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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 10:54
Réunion des premiers soutiens à Pascal Beaudet, mercredi 20 mars
L’appel des quartiers à Pascal Beaudet pour lancer les municipales

Ce devait être une réunion informelle avec les habitués. Ce sont finalement des habitants de tous les quartiers, des jeunes, des membres de l’administration communale, des associatifs, des citoyens qui sont venus porter des exigences de respect, de compétence et de démocratie qu’ils ne retrouvent pas dans leur ville aujourd’hui.

Et naturellement, ils se tournent vers Pascal Beaudet qu’ils ont connu comme maire adjoint, puis maire et actuellement conseiller général, et qui pour beaucoup, incarne l’éthique qu’ils attendent du premier magistrat de la ville.

"Est-ce-que vous vous présentez en 2014 ?"

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Patrick Le Hyaric, député européen, avec Jack Ralite

La réponse est claire pour les soutiens de toujours et qui depuis 2008 ont été de toutes les batailles qui ont permis au PCF et au Front de Gauche d’avoir une activité reconnue à Aubervilliers. Les élections européennes de 2009 où le Front de Gauche était arrivé en tête avec l’élection de Patrick le Hyaric, l’élection cantonale de 2011 qui a vu la victoire de Pascal Beaudet, en sont les faits les plus marquants.

Aujourd’hui, ces soutiens veulent plus. En noircissant complètement les trois feuillets circulant pour prendre les contacts, ces habitants veulent porter la candidature de Pascal Beaudet pour ouvrir à cette ville des perspectives respectueuses de ce qu’ils sont.

"Les jeunes, pour qu’ils aient leur place, il faut leur en faire"

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Parce que beaucoup n’en peuvent plus. Pointant les limites des pratiques clientélistes porteuses de frustrations voire de désespoir parce que tout le monde n’a pas eu son "logement ou son emploi promis", certains jeunes ont tenu à prendre la parole pour peser dans une ville où ils ont plus le sentiment d’être des faire-valoir que des acteurs du développement local. "C’est pas compliqué" affirme Pascal Beaudet "les jeunes, pour qu’il aient leur place, il faut leur en faire". Message reçu cinq sur cinq par les intervenants qui ont bien compris qu’ils sont d’ors et déjà sollicités pour participer à l’élaboration du programme municipal ainsi qu’à sa mise en œuvre par leur participation réelle aux responsabilités.

"On ne rasera pas gratis"

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Pascal Beaudet

C’est ce que relève une participante en écho aux propos de Pascal Beaudet qui précise "on n’est pas à l’abri de certaines surprises qui compliqueront la tâche". Avec un niveau d’endettement record, des impôts locaux qui ont explosé au cours des dernières années, une gestion calamiteuse, les marges de manœuvre seront limitées. Raison de plus pour partager les expériences, et dans nos rangs, "elles ne manquent pas", souligne Pascal Beaudet qui tient à rassembler largement tous ceux qui ont mené toutes les campagnes depuis 2008 et au delà, les citoyens soucieux d’orientations locales qui prennent en compte les attentes des habitants par des pratiques ouvrant une large part à leur participation.

Chacun l’a bien compris ce mercredi 20 mars. Le local du PCF était devenu bien étroit pour l’occasion car la dynamique est bien lancée. Elle ne demande qu’à se développer par la poursuite de l’engagement de tous pour être à la hauteur des attentes telles qu’elles ont été exprimées : une prochaine grande initiative publique ? C’est le souhait des participants.

Éric Plée


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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 09:38

Jean-Jacques Candelier, Député à l'Assemblée nationale


25 mars 09:25

M. Jean-Jacques Candelier interroge M. le ministre des affaires étrangères sur l'action de la France en faveur de la libération de prisonniers palestiniens et du respect des engagements internationaux d'Israël. Le sort des prisonniers palestiniens occupe l'actualité : la mort le 23 février d'Arafat Djaradat, à la suite de dix jours d'interrogatoire par les services secrets israéliens, fait écho à la situation critique dans laquelle se trouvent quatre prisonniers en grève de la faim depuis plusieurs mois (dont un depuis plus de 200 jours). Libérés en octobre 2011 dans le cadre de l'accord avec le Hamas, Ayman Sharawna et Samer Issawi ont été arrêtés à nouveau grâce aux modifications des lois militaires permettant à l'armée israélienne, sous le moindre prétexte, de réincarcérer tout prisonnier libéré jusqu'à ce qu'il ait accompli la totalité de sa sentence originale. Jafar Azzedine et Tareq Qa'adan dénoncent pour leur part le système de détention administrative qui les maintient en prison sans preuve ni procès aussi longtemps que le souhaiteront les autorités israéliennes, en violation des conventions internationales ratifiées par Israël. Dans la réponse publiée au Journal officiel le 25 décembre 2012 à la question n° 12033, le Gouvernement indique que « la France suit avec attention la situation de l'ensemble des prisonniers palestiniens détenus en Israël », que « la France est particulièrement préoccupée par la détention de représentants politiques palestiniens, dont certains n'ont toujours pas fait l'objet d'un jugement » et que la « France a appelé à plusieurs reprises le gouvernement israélien à respecter ses engagements internationaux ». La détention des prisonniers doit être conforme aux obligations prévues par les conventions internationales, notamment dans le domaine du droit international et des droits de l'Homme. La détention administrative utilisée à des fins punitives viole les articles 42 et 78 de la IVe convention de Genève qui exigent que le placement en détention soit une mesure « absolument nécessaire » justifiée par d'« impérieuses raisons de sécurité ». Par ailleurs elle interdit à toute puissance occupante de transférer de force ou de déporter des personnes hors d'un territoire occupé. À cet égard, la détention administrative des prisonniers palestiniens dans des prisons israéliennes contrevient aux dispositions de cette IVe Convention. Devant la poursuite des pratiques illégales israéliennes, il lui demande d'agir pour imposer à ce pays le respect des conventions internationales, ce qui passe par une condamnation sans équivoque. Il lui demande également si la France compte mener une action urgente pour la libération des quatre Palestiniens cités, qui sont en danger de mort.

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 08:09
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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 07:47

Guy HERMIER enfin honoré par Marseille

 

Frédéric DUTOIT 
Ancien Député-Maire des 15e & 16e arrondissements
Président des élus Front de Gauche, Communistes et Républicains  de Marseille 
 
Je remercie le Maire de Marseille, Jean-Claude GAUDIN, d’avoir répondu favorablement à ma requête en inscrivant à l’ordre du jour du prochain conseil municipal un rapport nommant le stade de l’Estaque (16e) : “Stade Guy HERMIER”.
 
Onze ans après la disparition de Guy, il me semblait que le temps était venu d’apposer le nom de Guy HERMIER sur cet équipement public hautement symbolique.
 
En effet, aucun lieu ou équipement ne portait jusqu’à ce jour son nom. Les circonstances, depuis sa disparition, ne nous avaient pas permis d’attribuer le nom de Guy Hermier à un équipement ou à un lieu public de notre ville.
 
Homme de courage, de fidélité et d’honnêteté, cet homme d’exception était une grande figure nationale respectée par tous, quelles que soient nos convictions. Il fut un homme politique reconnu par tous les marseillais. Il a tant apporté à notre ville.
 
Guy HERMIER était pour moi ce qu’il était aux yeux des autres : un homme de passions, un homme de grandes convictions, un homme de réflexion et d’actions. À l’échelon national, comme à l’échelon local, c’était le même homme politique engagé au service des autres, au service de la liberté d’expression, au service de l’émancipation humaine. Un homme ouvert à l’autre, aux idées neuves, réfractaire à tous les sectarismes, à tous les communautarismes, à tous les intégrismes. Un homme droit qui a toujours combattu la politique politicienne, les populismes. Guy était un homme politique intègre, un exemple pour tout le monde, par-delà les sensibilités des uns et des autres.
 
Même s’il s’est toujours battu pour faire exister sa différence, la fidélité à ses convictions fut son honneur et sa force, tout au long de sa vie. Il a toujours pensé et agi en homme de culture et de dialogue, au service du progrès et de la liberté d'expression. Avec lui, nul n’était besoin de démonstrations, d’explications, de consignes. Jamais il ne voulait guider l’autre, il le laissait libre. Libre de choisir, de proposer, de faire, en toute responsabilité.
 
Je ne doute pas que ce rapport sera voté à l’unanimité du Conseil municipal.
 
Marseille, le 19 Mars 2013.

 

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 22:59

Débat sur le fonctionnement des juridictions prud’homales

Le 28 Février e groupe GDR a demandé l’organisa- tion d’un débat sur le fonctionnement des juridictions prud’homales compte tenu de notre grande inquiétude quant au fonctionnement de ces juridictions après la réforme de la carte judiciaire de 2008, qui a abouti à la suppression de 62 conseils de prud’hommes. tection même des salariés par le droit du tra- vail qui est compromise. Je veux rappeler que la justice elle-même s’est émue de cette situation puisque, l’an- née dernière, le tribunal de grande instance de Paris a reconnu le préjudice causé par la lenteur inacceptable de la justice et De nombreuses juridictions prud’ho- males se trouvent dans une situation particulièrement critique, alors que, je le rappelle, le code du travail pré- voit un délai d’un mois pour le traite- ment des dossiers. Aujourd’hui, faire valoir ses droits devant les juridictions prud’homales, c’est souvent être confronté à des délais de procé- dure extraordinaires. Marc Dolez, Nord condamné l’État, oui, condamné l’État, pour avoir « manqué à son de- voir de protection juridique de l’in- dividu et notamment du justiciable, en droit de voir statuer sur ses pré- tentions dans un délai raisonnable », conformément à l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme. C’est la raison pour laquelle, ma- Nos invités le diront certainement mieux que moi, se fondant sur leur expérience, sur la réalité qu’ils vivent au quotidien, mais, par exemple, à Bobigny, deux à trois années sont nécessaires à la tenue des audiences de départage. Les dysfonctionnements sont innombrables : ils touchent les conseils de prud’hommes et aussi les chambres sociales des cours d’appel. Pour les salariés, les conséquences ne sont pas minces. Elles sont même souvent drama- tiques puisque, si l’on ajoute à leur précarité, dans de tels contextes, la lenteur découra- geante du procès entamé, ils subissent une véritable double peine. C’est donc la pro- Lettre d’information éditée par la composante des député-e-s communistes, républicains et citoyens de l’Assemblée nationale 126, rue de l’Université 75355 Paris Cedex 07 SP tél. 01 40 63 60 83 fax. 01 40 63 55 21 http://www.groupe-communiste.assemblee-nationale.fr contact.gdr@assemblee-nationale.fr dame la présidente, nous avons souhaité interroger, interpeller le Gouverne- ment, et en particulier la garde des sceaux, sur les dispositions que le Gouvernement entend prendre pour remédier à une telle si- tuation, que, pour notre part, nous qualifions d’inacceptable. Évidemment, la question des moyens hu- mains et matériels est posée. Mais, pour fon- der plus solidement notre interpellation, nous avons pensé nécessaire et utile de procéder aux auditions qui vont suivre et qui vont nous permettre de mieux préciser l’état des lieux et d’entendre les propositions des interve- nants pour améliorer cette situation.

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 10:00

Le Front de Gauche interpelle députés et sénateurs des Deux-Sèvres pour mettre sur la place publique le projet de loi sur la sécurisation de l’emploi.

Voterez-vous une loi qui permet de limiter les prérogatives des comités d'entreprise et des institutions représentatives des salariés ? Une loi qui en cas de mesure jugée défavorable par les salariés, réduit drastiquement leurs délais de recours ? Dans une lettre ouverte, le Front de Gauche (*) interpelle ainsi l'ensemble des parlementaires des Deux-Sèvres (trois députés PS, deux sénateurs UMP) pour qu'ils ne transcrivent pas dans la loi l'accord sur la « sécurisation de l'emploi » signé entre le Medef, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC.

" Ce n'est pas le Front de Gauche qui montre ses biceps "

Parallèlement, le même texte sert de support à une campagne de pétition. Samedi matin, le Front de Gauche invitait à signer devant les halles de Niort. Et il appelle les parlementaires du département à un débat public sur le sujet. « Un débat organisé de façon démocratique, avec égalité des temps de parole, pour mettre ouvertement les choses sur la place publique », explique Jean-Pierre Gelot (PCF).
« Ce débat, ce n'est pas le Front de Gauche qui veut montrer ses biceps, ce n'est pas un problème de Front de Gauche contre le PS. C'est l'histoire de salariés qui ne veulent pas d'une loi désastreuse pour eux car elle démantèle le code du travail. Nous accepterons de travailler de façon très large avec tous les mouvements qui contestent le projet de loi, y compris des courants du PS », expliquait samedi matin ce militant.
Le débat public aura-t-il lieu ? A l'heure actuelle, aucun parlementaire n'a encore fait connaître sa réponse. Le Front de Gauche, pour appuyer sa demande, argue d'un précédent : en octobre dernier, Jean Grellier, le député PS du nord Deux-Sèvres, avait accepté à la demande du Front de Gauche un débat public à Thouars sur le pacte budgétaire européen.

nr.niort@nrco.fr

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 09:33
Plus de moyens pour les conseils des prud'hommes ! (Syndicat de la magistrature)

Plus de moyens pour les Conseils de prud’hommes !

La section marseillaise du Syndicat des Avocats de France (SAF) et la section régionale du Syndicat de la Magistrature (SM) s’associent à l’initiative des syndicats CFDT, CGT, UNSA, SL et SOLIDAIRES visant à dénoncer l’insuffisance des moyens budgétaires alloués aux Conseils de prud’hommes du département.

Aujourd’hui, les salariés ne peuvent faire valoir leurs droits devant les Conseils de prud’hommes qu’à l’issue d’une procédure anormalement longue.

C’est ainsi que 12 à 28 mois sont désormais nécessaires à la tenue des audiences de départage alors que le Code du travail prévoit un délai d’un mois.

Les conséquences sont dramatiques pour des salariés confrontés à la précarité, à des situations de souffrance au travail, à la détresse financière et qui subissent une double peine en se confrontant à la lenteur décourageante des procès.

L’accès au juge se dégradant, c’est l’effectivité même du Code du travail qui est compromise.

L’État en porte l’entière responsabilité, à travers la suppression de 62 conseils de prud’hommes en 2008, la création d’une taxe de 35 € rendant payante la justice prud’homale en 2011 et l’oubli récurrent de la justice du travail lors de l’octroi des crédits budgétaires.

En 2012, à l’initiative du SAF, le Tribunal de grande instance de Paris condamnait l’Etat à réparer le préjudice subi par 71 salariés, considérant que le délai anormal de procédure « résultait manifestement du manque de moyens alloués à la juridiction prud’homale » et rappelant, de manière solennelle, « qu’il relève du devoir de l’Etat de mettre à la disposition des juridictions les moyens nécessaires à assurer le service de la justice dans des délais raisonnables », conformément à l’article 6 de la convention européenne des droits de l’homme.D’autres actions en responsabilité contre l’Etat ont été engagées dernièrement avec l’intervention commune du SAF et du SM, compte tenu notamment des délais de procédure déraisonnables devant le Conseil de prud’hommes de Marseille.

L’État doit donc réagir sans délai et allouer spécifiquement aux juridictions du travail de nouveaux moyens budgétaires afin que cessent ces situations de déni de justice dont sont victimes les salariés.

Rassemblons-nous le 26 mars Devant le Conseil de prud’hommes de Marseille à 8h30

Puis devant la Cour d’appel d’Aix-en-Provence (Palais Verdun) à 10h30

Pour rappeler à l’Etat que la justice sociale est une priorité qu’il ne peut continuer à ignorer !


Documents à télécharger : Le communiqué du syndicat de la magistrature -

 

 

Ci-dessous le communiqué commun des sections locale et régionale du Syndicat des avocats de France et du Syndicat de la magistrature de Marseille et d'Aix en Provence s'associant à l'initiative des syndicats CFDT, CGT, UNSA, SL et Solidaires visant à dénoncer l'insuffisance des moyens alloués aux conseils des prud'hommes du département et appelant à un rassemblement le 26 mars prochain.

Documents à télécharger: 
Le communiqué du syndicat de la magistrature
Le communiqué du syndicat de la magistrature
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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 08:08

 

L'industrie a un avenir en France ! - Montataire, 20 mars 2013

Synthèse du forum-débat sur l’emploi industriel

Lien vers le site de la ville de Montataire qui va consacrer une page à ce forum-débat 

La municipalité de Montataire et son maire Jean-Pierre Bosino proposaient le mercredi 20 mars 2013 un forum-débat sur le thème de l'emploi industriel : « Sécuriser l'emploi industriel - Quelles propositions immédiates et d'avenir ? »

Autour de Jean-Pierre Bosino et du modérateur Régis Frutier, journaliste à laNouvelle vie ouvrière(NVO), ont pris place le secrétaire général de la sous-préfecture de Senlis Nicolas Guyomarch, Bernard Devert, dirigeant de la fédération de la métallurgie CGT, et Alain Blanchard, vice-président PCF du Conseil général de l'Oise. 

Paul Coulon, commissaire régional au redressement productif, avait donné son accord mais son siège est resté vide - sans s’être décommandé. 

Les ont rejoints Jean-Michel Mlynarczyk, qui était délégué syndical CGT de l’entreprise Still-Saxby et Françoise Simon, directrice de la zone d'activités des Marches de l'Oise, installée sur l'ex-site Chausson.

La soirée devait se dérouler en trois temps - emploi industriel, un enjeu stratégique ; quelle responsabilité publique ? ; un enjeu de territoire – mais le feu des discussions a mêlé ces différentes thématiques.

Jean-Pierre Bosino a présenté le cadre de cette rencontre - qui s’est déroulée par un hasard de calendrier en même temps que le Printemps de l'industrie dans la Région :« dépasser le simple constat du désastre industriel et avancer des solutions »

Difficile quandon annonce quelques heures auparavant 160 nouveaux licenciements chez Goss, soit la moitié des salariés rescapés des précédents plans « sociaux », et que des bruits inquiétants courent chez Akzo-Nobel, dont le siège social est basé à Thiverny. Ou bien quand l'agglomération parle plus volontiers« du passé industriel de la CAC », comme un temps révolu, ce à quoi s'opposent les élus communistes : l'industrie a un avenir dans le Bassin creillois, comme le dira aussi Mme Simon en citant par exemple la qualité des infrastructures. Le simple développement des activités de service n'est pas une réponse satisfaisante,« l’activité industrielle étant la seule à permettre la constitution d’un tissu économique sur un territoire », selon M. Guyomarch. En effet, à cette activité industrielle sont rattachées de la recherche et des activités économiques secondaires.

Régis Frutier a fait un rapide rappel des quarante dernières années de désindustrialisation, avec la destruction des machine-outils qui devait être compensée par la tertiarisation des activités économiques, et il a posé aux invités la question de l'avenir de l'industrie en France.

Bernard Devert explicite la situation de notre pays en comparaison des autres pays européens :« une désindustrialisation parmi les plus fortes »,« des dividendes versés parmi les plus élevés »et« des aides publiques considérables, parmi les plus importantes ». Il ajoute que« l'État mène une simple politique d'accompagnement des décisions industrielles privées, sans aucune planification ». Ce manque de volonté est dommageable« quand le capitalisme fait passer les critères de financiarisation avant le développement industriel »

Jean-Charles Dubard, ingénieur des Mines et ancien membre du Comité central du PCF, réclamera plus tard la mise en place d'une planification démocratique. Laisser faire la finance conduit à la catastrophe actuelle.

Le rapport Gallois est symptomatique de cet accompagnement public : il présente un« nouveau modèle de compétitivité »- toujours le schéma « l'emploi = coût » - et ne propose rien sur la sécurisation de l'emploi. L'activité industrielle se réfléchit à long terme et« son développement s'appuie sur un socle social fort ». Celui-ci est mis à mal par« les politiques d'austérité qui entrainent des pertes de marchés et la baisse des dépenses publiques des collectivités ». Jean-Pierre Bosino rappelle la réduction de 4,5 Mds d'euros de dotations aux collectivités en 2014-2015 :« du jamais vu ! »

Bernard Devert ajoute que pour 2020 sont ciblées prioritairement par les « décideurs » actuels les filières suivantes : aéronautique, luxe, défense, nucléaire et pharmacie. Le reste n'est considéré qu'à l'aulne de sa compétitivité à l'échelle mondiale, avec une production destinée à l'exportation. 

« Comment mener une politique de relance industrielle quand des compétences et des savoir-faire se perdent ou sont perdus et que et les métiers de l’industrie manquent d’attractivité auprès des jeunes personnes, la France étant devenue un pays de bas salaires ? »s’inquiète-t-il ensuite : postes non pourvus en fonderie, soudage, fraisage… Nicolas Guyomarch cite la création de nouveaux métiers qui eux aussi ne trouvent pas toujours preneurs par une insuffisance de la formation.

Il enchaîne sur la présentation des possibilités d’action de l'État, après avoir souligné leur difficulté, entre la nécessité d'une stratégie industrielle sur le moyen ou le long terme et celle de réponses immédiates à des situations d'urgence. Les leviers présentés sont les suivants :« l'investissement, l'apprentissage, les questions territoriales et foncières, la médiation et la négociation, ainsi que les services publics de l'emploi. »

Bernard Devert regrette que les syndicalistes ne soient pas plus entendus, les politiques ayant intégré que« les syndicalistes ne peuvent faire pas grand chose »face aux directions des entreprises privées. La CGT réclame une intervention publique dans les entreprises,« d'autant plus quand 200 Mds d'euros d'aides leurs sont attribuées ! »Un projet de loi sur une reprise temporaire des entreprises en difficulté circule, avec des moyens financiers issus de la Banque publique d'investissement BPI, regroupant notamment Oséo et le Fonds stratégique d'investissement FSI. Cet argent peut donner le temps aux entreprises de se redresser et de former les jeunes. 

Concernant la réorientation du financement, il pose la question : avec quels critères ?

Jean-Michel Mlynarczyk expose comment les ex-salariés de Still ont été joués : la hausse du temps de 10 % du temps de travail à salaire égal en 2005 pour être « compétitifs », le rachat par Punch Metals International qui liquide l'entreprise en moins d'une année… 

Il pointe les responsabilités de l'État dans l'introduction du groupe Kion puis de M. Dumarey :« c'est le minimum que l'État veuille récupérer ses 1,4 Mns de prêts ! », comme l’a reprécisé Nicolas Guyomach. 

La réindustrialisation du site de Still-Saxby se pose et Jean-Michel rappelle que PMI a des obligations par rapport au volet de réindustrialisation contenu dans le PSE. Il ajoute également qu'un projet a déjà été présenté, mais que« l'État n'a pas suivi ».

Selon Jean-Pierre Bosino, les élus des collectivités ont toute leur place. Il prend l'exemple de la façon dont l'homme d'affaires Alain Mallart a été imposé comme unique recours après la fermeture de Chausson, pour la création d'un hypothétique « village d'entreprises ». Finalement, ce sont les élus de CAC, avec l'aide de la Caisse des dépôts et consignation, qui ont mis en place les Marches de l'Oise sur le site de l'ex-entreprise Chausson. Actuellement, une centaine d'entreprises, surtout des PME, y sont installées avec 1 100 salariés, soit autant qu'au moment de la fermeture en 1996 - pour rappel, Chausson a employé environ 5 000 personnes à son apogée.

[Il n'a pas été abordé lors de ce débat les problèmes posés par la création de zones « franches » où des entreprises bien implantées délocalisent des activités pour se gaver d'aides publiques, sans création d'emplois locaux et en laissant sur le carreau des salariés du site initial. ArcelorMittal-Montataire a procédé ainsi, en installant une activité dans les Marches de l'Oise le temps de récolter les aides, et est reparti ensuite.]  

Concernant la formation, le maire de Montataire a réclamé lors de l'ouverture de l'IUT de Creil un département « Maintenance industrielle » qui n'a pas vu le jour mais qui aurait toute sa légitimité, car il y a de la demande dans ce secteur.

Il cite le SCOT du Grand Creillois ou le PLU de Montataire qui indiquent que les terrains industriels doivent rester des terrains industriels -« et ne pas se transformer en grandes surfaces commerciales ».

Les élus peuvent aussi intervenir sur les conventions de revitalisation. Il prend l'exemple de  « la fermeture du laminoir chez ArcelorMittal avec 432 personnes licenciées. Les élus et les représentants des salariés ont fait inscrire 80 % d'emplois industriels avec un périmètre géographique maximum dans la convention ».

Toutefois le politique est désarmé face au témoignage d’une salariée d'Akzo-Nobel sur la situation de son entreprise, où chacun doit« prouver qu'il a le droit d'être là, même après 40 ans de boîte ». Elle demande« quel droit de regard a l'État sur les fusions ou autres opérations des entreprises, si tout doit rester enfermé dans l'entreprise », comme une boîte noire, si chacun est« condamné à être spectateur, rassuré par le message ‘Ne vous inquiétez pas, tout va bien’ alors qu'un site va ouvrir en Angleterre, qu'un « siège Monde » va se mettre en place en Hollande »

Jean-Pierre Bosino répète que« le politique ne peut s'imposer que si les salariés et les citoyens interviennent ».

Alain Blanchard insiste sur la nécessité d’une mobilisation citoyenne sur les questions industrielles : il faut redonner du sens à la production, à cette création de richesses.« La finance doit être remise à sa place et il faut empêcher que les salariés, mais aussi les élus et l'État, soient bafoués ! »

Anthony Auger, candidat suppléant du Front de gauche sur la 2e circonscription de l'Oise, prend l'exemple de Merck-Organon et demande« une loi contre les licenciements boursiers dans les entreprises qui font des bénéfices »

Yves Rome, président PS du Conseil général de l’Oise, a été interpellé pour une départementalisation de l'entreprise, mais aucune réponse de sa part. Il s'inquiète également« du savoir-faire industriel qui va disparaître, comme dans le cas des Conti », dont la convention de revitalisation a conduit à la mise en place d'une plate-forme téléphonique à Lacroix-Saint-Ouen. M. Guyomarch juge toutefois ces conventions« utiles », car créatrices d'emplois avec un financement de l'entreprise qui ferme. Anthony Auger reste critique :« La seule bataille menée est d’obtenir le maximum d’argent pour le plan de revitalisation, pas d’empêcher la fermeture de l’entreprise. »

Enfin, deux réformes peuvent s’avérer désastreuses pour la sécurisation de l’emploi industriel :

  • l'acte III de la décentralisation, avec une évolution des collectivités territoriales et leurs compétences. Permettra-t-elle de « départementaliser », comme l'a fait le Conseil général de l'Eure pour l'entreprise M-Real ? De plus, la formation deviendrait une compétence unique du Conseil général : quelles marges de manœuvres pour les autres collectivités ?
  • l'ANI, cet accord interprofessionnel CFDT-Medef signé en janvier et dont le projet de loi qui en est issu sera soumis aux parlementaires en avril. Il va« limiter le temps pour retrouver un repreneur », comme le souligne Bernard Devert, et les fermetures d’entreprises seront facilitées.

Le taux de chômage à Montataire est de 27 %. 

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L'industrie a un avenir en France ! - Montataire, 20 mars 2013
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COMPTE-RENDU (PDF ET WORD)

INVITATION AU FORUM-DÉBAT

ÉP. 12 - LA BATAILLE DE L'EMPLOI

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ÉP. 10 - COMPÉTITIVITÉ ?

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COMMUNIQUÉ DE PIERRE RIPART ET ANTHONY AUGER CONCERNANT LA SITUATION À MERCK-ORGANON - ÉRAGNY-SUR-EPTE, 11 FÉVRIER 2013

POUR QUE LE PRINTEMPS DE L'INDUSTRIE NE SE TRANSFORME PAS EN AUTOMNE !

Pour que le Printemps de l'industrie ne se transforme pas en Automne !
« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just (révolutionnaire français, 1767-1794)
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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 07:56
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Accueil du site>France>Une valise, un pays, une femme !

FANON AUJOURD’HUI POUR MIEUX COMPRENDRE ET TRANSFORMER LE MONDE !

Une valise, un pays, une femme !

RENCONTRE INTERNATIONALE FRANTZ FANON, MARTINIQUE, DÉCEMBRE 2011

samedi 24 décembre 2011, par Hervé Fuyet Haïti FranceMarie-France Astegiani-Merrain Martinique FrancePeggy Cantave Fuyet Haïti France

Une valise, un pays, une femme ! Fanon aujourd’hui pour mieux comprendre et transformer le monde !

Par Marie-France Astegiani-Merrain, Peggy Cantave Fuyet et Hervé Fuyet, Association des Descendants d’Esclaves Noirs et de leurs Amis (ADEN) et Réseau International Frantz Fanon (RIFF).

Comme dirait M. Césaire, nous faisons un retour au pays natal, le pays natal de Frantz Fanon. Frantz Fanon nous a quittés il y a un demi-siècle. Son ultime prière était : « Ô mon corps, fais de moi un homme qui interroge » (1) ! Aujourd’hui ensemble, avec ses idées, continuons le combat et soyons le corps collectif qui interroge. Beaucoup de jeunes Africains disent qu’ils ont découvert le marxisme en commençant avec Frantz Fanon ; c’est vrai aussi partout dans le monde. L’esclavagisme, le colonialisme qui lui a succédé, le néocolonialisme aujourd’hui, sont sans doute les humiliations suprêmes, et nous les vivons à coup d’humiliations quotidiennes bien concrètes. Frantz Fanon nous les fait vivre, ces humiliations, à partir de la vie de chaque jour, quand la parole le regard ou le silence de l’autre nous rappellent sans cesse la condition qui nous est imposée. Il nous montre comment non seulement notre esprit, mais encore chaque muscle de notre corps tressaille et se réduit pour se protéger de l’arrogance de l’autre. Cela, les fondateurs du marxisme ne l’avaient pas fait. Ils n’étaient pas psychiatres et n’avaient pas vécu ces humiliations au quotidien avec autant d’intensité.

Prendre Fanon pour guide n’est pas simple, car il n’est plus physiquement à côté de nous pour indiquer le chemin. Nous devons donc interpréter ses idées, or les interprétations existantes sont multiples et diverses, parfois même contradictoires.

Faisons ensemble trois études de cas récents :

Les valises de billets des Bongo père et fils, un pays à l’or noir convoité, la Libye, une paysanne guinéenne devenue prolétaire de l’hôtellerie à New York, Madame Nafissatou Diallo.

Pour y parvenir, nous nous pencherons sur divers aspects de la vie et de la pensée de Frantz Fanon. Cet exercice est périlleux, mais il peut nous aider à se servir des outils qu’il nous a laissés. Reflet de la révolution, Fanon nous fait partager la grandeur et la richesse de la Révolution algérienne, mais son livre le plus politique,Les Damnés de la Terre, est dicté dans la ferveur de l’action, par un héros qui savait sa mort proche. Comment aurait-il modifié ses « fulgurances » au fil des évènements s’il en avait eu le temps ?

* Première Partie

** Quelques réflexions sur la vie de Frantz Fanon

Né en 1925 en Martinique, mort en 1961 aux États-Unis, et enterré en Algérie, la vie de Frantz Fanon est tristement courte, mais combien dense et riche. En ce court laps de temps, il a acquis deux métiers, psychiatre professionnel et révolutionnaire professionnel. Ces deux métiers, il les a exercés en interaction pour lutter contre la souffrance humaine. Il a lutté en particulier contre la souffrance humaine engendrée par l’esclavagisme et le colonialisme dont lui et beaucoup de ses ancêtres ont souffert. Tout de la vie de Frantz Fanon, en réalité, a été structuré par le colonialisme et la lutte contre le colonialisme et le néocolonialisme.

Ce sont les esclaves haïtiens qui en 1804 ont réussi la première révolution sociale des Amériques en renversant le système esclavagiste français qui régnait en Haïti. En Haïti, nous sommes indépendants depuis 1804, mais nous ne sommes toujours pas souverains, car la République d’Haïti est aussi la première victime du néocolonialisme. Cela a dû faire beaucoup réfléchir Frantz Fanon, le Martiniquais, le cousin et voisin des Haïtiens !

Fanon adolescent a vécu la Seconde Guerre mondiale, la plus grande guerre coloniale de tous les temps. La Chine colonisée a pu se libérer, entre autres, grâce à la puissante révolution socialiste et anticolonialiste russe de 1917. Le fascisme et le nazisme, en Allemagne, au Japon, et en Italie ont tenté de redonner force et vigueur au colonialisme en recolonisant l’Union Soviétique et la Chine. Ils ont même voulu coloniser en plus l’Europe occidentale comme l’a si bien dit Aimé Césaire, et s’emparer de leur empire colonial pour le martyriser encore plus.

Comme le dit bien Domenico Losurdo, « Et donc Stalingrad en Union soviétique et la Longue Marche et la guerre de résistance antijaponaise en Chine aurait été deux grandioses luttes de classes, celles qui ont empêché l’impérialisme le plus barbare de réaliser une division du travail fondée sur la réduction de grands peuples en une masse d’esclaves ou semi-esclaves au service de la présumée race des seigneurs » (2).

C’est donc tout naturellement que Fanon qui avait souffert du racisme du milieu béké dans son enfance et du régime fasciste de l’amiral Robert à la Martinique pendant la Seconde Guerre mondiale, a rejoint les forces de la France libre pour lutter contre les armées hitlériennes. Il a contribué à la libération de l’Alsace d’où venait une partie de sa famille maternelle, mais a dû souffrir là aussi du racisme quotidien ambiant dans l’armée française. Il découvre « la répartition raciale de la culpabilité », car « Le Français n’aime pas le juif, qui n’aime pas l’Arabe, qui n’aime pas le nègre » (3).

On comprend l’amertume de Fanon à ce sujet, car il est confronté à « la discrimination ethnique, à des nationalismes au petit pied » (4). En effet, la violence, la lutte armée, si elle n’est pas synonyme de victoire, ne permet pas de se reconstruire. Or, le Programme du Conseil National de la Résistance du 15 mars 1944, admirable à bien des égards, se limite à ces deux lignes pour ce qu’on appelait les colonies : « Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales » (5).

Dans cette perspective, on peut se demander si la lette de Frantz Fanon à ses parents du 12 avril 1945 dans laquelle il écrit en souligné, « Je me suis trompé [pour] un idéal obsolète » (6) n’est pas plus la réaction d’un jeune homme indigné par le racisme quotidien de l‘armée française qu’une renonciation à la lutte anticoloniale antifasciste. La question mérite d’être posée en 2011 où nous vivons une remontée de l’extrême droite en Europe !

Fanon a ensuite repris ses études et s’est orienté vers des études de psychiatrie en France hexagonale, où il s’est indigné des déformations racistes à caractère pseudo-scientifique comme celles de Mannoni ou de Porot :

« Hâbleur, menteur, voleur et fainéant, le nord-africain musulman se définit comme un débile hystérique, sujet de surcroît, à des impulsions homicides imprévisibles. » (7), ou encore « L’indigène nord-africain, dont le cortex cérébal est peu évolué, est un être primitif dont la vie essentiellement végétative et instinctive est surtout réglée par le diencéphale » (8).

Alice Cherki décrit en détail la formation politique de Fanon à Lyon ; elle écrit qu’à partir de 1946, à Lyon, en plus de ses études en médecine, il s’inscrit à la faculté des lettres ; « Il suit les cours de Merleau-Ponty et ceux de l’ethnologue Leroi-Gourhan. Il s’intéresse à l’ethnologie, à la phénoménologie, au marxisme, et aussi, et d’abord, à l’existentialisme et à la psychanalyse. Il dévore les livres, et lit pêle-même Lévi-Strauss, Mauss, Heidegger, Hegel, ainsi que Lénine et le jeune Marx ; Il connaît aussi les écrits de Trotski..., mais il ne lit pasLe Capital, Fanon ne lira jamaisLe Capital. De ses discussions avec ses amis antillais fortement “politisés”, restés à Paris, il tire un intérêt pour la méthode d’analyse marxiste, mais reste très à distance de leur engagement dans des partis, notamment le Parti communiste » (9).

La plume d’Alice Cherki est alerte, mais la question qui se pose est troublante ! Fanon a fait campagne pour le député alors communiste Aimé Césaire ; il avait beaucoup d’amis et de collègues communistes ; il y avait un parti communiste révolutionnaire en Algérie, dont il connaissait plusieurs membres. Pourquoi s’est-il tenu à l’écart du PCA qui voulait une libération nationale associée au socialisme, pour joindre à la place le FLN plus nationaliste indépendantiste que révolutionnaire pour le socialisme et le communisme ? Il ne nous est pas possible de répondre à cette question, mais nous pouvons soumettre l’hypothèse qu’il se jugeait plus utile en tentant, dans la mesure des contraintes qui lui étaient imposées par le FLN, d’œuvrer pour une convergence du mouvement nationaliste et du mouvement révolutionnaire.

Il est vrai que dans le FLN, Fanon se situait dans l’aile gauche et qu’il faisait, pourrait-on avancer, une sorte d’entrisme à sa façon. Quoi qu’il en soit, la question est complexe, délicate et nous n’avons sans doute pas encore tous les éléments pour y répondre. Une étude de quelques aspects de la pensée de Fanon peut constituer un élément de réponse.

** Quelques réflexions sur la pensée de Frantz Fanon

C’est progressivement, au cours de son parcours de vie trop court que Fanon a développé sa pensée, il n’est pas né fanonien !

On a l’habitude de considérer la pensée théorique de Frantz Fanon comme un ensemble homogène. Or, Fanon pratiquait simultanément ses deux métiers, celui de psychiatre professionnel et celui de révolutionnaire professionnel, en interaction. Les outils théoriques des deux métiers ne sont forcément pas identiques.

Quand il traitait un patient à l’hôpital de Blida-Joinville ou plus tard en Tunisie, il avait devant lui un sujet, un corps et un esprit, pas une classe sociale ! Le racisme colonialiste dont il a souffert dans son enfance et dans son adolescence, celui dont ont souffert ses patients en Algérie, se manifestait chez le colon, par des mots, des regards, des attitudes. Cela générait chez le colonisé des crispations, un raidissement, une démarche, une déprime. Ce racisme pouvait se manifester aussi chez l’ouvrier et le petit blanc, comme l’a bien souligné Fanon le psychiatre professionnel.

Par contre, le 1%, les gros capitalistes sont à l’origine de l’exploitation économique et de l’oppression (à des degrés très divers) des 99% du peuple en général et du peuple colonisé en particulier. Ce 1% là, le coupeur de cannes de la Martinique et plus encore le paysan algérien, ne l’ont jamais rencontré. C’est pourtant contre ce 1 %, les quelques cinq cents familles à la source de la violence coloniale, que Fanon, le révolutionnaire professionnel, veut concentrer la contre-violence du colonisé. Nous avons donc avancé l’hypothèse qu’il est utile d’opérer une distinction entre les outils théoriques fanoniens à dominante psychologique, et ceux qui seraient à dominante politique.

** Quelques remarques sur des notions théoriques à dominante psychologique

On trouve d’ailleurs la même ambiguïté entre le psychologique et le politique chez Freud qui écrit dansNouvelles conférences sur la psychanalyseà propos du rôle des facteurs psychologiques « Non seulement ces facteurs participent à l’établissement des conditions économiques, mais ensuite ils déterminent tous les actes de l’homme » (10). Par contre Freud dit aussi dansL’Avenir d’une illusion« Quand une civilisation n’a pas dépassé le stade où la satisfaction d’une partie de ses participants a pour condition l’oppression des autres, peut-être de la majorité, il est compréhensible qu’au cœur des opprimés grandisse une hostilité intense contre la civilisation rendue possible par leur labeur, mais aux ressources de laquelle ils ont une trop faible part » (11). Freud, lui aussi, comme Marx d’ailleurs, a connu le racisme et la pauvreté. Il confie dansMalaise dans la Civilisation : « Celui qui dans sa propre jeunesse a goûté aux misères de la pauvreté, a éprouvé l’insensibilité et l’orgueil des riches, est sûrement à l’abri du soupçon d’incompréhension et de manque de bienveillance à l’égard des efforts tentés pour combattre l’inégalité des richesses et ce qui en découle » (12).

*** La colonisation

Ainsi, Fanon psychiatre aborde souvent la colonisation du point de vue du corps et de l’esprit du sujet : « La première chose que l’indigène apprend, c’est à rester à sa place, à ne pas dépasser les limites ; c’est pourquoi les rêves de l’indigène sont des rêves musculaires, des rêves d’action, des rêves agressifs. Je rêve que je saute, que je nage, que je cours, que je grimpe. Je rêve que j’éclate de rire, que je franchis le fleuve d’une enjambée, que je suis poursuivi par une meute de voitures qui ne me rattrapent jamais. Pendant la colonisation, le colonisé n’arrête pas de se libérer entre neuf heures du soir et six heures du matin. Cette agressivité sédimentée dans ses muscles, le colonisé va d’abord la manifester contre les siens. C’est la période où les nègres se bouffent entre eux et où les policiers, les juges d’instruction ne savent plus où donner de la tête devant l’étonnante criminalité nord-africaine » (13). Fanon disait aussi : « Le racisme n’est pas un tout mais l’élément le plus visible, le plus quotidien, pour tout dire, à certains moments, le plus grossier d’une structure donnée » (14). Ou encore, « Le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du Jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, aux pullulements, aux grouillements, aux gesticulations. Le colon, quand il veut bien décrire et trouver le mot juste, se réfère constamment au bestiaire » (15).

Cette approche a dominante psychologique est bien entendu aussi éminemment politique. Elle a d’ailleurs joué un rôle important dans le développement d’une cohésion nationale, comme l’indique ce passage de la Plate-forme de la Soumam, plate-forme très influencée par un grand ami de Fanon dans le FLN, Abane Ramdane et indirectement par Fanon lui-même :

« C’est un fait indéniable que l’action de l’ALN a bouleversé le climat politique en Algérie. Elle a provoqué un choc psychologique qui a libéré le peuple de sa torpeur de la peur, de son scepticisme. Elle a permis au peuple algérien une nouvelle prise de conscience de sa dignité nationale. Elle a également déterminé une union psycho-politique de tous les Algériens, cette unanimité nationale qui féconde la lutte armée et rend inéluctable la victoire de la liberté... La doctrine est claire. Le but à atteindre, c’est l’indépendance nationale. Le moyen, c’est la révolution par la destruction du régime colonialiste » (16).

Il est d’une ironie cruelle que, dans les faits, Abane Ramdane a, semble-t-il, été assassiné par le colonel Boussouf, suite à des dissensions internes au FLN, et que Fanon a dû diffuser la version totalement erronée d’une mort héroïque au combat contre l’ennemi colonial. Cela souligne bien qu’on ne peut comprendre le cheminement politique de Fanon dans le FLN que si on le situe dans le cadre des limites qui lui étaient nécessairement imposées.

*** La violence

**** L’étendue de la violence

Il ne s’agit pas ici de reprendre le riche débat sur la place de la violence chez Fanon, mais d’avancer l’hypothèse que Fanon, d’une certaine façon, a plutôt sous-estimé que surestimé le rôle de la violence s’il en a réduit l’étendue.

Dans la situation coloniale, le monde aliéné par le capitalisme est imposé du dehors. Le capital qui déshumanise est étranger. Fanon a bien montré que le milieu naturel du colonisé est bafoué, ridiculisé, infériorisé. La langue, la religion, les coutumes, les valeurs morales, les idéaux, la pigmentation de la peau, tout cela est diminué par le colon et c’est une violence permanente. Imre Marton avait bien compris Fanon sur ces points, mais il ajoutait en 1965 (On sait qu’il a légèrement modifié son approche dans son intervention au Mémorial Fanon de 1982 en Martinique) (17) que « Pour Fanon, le monde colonial n’est que confrontation de violences qui s’objectivent et de violences qui se subjectivent… en isolant la politique des mécanismes économiques, en coupant la sphère politique du système colonial de la sphère économique » (18).

Comme psychiatre, Fanon met plus l’accent sur l’oppression que sur l’exploitation (ce qui n’exclut pas une grande lucidité dans ses concepts théoriques politiques).

Est-ce-que, en assimilant presque la violence anticolonialiste à la lutte armée, il en a considérablement réduit la portée ? Le capitalisme et son impérialisme dans leur totalité, ainsi que les luttes économiques, idéologiques et politiques menées contre, ne sont-ils pas des formes diverses de violence d’intensité variables. La violence anticolonialiste ne serait donc pas la seule violence anticapitaliste et elle ne se limiterait pas à la lutte armée ! Si cette prémisse est adoptée, cela renforce l’importance que Fanon accordait à la mobilisation accrue de la gauche européenne dans la lutte anticolonialiste et anti-néocolonialiste.

**** La violence et la victoire

Nous avons vu que le jeune Fanon étouffait sous la violence du régime pétainiste de l’Amiral Robert en Martinique et qu’il a joint la lutte armée contre le nazisme raciste, colonisateur extrême, y compris de l’Europe. Il a vécu la victoire sur le nazisme en se rendant compte que les puissances victorieuses étaient colonialistes et racistes elles aussi et qu’il fallait continuer le combat ; car la violence sans victoire ne permet pas de se reconstruire !

Quelle tristesse qu’il n’ait pas vécu la victoire de l’Indépendance algérienne pour laquelle il avait tant lutté. On ne sait pas comment il aurait évalué la vie de l’Algérie indépendante, comment il aurait continué à lutter pour que cette indépendance devienne une véritable souveraineté du peuple algérien.

**** La lutte armée et la Révolution

On a parfois l’impression que Fanon assimile la violence à la lutte armée et la lutte armée à une révolution. Une révolution sociale est le passage d’une formation socio-économique à une autre et toutes les luttes armées n’aboutissent pas à une révolution sociale. On pourrait dire que la tragédie de l’Algérie est justement que, malgré une terrible et héroïque lutte armée, et des tentatives infructueuses de révolution socialiste, elle n’est pas parvenue à se libérer du néocolonialisme. Cette remarque ne vise toutefois pas à minimiser les changements progressistes profonds et réels de la population suite à la guerre de libération.

** Quelques remarques sur des notions théoriques à dominante politique

*** Les bourgeoisies nationales

Fanon a été tristement visionnaire sur les dérives possibles, mais non fatales, des bourgeoisies nationales après l’indépendance « politique » des colonies. Il a sans doute été inspiré par le triste sort infligé à la nouvelle République d’Haïti, sort qu’il a dû étudier dans son enfance et indirectement avec son professeur Aimé Césaire.

On sait que le 1er janvier 1804, Haïti déclarait son indépendance. « Le 17 avril 1825, la France, par une ordonnance du bureau à Charles X, conditionnait la reconnaissance de cette indépendance au paiement, par le gouvernement haïtien, d’une rançon de 150 000 000 francs or, au motif d’indemnisation des colons pour la perte des produits de l’exploitation de leur domaine. Cette acceptation sous condition était accompagnée de l’envoi d’une escadre prête à bombarder Port-au-Prince. Haïti devait y souscrire et emprunter à des banques françaises pour honorer l’obligation. Celle-ci devait être réduite de moitié par les négociations ultérieures. Cette dette a pesé lourdement sur le développement de l’île, jusque dans son aptitude à faire face aux multiples catastrophes qui l’ont ravagée » (19).

Les fréquents voyages en Afrique de Fanon, son expérience d’ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne au Ghana en 1960, et peut-être même ses souvenirs de la Martinique ont certainement influencé son évaluation des bourgeoisies nationales.

Il est intéressant de noter que le FLN, lors du Congrès de la Soumam, critique durement sans raison valable le Parti communiste algérien (PCA) pour ses craintes d’une dérive néocolonialiste après l’indépendance. Or, les critiques formulées par le PCA rejoignent paradoxalement les craintes de Fanon lui-même par rapport aux futures bourgeoisies nationales quant à leur rôle de complices du néocolonialisme dans l’avenir. C’est d’ailleurs, malheureusement, ce qui s’est véritablement passé en partie ! Là comme en général, Fanon est clairement plus marxiste que le FLN : « Pour ma part, plus je pénètre les cultures et les cercles politiques, plus la certitude s’impose à moi que le plus grand danger qui menace l’Afrique est l’absence d’idéologie… Après quelques pas hésitants dans l’arène internationale, les bourgeoisies nationales ne sentant plus la menace de la puissance coloniale traditionnelle se découvrent soudain de grands appétits... Il nous faut encore une fois revenir aux schémas marxistes » (20). D’ailleurs, Fanon parle du "triomphe du socialisme en Europe orientale" ! Il sait que « La construction nationale continue à s’inscrire dans le cadre de la compétition décisive du capitalisme et du socialisme ».

*** Le parti révolutionnaire

Le Parti communiste algérien (PCA) était un parti révolutionnaire en Algérie qui faisait partie du mouvement communiste international comprenant, entre autres, en ces années-là le Parti communiste de l’URSS, le Parti communiste chinois, le Parti communiste français et le Parti communiste du Viet-Nam (qui menait une lutte armée pour l’indépendance et le socialisme). Le mouvement de libération nationale de l’Algérie aurait pu évoluer avec le PCA vers le socialisme d’une façon similaire au Viet-Nam. Or, le FLN comme le montre la plate-forme de la Soumam, faisait tout pour discréditer le PCA, en qui il voyait un concurrent plutôt qu’un allié :

« Le P.C.A., malgré son passage dans l’illégalité et la publicité tapageuse dont la presse colonialiste l’a gratifié pour justifier la collusion imaginaire avec la Résistance Algérienne, n’a pas réussi à jouer un rôle qui mériterait d’être signalé. La direction communiste, bureaucratique, sans aucun contact avec le peuple, n’a pas été capable d’analyser correctement la situation révolutionnaire. C’est pourquoi elle a condamné le "terrorisme" et ordonné dès les premiers mois de l’insurrection aux militants des Aurès, venus à Alger chercher des directives, DE NE PAS PRENDRE LES ARMES. La sujétion au P.C.F. a pris le caractère d’un Béni-oui-ouisme avec le silence qui a suivi le vote des pouvoirs spéciaux. Non seulement les communistes algériens n’ont pas eu suffisamment de courage pour dénoncer cette attitude opportuniste du groupe parlementaire, mais ils n’ont pas soufflé mot sur l’abandon de l’action concrète contre la guerre d’Algérie : manifestations contre les renforts de troupes, grèves de transports, de la marine marchande, des ports et des docks, contre le matériel de guerre. Le P.C.A. a disparu en tant qu’organisation sérieuse à cause surtout de la prépondérance en son sein d’éléments européens dont l’ébranlement des convictions nationales algériennes artificielles a fait éclater les contradictions face à la résistance armée. Cette absence d’homogénéité et la politique incohérente qui en résulte ont pour origine fondamentale la confusion et la croyance en l’impossibilité de la libération nationale de l’Algérie avant le triomphe de la révolution prolétarienne en France. Cette idéologie qui tourne le dos à la réalité est une réminiscence des conceptions de la S.F.I.O., favorable à la politique d’assimilation passive et opportuniste. Niant le caractère révolutionnaire de la paysannerie et des fellahs algériens en particulier, elle prétend défendre la classe ouvrière algérienne contre le danger problématique de tomber sous la domination directe de la "bourgeoisie arabe", comme si l’indépendance nationale de l’Algérie devait suivre forcément le chemin des Révolutions manquées, voire même de faire marche arrière vers un quelconque féodalisme ».

Et la Charte de la Soumam concluait, sans faire de distinction entre l’indépendance du Viet-Nam en voie vers le socialisme et celle du Liban par exemple :

« Il y a dix ans, au lendemain de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, une formidable explosion a ébranlé l’impérialisme. L’irrésistible mouvement de libération nationale, longtemps comprimé, secoua les peuples captifs. Une réaction en chaîne entraîna les pays colonisés, l’un après l’autre, dans la conquête d’un avenir flamboyant de liberté et de bonheur. En cette courte période, dix-huit nations sont sorties des ténèbres de l’esclavage colonial et ont pris place au soleil de l’indépendance nationale. Les peuples de Syrie et du Liban, du Viet-Nam et du Fezzan ont brisé les barreaux de leurs cellules et réussi à quitter l’immense prison du colonialisme français. Les trois peuples du Maghreb ont manifesté à leur tour leur volonté et leur capacité de prendre leur place dans le concert des nations libres » (21).

La plate-forme de la Soumam affirme à la fois que le PCA n’est plus une organisation sérieuse, mais lui consacre beaucoup d’espace pour lui nuire ! Il est permis de penser que Fanon ne partageait pas cet aspect de la plate-forme de la Soumam, en se fondant sur ses nombreuses prises de position en faveur du mouvement communiste international. On ne peut d’ailleurs que regretter que le mouvement nationaliste et le mouvement communiste n’ait pas pu s’unir en Algérie comme cela a été le cas au Viet-Nam durant les mêmes années ou comme c’est le cas au Vénézuela actuellement. Ainsi le Parti communiste du Vénézuéla (PCV), rejoint l’affirmation du président Chavez lorsqu’il déclare : « Qu’il ne peut y avoir de révolution sans Parti révolutionnaire », soulignant combien celui-ci correspond historiquement au Parti marxiste-léniniste qu’est le PCV. « Nous souhaitons également mentionner, pour les saluer et en les trouvant très positives, les récentes déclarations du citoyen Président de la République qui dit, je cite, "Que l’on ne peut faire de révolution sans parti révolutionnaire", en réalité, vraiment, nous nous en félicitons », a souligné Oscar Figuera en conférence de presse. (22) »

Notons, puisque nous sommes en Martinique, que, selon le Parti communiste martiniquais (PCM), le même problème se pose. Ainsi Michel Branchi écrit dans le journal du PCM,Justice, dont il est le rédacteur-en-chef, « L’objectif reste de construire, sous une forme ou une autre, le Front anticolonialiste dont parle la « Lettre à Maurice THOREZ » d’Aimé Césaire et que défendent depuis longtemps les communistes martiniquais » (23).

Sadek Hadjeres, dirigeant communiste algérien bien connu, écrit que, « Alors qu’au début de la guerre de libération, la méfiance ou même l’hostilité idéologique envers le système socialiste dominaient parmi les leaders de l’insurrection, l’attitude de nombre d’entre eux a progressivement évolué à l’instar du prestige grandissant du socialisme mondial auprès des couches populaires et des milieux intellectuels (en 1962). Au même moment, les idées de Frantz Fanon leur donnaient également des perspectives nouvelles qui les séduisaient d’autant plus qu’elles devenaient un support idéologique plus ou moins populiste, à la défiance qu’ils nourrissaient envers les cercles dirigeants du GPRA, perçus par eux comme embourgeoisés et prêts à sacrifier égoïstement les intérêts populaires » (24).

On sait qu’alors que la Charte d’Alger, en 1963, se référait au socialisme, toute référence au socialisme a été abandonnée en 1989 et l’influence de Fanon n’a pas suffi !

David Macey nous dit dans sa biographie de Fanon : « La plupart des déclarations de Fanon - et en particulier celles concernant les conditions de l’indépendance et des négociations de paix une fois qu’il deviendra porte-parole du FLN découleront des décisions du congrès de la Soummam » (25).

Cette remarque est peut-être juste, mais elle ne tient pas compte du fait que, même si Fanon n’a jamais adhéré à un parti communiste, ses positions politiques étaient beaucoup plus proches du mouvement communiste international que celles du FLN en général. Comme porte-parole du FLN, Fanon avait un devoir de réserve qui ne lui permettait pas toujours d’exprimer son point de vue personnel en politique. La biographie de Fanon écrite par David Macey, parue en 2011, est une mine de renseignements passionnants sur la vie de Fanon. Une remarque de l’auteur cependant étonne et nous renseigne plus sur David Macey que sur Fanon « Bien que la dernière partie de Peau Noire masques blancs soit précédé d’une des rares citations que Fanon fait de Marx, le marxisme dogmatique des années 1950 n’était pas d’une grande utilité pour comprendre l’expérience vécue du Noir, et l’élection de députés communistes, comme Fanon l’avait constaté lui-même début 1952, n’avait pas apporté de grands changements en Martinique ». Voilà qui est pour le moins étrange, car le communiste Ho Chi Minh qui avait fondé en 1941 la Ligue pour l’indépendance du Viet-Nam ou Viêt-Minh avait, comme nous le dit Alain Ruscio, un but, « Son but ? Mettre sur pied l’outil de la libération de son pays (pour lui, sans hésitation, un front patriotique dirigé par un parti communiste ancré dans les réalités nationales), conquérir la confiance des masses pauvres, puis être en situation pour déclencher un mouvement insurrectionnel, le moment venu » (26).

Ce n’est qu’en 1975, après avoir vaincu l’impérialisme français et étatsunien, que le Viet-Nam a gagné son indépendance et son socialisme. Ho Chi Minh n’a pas pu savourer la victoire, car il est mort en 1969 tout comme Fanon n’a pas pu voir l’indépendance de l’Algérie. Ceci dit, l’affirmation de Macey voulant dire en fait que le mouvement communiste international et l’exemple du Viet-Nam, entre autres, « n’était pas d’une grande utilité », n’est pas sérieuse et pourtant elle est partagée par divers spécialistes de Fanon !

Comme l’a indiqué Alice Cherki, de sa plume alerte et incisive, « il n’avait pas la formation marxiste d’un cadre de parti communiste. Son marxisme était assez hétéroclite. Par contre, il avait des connaissances dans diverses disciplines comme la psychanalyse qui lui permettaient d’enrichir le marxisme et la pratique politique ». Malgré toutes les limites qui lui étaient imposées dans le FLN où beaucoup de dirigeants se méfiaient de lui, il a dû penser que son dévouement militant serait plus utile dans le FLN que dans le PCA. Fanon reconnaissait, en tous cas que « Pour les peuples coloniaux asservis par les nations occidentales, les pays communistes sont les seuls qui aient en toute occasion pris leur défense » (27).

** La question du rôle de la paysannerie, concept théorique psycho-politique

Pour Fanon, « Il est clair que dans les pays coloniaux, seule la paysannerie est révolutionnaire. Elle n’a rien à perdre et tout à gagner. Le paysan, le déclassé, l’affamé est l’exploité qui découvre le plus vite que la violence seule paye. Pour lui, il n’y a pas de compromis, pas de possibilité d’arrangement. La colonisation ou la décolonisation, c’est simplement un rapport de force » (28) et aussi « Le militant nationaliste qui décide... de remettre son destin entre les mains des masses paysannes ne perd jamais. Le manteau paysan se referme sur lui avec une tendresse et une vigueur insoupçonnée » (29).

Comme le dit bien Nguyen Nghe : « Quand le mouvement révolutionnaire doit mener une lutte armée de longue durée, le modèle de la révolution soviétique de 1917, basée essentiellement sur l’insurrection armée du prolétariat citadin n’est plus valable. La création de bases révolutionnaires dans les campagnes pour une longue durée devient une nécessité, comme en Chine, au Viet-Nam, à Cuba, en Algérie. Les paysans pauvres deviennent les éléments prédominants dans les organisations révolutionnaires, les batailles se déroulent dans les campagnes, la victoire vient des campagnes pour gagner seulement, en fin de compte, les villes. Toutes ces conditions donnent lieu à certaines illusions ou erreurs d’optique » (30).

Pour ce révolutionnaire vietnamien, la réalité paysanne est beaucoup plus complexe et ce sont surtout les paysans pauvres qui ont un potentiel révolutionnaire dans la mesure où des militants révolutionnaires les éveillent aux idées nouvelles. Les études historiques de Benjamin Stora et surtout d’Henri Alleg, confirment ce point de vue. Fanon, même s’il était un citadin noir, agnostique, avec des connaissances limitées de la langue arabe, dans un milieu paysan musulman, a vécu et sûrement compris cette complexité du monde paysan. En d’autres termes, on peut se demander si la façon dont il présente la paysannerie n’a pas pour objet de créer une illusion psycho-politique utile au FLN !

On pourrait en effet avancer que la notion fanonienne du paysan algérien est à la fois descriptive et politique, mais aussi une illusion au sens psychologique freudien du terme, donc une force, comme l’est la religion par exemple. Il est en effet difficilement imaginable que Fanon n’ait pas connu l’existence des luttes entre les paysans riches, les paysans moyens et les paysans pauvres en Russie révolutionnaire ou en Chine durant la Longue Marche. En Algérie, en 1963, lors de la nationalisation des terres, on recensait que 27% des terres utiles avaient appartenu aux colons, soit 3 millions d’hectares et 23% des terres utiles appartenaient à 1,3 % des propriétaires algériens. A cela s’ajoutait les petits propriétaires et les ouvriers agricoles. Pendant la Guerre d’indépendance, le FLN a été confronté à de nombreux problèmes dans les campagnes et la réalité ne ressemblait nullement au tableau idyllique présenté par Fanon ! Sartre, qui coupe souvent les coins ronds, en rajoutait dans sa préface desDamnés de la Terre : « Ainsi l’unité du tiers monde n’est pas faite : c’est une entreprise en cours qui passe par l’union, en chaque pays, après comme avant l’indépendance, de tous les colonisés sous le commandement de la classe paysanne. Voilà ce que Fanon explique … » (31).

* Deuxième partie

Dans quelle mesure nos réflexions sur la vie et la pensée fanoniennes peuvent-elles nous aider à comprendre et à influer sur la conjoncture actuelle. Pour répondre partiellement à cette question, nous aborderons trois “études de cas”. L’hypothèse de travail qui sous-tend nos trois études de cas est que les notions-outils de Fanon sont d’une importance encore plus grande aujourd’hui qu’elles ne l’étaient de son vivant. En effet, l’URSS n’existe plus (actuellement du moins), le mouvement communiste international s’est affaibli, et beaucoup de partis eurocommunistes ont évolué vers l’eurocentrisme et vers la social-démocratie, ce qui rend la marche vers le socialisme des pays africains indépendants encore plus difficile. Heureusement, la République populaire de Chine, devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique, peut dans une certaine mesure compenser la perte de l’Union Soviétique dans la lutte contre le néocolonialisme, au grand dam de l’impérialisme qui peut moins imposer sa loi.

* Les valises

On se souvient du réseau Jeanson et de ses porteurs de valises remplies de billets (provenant surtout de la classe ouvrière algérienne et des petits commerçants algériens travaillant en France) où se côtoyaient communistes et autres progressistes pour aider financièrement le FLN. Quelle triste ironie du sort de voir, comme l’a bien expliqué l’avocat Robert Gourbi (lui-même porteur de valise en sens inverse) qu’aujourd’hui ce sont, entre autres, les Bongo père et fils maintenus au pouvoir par la France Afrique, qui alimentent les caisses électorales présidentielles françaises avec leurs valises Bongo-Bongo. Selon la thèse de Verschave, une grande majorité de présidents et dictateurs africains des anciennes colonies françaises ont été mis en place, soutenus et protégés par l’État français. Il cite ainsi Omar Bongo (Gabon), Gnassingbé Eyadéma (Togo), Paul Biya (Cameroun), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Blaise Compaoré (Burkina Faso), ou Idriss Déby (Tchad) (32). Fanon avait bien prévu la dérive des bourgeoisies nationales des pays nouvellement indépendants. La justice française a bien entendu classé l’affaire parce que prescrite ! Ce qui est particulièrement attristant, c’est de voir que la presse française, de droite comme de gauche, s’est concentrée sur les destinataires des valises de billets. S’agit-il de Balladur seulement, ou de Chirac, Mitterrand en a-t-il bénéficié aussi, etc. ? En fait cette politique néocoloniale compromet tous les partis politiques français de l’extrême droite lepéniste à la gauche mitterrandienne, et par complicité passive, les eurocommunistes. Peu se sont préoccupés du fait que cette politique néocoloniale affame littéralement la population africaine et qu’elle constitue un véritable crime contre l’humanité. Fanon n’a pas réussi à guérir la gauche européenne de son européocentrisme. Ce dernier s’est en fait considérablement aggravé depuis la chute du Mur de Berlin ! Ceux et celles qui tentent de leur mieux d’être ses continuateurs ont une lourde tâche à accomplir ! Cependant, aujourd’hui la situation a changé et toutes les valises « Bongo-Bongo » ne changeront pas le fait que, même si l’URSS n’existe plus actuellement, la Chine communiste existe, et que la sphère de l’impérialisme occidental se rabougrit. Durant la période 2001-2010, la croissance annuelle moyenne du commerce sino-africain a atteint 28%. La Chine est ainsi devenue le partenaire commercial le plus important de l’Afrique. Selon un responsable du ministère du Commerce chinois « .. ayant des missions et des expériences similaires, la Chine et l’Afrique sont tous les deux en voie de développement. Amie sincère de l’Afrique, la Chine maintient toujours un esprit d’égalité, d’efficacité, d’avantages réciproques et de développement commun. De plus, la Chine cherche à partager avec l’Afrique ses expériences de développement et à réaliser des avantages mutuels et du développement commun via les investissements et les aides » (33).

* Un pays, la Lybie

Demba Moussa Dembele, économiste sénégalais, cite le Guardian du 24 août 2011 qui nous apprend que « ce sont les principaux pays de l’OTAN qui ont soutenu et financé le CNT, qui comprend des membres liés de longue date à la CIA et au M15 ». C’est pourquoi ces puissances occidentales avaient aidé le CNT à créer une société pétrolière en vue de remplacer la compagnie étatique libyenne et une « Banque centrale libyenne ». Toujours selon Demba Moussa Dembele, l’appel a une intervention extérieure par le CNT était la suite logique de la coordination étroite entre celui-ci et les pays occidentaux. Ainsi donc, le déroulement de la campagne de destructions massives et de terreur de l’OTAN a-t-elle montré que la « protection » des civils n’était que le voile servant à masquer le vrai objectif des Etats-Unis, de la France et de la Grande Bretagne : à savoir abattre le régime de Kadhafi pour installer à sa place un régime plus docile, qui serait « reconnaissant » à ses « protecteurs » occidentaux qui seraient ainsi amplement « récompensés » par le contrôle et le pillage des ressources de la Libye. Porté au pouvoir par une coalition de mercenaires composée des forces de l’OTAN, de leurs forces spéciales, d’agents de la CIA, de combattants d’Al Qaeda et des monarchies du Golfe et de l’Arabie Saoudite, le CNT aura un grand problème de crédibilité et même de légitimité auprès du peuple libyen. En effet, l’appel à l’intervention extérieure montre clairement que le CNT ne jouissait pas de soutien populaire capable de faire tomber le régime de Kadhafi, contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte. Outre le fait d’avoir été installé par une force étrangère, le CNT est un regroupement très hétéroclite, composé d’islamistes radicaux liés à Al Qaeda, de royalistes, de tribalistes et de représentants de la petite bourgeoisie. Par ailleurs, l’image du CNT a été ternie par l’attitude foncièrement raciste observée à l’égard des libyens noirs et des Africains du Sud du Sahara qui travaillaient en Libye. Occupée à atteindre ses objectifs de changement de régime, l’OTAN, avec la complicité des Nations Unies, a rejeté systématiquement tous les appels au cessez-le-feu et appels à la négociation formulés par l’Union africaine. L’OTAN a même tout fait pour entraver les efforts des pays africains auprès du CNT, en empêchant la visite des Chefs d’Etat mandatés par l’UA au tout début des frappes aériennes ou en soumettant Tripoli à d’intenses bombardements durant le séjour de ces derniers. Les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne ont non seulement ignoré les propositions de l’Afrique mais également tenté de diviser celle-ci en se servant de certains de leurs pions ou marionnettes pour affaiblir la position de l’Union africaine.

Le refus de prendre en compte la position de l’Afrique découle du manque de respect, voire du mépris, que les dirigeants occidentaux éprouvent à l’égard des dirigeants africains. Ces derniers sont presque toujours diabolisés par les médias occidentaux, les présentant presque tous comme des « dictateurs », des « corrompus » et des « oppresseurs » de leurs peuples. Et ce sont les pays occidentaux qui se chargeraient de « protéger », voire de « sauver », les pauvres peuples africains de ces « dictateurs », de ces oppresseurs », de ces « tyrans » ! Il y a certes des dictateurs en Afrique, mais la plupart sont les « protégés » des puissances occidentales. Aussi longtemps qu’ils servent loyalement les intérêts de ces dernières, on continue à les protéger et même à les présenter comme « démocrates ». Ce n’est que quand ces dictateurs n’arrivent plus à servir les intérêts de leurs maîtres qu’on les lâche, tout en cherchant à assurer leur relève, dans la mesure du possible.

Le philosophe italien Losurdo observe : « …barbare comme toutes les guerres coloniales, la guerre actuelle contre la Libye démontre comment l’impérialisme se fait de plus en plus barbare. »

La critique de Frantz Fanon, dansLes Damnés de la terre, est encore plus acerbe et dévastatrice : « Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde. Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes, les a asservis à ses desseins, à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue ‘aventure spirituelle’ elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité… L’Occident a voulu être une aventure de l’Esprit. C’est au nom de l’Esprit, de l’esprit européen s’entend, que l’Europe a justifié ses crimes et légitimé l’esclavage dans lequel elle maintenait les quatre cinquièmes de l’humanité » (34).

« Après ce qui s’est passé en Libye, le danger de recolonisation de certains pays africains n’est plus une vue de l’esprit. Ceux qui avaient encore des doutes sur la réalité de l’impérialisme et de sa nature perverse, despotique, terroriste et barbare, doivent se réveiller. La Libye doit faire taire leurs doutes et balayer leurs illusions. La Libye est un test majeur pour l’Afrique. Et cela, quel que soit ce que l’on peut penser de Kadhafi et de son régime » (35).

En effet, la doctrine de « droit d’ingérence humanitaire » est la version moderne du « fardeau de l’homme blanc » qui avait servi de force motrice à la colonisation de l’Afrique au 19e siècle, dans le but de « civiliser » ses populations « sauvages » ! On sait ce que cette entreprise « civilisatrice » a produit : des génocides en série, des massacres à répétition, la destruction des cultures autochtones, le pillage éhonté des ressources et du patrimoine de l’Afrique. « Le droit d’ingérence humanitaire » vise les mêmes objectifs. A la place de la « civilisation » on évoque la « protection » des populations contre leurs « dictateurs », leurs « tyrans » !

Comme le dit bien à partir du Sénégal, Demba Moussa Dembele, vice-président du Réseau International Frantz Fanon, et digne continuateur de Frantz Fanon, « Il est temps de se réveiller ! Partout ailleurs, les peuples sont en train de prendre leur destin en main en secouant le joug de la domination impérialiste. En Amérique latine, que l’impérialisme ‘yankee’ appelait il n’y a pas si longtemps son « arrière-cour », les peuples sont en train de réécrire leur propre histoire, déformée et dénaturée par des siècles de domination, ponctués de génocides, de massacres, de pillage et de négation des cultures autochtones. Il n’y a aucune fatalité que l’Afrique reste le seul continent dominé et humilié » (36). Selon Franklin Lamb, « Au nord du Sahel, un Front de Libération de la Libye est déjà en train de s’organiser, car contrairement à ce qu’on a pu lire dans une publication de la gauche française, beaucoup regrettent déjà la Libye du temps du Livre Vert ” » (37).

* Une femme madame Nafissatou Diallo

Après avoir traité de relations entre Etats avec les Bongo-Bongo, d’une guerre pour le pétrole, parlons maintenant d’une simple et modeste personne.

Fanon disait à propos des rêves d’Européens qu’il a traités : « Avec la femme algérienne, il n’y a pas de conquête progressive, révélation réciproque, mais d’emblée, avec le maximum de violence, possession, viol, quasi-meurtre. L’acte revêt une brutalité et un sadisme paranévrotiques même chez l’Européen normal... L’agressivité de l’Européen va également s’exprimer dans des considérations sur la moralité de l’Algérienne. Sa timidité et sa réserve vont se transformer selon les lois banales de la psychologie conflictuelle en leur contraire et l’Algérienne sera hypocrite, perverse, voire authentique nymphomane » (38). Nafissatou Diaollo est guinéenne et ce n’est pas un rêve mais un cauchemar bien réel ! A part cela, la ressemblance avec la description des faits par Nafissatou est frappante ! Luiz Eduardo Prado de Oliveira, psychanalyste francobrésilien, professeur de psychopathologie à l’Université de Paris 7 écrit sur Le triple viol de Nafissatou Diallo et nous dit à propos du “présumé” viol au Sofitel de New-York : « Une femme de chambre d’un grand hôtel nord-américain a été violée par un ancien président du Fonds monétaire international. Sans que l’on le remarque autant, elle a été violentée une deuxième fois par un procureur public des États-Unis, en bande avec des policiers. De manière flagrante, elle a subit une troisième violence lorsqu’un plateau de la télévision française a ouvert ses portes au violeur sans se soucier un seul instant de l’interviewer, elle, pour entendre sa version des faits. D’ailleurs, les journaux français ne semblent pas pressés d’entendre Diallo » (39).

Aimé Césaire disait dans sonDiscours sur le Colonialisme, « Chaque fois qu’il y a eu au Vietnam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe » (40).

Il ne s’agit évidemment pas d’établir la vérité ici, même si la démonstration de ce psychiatre, entre autres, est convaincante ! Mais il y a deux camps ici : ceux et surtout celles, Blancs et surtout Noirs, qui veulent qu’il y ait un procès juste et équitable pour Nafissatou (Ce sont ceux et celles qui luttent pour les droits de la personne)… et il y a les autres !

Ironie de l’histoire, c’est quelques jours après l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage, qu’une étincelle a mis le feu aux poudres et a fait sauter l’invraisemblable montage politico-médiatique qui allait faire du violeur de l’Afrique et du présumé violeur de l’Africaine, le président de la France et de son empire néocolonial en voie de rabougrissement !

Celle qu’on appelait Ophélia, Madame Nafissatou Diallo, la paysanne noire de Guinée devenue prolétaire dans l’industrie hôtelière à New York City confronte DSK, le patron du capitalisme international, déguisé en humaniste rose, avec le soutien regrettable de beaucoup de « Rouges ».

La détermination de Nafissatou à ne pas courber l’échine, à se tenir debout (« fam doubout » comme on dit en créole haîtien) contre l’esclavage sexuel, comme l’ont fait les esclaves d’Haïti qui ont battu Napoléon et ses troupes en 1804, mérite selon moi, l’admiration des fanoniens.

Et pourtant en France, ministres d’État, hommes et femmes politiques en vue, de droite comme de gauche, crient au complot contre leur bon ami Strauss-Kahn qui serait soi-disant un séducteur invétéré, mais pas un prédateur sexuel.

On ne donne guère le bénéfice du doute à cette modeste femme de chambre noire de trente-deux ans, qui, si elle est sincère, a eu l’immense courage de porter plainte contre un puissant de ce monde, avec tous les dangers que cela comporte ! Et si cette femme de chambre disait la vérité ? Et si le gros patron mentait ? Ce sera alors une Noire, d’un pays d’où sont venus beaucoup d’esclaves, qui aura sauvé par son courage, la France du déshonneur et de l’humiliation. Tout un symbole ! Et cela avant qu’il ne soit trop tard, avant que DSK ne soit candidat à la présidence du pays, ou même président de la France. Une blanche petite-bourgeoise, Tristane Banon, victime elle aussi de l’esclavagisme strausskhanien, s’est jointe à la lutte. Aragon avait bien raison de dire « L’avenir de l’homme, c’est la femme. Elle est la couleur de son âme » (41).

Tout cela dans un silence assourdissant de la « gauche » européenne, de sa presse, de ses organisations partenaires ! Même des mouvements sociaux féministes ou antiracistes quand ils sont liés à la gauche officielle, des psychiatres connus comme progressistes, etc. hésitaient ou même carrément refusaient de lutter simplement pour que Nafissatou ait droit à un procès équitable ! Les prétextes sont des plus fallacieux : C’est un complot contre DSK, c’est sa présomption d’innocence, cela n’intéresse pas les Français, c’est une noire immigrée, forcément fragile, donc consentante ; ce n’est pas parce qu’elle est noire qu’il faut la défendre automatiquement, etc. Et quoi encore !

Quand cela devenait vraiment impossible, des résistants ou résistantes de la dernière heure dans la gauche officielle ont fait leur apparition ! Marie-George Buffet, ex-secrétaire générale du PCF est une exception, car elle s’est courageusement investie dans la défense de Nafissatou Diallo et de Tristane Banon. Fanon disait, à tort d’ailleurs, car il ne peut pas avoir toujours raison ! (L’action clandestine du PCF est encore mal connue même aujourd’hui) : « La Gauche n’a rien fait depuis longtemps en France. Mais par son action, ses dénonciations, et ses analyses, elle a empêché un certain nombre de choses » (43). Dans le cas qui nous préoccupe, la gauche officielle n’a rien dénoncé du tout, si ce n’est qu’on s’intéressait trop à ’’l’affaire’’ » !

Comme le pensait Frantz Fanon, l’esclavage est aboli, mais les attitudes esclavagistes ne le sont pas encore... Pour des considérations électoralistes, soit pour ne pas indisposer un Parti socialiste français colonialiste et néocolonialiste et un possible président de la République dont les débauches machistes sont célèbres depuis longtemps dans le cercle des intimes, il y avait une sorte d’omerta sur son cas ! Ceux et celles qui veulent faire vivre les idées-force de Fanon ont beaucoup de pain sur la planche !

Frantz Fanon ne pouvait sans doute même pas imaginer que le PCF puisse collaborer avec le Parti socialiste pour avoir, au second tour des élections présidentielles de 2012, un certain Dominique Strauss-Kahn !

Un dirigeant du Parti Communiste Ouvrier de Tunisie (PCOT) disait récemment que quelques semaines avant le récent soulèvement populaire de 2011 en Tunisie, DSK félicitait encore le dictateur Ben Ali de sa « gouvernance » et souhaitait longue vie à sa dictature ! Nous n’allongerons pas notre intervention avec les récits parus dans la presse de la traite transatlantique des femmes noires et des blanches pratiquée présumément par DSK en association avec Dodo la Saumure et consorts...

Nafissatou a gagné contre DSK, la contreviolence de l’esclave a vaincu la violence du maître blanc. Cependant la strausskhanie se pavane encore et le strauskhanisme, ce corps étranger infiltré dans la gauche, ce « germe de pourriture » dirait Fanon, est loin d’être extirpé !

* Conclusion

Quel est le lien entre les valises “Bongo-Bongo”, le renversement de la Libye du Livre vert , la lutte pour les droits humains fondamentaux menée par Nafissatou Diallo, et Frantz Fanon qui nous a quitté il y a 50 ans ? C’est que Fanon nous a laissé des outils puissants, son exemple et ses idées, et qu’il faut s’habituer à utiliser ces outils dans le monde d’aujourd’hui. Le rapport de forces international entre les forces impérialistes et les forces communistes a changé, entre autres, l’Union Soviétique a subi une défaite, mais la Chine communiste a réussi à s’imposer. La recommandation de Lénine semble toujours d’actualité :

« Travailleurs et travailleuses de tous les pays et peuples opprimés, unissez-vous » , et comme l’a si bien montré Fanon, cela commence par la simple confrontation quotidienne du corps, du geste, du langage, des actes simples qui font partie intégrante de la lutte des classes et de la lutte anti-impérialiste.

La solidarité transatlantique des indignées et indignés, noirs ou blancs, a déboulonné la statue en stuc rosâtre de DSK, mais, comme nous l’avons dit, les strauskhaniens se pavanent encore et le strausskhanisme est toujours vivant ! Le strausskhanisme est un virus pervers dans le logiciel de la gauche, c’est une forme déguisée de l’impérialisme néocolonial, c’est la maladie sénile de la gauche molle !

Le strausskhanisme, nous le percevons comme l’ennemi de l’esprit de Frantz Fanon et l’outil par excellence du néocolonialisme. Et c’est une femme noire, paysanne devenue prolétaire immigrée, à qui certains moralisateurs hypocrites demandent d’être parfaite pour être crédible, qui a levé le voile sur cette plaie.

Oui, la camarade Nafissatou Diallo est symboliquement fanonienne et son ultime prière pourrait être celle-ci : « O mon corps, fait de moi une femme qui interroge » !

Nous dirons pour conclure ce que Fanon disait : « Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte » . Il n’y a rien à changer sauf peut-être, car la langue évolue, remplacer Homme par Être Humain.

Notre démarche a consisté à garder le logiciel du fanonisme et de tenter une mise à jour de ce logiciel en fonction des nombreux logiciels malveillants ennemis qui se sont développés dans le monde depuis que Fanon nous a quittés il y a un demi-siècle. Nous nous sommes ensuite livré à trois études de cas pour mettre à l’épreuve aujourd’hui ces notions-outils que nous a légués Fanon. Il nous a semblé que l’épreuve était concluante et que c’est l’ensemble des cas particuliers qui doit être abordé aujourd’hui dans une perspective fanonienne pour aboutir à un universel qui soit vraiment universel et qui permette la convergence des luttes progressistes. Nous disons en effet, pour paraphraser la logique de Hégel que « L’Universel doit être tel, qu’il accueille en lui la richesse du Particulier » ! Il faut, selon nous, comme le disent Marx et Fanon, chacun à leur façon, humaniser l’humain !

Notes

(1) Frantz Fanon, Peau Noire, masques blancs, Œuvres, La Découverte, 2011, p.251

(2) Domenico Losurdo, Reconstruire le Parti Communiste, Intervention au 6e Congrès national du PdCI,http://www.legrandsoir.info/reconst...

(3) Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil, 1952, p.20

(4) Alice Cherki, Frantz Fanon : portrait, Seuil,2000, p. 27 (5)http://fr.wikisource.org/wiki/Progr...

(6) Lettre de Frantz Fanon à ses parents, Memorial International Frantz Fanon : 31 mars-3 avril 1982 Fort-de-France. Dakar : Présence Africaine, 1984, p.269

(7) Antoine Porot - Notes de psychiatrie musulmane - Annales medico-psychologiques, 1918, 74, 377-384.

(8) Antoine Porot et C. Arrii, L’impulsivité criminelle chez l’indigène algérien ; ses facteurs : Annales médico-psychologiques, 1932, 90 : 588-611.

(9) Alice Cherki, Frantz Fanon, portrait, p. 31

(10) Yvon Quiniou, L’Homme selon Marx, éditions Kimé, 2011, p. 99

(11) Yvon Quiniou, L’Homme selon Marx, éditions Kimé, 2011, p. 95

(12) Yvon Quiniou, L’Homme selon Marx, éditions Kimé, 2011, p. 127

(13) Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre (1961), La Découverte poche, 2002, p.53-54

(14) Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, La Découverte poche, 2001, p. 39

(15) Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre, La Découverte poche, 2002, p. 45

(16) Plate-forme de la Soumamhttp://www.elmouradia.dz/francais/s...

(17) Imre Marton, Contribution au mémorial, p.127

(18) Imre Marton, A propos des thèses de Fanon, Action, Revue du Parti communiste martiniquais, 1965, numéro 7, p.45

(19) Appel pour le remboursement à Haïti de la rançon exigée par la france pour la reconnaissance de son indépendance

(20) Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, Oeuvres, La Découverte ,p.868-869

(21) Plate-forme de la Soumamhttp://www.elmouradia.dz/francais/s...

(22)http://canempechepasnicolas.over-bl...

(23) Michel Branchi, Portée politique et idéologique de la « Lettre à Maurice Thorez » : Aimé Césaire entre théorie et pratique dansWWW.JOURNAL-JUSTICE-MARTINIQ...(lundi 1er juin 2009)

(24) Sadek Hadjeres, « Réflexions autour de trois décennies de “socialisme spécifique” en Algérie », dans Francis Arzalier (coordination), Expériences socialistes en Afrique 1960-1990, Le Temps des Cerises, 2010, p.138

(25) Macey David, Frantz Fanon. Une vie, La Découverte, 2011, p.296

(26) Alain Ruscio, « Viet-Minh, 34 ans de combats pour leur indépendance », L’Humanité Dimanche, 24 novembre 2011, p.86

(27) Frantz Fanon, Pour la Révolution africaine, Oeuvres, La Découverte 2011, p.781

(28) Les Damnés de la Terre, p.46

(29) Les Damnés de la Terre, p.95

(30) Nguyen Nghe, Frantz Fanon et les problèmes de l’indépendance, La Pensée, 107, février 1963, p. 31

(31) Jean-Paul Sartre, Préface à l’édition, Les Damnés de la Terre, Oeuvres, La Découverte, p. 434

(32) François-Xavier Verschave, La Françafrique, le plus long scandale de la République, Tribordhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C...) (28 novembre 2011)

(33) Le Quotidien du Peuple en lignehttp://french.peopledaily.com.cn/96...(28 novembre 2011)

(34) Fanon Frantz, Les Damnés de la Terre (1961), éd. La Découverte poche, 2002, p.301 et 303

(35) Dembele Demba Moussa, Réflexions sur une guerre,http://frantzfanoninternational.org...

(36) Dembele Demba Moussa, Réflexions sur une guerre,http://frantzfanoninternational.org...

(37) Franklin Lamb, Libya’s Liberation Front Organizing in the Sahel,http://www.counterpunch.org/2011/11...

(38) Frantz Fanon, L’An V de la Révolution algérienne, Oeuvres, p. 283

(39) Luiz Eduardo Prado de Oliveira, Le triple viol de Nafissatou Diallo, psychanalyse de l’exil et de l’immigrationhttp://pradodeoliveira.wordpress.co...

(40) Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme.

(41) Louis Aragon, Le fou d’Elsa, 1963.

(42) Alfred Gerson, Jean Vendart et Daniel Vernhettes, “Esprits de résistance”, Maison du Livre,http://ihs.livreparisien.fr

(43) Frantz Fanon, L’An V de la révolution algérienne, Oeuvres, Découverte 2011, p.381

(44) Fanon Frantz, Peau noire, masques blancs, Seuil 1952

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Quiniou Yvon, L’Homme selon Marx, éditions Kimé, 2011

Ruscio Alain, « Viet-Minh, 34 ans de combats pour leur indépendance », L’Humanité Dimanche, 24 novembre 2011

Sartre Jean-Paul, Préface à l’édition, Les Damnés de la Terre, Oeuvres, La Découverte 2011

Verschave François-Xavier, La Françafrique, le plus long scandale de la République, Tribord 2005

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 18:47

 

Thouars le 22 mars 2012

 

Lettre ouverte à Jean Grellier Député de la 3e circonscription Deux-Sèvres

 

Monsieur le député Jean Grellier,

 

Après avoir voté François Hollande candidat socialiste au deuxième tour des Présidentielles pour battre Sarkozy pour une autre politique, nous avons, en tant  qu'anciens candidats PCF/ Front de gauche aux dernières cantonales à Thouars et à Saint-Varent,  appelé à voter pour vous au 2e tour des législatives pour assurer un majorité à gauche pour changer de politique.

 

Dans quelques jours, l'Assemblée Nationale va discuter et débattre de l'Accord National Interprofessionnel conclu avec des organisations professionnelles salariées minoritaires et le MEDF.

 

Cet accord minoritaire porte en lui de profondes régressions c'est un ANI qui nous veut du mal.
 

Ce projet de loi est une attaque directe contre le CDI qui devrait être la règle des embauches. Au contraire il rend plus facile pour le patronat la rupture et le licenciement. Cet accord pousse à réduire la négociation au rapport individuel salarié-e/patron au détriment de la négociation collective et des  possibilités de recours juridiques.

 

Vous le savez les salariés demandent et ont besoin de la sécurité professionnelle.

 

Au contraire, le texte d'inspiration patronale que le gouvernement propose facilite les licenciements.

 

Les parlementaires de gauche et vous personnellement ne devez pas entériner la loi du MEDEF. Nous ne vous avons pas élus pour cela.
 

Vous pouvez mettre en oeuvre des propositions qui sécurisent les emplois comme par exemple :

 

Le CDI qui doit être réaffirmé comme la norme du contrat de travail

Le recours aux intérimaires et CDD qui doit être strictement encadré

Il faut favoriser le droit automatique au passage à temps plein pour les temps partiel

Les droits des salariés sous-traitants doivent être alignés sur ceux salariés des donneurs d'ordres

Il faut que la loi permettre aux comités d'entreprises de suspendre un plan de licenciement ou une fermeture d'entreprise le temps d'étudier des propositions alternatives, ainsi que le droit de préemption pour les salariés et le droit de reprise d'une entreprise viable abandonnée par ses dirigeants ou actionnaires

 

Le MEDEF qui défend avec acharnement ce texte ne doit pas faire la loi.

 

Nous demandons et avec nous les électeurs du Front de gauche qui ont voté pour vous, ainsi qu'aux parlementaires de gauche de ne pas voter avec la droite ce projet de loi de régression sociale. 

Nous vous demandons en outre de voter la loi d'interdiction des licenciements boursiers déposée par les parlementaires du Front de Gauche.


Comptant sur vous et vos collègues pour refuser la destruction du code du travail et contribuer aux progrès sociaux, nous vous adressons nos plus vifs remerciements et nos salutations militantes

 

Bruno Fornaciari et Ernest Levindré

ex-candidats PCF/Front de gauche

aux cantonales à Saint-Varent et à Thouars 1

 

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BRUNO FORNACIARI

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