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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 08:36

POLITIQUE -  le 13 Juin 2013

 

Affaire Tapie: soupçons de "système" de financement politique derrière l'affaire Tapie

 

 

La ministre de l'Economie numérique Fleur Pellerin a estimé ce jeudi que l'affaire Tapie mettait en lumière un "système d'enrichissement personnel" et un "système organisé de financement illicite de campagne" politique mis en place au cours des dix dernières années. Le PCF appelle à établir toutes les responsabilités politiques.

Alors que les services de Jean-Marc Ayrault annonce que l'Etat entend déposer un recours en révision contre l'arbitrage suspect qui a accordé en 2008 403 millions d'euros à l'hommes d'affaires Bernard Tapie, Fleur Pellerin, ministre de l'Economie numérique, a évoqué un système mis en place au plus haut sommet  du pouvoir avant 2012. "Cela met en lumière un système qui a été mis en place au cours de ces dix dernières années et je crois que ce n'est pas la seule illustration. Vous avez l'histoire des prélèvements en espèces sur les frais d'enquête de (Claude) Guéant, le financement libyen de la campagne (politique de Nicolas Sarkozy) de 2007. Vous avez l'affaire Bettencourt", a-t-elle énuméré sur RTL.

3 ou 4 affaires

"Il y a quand même une série d'événements récents qui mettent en lumière l'action d'un homme ou d'une personne (...), un système organisé par le précédent pouvoir, je crois qu'on peut le dire (...), je le dis clairement en tous cas", a-t-elle encore fustigé. "Il y a quand même trois ou quatre affaires en ce moment qui montrent bien qu'on est en présence d'un système organisé de financement illicite de campagne, d'enrichissement personnel".

Elle s'est dite particulièrement choquée par "Claude Guéant (et) les 10.000 euros par mois qui venaient s'ajouter à son salaire alors même que les primes en liquide (destinées aux collaborateurs des cabinets ministériels) avaient été supprimées à la demande de Jacques Chirac et de Lionel Jospin en 2002". "C'est quand même assez extraordinaire!", s'est-elle exclamée. Elle s'est toutefois refusée à donner le nom du "chef de la bande": "C'est à un juge de le déterminer", a-t-elle avancé prudemment.

Bande organisée

Le Parti communiste français appelle lui aussi à établir toutes les responsabilités politiques derrière cette affaire, après la mise en examen pour "escroquerie en bande organisée", de Stéphane Richard, le patron d'Orange, directeur de cabinet de Christine Lagarde, ministre de l'Economie, au moment de l'arbitrage. "A ce stade de l'enquête sur l'attribution de 403 millions d'euros à Bernard Tapie dans l'affaire Crédit Lyonnais/Adidas et des récentes mises en examen, comment imaginer que l'arbitrage en faveur de l'homme d'affaire n'est pas le fruit d'une décision politique en 2008? Au sommet de l'État? Au sein du gouvernement? Il faut donc remonter jusqu'à la source de cette affaire, celle d'une oligarchie politico-financière qui pensait pouvoir agir en toute impunité. Bernard Tapie en apprenant la nouvelle de l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007 se serait écrié: «J'ai les sous!». Et nous, la nausée.", note Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, dans un communiqué.

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 08:32

 

POLITIQUE

Dans Cactus de ce jeudi 13 juin 2013

POLITIQUE -  le 13 Juin 2013

Cactus persona non grata

Serge Ayoub alias Batskin, un Mussolini au petit pied

 

 

Chaque jeudi dans l'Humanité, découvrez Cactus, notre supplément corrosif. Extrait: Menton en avant, poings serrés, Serge Ayoub sert chaque 13 mai aux spectateurs de l’hommage à Jeanne d’Arc, place des Pyramides à Paris, une mauvaise imitation de Mussolini. Son quart d’heure de gloire, le jour où il prend la lumière.

Lorsqu’en 2010, il relance Troisième Voie, cible – « les travailleurs » – et devise fasciste – « Croire, combattre, servir » – comprises, il ne s’imaginait sans doute pas sous les feux de la rampe. Car à son corps défendant, à part d’imbitables vidéos doctrinales sur Internet où il développe sa version personnelle de la lutte des classes, l’homme et son mouvement étaient jusqu’ici plutôt invisibles. Puis vint la mort, jeudi dernier, d’un jeune homme agressé par les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), sa création. À quarante-huit ans, Serge Ayoub s’est enfin fait un nom… sur celui de Clément Méric.

Amis de Klaus Barbie

Dans les années 1980, alors qu’il colle occasionnellement, contre rémunération, des affiches pour le RPR, Serge Ayoub s’appelle encore Batskin, référence à son accessoire de prédilection, la batte de base-ball. Bonehead (skinhead néonazi) reconnu dans le milieu, il compte à son actif quelques morceaux de bravoure, dont l’organisation d’une manifestation, en 1985, sous une banderole « Les amis de Klaus Barbie »… Fort de son aura, il fonde les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), qui intègrent Troisième Voie à l’automne 1987. Quelques dizaines d’hommes qui, dans les années 1990, forment aux côtés du GUD une force d’appoint au service d’ordre des réunions du Front national.

Quart d'heure de gloire malvenu

Sa carrière politique est jalonnée d’échecs. En 1993, deux ans après l’autodissolution de Troisième Voie par son créateur, Jean-Gilles Malliarakis, Ayoub remise la batte contre un bulletin de vote, pour les élections législatives dans les Hauts-de-Seine… que seulement 0,17 % des électeurs choisiront. Un score qui ne freinera pas le FN: selon Libération, il lui proposera de conduire sa liste aux municipales de 1995 à Stains (Seine-Saint-Denis). Sans succès, Batskin n’ayant pas pardonné au FN d’avoir «balancé» des noms de skinheads après le meurtre de Brahim Bouarram, noyé dans la Seine en marge d’une manifestation parisienne du parti. Skin un jour…

Tiré de l’ombre du Local, son bar parisien, siège de Troisième Voie, le fondateur des JNR a eu droit à un quart d’heure de gloire malvenu, avant dissolution.

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 08:28

 

POLITIQUE

 

POLITIQUE -  le 13 Juin 2013

 

Sondage Européennes : le Front de gauche à 15 %, comme le PS

 

 

Un sondage d’intention de vote en vue des prochaines élections européennes qui auront lieu en mai 2014 donne un Front de gauche à 15 %. A égalité avec le Parti socialiste, sévèrement sanctionné. Tous les partis restent sous la barre des 20 %.  

Pour l'institut YouGov, qui a réalisé ce sondage pour le site Huffington Post et la chaîne i-Télé, "le parti socialiste semble souffrir d'un manque de mobilisation de son électorat", seuls 52% des sympathisants socialistes disant prévoir de voter pour les listes PS alors que 71% des sympathisants UMP déclarent vouloir voter pour la liste de leur parti. 
La question posée via Internet, à l’échantillon de 1.012 personnes représentatif de la population française entre le 7 et le 12 juin selon la méthode des quotas, était : "Si les élections européennes avaient lieu dimanche prochain, pour quelle liste y a-t-il le plus de chances que vous votiez?".

L’UMP arrive donc en tête sans gloire avec 19% des intentions de vote, suivi du Front National à 18%, un score comparable à celui de l’élection présidentielle. La seule formation politique à réellement percer est donc le Front de gauche, qui recueille 15 % d’intentions de vote, soit + 4%. Suivent le MoDem (8%), Europe Ecologie-Les Verts (7%), l'UDI (5%) et le NPA (2%).

Le scrutin européen est prévu en mai 2014.

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    13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 08:30
    Le Parti Communiste grec (KKE) prête son canal local pour que la télévision publique continue d’émettre

    Les salariés des chaînes publiques grecques ERT, dont la diffusion a été arrêtée autoritairement par le gouvernement mardi soir, continuaient leurs émissions mercredi matin, accessibles sur internet et sur un canal local prêté par le parti communiste, a constaté une journaliste de l’AFP au siège de l’audiovisuel public grec.

    Derrière les banderoles et les débris des manifestations de la veille, après l’annonce surprise par le gouvernement qu’il fermait les chaînes publiques mal gérées, les studios tentaient de continuer de fonctionner mercredi matin au siège de ERT, situé à Aghia Paraskevi, dans la banlieue nord-est d’Athènes.

    A l’écran, accessible sur www.ert.gr et sur la chaîne locale 902 appartenant au parti communiste KKE, des plateaux où débattent les journalistes de la chaîne sur le coup de massue qu’ils ont reçu la veille, privant d’emploi près de 2.700 salariés, alors que le gouvernement est sommé par les créanciers du pays de réduire le nombre de salariés dans la fonction publique.

    Le président du syndicat de salariés Panayotis Kalfayanis a appelé à l’occupation du bâtiment, et a indiqué qu’il allait «saisir la justice européenne et la justice grecque». «Même s’ils veulent détruire la démocratie, les lois s’appliquent encore et je vais me battre» a-t-il dit à l’AFP.

     

    Nous réitérons notre soutien au peuple grec et aux salariés en lutte. Continuons d’offrir des perspectives et des moyens de lutte concrets.

    Vive le PCF, Vive le KKE

    Section du PCF de Saint-Quentin

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    8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 07:49

     

    POLITIQUE

    Fondation Jean Jaurès

    POLITIQUE -  le 9 Mai 2011

     

    1981-1984: Pierre Mauroy à l'épreuve du pouvoir (document)

    10 mai 1981: l'exercice du pouvoir (document)

     

    Premier ministre de l'union de la gauche au début du premier septennat Mitterrand, maire de Lille pendant près de trente ans, Pierre Mauroy, décédé à l'âge de 84 ans. l'Humanité.fr ouvre les archives de l'Humanité pour vous fait revivre la victoire de la gauche et ses principales réalisations, à travers les unes, éditoriaux, dessins ou articles de l'époque.

    Découvrez notre Hors série 1981, l'histoire d'une espérance

    • 11 mai 1981: la une de l'édition annonçant la victoire de François Mitterrand

    Dans l'éditorial "Le rejet", René Andrieu explique: "Le vote montre à l'évidence le rejet par le peuple français de la politique giscardienne et la profonde volonté de changement qui l'anime. Il s'agit maintenant de faire en sorte que celle-ci ne soit pas déçue, comme par le passé. Dans cet ordre d'idées, tout ne dépend pas de nous, mais beaucoup dépend de notre lutte et de notre capacité à convaincre les travailleurs de l'importance de l'enjeu".

    "Ainsi Giscard d'Estaing a été largement battu et François Mitterrand élu président de la République avec une marge de voix considérable. Cette élection a suscité une grande joie dans le pays. Comment ne pourrions-nous pas la partager ? Comment n'aurions-nous pas éprouvé hier soir une immense satisfaction à voir la mélancolie de M. Lecanuet, de M. Chirac et des autres étoiles de la majorité sortie ! Depuis toujours, nous avons été à la pointe de la lutte contre le pouvoir actuel. Nous avons appelé les 4.500.000 électeurs communistes à voter pour F. Mitterrand, et cet appel a été entendu. Le report massif de nos voix sur le candidat socialiste a été décisif"... Lire la suite...

     

    • 3 juin 1981: Une consacrée aux pourparlers en vue de la formation d'un gouvernement dans lequel figureraient des ministres communistes

    Le 21 mai, Pierre Mauroy est nommé Premier ministre. Avant les élections législatives, le PS et le PCF ouvrent des négociations pour la participation de ministres communistes au gouvernement Mauroy 2. En une, l'Huma reprend une déclaration de Georges Marchais: "Nous avons la volonté d'aboutir à un accord politique qui débouche sur un accord de gouvernement."

     

    L'accord est finalement conclu juste avant les législatives. Auparavant, le 29 mai, Roland Leroy expliquait dans son éditorial Pour que l'arbre s'épanouisse: "Pour que le changement se poursuive, il faut que la majorité soit ancrée à gauche. Pour que l'arbre s'épanouisse, il faut qu'il soit profondément enraciné dans son terreau fécond. Les moyens d'y parvenir: des voix, des députés, des ministres communistes, en un mot, les forces nécessaires pour créer les meilleures conditions possibles du changement..."

     

    • 22 juin 1981: En première page, la victoire de la gauche aux législtaives, premiers pas vers un gouvernement avec des ministres PCF

     

    • 24 juin 1981: le gouvernement Mauroy 2 dévoilé en page intérieure de l'Humanité

    En exergue, les portraits de Charles Fiterman (ministre d'Etat aux Transports), Anicet Le Pors (ministres de la Fonction publique et des réformes administratives), Jack Ralite (ministre à la Santé) et Marcel Rigout (ministre à la Formation professionnelle)

    A lire aussi: Jack Ralite: "Pierre Mauroy était un homme bon"

     

    • 25 juin 1981: compte-rendu du premier conseil des ministres

     

    L'abolition de la peine de mort représente la première des grandes mesures prises par le gouvernement Mauroy. Suivront, entre autres...

     

    • 19 décembre 1981: loi de nationalisation

    Cette loi fait rentrer dans le giron public la CGE, Pechiney Ugine, Khulmann, Rhône-Poulenc, Thomson-Brandt, Saint-Gobain, Usinor et Sacilor.

     

    • 14 janvier 1982: 39 heures et cinquième semaine de congés payés

     

    • 23 janvier 1982: la retraite à 60 ans

    Il faudrait citer bien d'autres mesures: régularisation de 300 000 immigrés sans papiers le 31 août 1981, autorisation des radios libres le 2 octobre suivant, abolition de la loi anti-casseur le 26 novembre...

     

    • 23 mars 1983: Une consacrée au remaniement ministériel

    Les élections muncipales des 6 et 13 mars 1983 sont un revers pour la gauche, qui perd Brest (PS), Grenoble (PS), Nîmes (PCF), Reims (PCF) Roubaix (PS), Saint-Etienne (PCF) ou Tourcoing (PS). Pierre Mauroy remanie son équipe ministériel pour relancer son action. Les communistes choisissent d'y participer.

     

    • 5 avril 1983: éditorial sur la rigueur de René Andreu

    Les tenants du tournant de la rigueur se font de plus en plus entendre. D'où cette mise en garde de René Andreu. Extrait de l'éditorial: "C'est un fait que le premier tour des municipales a montré l'existence d'uncourant de mécontentement parmi une fraction de l'électorat de gauche, aux prises avec de dures difficultés. C'est un fait que si le gouvernement a adopté une série de mesures sociales favorables aux travailleurs, il reste à poursuivre l'effort et non pas à l'interrompre, comme de bons apôtres l'y invitent de divers bords. Rigueur, oui, mais pour appliquer le politique promise en 1981, non pour instaurer l'austérité aux Français: car ce ne serait pas la peine assurément d'avoir, alors, changé de gouvernement."

     

    • 18 juillet 1984: une de l'Huma sur la nomination de Laurent Fabius comme Premier ministre

    Le tournant de la rigueur est définitivement acté. Le PCF ne participe plus au gouvernement. Le gouvernement Fabius signifie de fait la fin de l'aventure débuté le 10 mai 1981.

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      8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 07:46
      Disparition de Pierre Mauroy : "Quel contraste trente après !" (Analyse)

       

       

      "Trente ans séparent le gouvernement de Pierre Mauroy de celui de Jean-Marc Ayrault, mais la distance entre les deux équipes est d’abord celle des objectifs" écrit Jean-Paul Piérot, rédacteur en chef de l'Humanité dans une analyse après la disparition de l'ex-Premier ministre socialiste Pierre Mauroy.

      Pour une génération de femmes et d’hommes de gauche, le souvenir de Pierre Mauroy est lié à l’histoire d’une espérance. Il fut certes le premier chef de gouvernement socialiste de la Vème République après la victoire de François Mitterrand le 10 mai 1981. Mais il fut plus que cela. Il anima un gouvernement de toute la gauche qui mit en chantier un train de réformes qui ont marqué une rupture avec les politiques précédentes. Pour la première fois depuis l’immédiat après-guerre, le parti communiste participait au gouvernement de la France. La gauche rassemblée après bien des controverses sur la lancée du programme commun signé par le PS, le PCF et les radicaux de gauche en 1972 mettait fin à la domination ininterrompue de la droite depuis 1958.

      L’expérience fut historiquement très courte et se brisa sur le tournant de la rigueur amorcée dès 1983, provoquant il est vrai une amertume à la hauteur des espoirs mis dans la gauche, mais les réformes qui furent engagées résonnent d’autant plus aujourd’hui que les politiques menées par un autre gouvernement socialiste, avec un autre président socialiste, prennent le contre-pied de la politique revendiquée par la gauche qui ambitionnait de « changer la vie ».

      La question des retraites est particulièrement  d’actualité. S’exprimant longuement dans un numéro hors-série de l’Humanité publié en 2011, à l’occasion du 30ème anniversaire de mai 81, Pierre Mauroy rappelait ce que la revendication de la retraite à 60 ans, qui trouva alors satisfaction, avait représenté pour le monde du travail. Elu du Nord, un département ouvrier, l’ancien premier ministre ne dissimulait pas son émotion quand il évoquait ces travailleurs qui « étaient à bout, qui n’en pouvaient plus ». « Ce droit a été une avancée de civilisation » nous déclarait alors Mauroy.

      Que dire donc des projets d’allongement du  nombre d’annuités préconisées aujourd’hui, si ce n’est qu’il s’agit d’un recul programmé de civilisation. Le gouvernement de Pierre Mauroy a impulsé de grandes réformes de gauche : outre la retraite à 60 ans, la cinquième semaine de congés payés, la nationalisation des banques et de neuf grands groupes industriels, une augmentation de 15 % du SMIC, une réduction du temps de travail de 40 à 39 heures… Le contraste est frappant, la différence est cruelle avec aujourd’hui. La crise a bon dos. Trente ans séparent le gouvernement de Pierre Mauroy de celui de Jean-Marc Ayrault, mais la distance entre les deux équipes est d’abord celle des objectifs. Le renoncement a largement supplanté l’ambition.

      • Lire aussi :
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      8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 07:16

       

      Le 21 juin 1981 sur le perron de l'Elysée, Jack Ralite, Charles Fiterman, Anicet Le Pors et Marcel Rigout.

      POLITIQUE -  le 7 Juin 2013

       

      Il était une fois quatre ministres communistes dans le gouvernement Mauroy
      À l'occasion de la disparition de Pierre Mauroy, l'Humanité.fr vous propose la table ronde avec les quatres ministres communistes de son deuxième gouvernement (1981-1984) Charles Fiterman, Anicet Le Pors, Jack Ralite et Marcel Rigout où ils avaient dressé le bilan de leurs expériences dans un hors-série, 1981, L'Histoire d'une espérance.

      Quels ont été vos sentiments au soir du 10 mai, puis ensuite en juin, lors de votre entrée officielle au gouvernement ? 
       


      CHARLES FITERMAN
      . Je voudrais d’abord remercier l’Humanité de cette invitation. C’est la première fois depuis trente ans qu’il m’est donné l’occasion de pouvoir traiter de cette question devant des communistes. En ce qui me concerne, j’étais très heureux de cette victoire de mai 1981. Et pour moi, qui étais encore très jeune à la Libération, ce fut le grand moment politique de ma vie. Pour la première fois, les forces populaires connaissaient un grand succès électoral. Je sais bien qu’aujourd’hui on parle d’une époque où l’on se berçait de grandes illusions. Mais moi, je pense qu’il en faut, de ces grands rêves. On ne fait pas progresser un pays sans un grand projet et sans grandes espérances. Quant à la mythologie du « grand soir », elle existait encore un peu en 1981, mais surtout au sein de la droite, qui était en proie à la panique, plutôt qu’à gauche, où les gens, s’ils éprouvaient beaucoup de fierté, avaient bien conscience que ce serait difficile. Évidemment, j’avais conscience que le recul du PCF à la présidentielle, confirmé par les législatives, ne nous mettait pas dans les conditions les plus favorables. Mais je pensais qu’il fallait s’inscrire dans ce mouvement, s’efforcer de l’influencer et de le mener le plus loin possible. C’était un défi à relever. Je souris sur la photo officielle du gouvernement. Mais je dois avouer que j’étais très partagé, entre le plaisir de représenter sur ces marches de l’Élysée les millions de gens qui nous avaient soutenus, la curiosité de pénétrer dans les arcanes de la direction de l’État et, en même temps, une véritable angoisse sur la meilleure manière de répondre à cette formidable attente.

      ANICET LE PORS. J’ai beaucoup de mal à me souvenir des sentiments que j’ai pu éprouver au soir du 10 mai, au-delà de la satisfaction de voir la gauche gagner. Au Parti communiste, je ne figurais pas parmi les dirigeants. J’étais plutôt un expert ayant participé activement à l’élaboration du programme économique et notamment à la définition du seuil minimal de nationalisation. Et c’est à travers cette vision très analytique que je voyais ce qui était, évidemment, un grand moment historique. Le soir du 24 juin, après notre nomination, nous avons été reçus tous les quatre sur le plateau d’Antenne 2 par Patrick Poivre d’Arvor. Il nous a demandé à quoi nous avions pensé lorsque nous avons franchi le seuil de l’Élysée. Je me souviens que Marcel a répondu à son « maître ajusteur », qui l’avait formé. Moi, j’ai répondu que j’avais pensé à mes parents. Avec le sentiment que c’était une sorte d’avènement social pour des gens comme nous, issus de milieux modestes et qui, d’un seul coup, se retrouvaient dans les palais de la République. Même s’il est vrai que je les connaissais, ces palais, ayant travaillé comme fonctionnaire à la direction de la prévision au ministère de l’Économie et des Finances. Je n’étais donc pas intimidé, mais ce mouvement social qui a projeté en ces lieux très politiques des représentants de la société défavorisée était pour moi un événement majeur. Quand nous avons quitté le gouvernement, deux personnes m’ont invité à déjeuner dans les heures qui ont suivi : Simon Nora, le grand banquier, et une petite conseillère technique du cabinet de Mitterrand, chargée de la fonction publique et que je n’avais jamais vue. Elle s’appelait Ségolène Royal. À la fin du repas, elle m’a dit : « Je suis très contrariée que vous quittiez le gouvernement, car vous étiez les représentants de la classe ouvrière. » Je me suis dit : « Celle-là, elle ira certainement très loin… » 
       

      JACK RALITE. Le 10 mai 1981 a été un moment très fort. Personnellement, cela était un choc, et je ne parle pas du fait de devenir ministre alors que je n’y pensais même pas un quart d’heure avant ! Du point de vue de l’Histoire, j’avais l’impression de participer à un niveau beaucoup plus élevé que d’habitude au changement pour lequel je mettais engagé il y a longtemps et qui tardait à venir J’étais adjoint au maire à Aubervilliers, une ville rude mais tendre. Or, la tendresse n’était pas la caractéristique des gouvernements auxquels nous succédions… Je me suis dit qu’enfin, le facteur humain allait être pris en compte par le sommet de l’appareil d’État. Avec une certaine réserve, dans la mesure où nous n’étions que 4 au gouvernement et seulement 44 députés alors que les socialistes et le MRG en avaient 285. Et puis, il faut bien dire que notre arrivée faisait peur à certaines personnes, qui voyaient déjà les chars de l’Armée rouge sur les ChampsÉlysées ! Il faut se rappeler, enfin, que le programme commun avait été signé une dizaine d’années auparavant, que son élaboration avait pris une dizaine d’années de plus. Avec 1981, ces tonnes de dévouement aboutissaient enfin. Pour finir, juste une anecdote qui rend compte de l’état d’esprit chez certains militants communistes. Guy Hermier était à Marseille le 10 mai 1981 et devait remonter à Paris retrouver ses camarades du bureau politique. Et alors qu’il venait d’apprendre à la radio la victoire de Mitterrand, il a lancé à sa femme, juste avant de partir pour l’aéroport : « Surtout, dis aux camarades qu’ils ne fassent pas la gueule ! » À Aubervilliers, le soir du 10 mai, je n’ai pas vu, non plus, de lumières aux fenêtres des HLM… Les camarades sont rentrés chez eux. Moi, je suis allé à la Bastille, où l’on sentait qu’il se passait quelque chose.
       

      MARCEL RIGOUT. La nomination de quatre ministres communistes au gouvernement a, effectivement, été le fruit d’un long combat. Le programme commun avait commencé avec Waldeck Rochet et quand il fut signé, une immense espérance est née dans le pays. L’élection de Mitterrand, en 1981, a suscité chez les camarades un grand espoir mais aussi une grande attente. Moi, je ne m’attendais pas du tout à être ministre. J’ai failli prendre le train en jean ! C’est ma femme qui m’a conseillé d’y aller avec mon costume plutôt que ma tenue de travail… Je dois rappeler aussi que nous avons connu un semi-échec : 15 % des voix pour Marchais et la perte de très nombreux députés. Quatre ministres sur 40, 44 députés sur 285 : nous avions conscience que le combat serait dur. Mais nous avions aussi la conviction qu’il fallait prouver que nous étions capables d’être des hommes de gouvernement et de conduire les réformes. Je crois que nous nous y sommes employés tous les quatre. Une anecdote me revient lors de notre arrivée dans la cour de l’Élysée. Anicet, lui, était sénateur. Il est entré par la grande porte, tout seul. Mais nous, avec Charles et Jack, nous voulions arriver ensemble. Nous sommes donc montés tous les trois dans la même voiture et avons débarqué ainsi au pied des marches. On m’a raconté, par la suite, que c’était la première fois qu’on voyait ça. Du covoiturage avant l’heure !

      Quelles sont les leçons positives que vous tirez de cette expérience ? Que vous a-t-elle apporté ?

      MARCEL RIGOUT. Comme je m’occupais des questions agricoles au sein du groupe communiste à l’Assemblée, tout le monde pensait que j’allais être ministre de l’Agriculture. On m’a finalement confié le ministère de la Formation professionnelle. Moi, je n’en avais aucune, de formation professionnelle. J’ai grandi dans une famille de 10 enfants où j’étais le plus jeune. Je suis sorti de l’école à douze ans. J’ai travaillé dans le bâtiment. Et ce n’est que lorsque j’ai été licencié de l’arsenal de Limoges, où j’étais manoeuvre, que j’ai suivi un stage à l’Afpa. Mon premier titre professionnel a été le certificat de tourneur sur métaux et je n’oublierai jamais mon directeur de formation et mon moniteur. Même si je n’en étais pas un spécialiste, j’étais donc très sensible à cette question de la formation professionnelle en arrivant à ce ministère. Mon objectif numéro un a été de m’occuper de tous ces jeunes qui sortaient du système scolaire à seize ans sans aucune formation professionnelle, avec un bagage culturel très léger. Il fallait les rattraper. C’était un combat de solidarité nationale. Nous avons réussi à faire travailler ensemble des gens habitués à se tirer dessus : des patrons, des syndicats, les élus. Au final, nous avons réussi à mettre en formation 600 000 jeunes, dont 300 000 ont trouvé du travail à leur sortie.

      ANICET LE PORS. J’ai attendu jusqu’après 20 heures pour savoir quel ministère j’avais. Le matin, on m’avait affecté aux PTT. Louis Mexandeau n’a pas voulu les céder. Et ce n’est qu’in extremis que l’on m’a proposé la Fonction publique et les Réformes administratives. J’ai pris comme directeur de cabinet René Bidouze, qui était l’ancien dirigeant des fonctionnaires CGT. C’était un fait sans précédent et ça l’est resté depuis. Personnellement, le sujet m’intéressait. Je sortais de vingt-cinq ans de militantisme dans la Fonction publique, j’en connaissais bien le droit et les problèmes qui s’y posaient. J’avais l’habitude de traduire les revendications de mon syndicat par des propositions de loi que les députés et sénateurs communistes relayaient. Sans faire preuve d’autosatisfaction, je pense avoir réussi, tout d’abord, à moderniser le statut des fonctionnaires de l’État, en y introduisant des notions qui étaient jusque-là purement jurisprudentielles (droit de grève, liberté d’opinion, droit de négociation pour les organisations syndicales). J’ai créé, ensuite, la troisième voie d’accès à l’ENA, celle réservée aux syndicalistes, aux élus et aux dirigeants d’associations, puis étendue aux agents publics des collectivités territoriales, des établissements publics hospitaliers et de la recherche. Quand nous sommes entrés au gouvernement, il y avait 2,1 millions fonctionnaires de l’État. Aujourd’hui les trois fonctions publiques – État, territoriale et hospitalière – totalisent 5,3 millions de personnes. Si on y ajoute les entreprises publiques, on arrive à 6,2 millions de salariés couverts par des statuts et qui échappent à la loi du contrat. Je ne regrette évidemment pas ce choix d’extension de la fonction publique fait à l’époque. Au cours de la crise récente, beaucoup ont souligné l’importance de ce secteur public – singularité française – qui a constitué un puissant amortisseur social. En revanche, j’ai moins bien réussi sur le terrain des réformes administratives. François Mitterrand, semble-t-il, n’admettait pas qu’un ministre communiste de la Fonction publique puisse s’atteler à la lutte contre la bureaucratie. Pour lui, il fallait qu’il reste le ministre des fonctionnaires, et donc des bureaucrates. J’avais notamment envisagé d’élaborer une charte entre l’administration et les citoyens. François Mitterrand et ses services n’ont pas cessé de combattre ce projet, qui s’est terminé sous la forme d’un décret croupion du 23 novembre 1983, qui a disparu depuis. Cette question était à l’évidence un enjeu politique qui m’a échappé.

      CHARLES FITERMAN. La première leçon que je tire de cette expérience est qu’il est difficile de faire des réformes qui transforment un pays dans le sens du progrès humain. En ce qui me concerne, je n’avais aucune connaissance de l’appareil d’État – je suis d’origine ouvrière – et aucune connaissance précise de l’organisation des transports. Ma circonscription de député du Val-du-Marne comprenait la plateforme d’Orly. J’avais donc approché un peu les questions du transport aérien. Et puis, j’ai commencé ma vie professionnelle au tram de Saint-Étienne… C’était peut-être un signe du destin, mais cela ne me qualifiait pas spécialement pour être ministre des Transports ! Évidemment, j’ai fait le maximum pour m’entourer de collaborateurs de qualité. J’avais une équipe formidable. Mais les experts et les techniciens – indispensables – ne sont pas suffisants. Il est aussi important, dans cette situation, d’avoir des convictions et une connaissance attentive des réalités économiques, financières et surtout humaines. Il faut beaucoup écouter. Mon premier souci a été d’élaborer une politique globale des transports, traduite dans une loi d’orientation, qui est d’ailleurs toujours en vigueur. Ce n’est pas à moi de juger si j’ai été un bon ministre, même si beaucoup me l’ont dit. Mais j’ai, en tout cas, la satisfaction d’avoir su assumer de hautes responsabilités dans l’appareil d’État. En travaillant beaucoup, d’abord : pendant trois ans, c’était quinze heures par jour avec peu ou pas de jours de repos. Contrairement à ce que certains ont suggéré, on ne s’est pas vautré dans les fauteuils ministériels ! Côté bilan, mes collaborateurs avaient préparé une brochure au sortir du gouvernement qui disait : « Une loi générale et une mesure nationale tous les deux jours ». En trois ans, ça en fait pas mal… Je me souviens, par exemple, de la convention SNCF de 1947 qui arrivait à son terme en 1982. Si nous n’avions pas été là, il y avait le risque de voir l’entreprise sinon privatisée, du moins démantelée quelque peu. J’ai pu la sauvegarder et commencer à relancer son activité avec un statut d’entreprise publique industrielle et commerciale. Bizarrement, cette grande entreprise n’avait pas de comité d’entreprise. J’en ai créé un, ce qui a peut-être été mon plus dur combat, car, évidemment, certains ont dénoncé « l’arrivée des soviets » et « le pouvoir donné à la CGT ». J’ai également initié une relance très forte des transports urbains, notamment les tramways à Nantes, à Grenoble ou encore à Bobigny. Tous ceux qui bénéficient de la carte orange remboursée à 50 % peuvent aussi nous remercier. J’ai découvert également, à mon arrivée, que les concessions autoroutières élaborées par Albin Chalandon avaient été faites de telle façon que lorsqu’il y avait des bénéfices, c’était les actionnaires qui les empochaient, et que lorsqu’il y avait des déficits, c’était l’État qui les payait ! En bonne rigueur financière, j’ai proposé que ce concours de l’État soit transformé en participation au capital. Et comme toutes les sociétés, sauf une, avaient des déficits abyssaux, elles se sont retrouvées publiques. Cela a été une nationalisation dont personne n’a parlé. On a créé le holding Autoroutes de France, qui a permis à l’époque de faire des économies sur le budget de l’État et de les réinvestir pour développer certaines liaisons. Le Havre, par exemple, à cause de la couleur politique de sa municipalité, n’était pas desservi par l’autoroute, alors que c’était l’un des plus grands ports de France. J’ai donné aussi la priorité aux dessertes quotidiennes, comme les rocades et déviations d’agglomération. On me désigne même comme l’inventeur des ronds-points ! Il est vrai que j’avais observé en Grande-Bretagne ce système très efficace pour fluidifier la circulation. Je retiens aussi le passage d’un seul type d’avion au concept de « famille Airbus » avec le lancement de l’A320. Il a fallu trois ans de négociations avec les Britanniques, les Allemands et, dans une moindre mesure, les Espagnols. Ce fut très dur, notamment avec les premiers, car ils ne voulaient pas d’un « avion politique », disaientils. Ils soupçonnaient les ministres communistes de vouloir à tout prix lancer cet avion pour la gloire…


      JACK RALITE
      . Dans les premières négociations du Parti avec la direction du Parti socialiste, les camarades avaient avancé que je sois ministre de la Culture. Évidemment, l’existence de Jack Lang a fait que la place était prise. Avec le ministère de la Santé, je suis ainsi passé de l’esprit au corps, ce qui fut passionnant. J’aimerais dire un mot de ceux avec qui j’ai travaillé et notamment de mon directeur de cabinet, Jacques Latrille. En tant que membre de la commission des Affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale, on recevait chaque année la Conférence des présidents d’université. Son vice-président était un universitaire, Jacques Latrille, élu par toutes les voix communistes et socialistes et plus de la moitié des voix de droite. Sans doute pour ses qualités extraordinaires. Il fut très surpris que je l’appelle pour devenir mon directeur de cabinet. Ce fut une coopération humaine d’une extrême rareté. Jacques Latrille n’était pas le seul, puisque je me suis attaché à m’entourer de globules blancs, de globules rouges et de globules bleus. Je ne voulais pas d’un cabinet homogène du point de vue politique, car le pluralisme ne s’invente pas, il faut qu’il soit vivant à l’endroit où les décisions sont prises. Dès le début, dans un ministère où la dimension sociale est évidente, j’ai demandé à tous les directeurs s’ils souhaitaient rester. Seul l’un d’entre eux a pris la décision de partir, les autres sont restés et j’ajoute qu’ils ont bien travaillé. Ils faisaient partie de ces hauts fonctionnaires républicains qui ont le sens de l’État. Nous sommes restés très liés avec tous les membres du cabinet. Nous avons réalisé un travail inouï et je suis heureux de pouvoir le dire aujourd’hui car, à l’époque, tout cela était tu. J’ai commencé par un tour de France de tous les grands problèmes de la santé. C’était un bonheur, car l’on rencontrait tout le monde, au point que le Figaro magazine posait la question sur deux pages : quel est ce ministre communiste qui séduit les médecins ? La rencontre a été d’une profondeur ! Sur la santé au travail, nous nous sommes rendus à Renault Douai, à La Lainière de Roubaix et à Usinor Dunkerque. À Dunkerque, il y avait eu, en douze ans, 72 morts brûlés dans les hauts-fourneaux. On était au coeur des choses. Comme sur la psychiatrie, dont l’étape de Sotteville- lès-Rouen m’a profondément marqué, autour de l’abrogation de la fameuse loi de 1838 qui instituait une gestion immobile de la folie et le retranchement hors du monde des malades mentaux. Ça a créé un tonnerre. Enfin, la charte de la santé, qui visait à rédiger un texte politique référentiel. Ce ministère était curieux, son personnel était fortement marqué par la pensée catholique. C’était le ministère MRP, le ministère du « je me penche sur »… Il fallait donc un texte qui fasse de la question de la santé une grande question politique. Cette charte, votée par le gouvernement, a fait son chemin, a marqué, même si j’ai affronté des mouvements sociaux extrêmement complexes. Dans tout ce débat, j’insiste, il faut savoir garder de la dignité. Lorsque j’étais en charge du ministère du Travail, il y avait un conflit dur à Poissy avec le PDG de Peugeot, qui voulait licencier 3 000 personnes. On a réussi à sauvegarder 2 000 postes et sur le dernier tiers, le patron ne voulait plus négocier. Il demande une interruption de séance, nous nous retrouvons dans mon bureau et il m’annonce qu’il cesse les négociations et rend sa démission. Je lui ai alors montré le respect que j’avais pour lui tout en lui indiquant que je ne supportais pas qu’il me méprise. Je ne croyais pas qu’il démissionnerait ; il a alors repris les négociations. Ce type d’homme nous prend souvent pour des gens que l’on peut regarder de haut. Or, il ne s’agit pas de faire les fanfarons mais d’être debout, à hauteur d’homme, c’est-à-dire digne.

      En 1984, Georges Marchais déclarait que le bilan de ces premières années était supérieur à celui de la Libération et du Front populaire. Quel bilan tirez-vous de la politique qui fut menée durant cette période ? 


      ANICET LE PORS
      . Ce que nous avons fait était important dans les différents domaines qui relevaient de notre compétence. Pour autant, tout cela ne doit pas être sacralisé. Je tire une leçon principale, c’est qu’il faut discuter beaucoup. Aujourd’hui, il faut rappeler les principes sur lesquels nous fondons notre démarche, formuler des propositions et inscrire ce que nous faisons dans une perspective qui est celle du XXIe siècle. Je considère que ce siècle va appeler une intervention publique de plus en plus forte et qu’il doit être l’âge d’or des services publics. Nous avons été en ce sens des passeurs. Jamais nous n’aurions dit que ce que nous avons fait était supérieur aux réalisations d’autres périodes, nous avions trop le sens de la contradiction pour cela et des limites de ce qu’étaient nos propres possibilités. Néanmoins, je crois que nous avons joué un rôle important, même si nous avons à l’époque été désignés comme boucs émissaires. Je crois que le parti a occulté cette époque comme thème de réflexion. Lorsque nous sommes entrés au gouvernement, nous vivions une période charnière. Nous venions de trente années marquées par l’après-guerre, la reconstruction, mais qui restent des années de croissance avec la domination d’une économie administrée et, en France, l’idée qu’il existait une solution nationale à la crise ; ce qui était à la fois une illusion mais également une affirmation volontariste et un a priori de rationalité qui, selon moi, garde toute sa valeur. C’est dans ce contexte que les Britanniques élisent Thatcher, les Américains Reagan et les Allemands Kohl. S’amorçait à cette époque une autre période de trente ans dont le nouveau point charnière fut la crise financière de l’automne 2008, qui nous met dans une perspective, sinon de retour de l’État, du moins de nécessité de l’intervention publique. Je pense que nous sommes sur un terrain plus favorable au développement d’une pensée rationnelle quant à la conduite des affaires publiques et du destin des peuples. Il faudrait s’inscrire dans cette nouvelle nécessité de rêve prométhéen et d’action volontaire pour définir son destin. Nous sommes dans une période où il y a beaucoup de rénovation à faire. Nous sommes dans un moment de décomposition sociale profonde, l’un de ceux qui faisait dire à Alfred de Musset : « On ne sait à chaque pas qu’on fait si l’on marche sur une semence ou sur un débris. » Je pense qu’il n’y aura pas de recomposition possible sans recomposition idéologique. On peut parler de programme ou de candidat à l’élection présidentielle, ce ne sont pas des solutions. Nous avons perdu avec le XXe siècle, le siècle des grandes idéologies messianiques notamment la mise en cause du marxisme. Il faut remettre tout cela sur le métier. Pour ma part, je vois trois questions majeures à avancer. Celle de la propriété, car je crois toujours que là où il y a propriété, il y a pouvoir, mais celle-ci ne doit pas être considérée, comme nous l’avons fait jusqu’à présent, comme un transfert juridique, il faut l’associer à une économie de besoins et à l’intervention des travailleurs. C’est ce j’appelle l’appropriation sociale. La deuxième question est celle des institutions, nous ne pouvons plus imaginer aujourd’hui un rôle spécifique de la classe ouvrière et un rôle spécifique dévolu à une catégorie de la population. Nous sommes sommés de dire quelle est la démocratie institutionnelle que nous voulons. Ce n’est certainement pas l’amélioration de la Ve République, c’est la suppression de la désignation du président de la République au suffrage universel. Le troisième pilier, enfin, réside dans la citoyenneté qu’il nous faut renouveler avec l’héritage de la Révolution française et rattraper ce que nous entendions par « l’Homme nouveau » que devaient créer le socialisme et le communisme. Ce sont pour moi les fondements d’une hypothèse socialiste ; le mot n’existant que dans l’intitulé du Parti socialiste, car ce qu’il produit n’a rien de ce qui puisse être appelé socialiste, quant au Parti communiste, il a semble-t-il oublié que ce mot existait puisqu’il n’en parle plus. Il manque enfin quelque chose qui nous échappe totalement : l’événement. L’histoire n’est pas un continuum, elle est faite d’événements. Et pour qu’il y ait de nouvelles donnes, de nouvelles chances et degrés de liberté pour l’action humaine, eh bien, il faut des événements.

      CHARLES FITERMAN. Il y a eu une formule qui a connu un mauvais destin mais qui, je crois, est adaptée à notre sujet : le bilan globalement positif. Je pense effectivement qu’énormément de réformes ont été réalisées et engagées dans cette courte période. Le grand problème qui n’a pas été résolu et a valu un mécontentement grandissant, c’est la question de l’emploi et du chômage. Là réside l’échec le plus important. Il faut également évoquer l’espérance qui existait en 1981 avec le fameux « changer la vie », l’espérance de modification des rapports sociaux, sociétaux qui a été un peu engagée au début de la prise de pouvoir. Ces tentatives sont celles des lois Auroux, par exemple. Chacun avait ses raisons, mais ni le Parti socialiste ni le Parti communiste n’ont pris en compte les changements intervenus dans la société et dans le monde. Nous sommes restés dans le schéma du programme commun, certes sympathique et intéressant, mais qui, mis en pratique, s’est heurté aux difficultés du contexte international. Nous étions à contre-courant du point de vue économique des pays voisins, qui étaient plutôt dans une phase de stagnation économique et de crise. Il y avait d’une part la propension du PS – à commencer par François Mitterrand – à accepter cette situation, à se soumettre en essayant d’y faire face par des mesures classiques dites de dévaluation et de rigueur et, d’autre part, la propension du PCF à s’installer dans l’opposition en défendant les acquis sans avancer de propositions nouvelles ou chercher des issues. Ce fut en ce sens plus la dernière grande expérience de gauche du XXe siècle que la première du XXIe siècle. Nous avons eu ces discussions au moment du tournant de la rigueur et du changement de gouvernement, en 1983. Ce fut un moment difficile, car François Mitterrand a hésité pendant deux semaines entre deux thèses : celle de Mauroy et Delors, qui l’incitaient à rester dans le serpent monétaire européen et donc accepter la pression et dans une certaine mesure s’y soumettre, et celle de Chevènement, qui proposait de sortir du système de liaison entre les monnaies européennes et en quelque sorte un repli sur l’Hexagone avec des risques considérables. Finalement, nous avons accepté de rester dans le gouvernement sous l’autorité de Mauroy en essayant de nous battre pour que cette situation ne se traduise pas par l’arrêt des réformes, voire leur remise en cause. Je me suis trouvé avec une proposition de budget en 1983 avec 5 000 suppressions d’emplois à la SNCF. J’ai refusé et ai mis sur la table ma démission si les choses en étaient ainsi. C’est remonté jusqu’à François Mitterrand, qui a cédé. Nous n’avions pas vraiment les outils, mais nous avons essayé d’ouvrir une voie différente avec des propositions. Ce que je veux ajouter tout de suite, c’est que, effectivement, il y a eu, pendant un temps, survalorisation de ce qu’était le bilan de ce gouvernement. On peut citer Georges Marchais. Nous, nous ne l’avions pas surévalué parce que nous étions confrontés chaque jour à une bataille difficile et nous mesurions les limites. En même temps, et très vite, il y a eu sous-estimation. Au bout de ce processus, je pense que le parti lui même, les communistes, voire l’influence communiste, n’ont pas été mis en capacité de comprendre et de faire face à cette situation. Et de se battre dans les meilleures conditions possibles. Cela pour deux raisons. La première, c’est qu’il n’y a pas eu de valorisation de l’activité des ministres communistes. Un exemple : j’ai fait adopter une loi d’orientation des transports, dont la philosophie est « ni libéralisme destructeur, ni étatisme bureaucratique paralysant », mais une combinaison de la maîtrise publique et de l’initiative privée, avec la recherche, certes, d’une concurrence, mais fondée sur des bases saines, avec la prise en compte par les entreprises de transport, non seulement des coûts d’exploitation directs, mais des coûts sociaux et environnementaux, ce qu’on appelle les coûts externes. J’avais dit à mes collaborateurs à l’époque que nous avions vingt ans d’avance avec cette loi. Il y avait là une approche créatrice, qui n’a pas du tout été valorisée. La deuxième raison tient au manque de capacité de proposition, d’élaboration. L’essentiel a d’abord été dans l’éloge, ensuite dans la critique, ce qui pour une part était justifié, mais il aurait fallu aussi avoir le souci de se tourner vers l’avant, de dépasser la situation. Cela aussi a manqué. Enfin, peut-être que tout cela tient à une faiblesse. Si j’ai un reproche à faire au programme commun, ce n’est pas son contenu – il y avait beaucoup de choses positives dans ce programme, il avait le mérite de tracer des perspectives –, mais sa forme même, le côté alliance au sommet. Cela a un peu nourri l’idée que tout était réglé, écrit, on s’était mis d’accord en haut et il n’y avait plus qu’à attendre que tout cela se réalise. Moi, je me suis trouvé à plusieurs reprises devant des gens, notamment des cheminots, des syndicalistes CGT, me disant : « On ne va pas bouger, faire grève, parce qu’on ne veut pas te gêner. » Chaque fois, je leur disais : « Définissez des revendications sérieuses, et puis n’hésitez pas, agissez, je ne considère pas cela comme une gêne mais comme un point d’appui, cela m’aidera à argumenter, à faire avancer les choses. » Il est évident – et c’est peut-être la leçon la plus importante pour aujourd’hui – qu’on ne peut pas changer une société, même la faire évoluer, sans mise en mouvement de la société elle-même, sans appel à l’intervention politique la plus large. Ce qui implique une révolution démocratique, un nouvel âge de la démocratie, avec un changement profond des institutions, avec, sinon la suppression de l’élection du président de la République au suffrage universel, du moins un rééquilibrage des pouvoirs, avec des possibilités d’initiative des citoyens, une démocratie participative, qui concernerait d’abord les entreprises. Il faut faire avancer la démocratie sociale dans l’entreprise beaucoup plus loin qu’aujourd’hui.

      MARCEL RIGOUT. Par rapport à l’analyse de la période et aux perspectives, je partage les conclusions d’Anicet et de Charles. Nous arrivons à la fin d’un cycle, aujourd’hui, dans les conditions que nous connaissons. Il faut recomposer, notamment au niveau des rapports sociaux, de la démocratie, de l’environnement, une société pour l’homme, au service de l’homme. C’est ça qui est à l’ordre du jour. Quant au bilan, je pense que nous avons fait ce que nous avons pu. Dès 1983, la question s’est posée : après le tournant de la rigueur, annoncé par Delors et Mauroy, fallait-il partir ou rester ? Dans des conditions très difficiles, que Charles a rappelées, nous sommes restés. Mitterrand m’a invité à intervenir auprès de la direction du Parti pour que nous restions, que nous soyons patients, car il s’agissait d’une étape et nous allions ouvrir ensuite des perspectives nouvelles… Nous n’y avons pas cru, ni les uns ni les autres, et nous sommes restés. Ensuite, les choses se sont aggravées, je pense qu’à ce moment-là, il fallait partir. Mais pas dans les conditions dans lesquelles nous sommes partis. Alors qu’avant les vacances, en 1984, Georges Marchais avait déclaré que le bilan du gouvernement était très positif, presque comparable à celui du Front populaire, au mois de juillet, nous partons… Nous avons été incompris sur notre départ. Il aurait fallu poser nos conditions : si c’est un véritable changement d’orientation, nous ne pouvons pas continuer à soutenir cette politique et rester au gouvernement.

      JACK RALITE. J’ai souligné le fait que le Parti n’avait pas étudié cette période là, comme d’ailleurs celle du gouvernement Jospin, qui est une autre expérience, très complexe aussi. Il sort des dizaines de livres sur Mitterrand et leur expérience, mais rien sur le PCF. Moi, je n’ai jamais tué mon père, je ne vois pas pourquoi on tue une partie de son histoire ! Cela dit, jamais nous n’avons eu, lorsque nous étions ministre, des indications du Parti communiste. Nous avons été laissés libres.

      CHARLES FITERMAN. Quand il y avait des choix politiques, j’en parlais avec le secrétaire général.

      JACK RALITE. Certes, mais, en ce qui me concerne, par exemple, je n’ai jamais rencontré le secteur santé du comité central pendant les trois ans. En vérité, nous nous voyions, nous les ministres, de temps en temps, nous discutions entre nous, toujours très librement. Un jour, Mauroy m’avait dit : « Mais vous vous voyez souvent, avec le Parti. » Je lui ai dit « non ». Il m’a répondu : « Mais finalement, c’est chez nous qu’on est le plus contrôlé ! » Nous n’avons pas parlé des problèmes des nouvelles technologies, tellement présentes que pour beaucoup de gens, elles sont fatalisantes ; on essaie de faire passer par les nouvelles technologies ce qui est contesté sous d’autres formes, en espérant que ça va les résoudre ; il y a de la fascination et même parfois de la sidération. Moi, je suis pour la jubilation technologique, mais pas pour l’ébriété technologique. C’est une question qu’il faut traiter, on ne peut pas s’en passer. Deuxième chose. J’ai un ami, que je me suis fait pendant la guerre de Bosnie. C’est un intellectuel, qui s’appelle Predrag Matvejevic, il a été professeur associé au Collège de France, il est venu à Aubervilliers faire un exposé sur le roman le Pont sur la Drina, d’Ivo Andric. Il dit à un moment : « Nous avons tous un héritage, et nous devons le défendre, mais dans un même mouvement, nous devons nous en défendre. Autrement, nous aurions des retards d’avenir. Nous serions inaccomplis. » Je l’ai interrompu pour rappeler ce que René Char a dit : « L’inaccompli bourdonne d’essentiels. » Pour moi, c’est la faiblesse de la gauche aujourd’hui, dans ses deux composantes. On défendait les acquis, mais le problème, c’est qu’un acquis, c’est un mouvement, il bouge. Parfois, une espèce de sclérose de l’acquis se retourne même contre la finalité que cet acquis a résolue à l’origine. Je pense à une expérience récente. Je suis avec les archivistes des Archives nationales en lutte en ce moment. L’autre jour, lors d’une réunion chez eux, un gars, président du comité de soutien, dit : « Je trouve curieux qu’on ne dise jamais un mot des horaires d’ouverture des Archives. Avant, on fermait à 17 h 45, maintenant, à 16 h 15. Qu’en pensez-vous ? » Le responsable syndical répond : « On a déjà tellement de problèmes, on ne va pas s’ajouter celui-là. » Sauf que la consultation des archives, c’est pour un public ; quand il vient de province, et qu’on lui dit à 16 h 15, « va-t-en »… Si on lui disait : on se bat pour que vous puissiez rester jusqu’à 18 heures, on se ferait en même temps un allié dans notre combat. Vous voyez, on est enfermé, on aime tellement l’histoire qu’on la bloque… Quand nous avons vu au gouvernement que ça commençait à ne plus aller, ça ne s’est pas fait d’une manière brutale : j’ai lu des comptes rendus de colloques sur la politique économique du deuxième gouvernement Mauroy, avec les anciens conseillers de Mitterrand. On voit la bataille acharnée qu’il y a eu chez eux, et ce n’est pas Mitterrand qui était le plus en flèche, par rapport aux nationalisations. Mais ce qu’il y avait, c’est qu’on se déplaçait, on en a fait des réunions, des visites, des concertations, etc., et que constataiton ? Il n’y avait pas de lutte. Alors un jour, je me suis dit, il faut que j’en parle publiquement. Là, j’ai demandé du secours à Péguy, qui a dit : « Je n’aime pas les gens qui réclament la victoire et qui ne font rien pour l’obtenir, je les trouve impolis. » Aussitôt, je saluais la politesse de l’assemblée, et j’ajoutais : « Vous ne pourriez pas avoir des excès de courtoisie ? » Je ne vous mens pas, à partir de 1983, j’ai terminé tous les discours par cette phrase. Quelques fois, pour continuer avec Péguy, « les problèmes de l’humanité doivent être traités par-dessus les problèmes de la société ». La dernière réunion que j’ai faite dans une entreprise, avant que nous quittions le gouvernement, c’était à Saint-Dié-des- Vosges. La CGT avait signé un très bon accord avec le patron sur la formation, tout le monde était content. Après, le patron envoie quelqu’un chercher du champagne, il prend une coupe, m’en tend une autre, je regarde : il n’y avait plus un travailleur autour de nous ! Ils étaient tous derrière leurs machines. Je prends une deuxième coupe et me dirige vers le secrétaire du syndicat et je trinque. Dans ses yeux, il me disait : « Mais qu’est-ce que tu fous là ! » Le lendemain, à Aubervilliers, assemblée du bureau d’aide sociale, avec beaucoup de monde, des pauvres, qui me tiraient par la manche : « Surtout ne partez pas, pour que, au moins, on garde les petites choses que nous avons conquises avec vous. » C’est dire qu’au moment du départ, en 1984, c’était cornélien. Ça faisait drôlement souffrir même. Comment trancher ? Partir ou pas ? À partir d’un moment, ce n’était pas la question. En même temps, il fallait partir. Et on est parti.

      Est-ce que la fonction d’engagement du Parti communiste aux côtés des luttes des travailleurs n’était pas mal identifiée, en tout cas refoulée par le parti lui-même ? 

      CHARLES FITERMAN. Elle l’était. Mais ce n’était pas seulement la question de la prise en charge de l’activité gouvernementale, la valorisation de ce que faisaient les ministres communistes ; c’était aussi la capacité du parti lui-même à éclairer la situation, les contraintes, les difficultés et à trouver des pistes d’avancées. Sans abandonner la critique lorsqu’elle était nécessaire. Mais se placer, non dans une situation de repli, mais d’avancée aussi difficile soit-elle. Voilà la question qui s’est posée. Il y a eu une réaction complètement sommaire, qui a consisté à se replier et, comme il y avait eu un échec aux élections européennes de 1984, à rendre le PS responsable des maux du Parti communiste. Je ne dis pas qu’il n’avait pas une responsabilité, mais c’était quand même un peu facile de battre sa coulpe sur la poitrine de son partenaire.

      JACK RALITE. En fait, ce qui n’était pas digéré au Parti communiste, c’est qu’il était passé derrière. Que ce soit une souffrance, moi je l’ai eue comme d’autres. Mais après, c’est le réel qui nous guide.

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      7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 11:07

       

      POLITIQUE -  le 22 Octobre 2010

      événement

      Pierre Mauroy : "La retraite à 60 ans, la réforme plus importante dans toute
 la Ve République"

       

       

      Entretien avec l'ancien premier ministre du gouvernement de gauche, à participation communiste, qui institua la retraite à 60 ans en 1982 dans les colonnes de l'Humanité en 2010 au moment où le gouvernement de Sarkozy organisait la casse de cette réforme.

      Vous êtes intervenu dans 
le débat au Sénat pour fustiger le gouvernement qui « liquide
 en catimini » la retraite à 60 ans. Cette mesure est peut-être, disiez-vous, « la plus importante dans toute
 la Ve République » Pourquoi ?

      Pierre Mauroy. Des millions de personnes attendaient cette mesure depuis longtemps. Je me souviens des cortèges de manifestants réclamant deux choses : l’union de la gauche et la retraite à 60 ans. En 1981, nous avions 110 propositions. Mais la retraite à 60 ans est celle qui a suscité le plus d’enthousiasme. Tout cela est resté dans la mémoire de plusieurs générations dans le monde du travail. Cela a été un tel cri d’espoir que, franchement, on ne peut pas l’abandonner. Il faut garder l’entrée dans la possibilité de la retraite à 60 ans pour le plus grand nombre. Retarder la retraite c’est mettre certaines catégories dans la difficulté. Les personnes qui sont à deux ans de la retraite, apprenant qu’elles doivent faire deux ans de plus alors qu’elles sont si fatiguées ! Vraiment il faut garder le seuil des 60 ans.

      Les arguments gouvernementaux invoquant la démographie, l’allongement de l’espérance de vie ne visent qu’à éviter de poser la question d’autres pistes de financement…

      Pierre Mauroy. J’ai un angle d’attaque qui diffère un peu du vôtre. L’allongement de l’espérance de vie peut avoir des conséquences sur le système des retraites. Des salariés peuvent envisager de partir un peu plus tard. Mais ce n’est pas principalement un problème de temps mais d’argent. Pour équilibrer les retraites il faut que les cotisations soient en proportion du coût qu’elles représentent pour la société. Mais le gouvernement n’a rien rééquilibré. Pour bâtir une solution pérenne. Il faut d’autres sources de financement. Les cotisations, on ne peut les augmenter que légèrement. Il faut se tourner davantage vers les entreprises. Il faut élargir l’assiette, faire contribuer les retraites chapeau, les stock-options. Il faut mettre fin au scandale des scandales, le bouclier fiscal, et d’autres niches. Quand on aura fait tout cela, on peut envisager un allongement raisonnable de la durée du travail proportionnée à la durée de vie.

      Ne pensez-vous pas que derrière
la dramatisation entretenue par
le gouvernement sur l’avenir des retraites se cachent d’autres intentions, celle du remplacement du système solidaire par répartition par
la capitalisation ?

      Pierre Mauroy. Moi, je le crois. Franchement, organiser ce mur d’intransigeance, manifester cette volonté de ne pas bouger, cela est suspect. Dans le débat au Sénat, la droite a tout refusé. Il n’y a pas eu un seul geste de générosité. Ils sont restés sur une position dure… Pourquoi ? On peut penser que le système par répartition ne leur convient pas, ils ne peuvent pas aller plus loin ouvertement mais plus tard on pourrait passer à l’étape de la capitalisation des retraites. La droite va l’emporter car elle a la majorité au Parlement. Mais cela ne sera pas pour elle une victoire, car la question de la retraite est tellement importante pour les Français, c’est une période où l’on espère avoir une vie plus heureuse, Je le répète : le gouvernement et la droite ne veulent pas une négociation qui risquerait de réussir. Ils ont d’autres objectifs en vue.

      Plus de 70 % des Français sont contre le projet Sarkozy. Un gouvernement peut-il ainsi piétiner l’opinion 
de la majorité ?

      Pierre Mauroy. Il y aura des élections. Les Français n’ont pas la mémoire courte. Le président aura du mal dans sa rencontre avec les Français en 2012. Mais au-delà des retraites, les Français sentent bien qu’ils sont mal gouvernés. En réalité, les dirigeants actuels sont tellement proches du monde de la finance que cela apparaît de façon éclatante. Ce sont des gens d’argent. L’actuel chef de l’État n’est pas un personnage qui aurait dû être élevé au niveau de président de la République, mais nous sommes des républicains et nous respectons le vote des Français.

      On a le sentiment d’être dans 
une impasse…

      Pierre Mauroy. Du fait de l’entêtement du président et du gouvernement. Ce que nous souhaitons, c’est de conclure ce débat positivement. SI ce n’est pas possible avec eux, ensuite nous trouverons la solution. Ce gouvernement, au plus bas dans toutes enquêtes d’opinion, oppose au mouvement social un non qui veut donner l’impression de la force et de l’autorité, alors que cela donne une image tout à fait contraire. La mobilisation sociale est la plus forte depuis plusieurs années. Des millions de personnes descendent dans la rue. Un gouvernement responsable rechercherait la solution permettant aux uns et aux autres de sortir de ce conflit sans trop de dégâts. La première chose à faire, serait de réunir les syndicats, de se donner un délai et de rouvrir le chantier.

      Entretien réalisé par Jean-Paul Piérot et Max Staat

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      7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 11:01
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      6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 14:05
      André Chassaigne
      André Chassaigne a ajouté une photo : « DEPUTE-E-S FRONT DE GAUCHE

      Communiqué de presse

      Paris, le 6 juin 2013

      Clément, jeune militant de gauche, a été tué hier soir par des skinheads en plein Paris.
      Nous condamnons avec la plus grande fermeté cet acte odieux. Et nous appelons les forces républicaines à la plus grande mobilisation face à la résurgence de ces groupes d’extrême droite qui n’hésitent plus désormais à passer à l’acte à travers le pays.
      Ces pratiques barbares devraient faire réfléchir ceux qui labourent sur les terres du Front national et qui, par complaisance, contribuent indirectement à instiller des pulsions de haine et de violence, véritables fléaux pour notre démocratie.

      A la mémoire de Clément, nous nous associons au rassemblement, prévu ce soir Place Saint-Michel, pour dénoncer ce crime abominable.
      Nous adressons nos pensées et sincères condoléances à la famille de Clément et à ses proches. »
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      BRUNO FORNACIARI

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