvernement grec élu - jusqu'en Allemagne où la presse de ce 15 juillet réagissait globalement de façon critique au diktat de Merkel - peut constituer le point de départ d'une résistance à l'échelle du continent exigeant la mise en oeuvre d'une Europe qui se fonde enfin sur le principe de la solidarité et non plus sur celui de la compétition entre ses peuples. Des millions de salariés , de citoyens peuvent se rassembler de Paris à Lisbonne en passant par Madrid, Athènes et Berlin, pour une civilisation européenne enfin émancipée de la loi des plus forts, et singulièrement de celle du capital allemand. Et des idées alternatives fortes autour d'un autre rôle de la BCE, d'une politique du crédit s'émancipant peu à peu des marchés financiers, se plaçant au service de l'emploi et d'un vrai co-développement , ont commencé de germer et ont gagné en crédibilité tout au long du bras de fer de ces dernières semaines.
L'enjeu de cette lutte paneuropéenne est immense. Car le couronnement de l'Europe de la compétition tant voulue par Angela Merkel rime inéluctablement avec régression nationaliste. Celle ci est déjà présente si l'on veut bien y regarder de plus près, dans les débats au sein des cercles dirigeants allemands les plus "radicalisés" qui voudraient rejouer de "l'atout" monétariste - n'a-t-il pas permis d'organiser jadis une annexion en bonne et due forme de l'ex RDA - pour élargir encore leur domaine d'influence en Europe grâce au Deutsche mark ressuscité ou à un "euro du nord".
Bruno Odent

Partager cet article
Repost0
15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 20:07

Pierre Laurent au Sénat sur l’accord du 13 juillet avec la Grèce

Intervention de Pierre Laurent au Sénat sur l’accord du 13 juillet avec la Grèce - Seul le prononcé fait foi.

Nous abordons le vote crucial d’aujourd’hui, toujours sous le choc, et certains que le coup porté ce week-end à la démocratie marquera durablement les esprits et les relations entre pays européens.

Trois sentiments animent le groupe CRC :

La volonté de défendre l’intérêt du peuple grec qui a eu le courage de se lever - le 25 janvier et lors du référendum - pour crier à la face de l’Europe sa souffrance et son exigence de voir lever le pilon qui l’écrase !

Vive le peuple grec digne et libre.

Et vive Alexis TSIPRAS dont le courage et la responsabilité politique sont exemplaires.

Le second sentiment, c’est la colère contre la violence de dirigeants de l’UE - au premier rang desquels Angela MERKEL et Wolfgang SCHAUBLE.

Ils viennent de montrer quels intérêts ils défendent.

Qu’un peuple se lève contre l’ordre libéral et l’oligarchie financière, et ils s’affairent à le soumettre et le punir.

Depuis le premier jour, ils n’ont jamais recherché un accord viable avec la Grèce et ont organisé son asphyxie financière.

Ils voulaient la tête d’Alexis TSIPRAS.

Le référendum a douché leur tentative de coup de force.

Ils se sont alors acharné jusqu’à la dernière minute à provoquer un « GREXIT » de fait. Alexis TSIPRAS, porteur du mandat de son peuple de rester dans la zone euro et de faire respecter la souveraineté de la Grèce, dans l’UE, s’y est refusé avec juste raison.

Dès lors, leur choix a été l’humiliation et le chantage pour imposer le couteau sous la gorge, un nouveau plan drastique à la Grèce. Ces dirigeants et leur méthode sont la honte de l’Europe ! Ils ne servent que les pouvoirs financiers, quitte à s’appuyer sur l’extrême droite. Des millions d’Européens ne l’oublieront pas. Le troisième sentiment est alors celui d’une très grande inquiétude pour l’avenir de l’Europe.

Elle meurt dans les cœurs et dans les têtes si elle continue ainsi. Tous ceux qui persistent à soutenir de telles méthodes prennent une très grave responsabilité devant l’histoire !

Des frustrations et des humiliations générées par une telle arrogance et la seule loi du plus fort naîtront des monstres politiques ! Ils grandissent déjà au coeur de l’Europe !

La leçon première à tirer, est l’impérieuse nécessité de la refondation sociale et démocratique de l’UE, et son émancipation urgente des logiques financières qui l’étouffent.

L’accord qui nous est soumis écarte à première vue le « GREXIT » qui était et qui reste l’objectif des dirigeants allemands.

Alexis TSIPRAS a dit hier, avec une grande loyauté à l’égard de son peuple, dans quelles conditions il a assumé un accord contraint et forcé, pour éviter ce cauchemar à la Grèce.

Je sais, que devant la brutalité de cet accord, certains en viennent à penser que le GREXIT ne serait plus qu’un moindre mal.

Je ne le crois pas.

Les Grecs non plus.

Parce qu’une sortie de la zone euro ferait passer la Grèce de la crise humanitaire à l’hécatombe.

Parce que toutes nos économies seraient déstabilisées.

Parce que c’est aussi une affaire politique et géopolitique qui peut ouvrir le chemin à un nouveau choc des nations. Regardez comment dans le dos des irresponsables comme monsieur SCHAUBLE, Marine LE PEN et les siens attendent le « GREXIT » comme la victoire enfin remportée, qui sonnerait le glas de la solidarité européenne !

Mais l’accord n’a pas réellement levé ce risque en choisissant d’imposer à la Grèce une mise sous tutelle insupportable et de nouvelles mesures d’austérité draconiennes.

Joseph STIGLITZ, prix NOBEL, a déclaré : « les efforts demandés à Athènes dépassent la sévérité, ils recèlent un esprit de vengeance ! », comme si le peuple grec devait payer le prix de son insoumission.

Si les exigences des créanciers sont toutes respectées, elles s’avéreront une nouvelle fois injustes socialement et empêcheront les objectifs de redressement productif du pays.

Alexis TSIPRAS a redit sa volonté de protéger les plus faibles et d’aller chercher de nouvelles recettes fiscales auprès de ceux qui s’enrichissent. Il a redit la nécessité absolue d’investissements productifs pour relancer l’économie et d’allègement du fardeau de la dette.

Mais tout est fait pour l’en empêcher.

Ainsi en va-t-il du programme démentiel de privatisations. Les rapaces sont déjà à pied d’œuvre.

Vinci est paraît-il déjà sur place pour racheter les aéroports !

Plusieurs engagements financiers sont envisagés par l’accord à la demande de la Grèce :

- un programme de refinancement de 82 à 85 milliards d’euros,

- un rééchelonnement partiel de la dette,

- un plan d’investissement pouvant aller jusqu’à 35 milliards d’euros.

Sans ces engagements, tout le monde le sait, aucune relance ne sera possible !

Or, sous la pression de l’Allemagne, tous ces engagements sont rendus hypothétiques et seront soumis au chantage permanent des créanciers !

Quant à la France, si le Président de la République a joué tardivement un rôle pour éviter le « GREXIT », elle a accepté que le prix exorbitant à payer soit fixé par Angela MERKEL, qui a dicté, une fois de plus ses conditions.

Je le dis solennellement, pour la Grèce mais aussi pour la France, nous ne sommes pas quittes. Et ne nous pouvons encore moins après ça, nous remettre à célébrer, comme si de rien n’était, le couple « indestructible » franco-allemand. La bataille ne fait que commencer. TSIPRAS est en première ligne. Certains voudraient refermer la parenthèse grecque. Notre intérêt commun, grecs, français, espagnols, européens de toute nationalité est au contraire de pousser au changement dans toute l’Europe, de la libérer des forces libérales et des marchés financiers.

La France doit agir immédiatement pour :

- obtenir le déblocage immédiat des liquidités de la BCE sans les soumettre à de nouvelles conditions

- mobiliser le plus vite possible les 35 milliards d’investissements prévus en engageant sans tarder la contribution de la France et en proposant à d’autres pays de se joindre à la création d’un fonds de développement pour la Grèce qui pourrait préfigurer un fonds de développement pour l’Europe toute entière

- Travailler à concrétiser le rééchelonnement de la dette.

Notre vote est aujourd’hui un acte de lutte et de solidarité aux côtés du peuple grec, d’Alexis TSIPRAS et de nos camarades de SYRIZA.

Nous sommes solidaires de leurs choix et assumons leur difficile et courageux combat.

Nous sommes à leurs côtés pour dire non à l’expulsion de la Grèce.

Mais nous disons d’un même mouvement, au nom de la France, que l’accord scandaleux imposé à Bruxelles n’est pas digne de l’Europe et qu’aucun maintien dans l’euro ne le peut légitimer.

Le Groupe CRC votera majoritairement contre.

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2015 6 11 /07 /juillet /2015 13:32
Partager cet article
Repost0
10 juillet 2015 5 10 /07 /juillet /2015 21:48

Site du secteur international du PCF

Grèce - Les chemins d'une autre Europe

Depuis 5 ans, les politiques d'austérité menées en Grèce ont dramatiquement échoué : le chômage et la pauvreté ont atteint des seuils critiques, l'économie s'est arrêtée, la dette publique a explosé : elle représentait 120% du produit national avant la mise en place des plans d’austérité et équivaut aujourd’hui à 180% du PIB. Il est temps d’admettre que l’expérience a échoué.

Un nombre croissant d'économistes partagent ce point de vue. En France, 3 personnes sur 4 considèrent qu'il existe d'autres solutions que l'austérité pour sortir de la crise.

Avec le référendum, le peuple grec s'est lui aussi clairement exprimé pour un changement de politique et pour rester dans la zone euro. Cette victoire du Non rend possible une issue positive à la crise, qui écarterait à la fois les diktats de l’ancienne Troïka et un Grexit aux coûts exorbitants. C’est une chance pour la Grèce et pour toute l’Europe, à commencer par les pays de la zone euro.

La solution à cette crise qui n'est pas grecque mais européenne, est à portée de main. La France doit s'engager sans faiblir pour la rendre possible, rejeter les stratégies visant à l'expulsion de la Grèce de la zone Euro, envisager la restructuration de la dette, pour un plan d'investissement et soutenir le gouvernement dans ses réformes pour une fiscalité plus juste et une lutte renforcée contre la corruption.

Extrait de l'intervention de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF devant le Sénat (8 juillet 2015)

L'Europe, et non seulement la Grèce, est face à un choix qui concerne son avenir. C'est un enjeu démocratique qui nous concerne tous. Le débat n'est pas technique, car tous les ingrédients d'un accord viable sont sur la table. Comme l'a encore montré Alexis Tsipras ce matin au Parlement européen, le débat est politique.

Qui décide en Europe ?

Est-ce la finance qui gouverne, dicte sa loi ou les peuples ont-ils le droit de maîtriser démocratiquement l'utilisation du système monétaire et bancaire. Un peuple qui vote a-t-il voix au chapitre ou sommes-nous entrés dans la « forme d'inconnue » qui ressemble bien à une dictature de marché ? De la réponse à ces questions, dépend notre avenir commun (…).

Dix ans après le Non des Français au Traité constitutionnel européen, les inventeurs de la démocratie, le berceau de notre civilisation, « Le petit peuple qui combat sans épée ni balle » du poète Yannis Ritsos, nous lancent donc un appel salutaire à repenser l'avenir de l'Europe. Ils s'adressent aujourd'hui à la France des Lumières, de la Révolution, de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité, à la France solidaire, frondeuse, indépendante, résistante et intelligente.

Le débat n'oppose pas pro et anti européens. Il oppose les dogmatiques de l'ordre libéral, des partisans de la destruction de l'Europe comme le FN et ses alliés, à ceux qui veulent comme Alexis Tsipras, comme nous, comme les syndicalistes allemands, retrouver le chemin d'une Europe solidaire.

L'Europe d'Alexis Tsipras, est celle du progrès social et écologique, de la solidarité et de la démocratie, de la coopération consentie et du respect des choix démocratiques, c'est la nôtre. C'est à ce peuple debout et à cette idée de l'Europe que la France doit s'allier dès maintenant et jusqu'au bout (…).

Il ne suffit plus de répéter que des propositions responsables doivent être mises sur la table par les Grecs. Elles le sont. La France doit maintenant user de tout son poids pour conclure un accord rapide sur ces bases.

Pour rejeter le Grexit, maintenir la Grèce dans la zone Euro, en s'opposant à toute stratégie visant à sa sortie, en usant si nécessaire de notre droit de veto.

Pour engager sans tarder les discussions sur la restructuration de la dette grecque, et plus généralement des Etats européens, jusqu'à proposer la tenue, pourquoi pas à Paris, d'une conférence européenne de la dette.

Pour soutenir le gouvernement Grec dans les nécessaires réformes pour une fiscalité plus juste et une lutte renforcée contre la corruption, en refusant de nouvelles mesures d'austérité visant de manière indiscriminée la population grecque déjà exsangue.

Pour appuyer un grand plan d'investissements européen destiné à financer le redressement de l'économie productive et la transition écologique.

La BCE en a les moyens. Depuis janvier, elle crée chaque mois 60 millions d'euros avec l'objectif d'aller jusqu'à 1 140 milliards au lieu de les injecter sur les marchés financiers, elle doit mobiliser son formidable pouvoir de création monétaire à travers un fond de développement économique, social et écologique européen, démocratiquement géré. La Grèce mais aussi tous les européens qui souffrent de l'austérité pourraient en bénéficier.

La solution est à portée de main. La France doit s'engager sans faiblir pour la rendre possible.

Comprendre - Chronologie de la crise

2000-2008 – Les origines

Les gouvernements de droite et du Pasok successifs truquent les comptes avec la complicité de Goldman Sachs pour faciliter l’entrée dans l’euro. Les jeux olympiques sont ruineux (sauf pour les affairistes du BTP,… ), le budget militaire surdimensionné (pour les plus grands profits des vendeurs d’armes français, anglais, etc.. ), et s'ouvre une politique d’endettement à guichet ouvert liée à la recherche de marchés plus rémunérateurs par les grandes banques occidentales, en particulier allemandes et françaises.

2008-2009 – La crise financière

Pour sauver les banques occidentales, les Etats engagent de vaste plan de sauvetage, avec un plan de soutien de la Banque Fédérale aux États-Unis (29 000 milliards de dollars) et par la Banque Centrale Européenne (5 000 milliards d’euros). En Grèce, de nombreux ménages se retrouvent brutalement dans l’incapacité de payer leurs échéances et les banques sont aux abois.

2009 – Intervention de la Troïka

L'objectif de la Troïka n'est pas de sauver la Grèce mais les banques (principalement française et allemandes) qui ont prêtées et spéculées sur la dette grecque. L’intervention de la Troïka prendra donc deux aspects :

La mise en place d'un plan d'austérité qui ne touchera pas ou peu les plus riches, tout en supportant des taux d’intérêts de plus en plus élevés des banques.

En contrepartie de cette austérité la Troïka va verser en deux temps en 2010 et 2012, pour 110 et 130 milliards d’euros. Mais cet argent pour l’essentiel n’ira jamais en Grèce, ni aux Grecs. Pour plus de 4 euros sur 5, il a servi à racheter les emprunts d’Etat détenus par des banques privées européennes.

Le bilan de 5 ans de régime Troïka

Le bilan de cette « intervention » pour la Grèce est catastrophique : loin de « soigner » la Grèce, ce traitement « libéral » aggrave la situation : en quelques années, le pays perd 25 % de son PIB (-42 % entre 2008 et 2015), voit son taux de chômage tripler pour atteindre 27 % (60 % chez les jeunes et 72 % chez les jeunes femmes), et en lieu et place d’une diminution de la dette publique, on voit celle-ci augmenter jusqu’à 320 milliards d’euros pour représenter 177 % du PIB en juin 2015.

Et maintenant ?

Quelques jours après le référendum la volonté de la Troïka est toujours la même : «Soit vous signez le mémorandum, soit votre économie va s’effondrer. Comment ? Nous allons faire tomber vos banques. » (Propos du président de l'Eurogroupe à l'ex-ministre des finances grec, Yanis Varoufakis)

À VISITER

Site du secteur international du PCF

LETTRE RELATIONS INTERNATIONALES

Télécharger

Télécharger

DERNIÈRE PUBLICATION

Télécharger

PARTI DE LA GAUCHE EUROPÉENNE

Grèce - Les chemins d'une autre Europe

Depuis 5 ans, les politiques d'austérité menées en Grèce ont dramatiquement échoué : le chômage et la pauvreté ont atteint des seuils critiques, l'économie s'est arrêtée, la dette publique a explosé : elle représentait 120% du produit national avant la mise en place des plans d’austérité et équivaut aujourd’hui à 180% du PIB. Il est temps d’admettre que l’expérience a échoué.

Un nombre croissant d'économistes partagent ce point de vue. En France, 3 personnes sur 4 considèrent qu'il existe d'autres solutions que l'austérité pour sortir de la crise.

Avec le référendum, le peuple grec s'est lui aussi clairement exprimé pour un changement de politique et pour rester dans la zone euro. Cette victoire du Non rend possible une issue positive à la crise, qui écarterait à la fois les diktats de l’ancienne Troïka et un Grexit aux coûts exorbitants. C’est une chance pour la Grèce et pour toute l’Europe, à commencer par les pays de la zone euro.

La solution à cette crise qui n'est pas grecque mais européenne, est à portée de main. La France doit s'engager sans faiblir pour la rendre possible, rejeter les stratégies visant à l'expulsion de la Grèce de la zone Euro, envisager la restructuration de la dette, pour un plan d'investissement et soutenir le gouvernement dans ses réformes pour une fiscalité plus juste et une lutte renforcée contre la corruption.

Extrait de l'intervention de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF devant le Sénat (8 juillet 2015)

L'Europe, et non seulement la Grèce, est face à un choix qui concerne son avenir. C'est un enjeu démocratique qui nous concerne tous. Le débat n'est pas technique, car tous les ingrédients d'un accord viable sont sur la table. Comme l'a encore montré Alexis Tsipras ce matin au Parlement européen, le débat est politique.

Qui décide en Europe ?

Est-ce la finance qui gouverne, dicte sa loi ou les peuples ont-ils le droit de maîtriser démocratiquement l'utilisation du système monétaire et bancaire. Un peuple qui vote a-t-il voix au chapitre ou sommes-nous entrés dans la « forme d'inconnue » qui ressemble bien à une dictature de marché ? De la réponse à ces questions, dépend notre avenir commun (…).

Dix ans après le Non des Français au Traité constitutionnel européen, les inventeurs de la démocratie, le berceau de notre civilisation, « Le petit peuple qui combat sans épée ni balle » du poète Yannis Ritsos, nous lancent donc un appel salutaire à repenser l'avenir de l'Europe. Ils s'adressent aujourd'hui à la France des Lumières, de la Révolution, de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité, à la France solidaire, frondeuse, indépendante, résistante et intelligente.

Le débat n'oppose pas pro et anti européens. Il oppose les dogmatiques de l'ordre libéral, des partisans de la destruction de l'Europe comme le FN et ses alliés, à ceux qui veulent comme Alexis Tsipras, comme nous, comme les syndicalistes allemands, retrouver le chemin d'une Europe solidaire.

L'Europe d'Alexis Tsipras, est celle du progrès social et écologique, de la solidarité et de la démocratie, de la coopération consentie et du respect des choix démocratiques, c'est la nôtre. C'est à ce peuple debout et à cette idée de l'Europe que la France doit s'allier dès maintenant et jusqu'au bout (…).

Il ne suffit plus de répéter que des propositions responsables doivent être mises sur la table par les Grecs. Elles le sont. La France doit maintenant user de tout son poids pour conclure un accord rapide sur ces bases.

Pour rejeter le Grexit, maintenir la Grèce dans la zone Euro, en s'opposant à toute stratégie visant à sa sortie, en usant si nécessaire de notre droit de veto.

Pour engager sans tarder les discussions sur la restructuration de la dette grecque, et plus généralement des Etats européens, jusqu'à proposer la tenue, pourquoi pas à Paris, d'une conférence européenne de la dette.

Pour soutenir le gouvernement Grec dans les nécessaires réformes pour une fiscalité plus juste et une lutte renforcée contre la corruption, en refusant de nouvelles mesures d'austérité visant de manière indiscriminée la population grecque déjà exsangue.

Pour appuyer un grand plan d'investissements européen destiné à financer le redressement de l'économie productive et la transition écologique.

La BCE en a les moyens. Depuis janvier, elle crée chaque mois 60 millions d'euros avec l'objectif d'aller jusqu'à 1 140 milliards au lieu de les injecter sur les marchés financiers, elle doit mobiliser son formidable pouvoir de création monétaire à travers un fond de développement économique, social et écologique européen, démocratiquement géré. La Grèce mais aussi tous les européens qui souffrent de l'austérité pourraient en bénéficier.

La solution est à portée de main. La France doit s'engager sans faiblir pour la rendre possible.

Comprendre - Chronologie de la crise

2000-2008 – Les origines

Les gouvernements de droite et du Pasok successifs truquent les comptes avec la complicité de Goldman Sachs pour faciliter l’entrée dans l’euro. Les jeux olympiques sont ruineux (sauf pour les affairistes du BTP,… ), le budget militaire surdimensionné (pour les plus grands profits des vendeurs d’armes français, anglais, etc.. ), et s'ouvre une politique d’endettement à guichet ouvert liée à la recherche de marchés plus rémunérateurs par les grandes banques occidentales, en particulier allemandes et françaises.

2008-2009 – La crise financière

Pour sauver les banques occidentales, les Etats engagent de vaste plan de sauvetage, avec un plan de soutien de la Banque Fédérale aux États-Unis (29 000 milliards de dollars) et par la Banque Centrale Européenne (5 000 milliards d’euros). En Grèce, de nombreux ménages se retrouvent brutalement dans l’incapacité de payer leurs échéances et les banques sont aux abois.

2009 – Intervention de la Troïka

L'objectif de la Troïka n'est pas de sauver la Grèce mais les banques (principalement française et allemandes) qui ont prêtées et spéculées sur la dette grecque. L’intervention de la Troïka prendra donc deux aspects :

La mise en place d'un plan d'austérité qui ne touchera pas ou peu les plus riches, tout en supportant des taux d’intérêts de plus en plus élevés des banques.

En contrepartie de cette austérité la Troïka va verser en deux temps en 2010 et 2012, pour 110 et 130 milliards d’euros. Mais cet argent pour l’essentiel n’ira jamais en Grèce, ni aux Grecs. Pour plus de 4 euros sur 5, il a servi à racheter les emprunts d’Etat détenus par des banques privées européennes.

Le bilan de 5 ans de régime Troïka

Le bilan de cette « intervention » pour la Grèce est catastrophique : loin de « soigner » la Grèce, ce traitement « libéral » aggrave la situation : en quelques années, le pays perd 25 % de son PIB (-42 % entre 2008 et 2015), voit son taux de chômage tripler pour atteindre 27 % (60 % chez les jeunes et 72 % chez les jeunes femmes), et en lieu et place d’une diminution de la dette publique, on voit celle-ci augmenter jusqu’à 320 milliards d’euros pour représenter 177 % du PIB en juin 2015.

Et maintenant ?

Quelques jours après le référendum la volonté de la Troïka est toujours la même : «Soit vous signez le mémorandum, soit votre économie va s’effondrer. Comment ? Nous allons faire tomber vos banques. » (Propos du président de l'Eurogroupe à l'ex-ministre des finances grec, Yanis Varoufakis)

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2015 4 09 /07 /juillet /2015 01:09

Grèce. Pierre Laurent : « La solution est à portée de main, la France doit s'engager pour la rendre possible »

MERCREDI, 8 JUILLET, 2015

HUMANITE.FR

pn_laurent_tscg_senat_007.jpg

L'intervention que Pierre Laurent, sénateur de Paris, à prononcé cet après-midi devant le Sénat à propos de la Grèce.

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames, Messieurs les ministres,

Chers collègues

Face au chantage et à l'injustice, le peuple grec a envoyé dimanche dernier un message d'espoir à toutes celles et ceux qui souffrent de l'austérité. Pour la deuxième fois en 6 mois, le peuple grec a exprimé sa soif de dignité, de démocratie et de liberté.

Il a voté sans céder à l'arsenal de pressions politiques, médiatiques, financières, aux chantages, aux tentatives de détournement de la question qui lui était posée.

Après 5 ans d'une austérité inhumaine, et je rappelle que vous avez tous voté ces mécanismes, 61 % des Grecs, ont dit « non » à une nouvelle baisse des retraites, à l'augmentation de la TVA sur les produits de consommation courante, à une nouvelle saignée d'austérité qui aurait affaiblie encore un peu plus leur pays.

Ils ont réaffirmé leur volonté: sortir de l'austérité et trouver une solution durable et profitable à la Grèce comme à l'ensemble des pays européens au sein de la zone euro.

En somme, ils ont conforté la démarche de négociation honnête et raisonnable qu'Alexis Tsipras n'a cessé de défendre sur la scène européenne depuis son élection.

Monsieur le Ministre, vous savez comme moi que cette démarche n'a pas été celle de ses partenaires, de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international qui pendant ces longs mois ont joué la faillite du pays, cherchant l'abdication politique de ces nouveaux dirigeants démocratiquement élus.

C'est l'ultimatum du FMI, alors qu'un accord était en bonne voie, qui a contraint le gouvernement grec à se tourner à nouveau vers son peuple.

Ce référendum a remis les pendules à l'heure face à ce coup de force larvé. Il a permis la reprise des négociations. Le fait est que certains gouvernements ne veulent pas qu'une politique s'écartant du dogmatisme libéral dominant puisse être expérimentée dans l'Union Européenne.

L'Europe, et non seulement la Grèce, est face à un choix qui concerne son avenir.

C'est un enjeu démocratique qui nous concerne tous.

Le débat n'est pas technique, car tous les ingrédients d'un accord viable sont sur la table. Comme l'a encore montré Alexis Tsipras ce matin au Parlement européen, le débat est politique.

Qui décide en Europe ?

Est-ce la finance qui gouverne, dicte sa loi ou les peuples ont-ils le droit de maîtriser démocratiquement l'utilisation du système monétaire et bancaire

Un peuple qui vote a-t-il voix au chapitre ou sommes-nous entrés dans la « forme d'inconnue » qui ressemble bien à une dictature de marché ?

De la réponse à ces questions, dépend notre avenir commun.

Français, Grecs, Européens, nous sommes tous concernés. Le Grexit serait irresponsable et serait d'ailleurs la solution la plus coûteuse et de loin pour tous. Nous ne pouvons pas en rester au maintient aveugle des règles qui nous ont déjà conduits à la catastrophe, elles ne sont un avenir ni pour la Grèce, ni pour la France, ni pour l'ensemble des peuples européens.

Dix ans après le Non des Français au Traité constitutionnel européen, les inventeurs de la démocratie, le berceau de notre civilisation, « Le petit peuple qui combat sans épée ni balle » du poète Yannis Ritsos, nous lancent donc un appel salutaire à repenser l'avenir de l'Europe. Ils s'adressent aujourd'hui à la France des Lumières, de la Révolution, de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité, à la France solidaire, frondeuse, indépendante, résistante et intelligente.

Comme les dizaines de personnalités de gauche, et parfois même de droite, et du mouvement social, syndical, culturel qui ont pris parti pour le peuple grec,

comme les milliers de citoyens qui ont défilé dans notre pays en solidarité,

comme les 67% de Français qui déclarent nécessaires d'autres solutions que l'austérité, le groupe CRC considère que la place de la France est avec les Grecs, pour les sortir de l'impasse, mais aussi parce que la Grèce se bat aujourd'hui pour nous tous, contre les irresponsables qui ont mené l'Europe à la catastrophe ET contre ceux qui en profitent pour vendre leurs camelote populiste et nationaliste.

Le débat n'oppose pas pro et anti européens. Il oppose les dogmatiques de l'ordre libéral, des partisans de la destruction de l'Europe comme le FN et ses alliés, à ceux qui veulent comme Alexis Tsipras, comme nous, comme les syndicalistes allemands, retrouver le chemin d'une Europe solidaire.

L'Europe d'Alexis Tsipras, est celle du progrès social et écologique, de la solidarité et de la démocratie, de la coopération consentie et du respect des choix démocratiques, c'est la nôtre.

C'est à ce peuple debout et à cette idée de l'Europe que la France doit s'allier dès maintenant et jusqu'au bout.

Nous aurions souhaité, monsieur le Premier Ministre, que notre parlement s'exprime sur un mandat de négociations, comme cela se fait dans plusieurs pays démocratiques, dont la Grèce.

Cela aurait peut-être empêché des fautes politiques comme l'éviction du Ministre des finances de la République Hellénique, lors de l'Eurogroup samedi dernier, et la signature par Michel Sapin du texte inhumain instaurant la fin du programme de financement d'urgence des banques grecques, provocant la fermeture de celles-ci, alors même que le Président de la République nous assurait de sa détermination à trouver un accord le lundi précédent.

La France n'a rien à gagner au double langage, à l’ambiguïté, à la faiblesse.

L'heure est au choix et à une parole forte de la France dans ce moment crucial.

Il ne suffit plus de répéter que des propositions responsables doivent être mises sur la table par les Grecs. Elles le sont. La France doit maintenant user de tout son poids pour conclure un accord rapide sur ces bases.

Pour rejeter le Grexit, maintenir la Grèce dans la zone Euro, en s'opposant à toute stratégie visant à sa sortie, en usant si nécessaire de notre droit de veto.

Pour engager sans tarder les discussions sur la restructuration de la dette grecque, et plus généralement des Etats européens, jusqu'à proposer la tenue, pourquoi pas à Paris, d'une conférence européenne de la dette.

Pour soutenir le gouvernement Grec dans les nécessaires réformes pour une fiscalité plus juste et une lutte renforcée contre la corruption, en refusant de nouvelles mesures d'austérité visant de manière indiscriminée la population grecque déjà exsangue.

Pour appuyer un grand plan d'investissements européen destiné à financer le redressement de l'économie productive et la transition écologique.

La BCE en a les moyens. Depuis janvier, elle crée chaque mois 60 millions d'euros avec l'objectif d'aller jusqu'à 1 140 milliards au lieu de les injecter sur les marchés financiers, elle doit mobiliser son formidable pouvoir de création monétaire à travers un fond de développement économique, social et écologique européen, démocratiquement géré.

La Grèce mais aussi tous les européens qui souffrent de l'austérité pourraient en bénéficier.

Monsieur le ministre, la solution est à portée de main. La France doit s'engager sans faiblir pour la rendre possible.

Pierre Laurent, sénateur de Paris.

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 06:41

Yanis Varoufakis : « Nous ne voulons plus du régime colonial incarné par la troïka »

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ROSA MOUSSAOUI ET GAËL DE SANTIS PHOTOS HUGO AYMAR

MARDI, 17 MARS, 2015

L'HUMANITÉ

varouf_2.jpg

photo : Hugo Aymar

En voulant empêcher le gouvernement grec de conduire la politique de rupture avec l’austérité pour laquelle il a été élu, les institutions européennes mettent en cause le principe même de démocratie, estime le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis. Entretien.

Pouvez-vous nous expliquer la différence entre la troïka et ce que vous appelez désormais le « Groupe de Bruxelles », qui inclut, outre les représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), ceux du Fonds européen de stabilité financière (FESF) ? La Grèce ne sera-t-elle pas soumise aux mêmes formes de contrôle politique ?

Yanis Varoufakis La principale différence, c’est que durant les cinq dernières années, les gouvernements successifs, en Grèce, étaient complètement dépendants de la volonté des créanciers. Ils ont capitulé face à la logique des créanciers, face à l’Union européenne. Cette dernière a fonctionné comme un despote très dur, qui a imposé à une nation en faillite des prêts dont le but était simple : permettre à l’Europe officielle de prétendre que la Grèce était sauvée tout en restant dans le déni des failles architecturales de la zone euro. La troïka était un groupement de technocrates envoyés en Grèce par nos créanciers pour appliquer un programme inapplicable, un programme qui devait aggraver la crise. Pourquoi ont-ils fait cela ? D’abord parce que, dans la première phase de la crise, après 2010, il y a eu une tentative cynique de transférer les pertes des banques françaises et allemandes vers les contribuables. Ils ont réussi cette opération, tout en prétendant que la crise grecque était réglée. Le coût, et c’est en cela que la troïka est synonyme en Grèce de régime colonial, fut une crise humanitaire massive. Voilà à quoi a servi la troïka. Nous avons été élus parce que le peuple grec a décidé de porter au pouvoir un parti condamnant ce processus. Le traitement administré à la Grèce a échoué. Nous avons été élus pour contester la philosophie et la logique politique du programme d’austérité. Bien sûr, nous appartenons à la zone euro. Nous n’avons pas notre propre banque centrale. Notre point de vue, comme gouvernement de gauche, est qu’il ne faut pas sortir de la zone euro. Nous n’aurions pas dû y entrer. Mais en sortir, dans les circonstances actuelles, causerait une perte massive de revenus et plongerait encore des millions de personnes dans la pauvreté. Sortir de la zone euro n’apporterait au peuple grec aucun progrès. Lorsque vous appartenez à une union, vous devez la réparer, pas la démanteler. Ce qui implique une négociation. À la différence de la troïka, le Groupe de Bruxelles est le fruit de l’accord que nous avons arraché dans la douleur le 20 janvier à l’Eurogroupe. Nous avons ouvert un nouveau processus. Mesurons le chemin parcouru : au lendemain des élections, les instances européennes nous intimaient l’ordre d’accepter leurs conditions, sous peine de couper les vivres aux banques grecques. Nous avons réussi à convenir d’un règlement créant une situation hybride. Nous mettrons en œuvre notre programme de réformes, nous serons jugés sur cette base. L’ambiguïté persiste, puisque nos interlocuteurs entendent aussi nous juger sur une partie du précédent programme. Le Groupe de Bruxelles témoigne de notre volonté de poser le problème au cœur de l’Europe. Pas dans un avant-poste colonial. Ce n’est pas le régime colonial qui envoie ses technocrates, ses fonctionnaires à la périphérie. Nous sommes désormais dans un processus européen. C’est notre tentative pour regagner la démocratie. Pas seulement pour la Grèce, mais pour toute l’Europe.

Jeudi dernier, au siège de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), Alexis Tsipras a clairement affirmé que la dette grecque n’était pas viable. Comment cette dette non viable peut-elle être restructurée ?

Yanis Varoufakis Vous savez, les capitalistes connaissent parfaitement la réponse à cette question. Lorsque la firme américaine General Motors a traversé, dans les années 2000, une grave crise de surendettement, sa dette a été effacée à 90 %. General Motors n’existerait plus aujourd’hui si sa dette n’avait pas été restructurée. Les avocats spécialistes des faillites traitent ce genre d’affaires tous les jours à Wall Street, à la City de Londres, à Paris, à Francfort. Ils renégocient les prêts contractés par les entreprises qui se retrouvent dans l’incapacité de surmonter leur dette. J’admets qu’il y a une certaine ironie à ce que nous adoptions, à gauche, la mentalité d’avocats d’affaires spécialisés dans les faillites ! N’oublions pas les raisons pour lesquelles le capitalisme a décollé au XIXe siècle. Parmi celles-ci, on trouve la création des sociétés anonymes. Que signifie cette innovation ? Que la dette n’est pas une dette ! Si la société anonyme coule, personne ne peut saisir votre maison. En fait, toute la logique du capitalisme est basée sur l’idée selon laquelle une dette qui ne peut être payée doit être restructurée. Tout le monde sait cela ! Sauf dans la zone euro… Mais dans les faits, même la dette grecque a déjà fait l’objet d’une vaste restructuration en 2012. Ils n’ont pas appelé ce processus « restructuration » ou « haircut » mais « PSI » pour « private sector involvement ». C’est l’ironie de la situation, un gouvernement de gauche radicale rappelle l’Europe à la logique même du capitalisme. C’est aussi dur que cela…

Lorsque vous consentez à des « réformes structurelles », qu’entendez-vous par là ? Le terme « réformes structurelles » ne sonne pas très bien à nos oreilles ici en France, où cette expression est synonyme d’ajustement néolibéral…

Yanis Varoufakis Lorsque j’étais plus jeune, le terme « réforme » renvoyait plutôt à une logique de gauche ! Plus tard, avec la crise de la dette dans les pays du tiers-monde et les plans d’ajustement structurel, le FMI s’est approprié ce terme. Il est devenu synonyme du prix que les pays pauvres devaient payer en contrepartie des prêts du FMI : fermetures d’écoles, d’hôpitaux, privatisation des services et des entreprises publics, etc. Aujourd’hui en Grèce, comme en France d’ailleurs, lorsque les gens des classes populaires entendent le mot « réforme », ils se disent immédiatement que leur retraite va être amputée, que leur accès aux soins va être entravé, que leurs enfants peuvent faire une croix sur une éducation de qualité. Le destin du terme « réforme » est comparable à celui du terme « démocratie » en Irak. Aujourd’hui lorsqu’un Irakien entend le mot « démocratie » à Bagdad, surtout s’il est prononcé avec l’accent américain, il prend peur et s’enfuit ! Mais les mots se chargent de la signification qu’on leur donne. Il y a une tradition réformiste de la gauche démocratique, nous nous y inscrivons. Des changements profonds sont indispensables. Depuis cinq ans en Grèce, tout comme en France, les réformes signifient une rétractation de l’État-providence, plus de libertés pour le capital, moins de libertés pour le travail. En Grèce, le résultat de cette grande dépression est que nous n’avons plus ni capital ni travail. Le capital a fui vers Paris, Francfort, Lausanne, Genève, New York. Le petit capital grec est aujourd’hui dans une position plutôt misérable, sans accès au crédit bancaire, sans demande interne pour écouler la production. Quant au travail… Il n’y a plus de travail. Et même lorsque les gens travaillent, ils ne sont pas vraiment payés. Six cent mille personnes, dans le secteur privé, n’ont pas reçu de salaire depuis des mois. Ils continuent de travailler, parce qu’ils ne peuvent rien faire d’autre et surtout parce qu’ils craignent de ne jamais percevoir les sommes qui leur sont dues s’ils s’en vont. C’est pire que l’esclavage, puisque vous n’avez même pas la nourriture et l’abri. Jusqu’ici, les réformes étaient synonymes d’attaques contre les plus faibles et de mansuétude pour les cartels et les oligarques. Nous pensons que la crise, au-delà de l’architecture défaillante de la zone euro, s’explique aussi par le poids de ces cartels, de ces oligarques, avec cette structure de pouvoir qui étouffe le dynamisme et l’énergie de la société grecque. Par nos « réformes », nous entendons nous attaquer à l’oligarchie, aux rentes, à des pratiques qui entravent l’innovation, le progrès, et empêchent la jeunesse de s’unir et d’exprimer sa créativité.

Comment expliquez-vous l’intransigeance, l’agressivité de la chancelière allemande, Angela Merkel, et de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, à votre égard ?

Yanis Varoufakis Ce n’est pas du tout une affaire personnelle ! C’est un problème idéologique. C’est aussi la nature humaine. Rien ne se reproduit aussi aisément que la structure du pouvoir. Nous l’avons appris des grands philosophes, de David Hume à Karl Marx. Ceux-ci expliquent très bien comment nos croyances dans les conventions, qui en un sens relèvent de l’idéologie, s’ancrent dans l’esprit des gens et sont à l’origine d’attentes et d’un faux sens du droit. « Je dispose de quelque chose, donc j’y ai droit. » Les familles riches voyageant en première classe pensent que c’est leur droit. Bien entendu, ce n’est pas un droit. Hume parlait de « vertu artificielle ». Il décrit de façon très belle, dans son Traité de la nature humaine, la façon dont les gens qui ne se conforment pas aux attentes de ceux qui pensent avoir du pouvoir sur eux déchaînent une sorte de rage. C’est ce qui se passe. Depuis cinq ans, tous les ministres des Finances des pays frappés par la crise de la dette entrent à l’Eurogroupe en demandant où ils doivent signer. Parce que le mandat du peuple grec l’exigeait, nous avons au contraire demandé à examiner ce que l’on nous pressait de signer. Nous ne sommes pas arrivés avec l’intention d’imposer notre volonté. Nous représentons un petit pays affaibli, nous le savons. Nous sommes lourdement endettés, nous ne pouvons pas rembourser cette dette, mais nous avons le droit de poser des questions avant d’emprunter encore de l’argent, comme le fait n’importe quelle autre entité endettée ! Soudain, le fait qu’un ministre pose des questions et exprime une opinion sur ce qu’on veut lui faire signer jurait avec ce qu’on attendait de lui ! Ils espéraient de nous un consentement docile, comme celui de nos prédécesseurs. Comme nous ne nous sommes pas pliés à cette attente, il y a eu dissonance et tension. Le résultat de ce clash, c’est que certains dirigeants des États membres les plus puissants de l’Union européenne peuvent être tentés de nous écraser. Ce serait terrible pour l’Europe. Cela signifierait que la démocratie n’y a plus sa place. J’espère… J’ai confiance dans le fait que nous saurons trouver un terrain d’entente. Je le dis avec optimisme : c’est ainsi que l’Europe progresse, en surmontant ses contradictions.

Avez-vous vraiment dit à Wolfgang Schäuble que s’il refusait de traiter avec vous, il pourrait se trouver confronté, dans l’avenir, aux crânes rasés d’Aube dorée ?

Yanis Varoufakis Je l’ai dit à l’ensemble de l’Eurogroupe. Avant les élections, les médias nous dépeignaient comme des populistes. Ils faisaient l’amalgame avec Marine Le Pen en France, avec Nigel Farage au Royaume-Uni. Nous sommes pourtant sincèrement proeuropéens, aux antipodes du nationalisme ! Contester les choix politiques de l’Europe officielle, ce n’est pas être antieuropéen. Il est de notre devoir de critiquer ce qui ne fonctionne pas, c’est ce que nous apprend l’histoire de ce continent. La Grèce s’est vue imposer un programme guidé par des considérations idéologiques, un programme qui engendre l’humiliation, la faim, les privations et le désespoir. Nous savons, depuis les années 1930, qu’un tel cocktail, combiné au chômage massif, produit… le nazisme. Ce phénomène existe en Grèce aujourd’hui. Le parti arrivé en troisième position aux élections législatives se réclame ouvertement du nazisme. Comme la République de Weimar, le centre a échoué. Le Pasok s’est effondré. La Nouvelle Démocratie est discréditée. J’ai clairement dit à mes homologues de l’Eurogroupe que notre échec profiterait à l’extrême droite. Si l’on nous empêche de conduire une politique alternative, Le Pen arrivera au pouvoir en France et Aube dorée prendra les rênes de la Grèce. En quoi cela serait-il une avancée pour l’Europe ?

Vous avez rencontré votre homologue français, Michel Sapin, la semaine dernière, à Paris. Une entrevue plutôt brève…

Yanis Varoufakis Non, je l’ai rencontré longuement.

Êtes-vous déçu de l’attitude du gouvernement français ? Espériez-vous plus de soutien de Paris ?

Yanis Varoufakis Non. C’était ma deuxième rencontre avec Michel Sapin à Paris. J’insiste sur le fait que nous sommes confrontés non pas à un « problème grec » ou à un « problème français », mais à un problème systémique, un problème européen posé par-delà les nations. Comme internationalistes, c’est ainsi que nous devrions analyser la situation. Où que j’aille, que mes interlocuteurs soient français, allemands, néerlandais, irlandais, britanniques, je leur dis que nous devrions tous nous asseoir du même côté de la table et placer le problème de l’autre côté, plutôt que de nous affronter pour défendre chacun des intérêts à courte vue. C’est mon attitude depuis le début. C’est très dur d’avancer, le langage même est marqué par cette logique de confrontation. Mais nous continuons sur cette voie. Le jour où je ne serai plus capable de soutenir cette approche, il sera temps pour moi de partir, je démissionnerai.

Respirerez-vous mieux si Podemos remporte les élections espagnoles à l’automne ?

Yanis Varoufakis Mon message à l’actuel gouvernement espagnol, comme à tous les gouvernements, est que s’ils font l’erreur de traiter le gouvernement Syriza en ennemi, ils perdront une opportunité. Il y a deux approches. L’une consiste à attiser la confrontation. Les conséquences seraient dramatiques pour tous. Une autre approche consisterait à voir en nous une opportunité. Si nous parvenons à un accord mutuellement bénéfique, ils pourront revendiquer ce bénéfice. Ils ont le choix. De notre côté, nous avons choisi d’être coopératifs.

Le premier ministre Alexis Tsipras a encore insisté la semaine dernière sur le paiement de la dette contractée de force par l’Allemagne durant l’occupation nazie. Pourquoi la Grèce est-elle attachée à cette revendication, quand elle demande elle-même une restructuration de sa propre dette ?

Yanis Varoufakis Je ne suis pas le ministre auquel il faut poser cette question. Je répondrai donc en tant que citoyen, en tant qu’homme politique. Durant l’Occupation, les forces allemandes ont contraint la Banque de Grèce à leur accorder cet emprunt. Il a été rédigé une reconnaissance de dette, prévoyant même des intérêts. La Banque de Grèce est toujours en possession de ce document. Cette question n’a jamais été réglée. Je ne sais pas quelles sommes cela représente. Personnellement, je pense que toute dette peut être restructurée, qu’aucune dette n’est sacrée. Mais cela doit être réglé dans le cadre d’un accord mutuel. Pour nous, la guerre ne s’est pas achevée en 1944, quand l’armée allemande a quitté le pays. Nous avons connu ensuite une guerre civile entre les collaborateurs des nazis et la gauche. Aucune famille en Grèce n’a été épargnée. J’ai moi-même grandi, de 1967 à 1974, sous une dictature. Ces dirigeants étaient des néonazis, des néofascistes qui, pour certains, ont été formés pendant l’Occupation. C’est une dette morale, qui doit être réglée.

Partager cet article
Repost0

BRUNO FORNACIARI

HPIM3303

Recherche

Texte Libre