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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 01:04
Le Front de gauche en difficulté, le PCF en "déclin"

L'échec de Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen à Hénin-Beaumont a cristallisé l'attention. Mais le co-président du Front de gauche n'est pas le seul membre du Parti de gauche à avoir été éliminé dès le premier tour des législatives. Au final, seul Marc Dolez devrait être élu pour le PG. Quant aux députés communistes, leur nombre pourrait également diminuer.


Jean-Luc Mélenchon, Martine Billard ou encore François Delapierre. Aucune de ces trois figures du Parti de gauche ne sera présente, dimanche prochain, au second tour des élections législatives. De manière plus ou moins inattendue, à l'image de l'issue du scrutin dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais qui a tourné à l'avantage de Marine Le Pen, ils ont été éliminés dès le premier tour. Jean-Luc Mélenchon a perdu son combat, initié dès la présidentielle, face au Front national.

La députée sortante et co-présidente du Parti de gauche, Martine Billard - dont la circonscription a été redécoupée - n'est pas parvenue, sans réelle surprise, à se maintenir à Paris.

Même scénario pour l'ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon qui a pris la troisième place dans l'Essonne, loin derrière son rival socialiste Malek Boutih.

 

De son côté, le secrétaire national du PG, Eric Coquerel, termine quatrième en Corrèze. Tout comme la candidate Corinne Morel-Darleux dans la Drôme. A Paris, dans la circonscription de l'écologiste Cécile Duflot, Danielle Simmonet a pris la troisième place avec 16,29% des voix. "Le Parti de gauche obtient quand même des bons scores" dans certaines circonscriptions, affirme Eric Coquerel au JDD.fr, qui rappelle que ce parti "n'a jamais concouru sous ses couleurs".

 

Mais, au final, le Parti de gauche devrait ne compter qu'un seul député le 17 juin prochain. En la personne du député sortant Marc Dolez dans la 17e circonscription du Nord. Le député sortant a en effet pris la tête du scrutin dimanche avec 30,84% des voix. Arrivée deuxième, la candidate socialiste Monique Amghar a d'ores et déjà annoncé qu'elle se retirait. "En vertu de la tradition républicaine en vigueur à gauche, j’annonce ce soir mon désistement au profit du candidat de la gauche arrivé en tête, Marc Dolez", a-t-elle indiqué dimanche soir dans un communiqué, appelant ses électeurs à se reporter sur la candidature du membre du PG. "Je voterai dimanche prochain pour Marc Dolez et les invite à faire la même chose", conclut Monique Amghar.

"Le PC a 100 ans d'histoire, nous trois ans"

Malgré tout, le Parti de gauche ne devrait pas atteindre le nombre de députés actuellement sortants. Dans la législature précédente, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon possédait trois élus au palais Bourbon, contre 16 pour le PCF : Marc Dolez (qualifié), Martine Billard (éliminée) et Jacques Desallangre. Victime de problèmes de santé, ce dernier - qui était élu depuis 1997 - ne se représentait pas cette année dans la quatrième circonscription de l'Aisne. Membre du PG, Frédéric Alliot, qui avait le soutien du sortant, n'a pas reçu l'investiture du Front de gauche, qui lui a préféré le communiste Jean-Luc Lanouilh. Aucun des deux ne sera au second tour, où seront opposées la candidate de l'UMP et une étiquetée Divers gauche. Ils obtiennent respectivement 9,5% (5e place) et 17,31% (4e place). "Nous sommes déçus de n'avoir qu'un député (...) Pour autant, le PG sort renforcé, avec plus de 11.000 militants. Une période s'ouvre", précise Eric Coquerel.

Contacté par leJDD.fr, le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi, estime que ce n'est pas un "bon score" pour le Parti de gauche, mais relativise ce résultat par rapport au "déclin" du Parti communiste. "C'est un jeune parti qui n'attendait pas des gains substantiels. Même si le score de Jean-Luc Mélenchon (à la présidentielle) a fait beaucoup rêvé. Cela a été une sorte de miroir aux alouettes et là, c'est le retour à la dure réalité", explique le sondeur. "Le PC a 100 ans d'histoire, nous trois ans. Nous n'avons jamais prétendu être son égal", confirme Eric Coquerel. Sans parler de difficile rapport de force entre les deux formations du Front de gauche, ce dernier reconnaît toutefois que "ce n'est pas quelque chose de positif". "Il vaut mieux de la diversité (...) Mais cela ne remet pas en question l'existence du Front de gauche", poursuit le secrétaire national.

Moins de députés pour le Front de gauche

Mais les projections en sièges - même s'il faut attendre le second tour - ne sont pas très optimistes pour le Front de gauche, qui obtiendrait de 13 à 20 élus selon les instituts de sondage. Contre 19 actuellement. "Ce sont de mauvais résultats. Le PCF n'est pas en mesure de remporter de nouvelles circonscriptions et est en difficulté dans beaucoup de circonscriptions", assure Frédéric Dabi, qui cite notamment l'Ile-de-France et les candidatures de Jean-Pierre Brard (Seine-Saint-Denis), Patrick Braouezec (Seine-Saint-Denis) ou encore Roland Muzeau (Hauts-de-Seine), le porte-parole des députés du Front de gauche. "Le PCF recule surtout face au PS (…) C'est un peu le même phénomène qu'en 1981 où il y avait eu un vote utile en faveur du PS aux législatives, au détriment du PC. Sauf que ce n'est plus la même situation, car à l'époque le PC sortait avec 70 ou 80 sièges", ajoute le sondeur.

 

Pour ce dernier, deux facteurs ont joué dans cette élection : "l'amplification et l'accélération de la tendance présidentielle" et "la très forte focalisation sur Hénin-Beaumont qui a peut-être entravé la campagne des communistes locaux". Les résultats viennent, selon Frédéric Dabi, confirmer le "déclin historique" du PCF, qui "pensait l'avoir enrayé avec le bon score de la présidentielle". "Le phénomène de rééquilibrage en faveur du PS se poursuit", conclut-il. "Nous sommes un peu déçus par rapport à la présidentielle. C'est toujours le cas quand on ne progresse pas d'une élection à l'autre. Mais nous ne sommes pas non plus totalement étonnés", assure au JDD.fr Eric Coquerel, qui évoque le "vote utile" et "la très forte abstention, notamment chez les jeunes et les classes populaires".

 

De son côté, Pierre Laurent, a déclaré que le résultat global "confirme l'ancrage national" du Front de gauche, "qui est à nouveau la seconde force de la gauche" devant les écologistes. Mais le numéro 1 du PCF a jugé "impensable" que le Front de gauche n'ait pas de groupe à l'Assemblée nationale, demandant au PS d'envisager de "modifier le règlement" sur le nombre minimal d'élus nécessaires à la constitution d'un groupe. Ce chiffre était de 30 jusqu'en 1988, il est passé à 20, puis à 15 en 2009. "La survie du groupe communiste se joue", confirme Frédéric Dabi.

 

Anne-Charlotte Dusseaulx - leJDD.fr

lundi 11 juin 2012

 
Pierre Laurent Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent lors d'un meeting à Lille en mars dernier. (Maxppp)

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