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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 13:39

Ce qu'écrivait Charb en 2011 après l'incendie criminel des locaux de Charlie Hebdo.
Même pas mal! Publié le 7 novembre 2011(extrait de l’apéro de Charb, Charlie Hebdo)

J’ai la trousse qui sent quelque chose entre la saucisse fumée et le
pneu brûlé. Ce n’est pas une allusion graveleuse. C’est tout ce que j’ai
sorti du tas de suie qui recouvre notre journal : la trousse où je
range mes stylos, feutres et gommes. C’est donc ce matériel dérisoire
qui nous permet de lutter à égalité avec les pires armées de connards…
Ouah ! C’est dingue, le pouvoir de l’humour et de la dérision. Plutôt
que de chercher à avoir la bombe, le pouvoir iranien devrait distribuer
des crayons aux Gardiens de la révolution…
On a tous rapporté chez
nous cette épaisse odeur de bêtise. La bêtise a l’odeur d’un journal
brûlé. On aura au moins appris quelque chose de l’incendie criminel qui a
ravagé Charlie. « Attentat », a dit le ministre de l’Intérieur, qui est
venu visiter les locaux. Oui, le ministre de l’Intérieur, celui-là même
qui a presque une rubrique attitrée dans le journal toutes les
semaines. Vous savez, la rubrique de Réseau éducation sans frontières,
qui explique comment le gouvernement instrumentalise l’immigration et
les sans-papiers pour gagner des parts de marché sur le Front national.
Tiens, le Front national, qui, par la voix de Marine Le Pen, déplore
aussi ce qui est arrivé à Charlie. Ils sont cruels, les incendiaires,
ils ont réussi à me faire serrer la main de Guéant. Justement, nous
demandent quelques journalistes, le nez retroussé par ce qui se voudrait
un sourire ironique : ça vous fait quoi d’être soutenu par une partie
de ceux que vous critiquez le plus ? Qu’est-ce que tu veux répondre…
Vous imaginez le ministre de l’Intérieur ou un chef de parti politique
se réjouir publiquement d’un attentat perpétré contre un journal ? Oui,
mais, continuent les journalistes aux gencives luisantes, ça fait quoi
pour un journal en marge de provoquer un tel consensus dans le pays ?
Hein ? Eh ben, ÇA FAIT DU BIEN !

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 22:08

Charlie Hebdo/CHARB : « j'ai quasiment toujours voté communiste »

Qu'est-ce qui vous amène à la fête de l'Humanité à Toulouse ?

J'ai une vraie proximité avec l'Humanité, d'abord parce que je dessine depuis longtemps déjà dans l'édition du dimanche et aussi en semaine, en plus de Charlie Hebdo. Je suis proche des idées défendues ici et je connais bien Roselyne de la librairie de La Renaissance qui fait un boulot formidable. J'ai répondu avec plaisir à l'invitation pour débattre notamment sur le Front national.

Le communisme est-il encore une idée neuve ?

Oui, bien sûr, je rêve de l'Union soviétique de l'Union européenne. Pas sur le modèle qui a fait faillite à l'Est, évidemment. Mais je crois que le communisme est une solution à la crise. J'en vois pas d'autres. Je manque peut-être d'imagination, mais j'ai quasiment toujours voté communiste. J'ai juste failli prendre ma carte au Parti socialiste quand j'étais au lycée. Il faut dire que dans ma famille, on était plutôt PS.

Charlie Hebdo s'est beaucoup investi dans le débat sur les caricatures de Mahomet, comment analysez-vous le phénomène jihadiste prégnant à Toulouse ?

Personne ne conteste le phénomène de ces jeunes qui partent pour le Jihad, c'est une réalité et il y a un vrai danger. Mais je crois que le risque est surévalué et qu'ils ne sont pas si nombreux. On fait beaucoup plus de bruit autour de ce risque-là que sur le nombre de tués à la Kalachnikov, à Marseille. Il ne faut pas avoir peur plus que de raison. Il faut faire attention à l'aspect médiatique, car à force de raconter qu'ils sont puissants, ils vont finir par l'être. Les médias peuvent conforter le phénomène et renforcer dans leur détermination des individus qui sont d'abord isolés. Heureusement, pour une fois on ne fait pas l'amalgame entre ces jihadistes et les musulmans.

Comment voyez-vous l'avenir de la presse, notamment satirique ?

C'est catastrophique. La crise s'est rajoutée aux problèmes qui existaient déjà avant. Je ne vois pas comment la presse papier peut s'en sortir, d'autant que la situation du réseau de distribution se dégrade très vite. Paradoxalement, à Charlie Hebdo et dans la presse satirique en général, on est plus protégés, parce qu'on est sur une niche où il y a peu de concurrence. Mais on vit difficilement, on a pas de réserve. On va proposer une formule sur le net, mais ça ne compensera pas la baisse du papier.

Un message pour cette fête ?

Oui, un message d'espoir. Je veux dire aux gens que la contestation la colère, les critiques contre les élites sont légitimes. Le problème, c'est quand ils votent FN au lieu de voter PC. Ce que je ne comprends pas, c'est qu'on a le droit de critiquer l'idéologie et les politiques du FN, mais pas les électeurs. Ils souffrent sans doute, sont malheureux, d'accord, mais pour moi, ce sont des salauds. La spécificité du vote FN, c'est que c'est d'abord un vote raciste anti-immigrés. Sinon, ils voteraient à gauche...

La Dépêche du Midi - le 7 juin 2014

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 21:37

L’abécédaire de Charb…

PROPOS RECUEILLIS PAR MARION D’ALLARD ET CAROLINE CONSTANT

JEUDI, 8 JANVIER, 2015

L'HUMANITÉ

Autoportrait Le 1er juillet 2011, notre ami se livrait à l’Humanité en vingt-six cases qu’il illustra pour l’occasion. Extraits.

comme… Charlie Hebdo. Charlie, c’est une grosse verrue plutôt jolie sur le visage de la presse française. Une verrue qui donne un sens. C’est ma raison de vivre, ça fait dix-neuf ans que j’y suis et j’espère y rester encore au moins autant. C’est pour moi le seul journal libre dans tous les sens du terme. Un journal qui ne vit pas de publicité et qui refuse d’en vivre. Et, quelles que soient les époques, je n’y ai jamais été censuré. Les comptes ont été très mauvais les deux dernières années. Si les lecteurs nous achètent on vit, si les lecteurs ne nous achètent pas on meurt. Les journaux capitalistes qui donnent des leçons sur le respect de la loi du marché survivent grâce à la recapitalisation des gros actionnaires. La moindre grippe peut nous emporter. C’est un journal de liberté absolue, mais la liberté n’est pas rentable. Et comme on est un peu atypiques, on ne bénéficie pas des réseaux médiatiques. Les patrons de presse partent en vacances à Marrakech ensemble et nous, nous ne sommes quasiment plus repris dans les revues de presse. Tout le monde connaît Charlie Hebdo, mais tout le monde ne sait pas que ça existe encore. C’est ça qui est incroyable ! comme… église(s). C’est traditionnellement la cible privilégiée du Charlie Hebdo. À une époque, ça se résumait à l’Église catholique, parce qu’elle était omniprésente et omnipotente. Et puis, au fil de l’actualité, ça a été aussi l’islam. À la suite de l’histoire des caricatures de Mahomet, on a eu un procès avec trois associations musulmanes, mais on oublie de dire qu’on a eu treize procès avec l’extrême droite catholique ! Si on avait perdu le procès des caricatures, on peut être sûrs que ça aurait fait jurisprudence et que le blasphème serait devenu un délit en France ! C’est au-delà du rire ! On défend la laïcité, mais en réalité, on est un journal d’athées militants. Je suis pour les signes ostentatoires. Quand il y a marqué « con » sur la personne d’en face, au moins je gagne du temps. comme… féminisme. Je me suis déjà imaginé être une femme en France. Aujourd’hui, je n’ai pas envie, et plein de femmes doivent se dirent la même chose ! C’est étonnant que la situation de la femme ait si peu évolué depuis des siècles ! Longtemps les féministes ont prêché dans le désert. Leur situation ne changeait pas beaucoup, mais au moins elles avaient l’occasion de s’exprimer sans qu’on leur tape sur la gueule. Aujourd’hui, certaines n’osent même plus se dire féministes, parce que ça fait ringard, un peu Mamie Nova. comme… l’Humanité. C’est le seul journal pour lequel je travaille, en dehors de Charlie, de manière régulière. Pas parce que j’ai un besoin délirant d’argent, ni de reconnaissance. Mais parce que c’est le journal qui, quand j’arrête de faire l’andouille dans Charlie, traduit le mieux mes idées. Et si un jour l’Huma devait disparaître, ce serait une catastrophe ! Je lis tous les journaux, et l’information est souvent traitée d’une même façon neutre d’un titre à l’autre, de Libération au Figaro. L’Humanité, c’est un journal de combat. Ça me fait chier, les difficultés dans lesquelles se trouve l’Humanité ! La presse est chère, car elle est chère à produire. La liberté, ça se paie. comme… révolution. Je l’attends. C’est le saut dans l’inconnu le plus total. Peu d’organisations arrivent avec un programme révolutionnaire assumé. La révolution, on ne sait pas quand ça va arriver, ni où ça va. On regarde les pays arabes, on les comprend et on les applaudit. Mais nous n’arrivons pas à faire chez nous ce qu’ils font chez eux. D’ailleurs, on ne dit plus le mot « révolution » tout court. On dit « révolutions arabes »… La droite a fait son boulot de contre-offensive.

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BRUNO FORNACIARI

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