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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 07:35

 

Il est clair que le phénomène Mélenchon revitalise le Parti communiste. Cela, de plusieurs manières : crédibilité  retrouvée, fort rajeunissement, féminisation, et peut-être surtout acceptabilité. Les communistes sont  fiers de l'être, conscients de leur utilité ,confiants et visibles, c'est tout à fait nouveau.

Ainsi, lorsqu'un permanent indique à Libération un chiffre de 2 500 nouvelles adhésions depuis janvier dernier, cela confirme le regain d'intérêt pour un Parti disait-on, ici ou là moribond. Par expérience personnelle,  rencontres sur le marché, ou des discussions au hasard, des anciens comminites reviennent et de nouveaux arrivent. Il faut dire que le PCF "représente" dans la mémoire collective. Ainsi des références de mes interlocuteurs sont exprimées sans fard ni craintes. "Je connais" un tel me dit-on, "qui est communiste", d'ailleurs, "mon frère...", "un cousin,..." un collègue... sont communistes". "des gens biens". Les raisons  d'adhérer  s'entendent comme :"moi aussi je veux en être, je veux participer"  Et cela, je  le constate au moins localement, les communistes enregistrent vraiment un taux d'adhésions largement plus fort qu'avant la constitution du Front de Gauche.

Il y aurait donc officiellement quelque 1 200 ou 1 300 nouveaux adhérents de moins de 30 ans au PCF, et sans doute pas mal de « filles » – lycéennes ou étudiantes de premier cycle, jeunes ouvrières et employées – et de jeunes femmes. "Ce qui serait aussi intéressant de savoir, c'est s'il se produit des reprises de cartes, soit d'anciens adhérents lassés ou carrément en rupture avec certaines pratiques du passé visant à instaurer que la ligne dominante soit dictée par l'appareil et que toute divergence pouvait entraîner l'exclusion" ? demande un commentateur de ce fait sur son blog.

La réponse est variable. Oui, d'anciens communistes reprennent leur carte. Pour les raisons citées plus haut, mais aussi, rassénérés qu'ils sont que le Parti Comminste ait écarté à la fois le sectarisme et l'opportunisme représenté par la parenthèse HUE. Mais des survivances sectaires demeurent parfois. Ainsi dans la FD 79, le premier secrétaire exclut un communiste pour désaccord politique. La direction nationale est saisie. On attend sa position.


Ces adhésions sont souvent vécue comme une participation à une sorte de nouveau Front populaire, thème que reprend de plus en plus Mélenchon.

 

Et notre commentateur/blogueur poursuit : "Nombre de ces nouveaux jeunes adhérents auraient tout aussi bien pu rallier le Parti de Gauche si leur entourage ou leur relationnel les y avaient incités. Mais ils ont dû plutôt « tomber » sur des militantes ou militants du PCF qui se dépensent pour aller « au contact ».

 

Mais le phénomène des rassemblements lors des déplacements des candidats doit aussi fortement jouer. Le Front de Gauche a dû emprunter un million d'euros supplémentaires pour louer des salles qui deviennent toutes trop petites (sauf à imaginer pouvoir s'offrir de très grands stades). Récemment, pour faire converger 5 000 personnes ou plus sur Vierzon, il faut la logistique de l'UMP (car gratuits, billets de train à prix vraiment cassés par la Sncf), ce qui d'ailleurs n"a pas été le cas. Notre blogueur commentateur s'étonne : "Cette fois, la BBC s'était déplacée : je ne sais si c'était pour engranger des images d'archives ou en vue d'un sujet transversal ou pour un « focus » sur le candidat, et sa "reputation for brusqueness".  En tout cas, le Guardian l'a qualifié voici deux jours de maverick (rebelle, autonome, dissident, franc-tireur, mais aussi phénomène), et il retient désormais l'attention de la presse internationale (au-delà de l'espagnole et de l'italienne, qui furent assez tôt réceptives). Je ne sais s'il devancera de justesse François Hollande mais, est-ce vraiment un présage ?, il a sa page en finlandais sur Wikipedia tandis que le chef de file du PS l'attend encore".

 

vote utile


"Tant que, dans les sondages, F. Hollande dépassera l'actuel locataire de l'Élysée au second tour, la perception du vote « utile » peut sensiblement évoluer. Un électorat de gauche, voire d'un centre-gauche social, peut estimer qu'il serait plus utile de voter Mélenchon au premier tour".

 

Pour calmer les supputations de journalistes ou hommes politiques malintentionnés d'une même voix Jean-Luc Mélenchon et Marie-Georges Buffet réfutent la possibilité de négociations pour les nominations et soutiens aux législatives. Dans son langage imagé, Mélenchon, à Vierzon, a désigné son cou : « il n'y a pas de trace de laisse et pas de place pour la faire passer. ».Et pourtant l'idée que Mélenchon pourrait devancer Hollande construit sa crédibilité.

 

Pour les militants du Front de Gauche, le vote utile  se conçoit pour que le changement soit au bout du vote. Et là Mélenchon est plus crédible qu'Hollande, qui tergiverse.

 

Plus Mélenchon arrive au premier tour en position de force, plus l'UMP croit que ce serait pain béni pour elle. Mais ce n'est pas si sûr. Les Françaises et Français sont parfois imprévisibles. Ils peuvent croire que Mélenchon pourrait leur épargner un sort comparable à celui des Espagnols ou des Italiens.

 

Quand l'UMP prône des prêts aux étudiants comparables à ce qui se fait au Royaume-Uni où les « bénéficiaires » ne peuvent plus rembourser pour beaucoup et chaque mois davantage, les parents d'élèves des classes moyennes, surtout basses, traduisent : « suppression des bourses, des loyers bas en cités universitaires, des tarifs aménagés. ». Leur détestation du sortant aidant, même des centristes mal rassurés par les perspectives d'avenir de leurs enfants peuvent être sensibles au discours de Mélenchon.

 

En sus, le sortant passe pour être le candidat du Medef et du très grand patronat. Mélenchon a attaqué Laurence Parisot sur le mode émotionnel. « La Terreur, c'est vous qui faites que des milliers de gens se lèvent le matin la peur au ventre avant d'aller au travail, » lui a-t-il rétorqué. C'est une allusion directe aux conditions de travail dégradées ressenties par désormais une majorité de salariés mais aussi une évocation de la peur du chômage, de la précarité durable. Tout dans le discours UMP contribue à faire croître diverses appréhensions, notamment celle que la flexibilité, les licenciements de convenance (pour l'employeur), seront la règle. Sur ces questions du travail et des contrats, Mélenchon interpelle Hollande. Mais il dénonce aussi le candidat UMP.

 

L'idée qu'un second mandat du même, sans contrepouvoir à l'Assemblée, le conduirait à faire passer des solutions ultralibérales effrénées (il n'est pas vraiment réputé pour sa modération) fait son chemin. Qui, dans ce cas, serait le plus pugnace pour le contrer ?

 

Le blog de Mélenchon est chaque semaine plus massivement consulté. Certes par la presse, très certainement par des gens s'étant rendus à des réunions ou des rassemblements, mais sans doute aussi par un électorat flottant.

 

C'en est au point que selon un sondage, 43 % des interrogés souhaiteraient, sans y croire (sauf pour certains militants du FdG, pour environ 20 % des sondés se déclarant sympathisants de cette formation), que Mélenchon passe devant Hollande.   Ce qui doit interpeller le PS c'est que 23 % des sympathisants du Parti socialiste ne seraient pas déçus de voir Mélenchon devancer leur candidat.

 

De son côté, visant Hollande, le candidat UMP a récemment lancé : « la politique sans sentiment, sans passion (...) est une politique condamnée. ». Dans l'atmosphère émotionnelle entretenue par les médias, ce n'est pas si faux. Mais de ce point de vue, Mélenchon montre qu'il est plus passionné par les gens que par lui-même. Soutenu par la logistique PCF requinquée grâce à lui en grande partie, et face à celle, plutôt molle, du PS, il pourrait encore, en moins de deux semaines, progresser encore. Et alors ?

 

BF

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