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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 17:58

 

  - le 7 Janvier 2013

Le FMI le confirme : l’austérité était une erreur de calcul
Documents à télécharger : Le rapport du FMI en anglais -

C’est un rapport étonnant, un mea culpa chiffré et analysé, que deux éminents économistes du FMI ont publié. Il dit clairement que l’austérité est une erreur. La faute à la mauvaise conception d’un modèle informatique de prédiction économique.


Ils justifient globalement d'avoir plongé 26 pays dans une mortelle crise austéritaire par une erreur de modèle mathématique. Ces économistes sont restés persuadés que leur domaine est une science dure, donc qu’on peut prédire et démontrer avec des équations. Et ils se sont éminemment trompés. Ils reconnaissent ainsi dès l’introduction que leur modèle n’a pas pu prévoir ni le niveau des taux d’intérêts ni l’effet de l’austérité sur la consommation intérieure. Confrontés à la réalité, ils reconnaissent également que leur modèle a grandement sous-estimé la hausse du chômage. Et donc toute la prédiction est biaisée, des investissements privés aux recettes fiscales des états.

 

Pardon pour les morts, c’était une erreur de calcul


“Forecast Error of ΔYi,t:t+1 = α + β Forecast of ΔFi,t:t+1|t + ε i,t:t+1” Voilà à quoi ressemble l’équation qui a été incapable de faire le lien entre coupe budgétaire des Etats - les fameuses "économies" exigées sous la menace - et baisse de rentrée fiscale. C’est le « multiplicateur fiscal », outil économique qui a plus ou moins montré qu’il fonctionnait entre la seconde guerre mondiale et 2008, mais qui est incapable de prévoir l’ampleur des effets d’une panique généralisée ou d’une franche baisse de moral des populations.


Le FMI avait déjà constaté une faute dans les modèles appliqués à la Grèce. Il remet en cause désormais tous les modèles appliqués à 26 pays européens.

 

Une erreur qui ne sert pas de leçon


Si reconnaître l’erreur, ou plutôt ouvrir les yeux et se confronter à la réalité, reste une avancée pour le FMI, l’institution ne tire pas les leçons de son erreur. Les économistes ne remettent pas fondamentalement en cause l'austérité, juste son intensité, ils restent convaincus qu’il suffit d’adapter leur modèle de calcul, finalement en accroissant la variable « facteur humain ». Ils ne voient pas l’absurdité que c’est d’imposer par la menace des politiques globales à des pays sur simple résultat d’un algorithme.

"Ce que nous voulons simplement rappeler, c’est que les décisions humaines engageant l’avenir sur le plan personnel, politique ou économique ne peuvent être inspirées par une stricte prévision mathématique, puisque la base d’une telle prévision n’existe pas" disait un certain Keynes en 1936.

Pi.M.

Documents à télécharger: 
Le rapport du FMI en anglais
Le rapport du FMI en anglais
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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 13:39

Taxe à 75% : à quand la révolution fiscale ?

Ainsi donc, le Conseil constitutionnel a volé au secours des très riches. Eu égard à 
la composition ultra-conservatrice dudit Conseil, pas de quoi s’étonner. On pourrait même en rire: les sages sont à la République ce que les boursiers sont 
à l’argent. Mais comment s’amuser d’un épisode aussi lamentable qu’ambigu alors que la France vit l’une des crises socia­les les plus épouvantables de son histoire contemporaine ? En annulant la fameuse «super-taxe» à 75% pour les revenus supérieurs à 1million d’euros, les membres du Conseil, saisis par l’UMP, ont fait parler le droit – en faisant surtout de la politique! Le Conseil constitutionnel refuse que la contribution exceptionnelle de solidarité sur les très hautes rémunéra­tions touche les individus, puisque l’impôt sur le revenu concerne les foyers fiscaux: dont acte. Mais en retoquant l’une des seules mesures en rupture avec les politiques passées, les sages ont provisoirement enterré l’une des promesses les plus emblématiques de François Hollande.

Souvenons-nous. Ce projet phare et symbolique avait été annoncé sans réelle préparation en février 2012, autant pour se démarquer du bouclier fiscal sarkozyste que pour répondre à la vague rouge de la campagne du Front de gauche. Le futur ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, était tombé de l’armoire et n’hésitait pas à dire tout le mal qu’il pensait de l’idée. Cette proposition était un marqueur de gauche, l’un des plus importants, l’un des plus clivants. Le président voulait respecter cet enga­gement. C’est assez rare pour ne pas le signaler. Sans surprise, la droite jubile, le Medef parle 
de «soulagement». Quant au président de la Ligue 
de football professionnel, Frédéric Thiriez, laissons-le 
à sa «belle et indispensable victoire», comme il dit. 
À l’évidence, les élémentaires notions républicaines d’égalité et de solidarité se sont totalement dissou­tes dans le fantasme des budgets qataris et de l’argent- roi... Jean-Marc Ayrault, c’est une chance, a annoncé qu’«un nouveau dispositif» serait prochainement mis en place. Mais quand? Et à quelles conditions? Au passage, prenons les devants. Les membres du Conseil constitutionnel se réservent le droit d’examiner «le caractère confiscatoire» d’un super-impôt, une menace à peine voilée de nouvelle censure. Mais au nom de quoi définiraient-ils des taux d’imposition jugés «acceptables» et en con­damneraient-ils d’autres qualifiés de «confiscatoires»? À ce tarif, ces messieurs auraient assurément embastillé un certain Roosevelt (bien connu pour ses idées marxistes!), coupable d’avoir imposé les riches Américains à 90%!

Si le président renonce, une fois encore, le signal sera terrible et 
les idéologues de droite et de la finance déboucheront 
le champagne. Il n’y avait déjà pas grand-chose dans 
la réformette fiscale du gouvernement, pour le coup 
il n’en resterait rien sinon la chronique d’un prévisible et pathétique échec... Le courage de gauche, ce serait d’engager une véri­table révolution fiscale, avec une taxation des revenus du capital au même niveau que ceux du travail, avec un impôt plus progressif jus­qu’aux tranches supérieures, avec l’instauration d’un revenu maximal par an, comme le propose le Front de gauche.

La bataille est-elle perdue? Non, elle recommence. 
C’est à l’avènement d’un véritable changement que vont 
nos vœux pour l’année nouvelle. Des vœux de luttes! n



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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 11:01

 

Social-Eco - le 4 Janvier 2013

Dans l'Humanité ce vendredi : Le grand bluff de la "confiscation"

Alors que la droite fait pression pour obtenir l'abandon définitif du projet de taxation des revenus des super-riches, des voix à gauche s'inquiètent de l'attitude du gouvernement. Comme Jean-Marc Durand, économiste et membre de la commission économique du PCF, qui prône "une réforme de toute la fiscalité".


Comment réagissez-vous à la controverse sur la taxation à 75 % des plus hauts revenus ?


Jean-Marc Durand. Le retoquage des « 75 % » est un très mauvais signe donné. On pouvait toutefois s’y attendre puisque, dès le départ, il y avait quelque chose qui n’était pas très juste en termes juridiques dans l’énoncé du projet : en France, on travaille sur la notion de foyer fiscal et non d’individu. Aujourd’hui, des voix s’élèvent, à droite, mais aussi parfois à gauche, pour dénoncer le caractère confiscatoire de cette mesure. En réalité, au haut niveau de revenu auquel cette taxation s’adresse – au-delà du million d’euros –, et sachant qu’il s’agit d’un impôt progressif, c’est loin d’être confiscatoire, c’est marginal. Et à peine plus de 1 500 contribuables sont concernés.

 

Comment, selon vous, établir une fiscalité efficace 
touchant les plus riches ?


Jean-Marc Durand. Il faut une réforme complète du barème de l’impôt sur le revenu, en rétablissant une réelle progressivité, en allant au minimum vers 9 tranches, au lieu des 5 tranches actuelles. Et porter le taux sommital de cet impôt à 65-70 %. Et il faut concevoir une accélération de la progressivité à partir d’un revenu se situant entre 30 000 et 35 000 euros par an, par foyer fiscal. D’autre part, l’ensemble des revenus des contribuables, du travail comme du capital, doivent y être soumis. Il s’agit, dans cette optique, de revoir toutes les niches fiscales participant à baisser l’impôt des plus riches – cette « optimisation fiscale » qui coûte plus de 50 milliards d’euros à l’État. Ensuite, il faut élever les taux de l’impôt de solidarité sur la fortune au-delà du premier effort qui vient d’être fait et en prenant en compte les biens professionnels.

 

La réforme fiscale ne doit-elle s’appliquer 
qu’aux revenus des personnes ?


Jean-Marc Durand. Non. L’affaire Depardieu braque les feux sur la fiscalité sur les hauts revenus, qui, en effet, doivent contribuer davantage, mais cela risque de détourner l’attention de la question centrale du financement public par les entreprises. Aujourd’hui, la fiscalité dans son ensemble, TVA et impôts locaux inclus, pèse lourdement sur les ménages moyens. Or, il nous faut donner de l’air aux budgets publics et sociaux. Pour cela, il s’agit d’élargir la base de la fiscalité, donc de relancer l’activité économique. Ce qui pose la question à la fois d’une autre politique du crédit et d’une réforme de la fiscalité des entreprises pour y introduire de la progressivité et une modulation en fonction de l’utilisation des bénéfices pour le développement de l’emploi, la formation, la recherche.

  • Egalement dans l'Humanité
    Les projets de Jean-Marc Ayrault pour 2013
    Les syndicats en appellent à l'Etat pour sauver Alcatel
    Immigration : "nous sommes en train de mourir pour un bout de papier"
    Inde : le procès des violeurs présumés sous haute surveillance populaire
    Le dernier volet de notre enquête consacrée aux laboratoires d'idées : les nouveaux lieux de la "pensée critique"

Entretien réalisé par Yves Housson

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28 décembre 2012 5 28 /12 /décembre /2012 12:18

 

Politique - le 28 Décembre 2012

Ce vendredi dans l'Humanité : la pente résistible du social-libéralisme

« Tournant » ou pas « tournant » ? Depuis six mois, le gouvernement semble engager une « révolution copernicienne » qui tourne le dos à une réelle politique de gauche. Un cap social-libéral qui s’aggrave avec le temps, trouvant son origine dans les contradictions du programme de François Hollande. Pour le politologue Rémi Lefebvre : "La radicalisation à gauche du pouvoir se fera par réalisme, pas par idéologie".

 

Huit mois après son accession au pouvoir, y a-t-il chez François Hollande un hollandisme qui 
lui serait propre, ou la définition de sa politique doit-elle emprunter d’autres références ?


Rémi Lefebvre. S’il y a un hollandisme, c’est un pragmatisme, il n’est pas un idéologue – il n’a d’ailleurs pas de texte fondateur, alors qu’il a été à la tête du PS durant plus de dix ans. Il y a chez lui une forme de syncrétisme, 
de synthèse d’éléments disparates qui empruntent tout autant 
à Chevènement qu’à la deuxième gauche, voire à la première, doublé d’un côté radical-socialiste, 
et incontestablement social-libéral sur le plan économique. Son obsession du point d’équilibre choque beaucoup à gauche car, 
en huit mois, il n’y a eu aucune réelle rupture, seulement 
des inflexions sur le plan économique de prime abord. 
Or la tradition d’un gouvernement de gauche au pouvoir, c’est 
de marquer des ruptures.

 

Même sur le sociétal, le mariage 
pour tous n’est pas sa conviction selon vous ?


Rémi Lefebvre. Je crois qu’il n’a pas 
d’idées très arrêtées sur un certain nombre de sujets, mais qu’il cherche à apaiser la société, 
en vraie rupture, là, avec le mandat d’hystérisation de la société 
qui fut celui de Sarkozy. Il a 
une approche non idéologique 
des questions, veut passer des réformes dans une espèce d’harmonie. Avec le risque 
de déplaire à tout le monde ; 
on le voit quand il entend rester 
au milieu du gué concernant 
la procréation médicalement assistée (PMA). Hollande incarne en somme une gauche complexée, on l’a vu à propos de Depardieu par exemple, face à une droite décomplexée. Il est pris entre des injonctions contradictoires, alors que, sur ces thèmes, il n’a aucune excuse pour ne pas agir, contrairement aux questions sociales où la crise, le critère 
des 3 % de déficit, permet 
une rhétorique des contraintes.

 

Comparé au programme sur lequel il a été élu, assiste-t-on à différents reculs ?


Rémi Lefebvre. Sans doute le pacte de compétitivité et la thématique du coût du travail, absolument pas inscrits à son programme, marqueront-ils un vrai tournant 
du mandat. Tournant qui correspond à ses aspirations profondes : dès la fin des années 1980, quand il enseignait à Sciences-Po avec Pierre Moscovici, c’était un social-libéral assumé. Il ne croit globalement pas à l’économie administrée, il est pour une politique de l’offre. Ce fut subtilement 
mis en suspens durant la campagne, où il insista au contraire sur 
des marqueurs de gauche, comme la tranche de l’impôt sur le revenu à 75 % qui a joué un rôle très important dans sa victoire, 
en donnant l’illusion qu’il pouvait incarner une forme de volontarisme.

 

Est-il alors social-démocrate ?


Rémi Lefebvre. Je ne crois pas. Dans le modèle allemand ou scandinave, les forces sociales sont très organisées, les forces syndicales capables de peser sur le patronat. Or aujourd’hui, on le voit avec la négociation sur le marché du travail, nous ne sommes pas dans le donnant-donnant social-démocrate qui aurait été de conditionner 
le crédit d’impôt (Cice) du pacte 
de compétitivité à des embauches.

 

Le centre de gravité ne s’est-il pas déplacé avec des parlementaires 
qui prennent, sur l’amendement 
dit des pigeons ou la PMA, 
le contre-pied de l’Élysée ?


Rémi Lefebvre. C’est encore timide, il y a eu l’appel de la Gauche populaire, des députés qui voulaient conditionner l’octroi du Cice. De jeunes députés, élus de justesse en juin, se sentent concrètement sur un siège éjectable, ceux-là voient bien les risques électoraux de la politique économique menée et tâchent 
de construire un rapport de forces. Le groupe à l’Assemblée est bien tenu 
par Bruno Le Roux, et je suis surpris
en fait de la domination encore 
très forte de François Hollande 
sur sa majorité, tandis qu’Harlem Désir n’a pas encore construit un leadership critique, dans un rapport dialectique avec l’Élysée. L’horizon du hollandisme est une baisse 
du chômage fin 2013. Si elle n’arrive pas, je n’exclus pas une inflexion 
de Hollande, rappelé par le principe de réalité qui le contraindrait notamment à un rapport de forces différent avec l’Allemagne. 
Sa radicalisation à gauche se fera par réalisme, pas par idéologie.

 

Entretien réalisé par Lionel Venturini


À lire également dans l'Humanité de vendredi 28 décembre 2012 :


 

Bataille pour l'emploi : Hollande marche sur des oeufs 


Carrefour Market
se ramasse à l'appel
Turquie : le long combat de Pinar Selek


Centrafrique :
Bangui sous pression de la rébellion 


Reportage au Sahel :
rencontre avec des femmes émancipées
Vendée globe : le point hebdomadaire d'Arnaud Boissières


Musique :
rencontre avec le parolier et auteur Charles Dumont
Histoire : le 30 décembre 1922, naissance de l'URSS


Nos séries des Fêtes :
Cuisines en fêtes avec Yves Camdeborde : Philippe Nantois, le marîcher qui préfère l'excellence à la productivité
Ça sent le sapin par Hervé Le Corre : Après la nuit


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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 06:30
La capitulation bancaire de Pierre Moscovici


Rédigé par Hervé Nathan le Dimanche 23 Décembre 2012 à 09:54 dans "Marianne"



Selon Pierre Moscovici, Marianne a tort. Loin d’être la «capitulation», [comme le titre notre hebdomadaire cette semaine]url:../../../Cette-semaine-dans-Marianne-Hollande-la-capitulation_a225135.html , et comme l’estime à la fois Finance Watch et bon nombre de spécialistes des banques, sa loi bancaire qu’il a fait adopter ce mercredi 19 décembre en conseil des ministres est « précurseur en Europe ». L’affaire est de la plus haute importance politique. Cette réforme doit être « l’acte fondateur de mon action », explique-t-il.

Celle qui donnera – enfin – sens et consistance à une politique qui en manque singulièrement. Devant les étudiants attentifs, réunis le 23 novembre dans le grand amphithéâtre de l’école supérieure de commerce, le ministre de l’économie et de finances célèbre « le retour du politique », et présente un contenu d’apparence fort volontariste : «identification et contrôle des risques », séparation des activités, suppression des activités « immorales ». Hélas, quelques jours plus tôt, l’entourage du ministre dévoilait aux journalistes le contenu réel du projet de loi quelques jours plus tard, où prédominait le sentiment de pusillanimité. En fait la loi défend d’abord le modèle de « banque universelle » à la française, ce à quoi tenaient d’abord la corporation bancaire.

Car si le texte prévoit bien de « séparer » toutes les activités à risques et de les cantonner dans une filiale particulière, il réserve cette obligation aux seules « trading pour compte propre », c’est à dire lorsque la banque joue avec son propre argent sur les marchés financiers. C’est peu de chose. Pour la plus active des banques spéculatives, Goldman Sachs, cela ne représente que 10% de son activité. Pour les françaises, hormis BNP Paribas et Société générale, presque rien ! Le projet de loi, un rien jésuite, permet à toutes les activités « utiles à l’économie » de demeurer dans la giron des banque de dépôts. Sauf le trading à haute fréquence ( opérations pilotées par ordinateurs générant des achats et des ventes à la nanoseconde sur els marchés ). Quasiment tous les autres instruments sont autorisés pour peu qu’ils soient utilisées en relations avec un client : spéculation sur les matières premières, tenue de marché, crédit hypothécaires à risques (subprimes), investissement dans des filiales pratiquant la « rehaussement de crédit », etc.

Un banquier d’affaires résume : « en fait, à part l’affaire Kerviel, cette loi n’aurait empêché aucune des gamelles que les banques françaises ont enregistrés pendant la crise : Natixis (groupe BPCE) aurait pu investir dans une filiale dangereuse aux Etats-Unis et perdre 10 milliards d’euros ou Dexia vendre des crédits pourris aux collectivités locales, et perdre encore davantage d’argent. En fait, il n’y avait qu’une solution pratique : cantonner toutes les activités de marchés dans une filiale, puisque dès qu’il y a marché, il y a un risque… ». On peut ajouter que pourvu qu’elle agisse pour un client, une banque pourra spéculer sur les matières premières alimentaires, au risque de créer des envolées de prix et des famines ! Quant à l’interdiction de posséder des filiales dans les paradis fiscaux ou réglementaires, elle est carrément absente du projet de loi. Même le prêt aux hedge funds, spéculateurs entre les spéculateurs est possible, sous certaines conditions…

Le texte fait donc le bonheur des banquiers qui ont fait, de juillet à décembre, le siège du gouvernement en défendant la « banque universelle ». Ils ont trouvé des défenseurs à Bercy où un haut et influent fonctionnaire soutient que « les banques qui ont fait faillite aux Etats-Unis, comme Lehman Brothers, ou au Royaume-uni comme la Northern Rock (ou RBS???) étaient des établissements spécialisées. Lehman Brothers était une pure banque d’affaires, Northern Rock une pure banque de dépôt. Cela n’a pas empêché des catastrophes d’arriver ». Fermez le ban.

D’ailleurs, selon Bercy les « larges consultations » organisées en amont auraient été unanimes : « les banques, leurs clients qu’ils s’agissent des entreprises ou des associations de particuliers ont eu ce message : ne détruisez pas notre banque universelle… »  Cet engouement pour le modèle « tout-en-un » est suspect aux yeux de Pierre-Henri Leroy, président du cabinet Proxinvest : « c’est l’offre coiffeur, explique-t-il. On voit l’avantage pour le coiffeur de fournir  à la fois le shampoing, la coupe, le brushing, la couleur et la manucure. Mais est-ce que c’est aussi l’intérêt du client ». Même Sébastien Busiris, secrétaire général  FO banques, pourtant partisan de la banque universelle au nom de l’emploi de ses adhérents, estime que pour sauver le modèle, il faudrait l’encadrer fortement : « lorsque nous avons été auditionnés, à la fin du mois d’octobre, on avait l’impression que les jeux étaient faits et qu’il s’agissait de vérifier que nous ne nous y opposerions pas. Nous avons demandé que la loi précise ce qu’étaient « les activités utiles à l’économie », et qu’on taxe la spéculation pour la décourager. Mais le projet de loi laisse la question sans réponse. »

En fait ce sera aux autorités de régulation, peuplées de banquiers, anciens, actuels ou futurs, de préciser le concept « d’utilité à l’économie ». Comme le dit Sébastien Busiris: « à la limite, la spéculation peut être présentée comme indispensable ! » Et c’est là que la modestie de la réforme permet aux banquiers de limiter les dégâts. Longtemps la profession a laisser dire que la séparation du « compte propre » n’impacterait que 2% de son chiffres d’affaires (le produit net bancaire). In extremis, Pierre Moscovici  a fait recalculer le chiffre « c’est en fait 10% » s’écrit-il dans l’espoir d’étoffer son dossier. 

Pour Thierry Philiponnat, ex-trader et directeur l’ONG européenne Finance Watch, créée à l’initiative de députés de gauche français, « combiner ces deux activités au sein d'une même banque a pour conséquence de permettre à l'activité de prêt d'argent et de collecte des dépôts de nourrir artificiellement l'activité de négoce d'instruments financiers. » En clair : l’argent des déposants sert toujours à faire des profits par la spéculation. 

Karine Berger, députée socialiste des Hautes-Alpes, et qui sera la rapporteure de la loi à l’Assemblée, en convient : « la réforme ne vise pas à corriger l’action des banques, à en transformer la structure. » Ce n’est pas si mal lorsqu’on regarde la revendication de départ des banquiers: « le message de Frédéric Oudéa, (patron de la Société générale et président jusqu’à l’été de la Fédération bancaire française FFB) était d’instituer une autorité de régulation à postériori ». Une chambre d’enregistrement, en somme. Pour la députée, l’esprit de la loi est donc : « on ne découpe pas les banques, mais on prépare la paire de ciseaux pour pouvoir le faire au cas où ». La véritable innovation de la loi Moscovici résiderait dans son deuxième volet, qui donne des nouveaux instruments à la puissance publique pour gérer une éventuelle crise bancaire.

« On pourra enfin débarquer le management incapable d’une banque à problèmes avant la cessation de paiement, contrairement à aujourd’hui », se réjouit un haut fonctionnaire de Bercy. Un fonds de résolution devra être constitué, qui permettra de ne plus faire appel à l’argent des contribuables en cas de pépin. « C’est la fin de la socilaisation des pertes », s’exclame le ministre. Mais une autre conclusion s’impose : les banques pourront donc continuer à faire leurs affaires comme auparavant, mais gare à la faute ! Ce volet de la loi heurte d’ailleurs davantage les banques mutualistes (Crédit agricole et Crédit mutuel),  très jalouses de leur indépendance vis-à-vis de l’Etat, que les banques privées. Cela suffit aux yeux de Karine Berger pour que la loi soit "en ligne avec le programme présidentiel de François Hollande".

Pourquoi avoir capitulé si facilement ? Bien sur il y a la « proximité ». Des deux côtés de la négociation, on trouve des inspecteurs des finances; ceux de la direction du Trésor, comme Ramon Fernandez, qui a entièrement instruit le dossier pour le compte de Pierre Moscovici; Et les ex-de Bercy, comme Michel Pébereau, président d’honneur de BNP-Paribas, ou François Villeroy de Gallau, numéro 3 de la même banque, et ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn et par là très au fait des réseaux socialistes. La consultation préalable a eu lieu dès le mois de juillet au sein, du Conseil de régulation financière et du risque systémique (Corefris) dont L’Expansion a dévoilé les principaux participants: « Outre le ministre des finances et des autorités de régulation et de supervision (gouverneur de la Banque de France, président de l'Autorité des marchés financiers notamment), s’y trouvent trois membres “indépendants” : Jean-François Lepetit, administrateur de BNP Paribas (et ancien directeur de la banque), et Jacques de Larosière, conseiller pendant plus de dix ans du président de BNP, un certain Michel Pébereau (ex-pdg de BNP Paribas. »

Par ailleurs, Notre banquier d’affaires observe qu’en « chargeant continuellement les banques de taxes, le gouvernement s’est affaibli devant elles quand il a fallu discuter réformes de structurelles. Les banquiers ont eu beau jeu de dire au ministre : vous voulez de l’argent ? Et bien laissez-nous en faire ! ».

Reste à franchir le niveau européen. Michel Barnier, commissaire au marché intérieur et aux services prépare lui aussi une directive (loi européenne) de séparation des activités bancaires. Il devait s’inspirer d’un rapport préparé par le groupe présidé par le finlandais Erkki Liikanen, dont les conclusions sont bien plus sévères que le projet Moscovici. Il recommande notamment de cantonner dans une filiale spécifique toutes les activités à risque (trading pour compte propre, tenue de marché, crédit aux hedge funds, véhicules d'investissement hors bilan, investissement dans le private equity…)

Michel Barnier qui s’en était entretenu avec François Hollande cet été avoue ne pas être au courant des détails. « Je n’ai pas eu connaissance du texte du projet de loi Moscovici. Mais l’important est qu’il soit compatible avec la future directive », explique-t-il devant l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF). A Bercy on ne cache pas le sentiment d’avoir bien manœuvré : « La France sera le premier pays en Europe à légiférer. Cela nous permettra de peser d’un poids particulier sur les contenus au niveau de l’Union. » Sous-entendu : les banques françaises seront bien défendues… 

Comme s‘il savait son texte est bien imparfait, Pierre Moscovici s’est dit ouvert à de nombreux amendements de la part des parlementaires : « sur les stocks options, sur la composition de l’autorité de contrôle prudentielle, sur les paradis fiscaux », et même « sur la liste des activités spéculatives », ce qui st une façon de reconnaître l'insuffisancze fondamantale de son projet de loi. Les députés, en février prochain, auront donc le champ libre. Pas sûr que cela rende la future loi plus efficiente.


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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 06:46
PCF: "Indexer le Smic sur l'augmentation des salaires des patrons du CAC 40"
17 décembre 2012 à 14:40
Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, le 19 juin 2011 à Paris
Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, le 19 juin 2011 à Paris (Photo François Guillot. AFP)

Le Parti communiste français (PCF) a proposé lundi d'"indexer le Smic sur l'augmentation des salaires des patrons du CAC 40", après l'annonce d'une revalorisation de 0,3% du salaire minimum.

"Pourquoi ne pas indexer le Smic sur l'augmentation des salaires des patrons du CAC 40? Soit 5% de plus pour cette année. Pourquoi ce qui est possible pour un grand patron ne pourrait pas l'être pour un smicard?", demande le PCF dans un communiqué.

"Il n'y aura pas de coup de pouce pour le Smic autre que la revalorisation automatique de 0,3% du 1er janvier. C'est une déception et un mauvais service rendu à l'économie du pays qui nous conduit inéluctablement à la récession", ajoute le PCF.

"Les faits sont têtus, la stagnation des salaires étouffe l'économie. Cette tendance se vérifie dans tous les pays qui font le choix de l'austérité et du gel des salaires", selon le Parti communiste.

"Tous, sans exception, voient leurs perspectives de croissance et de développement s'assombrir. Il est temps de changer de logique", déclare le PCF.

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 03:55

 

  - le 6 Décembre 2012

Florange: la nationalisation relancée par le retrait de Mittal d'Ulcos

La sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Luc Mélenchon ont demandé ce jeudi au gouvernement d'engager la nationalisation du site d'ArcelorMittal de Florange après l'annonce du retrait du dossier initial du projet Ulcos par le groupe sidérurgique pour des raisons techniques.


"Je considère, avec mes amis de l'aile gauche du PS, qu'avec l'annonce du report aux calendes grecques du projet Ulcos, ce qui a été présenté par Mittal pour l'avenir de Florange n'est pas confirmé. Il faut que l'Etat reprenne l'affaire en main, engage la nationalisation temporaire et contacte les repreneurs intéressés", a estimé à l'AFP l'ancienne ministre de Pierre Bérégovoy et de Lionel Jospin qui devait intervenir au Sénat sur le sujet dans l'après-midi, tout comme Pierre Laurent, lui aussi favorable à la nationalisation pour le PCF.

 

1 milliard pour sauver la sidérurgie


En ce qui concerne le coût de l'opération, "qui serait d'un milliard d'euros, d'où vient ce chiffre?", s'est demandé Mme Lienemann. "S'il s'agit d'un milliard pour sauver la sidérurgie en Lorraine et en France, ça se trouve", a-t-elle ajouté. "A titre d'exemple, les bénéfices faits cette année par les autoroutes concédées par l'Etat totalisent près de 2 milliards d'euros, soit deux fois ce qu'il faut pour sauver Florange pendant plusieurs années".

 

Le co-président du Parti de gauche (PG), a lui aussi demandé au gouvernement de revenir "immédiatement au réel et (de) nationaliser le site de Florange". "Les provocations de Mittal doivent être sanctionnées. L'avenir du site doit être assuré. C'est la crédibilité de la France qui est en jeu", fait valoir Jean-Luc Mélenchon, qui dénonce une "nouvelle trahison" de Lakshmi Mittal.

 

Prévisible trahison


La Commission européenne a annoncé qu'ArcelorMittal avait retiré une première version du projet Ulcos, sur lequel le gouvernement fonde ses espoirs de salut du site sidérurgique de Florange (Moselle). Cette trahison était prévisible", explique-t-il dans un communiqué. "Le soi-disant accord de Jean-Marc Ayrault aura tenu à peine cinq jours! En faisant confiance à (Lakshmi) Mittal, le Premier ministre a-t-il menti? A-t-il agi de propos délibéré? A-t-il été trompé? Dans tous les cas on voit qu'il n'est pas de taille."

 

Prototype de haut fourneau innovant, Ulcos est censé faire du site mosellan une vitrine de nouvelles technologies de production de l'acier beaucoup moins polluantes. Il constitue la clef de voûte de l'accord passé entre le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et Lakshmi Mittal, patron d'ArcelorMittal, pour sauver le site sidérurgique de Florange.

 

Mittal affirme ne pas vouloir abandonner Ulcos. C'est du moins ce que laisse entendre le groupe sidérurgiste. Dans un communiqué, il explique que le retrait de son appel d'offre "à cause de difficultés techniques" annoncé par la Commission européenne de jeudi matin est en parfaite cohérence avec ce qui figure dans l'accord signé avec le gouvernement français. Cela ne signifie en aucun cas l'abandon du projet Ulcos."

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 03:48

 

  - le 6 Décembre 2012

ArcelorMittal: le rapport qui pousse le gouvernement à nationaliser Florange

Rendu par Pascal Faure fin juillet, ce rapport consacré à "la filière acier en France et l'avenir du site de Florange" a servi de base à Arnaud Montebourg pour proposer la nationalisation temporaire de Florange. Ses conclusions sont encore plus d'actualité, après le retrait d'ArcelorMittal du projet Ulcos ce jeudi.


Dans cette étude commandée par le ministre du Redressement productif, Pascal Faure, vice-président du Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies, aborde deux scénarios possibles.

  • Dialogue stratégique avec Mittal

Le premier scénario, qui préconise un "dialogue stratégique entre l'Etat et ArcelorMittal pour établir, si possible, les bases d'une convergence d'intérêts", semble désormais dépassé, tant les doutes sont grands sur la faculté de Mittal de tenir les promesses de l'accord signé avec le gouvernement. 

 

François Hollande a beau assuré ce jeudi soir "ma responsabilité est de faire qu'il y ait un avenir pour Florange et tous les engagements qui ont été pris seront tenus. Ce qui a été engagé aussi pour faire que ce projet Ulcos voit le jour auprès de l'Europe sera mené à bien, j'en fais ici la promesse", on est loin aujourd'hui du plan stratégique décrit par le rapport, qui "devra déboucher sur des engagements en matière d’investissements, en particulier sur le site de Florange, et sur des engagements en matière de R&D et organiser des relations plus étroites et régulières entre l’Etat, les territoires, le groupe et ses salariés."

  • Ou évolution de l'actionnariat

L'étude rendue par Pascal Faure propose dès lors de passer à un second scénario: "Une évolution de l'actionnariat". Soit l'arrivée d'un nouvel investisseur capable de prendre la suite de Mittal, qui s'appuierait "sur un projet industriel de long terme prenant en compte les priorités d’intérêt général", et "non dans une optique spéculative de court terme". Dès fin juillet, le rapporteur note que "des acteurs économiques se sont manifestés auprès des pouvoirs publics pour signaler leur disponibilité à étudier une telle hypothèse".


Les Echos puis le Républicain Lorrain ce mercredi ont révélé que deux "poids lourds" de sidérurgie mondiale, le belge CMI et le russe Severstal, étaient prêts à reprendre le site ArcelorMittal de Florange. Le quotidien lorrain pense que la partie n'est pas finie: "Severstal pourrait prendre sa revanche. En 2006, l’aciériste russe avait échoué à contrecarrer l’OPA hostile de Mittal sur Arcelor. Les cartes pourraient être rebattues si Ulcos n’était pas attribué à Florange le 20 décembre ou si Mittal donnait un coup de canif dans le contrat passé avec Matignon", conclut-il. Ce qui s'est passé ce jeudi.

  • La reprise de Florange

Pour le rapport Faure, une reprise seule de Florange est possible mais est soumise au maintien des liens industriels avec les autres sites d'ArcelorMittal en France. L'étude préconise une reprise de l'ensemble des activités d'ArcelorMittal en France. "Elle impliquerait de construire l’avenir sidérurgique du pays en s’appuyant sur les complémentarités des différents sites de production, notamment Florange, Fos et Dunkerque. Cette solution permettrait ainsi de constituer un groupe autonome à une échelle suffisamment importante: le groupe disposerait en effet d’une capacité de production d’acier brut de 14,3 million de tonnes, ce qui en ferait le deuxième sidérurgiste européen juste derrière ThyssenKrupp (avec 17,5 Million de tonnes)".

 

"Une telle solution serait soumise en partie aux mêmes aléas qu’une solution impliquant Florange seule (difficultés de commercialisation, achats, etc...), tout en offrant une surface qui facilite leur résolution", souligne le document.

  • Les Etats européens reprennent la main

Le document pointe une troisième solution, jugée plus cohérente. La reprise des activités sidérurgiques d'ArcelorMittal "en Europe ou, au minimum sur un nombre significatif d'Etats européens". "Dans une telle hypothèse, l'option la plus naturelle serait un retour à la situation où les différents Etats étaient présents au capital du groupe. Une telle option laisserait le temps aux Etats concernés de chercher ou de susciter un opérateur industriel commun", note le rapport, qui évoquait déjà, à sa publication cet été, des "travaux d’ores et déjà engagé par le ministre du Redressement productif auprès des gouvernements wallons et luxembourgeois".

 

Pascal Faure préconise "un dialogue intergouvernemental sur la filière sidérurgique", "préalable indispensable à tout plan d’action à cette échelle. "Si la France, la Belgique et le Luxembourg ont été dernièrement les plus immédiatement affectés, l’ensemble des pays de l’Union Européenne où s’est implanté le groupe pourrait à terme être fructueusement impliqué dans ces discussions (notamment l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne, la République Tchèque et la Roumanie)."

 

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 03:16
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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 13:52

 

Le patronat a mis un coup de pression pour exiger un maximum de flexibilité

  - le 30 Novembre 2012

Le Medef exige la flexibilité tout de suite, pour la sécurisation des salariés, on verra plus tard !

La séance de négociation sur la sécurisation de l'emploi de vendredi a été l'occasion pour le patronat de remettre un coup de pression sur la flexibilité et de donner en contrepartie, des miettes pour la sécurisation de l'emploi des salariés. Pour la CGT et FO, la discussion fait du sur place. Pour la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, il a du mieux. Dans tous les cas, on est loin d'un accord.


« A ce stade de la négociation, il est extrêmement important qu'on ait des éléments sur la flexibilité », lance Patrick Bernasconi, négociateur pour le Medef. Dans la séance de discussion sur la sécurisation de l'emploi qui s'est tenue vendredi, le patronat a mis un coup de pression pour exiger un maximum de flexibilité, allant jusqu'à dire qu'il n'y aurait pas d'accord "si la balance n'était pas équilibrée".

 

Pour Agnès le Bot, de la CGT, « le Medef a essayé de rendre le texte présentable, mais il est structurellement mauvais », estimant que la négociation était dans « une impasse ». Constat partagé par Stéphane Lardy de FO, « Ce texte est arrogant, nous n'avons pas de droits nouveaux pour les salariés, mais des faux droits conditionnées à des négociations de branches ou à des groupes de travail ». Le Medef a assuré qu'il y avait des avancées du côté de la sécurisation des salariés, présentant les droits rechargeables pour les chômeurs, la création d'un compte individuel de formation ou un droit à la complémentaire santé universelle. Mais pour la CGT, FO et la CFDT, il y a trop de renvois à des négociations ultérieures ou des accords de branches. Alors que le patronat souhaite que la flexibilité, comme les accords de compétitivité emploi, soit immédiate.

 

La question des droits rechargeables pour les chômeurs pose problème. Le Medef envisage en contrepartie de baisser l'indemnisation des demandeurs d'emploi, pour ne pas plus creuser le déficit de l'Unédic (organisme de gestion paritaire de l'assurance chômage). Ce qu'ont rejeté la plupart des syndicats. Sur la taxation des CDD, le patronat a opposé un feu rouge aux syndicats. Pour Patrick Pierron de la CFDT. « On imagine pas un accord si on ne limite pas les contrats courts, alors que les statistiques explosent ». Pour Joseph Thouvenel de la CFTC, c'est aussi « un point central de cette négociation ». Par ailleurs, la CFDT et la CFTC, plus nuancées, ont salué le texte patronal comme un vrai document de travail.

 

Quant à Marie-Françoise Leflon, de la CFE-CGC, elle a jugé qu'on est « assez loin de l'équilibre » entre flexibilité et sécurisation des salariés dans ce texte, mais que c'est « un bonne base pour travailler ». Prochaine séance de négociation jeudi prochain.

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BRUNO FORNACIARI

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