La ministre des Sports et conseillère politique de l'UMP, Chantal Jouanno, a évoqué dimanche l'éventuel penchant de Dominique Strauss-Khan pour le luxe, suite à la photographie le montrant en
train de monter dans une porsche.
"Pour moi c'est un non débat, c'est un faux débat de savoir si c'est la voiture de son ami et combien elle coûte, le vrai sujet c'est 'qu'est-ce que Dominique Strauss-Kahn veut engager comme
réformes ?' et 'est-ce qu'il va sortir de sa schizophrénie où il demande en France d'augmenter le Smic et en Irlande de le baisser, de baisser les salaires", a dit la ministre.
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Bien entendu, on ne peut juger un homme politique ni par ses costumes, ni par sa (ses) voitures, ni par son train de vie ou sa fortune. C'est le projet politique qu'il propose, les actes
concrets qu'il produit lorsqu'il est en responsabilité qui sont déterminants. Mais quand même, cela donne une indication de qui il est, ou est devenu, de ses goûts et de ce qu'il montre
volontiers. La Porshe, est-ce un message , ou s'est-il laissé "pièger", comme Laurent Blanc pour les quotas.
Pour un homme dont on clame la grandeur d'expertise et la capacité à devenir le Président de la République ( il est soutenu par nombre de socialistes et les sondages, ainsi que le candidat
souhaité par l'UMP et Sarkozy) l'image semble se brouiller quelque peu eu égard aux défis qu'il faut relever et notamment le pouvoir d'achat des masses populaires (il montre le sien) et
l'emploi (il en a un au FMI) et le logement (il en a un Place des Vosges à Paris dans un arrodissement huppé de la capitale).
Pour être ou devenir celui qui va changer la vie des pauvres gens, ceux qui en ont besoin; pour les représenter et être leur candidat, il va falloir faire un effort, un gros effort.
Sur le casting, sur l'image, et aussi sur la politique. Mais attention, pas de démagogie. Il ne va quand même pas se déplacer à vélo désormais et cacher ses amis fortunés . Quoique !
Quand Pompidou roulait en Porsche et Fillon en Ferrari
Les photos de Dominique Strauss-Kahn montant à bord d'une Porsche ont créé la polémique. Mais, bien des années avant, Georges Pompidou circulait à bord de l'une de ces voitures
allemandes. Véritable passionné de belles voitures, François Fillon aime rouler en Ferrari.
Georges Pompidou, sa femme Claude et leur Porsche. (leblogauto.com)
Pour Jean-Christophe Cambadélis, c'est n'est qu'une "faute d'attention". Mais les photos de DSK, en compagnie de son épouse Anne Sinclair, montant dans une Porsche – et surtout la symbolique qu'elles
représentent – ont alimenté la polémique. "Pour lui, ce n’est que le début de l’histoire. Il est passé ni dans la machine à laver, ni au séchage. Nous, on y est tous les jours. Les médias et
ses amis socialistes vont le broyer", a confié un proche de Nicolas Sarkozy au JDD. Pour sa défense, les proches du patron du FMI – dont la déclaration de candidature à la primaire
socialiste est attendue – ont indiqué que le bolide ne lui appartenait pas. La Porsche a été prêtée à Dominique Strauss-Kahn par un de ses amis, Ramzy Khiroun, porte-parole du groupe Lagardère.
Pourtant, DSK n'est pas le premier homme politique français a affiché son goût pour les belles voitures. D'autres personnalités, de droite cette fois, l'ont fait avant lui. Sans que cela ne
crée la polémique. Ainsi, Georges Pompidou – président de 1969 à 1974 – possédait sa propre Porsche, qui était régulièrement aperçue à l'Elysée. Selon le site Vroom.be, le chef de l'Etat avait acheté cette voiture allemande en 1962. Il s'agissait d'un
modèle 356 B T6, produit en série de 1948 à 1965, qui allait inspirer quelques années plus tard la célèbre 911.
Cette Porsche dont les anti-DSK voudraient faire un symbole
Le patron du FMI et sa femme, Anne Sinclair, sont debout à côté du luxueux bolide, une Panamera, en illustration d'un article du Parisien racontant comment le couple recherche
en secret un local de campagne pour 2012...
Depuis, l'entourage de DSK précise que la voiture
n'est pas la sienne. Et qu'il ne visitait en rien un futur QG... Selon la rédaction en chef photo de l'AFP, jointe par Le Monde.fr, le cliché, qui n'est pas signé, a été prise par un
"pigiste". "Nous avons d'autres photos sur lesquelles on voit le couple monter dans la voiture, mais nous ne les avons pas publiés car elles n'étaient pas de bonne qualité",
ajoute-t-on. Jeudi, le site de l'Express ajoutait que
cette voiture appartiendrait à Ramzi Khiroun, porte-parole du groupe Lagardère, ami proche du directeur du
FMI.
Les opposants de Strauss-Kahn n'ont pas attendu ces précisions pour s'emparer de l'image et reprendre le refrain des critiques sur son train de vie. Pierre Moscovici, proche du patron du FMI,
a beau affirmer qu'il "faut prendre tout cela avec beaucoup de détachement", l'épisode pose de vraies questions sur DSK et sur sa communication dans la campagne pour 2012.
Les critiques contre DSK, "la gauche Porsche". Confronté au cliché sur BFM-TV, Brice Hortefeux s'est fait un plaisir d'ironiser : "Cela signifie
que le Parti socialiste évolue curieusement. En 1981, c'était le poing et la rose. Aujourd'hui, c'est la Porsche au volant", dit le probable futur directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, dans un extrait mis en ligne par Le Post.fr.
A gauche également, on trouve des commentateurs pour fustiger "Dominique Strauss-Kahn ou la gauche Porsche", comme sur ce blog pro-Ségolène Royal.
Parmi les commentateurs, Hervé Gattegno, rédacteur en chef du Point, a lui aussi un jugement sans appel, voyant dans cette Porsche "un
premier accroc sur la carrosserie d'une candidature jusqu'ici... nickel. (...) L'image de cette voiture de sport ressemble à un symbole fâcheux pour quelqu'un qui sait qu'il devra
rassembler les socialistes puis la gauche – et que beaucoup des critiques qui lui sont faites tiennent à sa situation de fortune, à son éloignement vis-à-vis des Français, à son rôle au FMI,
c'est-à-dire au cœur du capitalisme mondial".
"Une campagne de boules puantes." En réponse, des soutiens de DSK ont vite dénoncé une "polémique indigne", à
l'image de Pierre Moscovici, cité par L'Express.fr : "Les campagnes de boules puantes se retournent toujours contre
leurs auteurs. Les Français n'ont pas oublié l'image du Fouquet's et de la retraite de Nicolas Sarkozy sur le yacht de Vincent
Bolloré, pas plus que les cadeaux offerts par le bouclier fiscal."
On sent que 2012 pourrait faire renaître les arguments selon lesquels on assiste à une campagne poubelle, émaillée de coups bas. Dans le cas de la Porsche, on note que le
blogueur-chroniqueur-communicant Emery Doligé, classé à droite, s'est employé à créer le "buzz". De même qu'Arnaud Dassier, cet entrepreneur du Web proche de
l'UMP, qui avait été très actif auprès de Nicolas Sarkozy jusqu'à sa victoire en 2007. Désormais associé au site d'information Atlantico, il a ironisé sur son compte Twitter :
"Explosion de bling-blingomètre". Leurs arguments ont été repris et renouent avec l'un
des principaux axes de critiques lancées par
la droite contre DSK.
DSK bling-bling et pas "terroir", l'axe de la droite contre DSK. Avant l'épisode de la Porsche, on se rappelle la longue polémique déclenchée par une petite phrase de
Christian Jacob, le patron des députés UMP : "Ce n'est pas l'image de la France, l'image de la France rurale,
l'image de la France des terroirs et des territoires, celle qu'on aime bien", avait-il dit. Un "nuage de métaphores qui englobe une
dénonciation des élites, du libéralisme économique, des Etats-Unis, et, par-delà, de l'argent, expliquait Pierre Birnbaum, professeur de sociologie politique et auteur de La France aux Français (Seuil, 2006). En réalité,
c'est bien cela qui est visé : la vieille opposition entre la terre et l'argent." A la même époque, le député UMP adaptait une expression utilisée à l'époque de François Mitterrand, parlant de "gauche ultra-caviar".
Mais, avant cela, Nicolas Sarkozy lui-même avait déjà désigné la thématique du train de vie comme argument massue en cas de candidature de DSK : à côté du patron du FMI, lui-même passerait
pour "un pasteur méthodiste". "Ma montre, à côté de la sienne, apparaîtra comme un vulgaire modèle", avait-il dit devant des députés UMP.
Il faut dire que Nicolas Sarkozy a fait l'objet de critiques similaires pour son côté "bling-bling". Une image qui lui reste collée à la peau malgré toutes ses tentatives de
"représidentialisation"..
Quand on est présenté à longueur de temps comme le symbole de la «gauche caviar» ou de la «gauche bling-bling» et que l’on aspire à être le candidat socialiste à l’élection présidentielle, le
bon sens veut que l’on se rapproche des classes moyennes et de l’électorat populaire, plutôt que de s’en éloigner. Un monde idéal voudrait que l’on s’en tienne aux engagements de fond plutôt
qu’aux signes extérieurs de richesse. La réalité n’est pas faite ainsi, et pendant que
François Hollande sillonne la France en se présentant
comme «le candidat normal», DSK a commis une erreur de com’.
Critiques à droite, agacement à gauche
Du pain bénit pour ses adversaires. Sur BFM TV, Brice Hortefeux a vu dans cette image «une évolution curieuse du Parti socialiste». «En 1981, c’était le poing et la rose, aujourd’hui, c’est la
Porsche au volant», s’est amusé l’ancien ministre, devenu conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Sur Twitter, le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, a pour sa part
lancé un laconique
«Bon courage et bonne chance le PS !».
Même au sein du PS, la photo suscite de l'agacement. Exemple avec ce billet publié
sur un blog tenu par des militants proches de Ségolène Royal, et intitulé :
«DSK ou la gauche Porsche».
«A ce rythme et avec de tels symboles, l'électorat populaire risque de perdre ses repères quand l'un des prétendants de gauche passe de la rose à ... la Porsche», écrit l’auteur de ce billet.
«Ce n’est franchement pas très malin : DSK à Paris est suivi par vingt-cinq paparazzi et il se balade dans une voiture à 10 plaques», peste Olivier Dussopt, député socialiste de
l’Ardèche, dans les colonnes du Parisien. Proche de François Hollande, Bruno Le Roux oppose quant à lui «la gauche Porsche» à «la gauche scooter» : «Au moins, François roule en
deux-roues dans Paris…».