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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 04:27
Hollande et la finance, un équilibre délicat

Faire de la finance son "véritable adversaire" tout en prônant une ligne sociale-démocrate. L'équilibre est difficile à respecter pour François Hollande. Cette semaine, le candidat socialiste en a fait les frais, en provoquant la colère de l'extrême gauche. Et en donnant un angle d'attaque à son principal rival.

"Il n'y a plus de communistes en France." La déclaration signée François Hollande est publiée le 14 février dans le quotidien britannique The GuardianLe Front de gauche est furieux. Cette "parole ne lui portera pas chance" et "lui promet quelques déboires", fulmine Jean-Luc Mélenchon, qui revendique être "le candidat des communistes". Le PCF s'insurge aussi : "On est là, on existe", s'agace Marie-Georges Buffet.

Alors, Hollande tente d'éteindre l'incendie qu'il a allumé sur son aile gauche. "C'est bien que le Parti communiste soit encore là. J'ai du respect pour les communistes, pour Le Front de gauche et pour cette candidature", assure le candidat socialiste le jour de la publication du papier pour désamorcer la colère de ses (probables) alliés. A la demande conjointe, du PS et de la journaliste qui avait interrogé le candidat français, le Guardian corrige finalement son article. La phrase initiale devient : "Aujourd'hui, il n'y a plus de communistes en France. Ou plus beaucoup…" Jean-Luc Mélenchon calme ses ardeurs : "L'incident est clos".

Clos ou presque. Jeudi soir, c'est Nicolas Sarkozy, lors de son premier meeting de campagne à Annecy, qui vise son principal rival dans la bataille élyséenne : "Quand on dit à la presse anglaise qu’on est libéral alors qu’on dit aux Français que l’ennemi c’est la finance, on ment!". L'accusation est lourde de sens. Alors, une nouvelle fois, François Hollande est contraint de justifier ses propos sur le plateau de TF1 le soir-même. "Dans cet entretien, je répondais à une question où l'on m'interrogeait sur la révolution si la gauche arrivait au pouvoir. Je tenais juste à dire que nous serons gestionnaires". Et de souligner, pour lever toute ambiguïté : "Je ne donne aucun gage au libéralisme (...) Je ne veux pas que mon pays soumis à une finance qui est devenue folle."

" Oui, aujourd'hui, nous sommes des socio-démocrates"

Exercice difficile que celui de faire de la finance son "véritable adversaire", comme il l'avait proclamé au Bourget, tout en prônant une ligne sociale-démocrate. D'un côté, Hollande doit cajoler son aile gauche. D'un autre, il veut assumer son rôle de candidat "pragmatique" face à la crise. Au risque d'avoir un positionnement parfois ambigu. "Est-ce que ce serait péjoratif que de qualifier aujourd'hui François Hollande et ceux qui l'entourent de socio-démocrates? Oui, aujourd'hui, nous sommes des sociaux-démocrates", a désamorcé sa porte-parole Najat Vallaud-Belkacem vendredi matin sur Europe 1. Et de justifier : " C'est vrai que nous mettons parmi les priorités de notre action le soutien aux entreprises. Pour qu'il y ait création de richesses, il faut des entreprises. Pour qu'il y ait emploi, il faut de la croissance. Oui, c'est vrai que la gauche de ce point de vue a pu évoluer."

Pas question pour autant de concéder un quelconque reniement dans les propos de François Hollande. "Il y a une bonne et une mauvaise finance", nuance-t-elle. Le candidat socialiste "ne parle pas de la finance dans l'absolu. Il parle de la finance nocive, la finance toxique, la finance des spéculateurs, celle qui tourne au service d'elle-même", explique aussi Najat Vallaud-Belkacem. Une manière de clore l'épisode, définitivement cette fois?

Caroline Vigoureux - leJDD.fr

vendredi 17 février 2012

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